Méthanol

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Moment dipolaire
CH3OH 32,04 g.mol-1 1,69 D

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Température critique Pression critique Température  point triple Pression point triple Limites  d’explosivité dans l’air, en volume Température d’autoinflammation Conductibilité thermique Conductibilité électrique Solubilité dans l’eau
liquide, à 20°C, 101,3 kPa : 0,7915 g.cm-3 -97,6°C 64,6°C 239°C 8 084 kPa -97,7°C 1,86.10-1 Pa 6,0 % – 36,5 % 464°C 207 mW.m-1K-1 5.10-9 Ω-1cm-1 Infinie

Données industrielles

Matières premières

Le méthanol ou alcool méthylique est, dans le monde en 2021, synthétisé à 52 % à partir du gaz naturel, à 45 % à partir du charbon et à 3 % à partir de la biomasse. En Chine, en 2018, 82 % de la production provient du charbon, 10 % du gaz de cokerie et 8 % du gaz naturel. Les unités de production sont situées à proximité des gisements de gaz naturel, des gazoducs ou, en Chine, des mines de charbon.

Fabrication industrielle

Elle débute par la fabrication du gaz de synthèse suivie par celle du méthanol.

Obtention du gaz de synthèse à partir du gaz naturel :

Dans un premier temps, le gaz naturel subit un reformage catalytique en présence de vapeur d’eau. Le bilan des transformations est résumé par l’équilibre suivant qui donne le gaz de synthèse :

CH4 + H2O = CO + 3 H2

Ce reformage étant la principale source de dihydrogène, il est approfondi dans le chapitre consacré à ce gaz.

Obtention du gaz de synthèse à partir du charbon :

Lorsque le gaz naturel est remplacé par le charbon, comme cela est principalement le cas en Chine, la gazéification du charbon permet d’obtenir du gaz de synthèse selon la réaction suivante :

C + H2O = CO + H2                              ΔrH° = + 131 kJ/mol

Cette réaction qui permettait, avant le développement de l’utilisation du gaz naturel, d’obtenir le gaz de ville, appelé également gaz à l’eau ou gaz manufacturé, est ainsi de nouveau mise en œuvre à grande échelle, en particulier en Chine. Depuis 1983, aux États-Unis, Eastman produit ainsi du gaz de synthèse pour synthétiser du méthanol, à Kingsport dans le Tennessee avec une capacité de production, en 2020, de 195 000 t/an, destinée à la fabrication d’acide acétique.

Synthèse du méthanol :

Le gaz de synthèse, obtenu à partir du gaz naturel, vers 830°C, sous une pression de 18 bar, possède la composition suivante en volume : H2 (72 %), CO (13 %), CO2 (8 %), impuretés (eau, méthane). Il est alors refroidi et comprimé (15 à 100 bar), puis introduit dans le réacteur de synthèse. Les réactions ont lieu vers 250°C, en présence d’un catalyseur aux oxydes de cuivre et de zinc sur alumine (durée de vie de 3 ans) :

CO + 2 H2 = CH3OH                         ΔrH° = – 108 kJ/mol
CO2 + 3 H2 = CH3OH + H2O                          ΔrH° = – 68 kJ/mol

Les réactions étant exothermiques, il est nécessaire de refroidir le mélange réactionnel par une trempe (introduction de diazote froid dans le réacteur).

Le mélange final contient 75 % de méthanol et 25 % d’eau. Une distillation permet de séparer le méthanol des impuretés (eau, éthanol, diméthyléther, formiate de méthyle).

Les capacités de production des usines les plus modernes peuvent atteindre 5 400 t/jour.

Biométhanol :

Du bio-méthanol peut être produit à partir de diverses sources, par exemple le biogaz ou les liqueurs noires de l’industrie papetière mais la source la plus importante, exploitée commercialement, est actuellement la glycérine (C3H5(OH)3). La société Bio MCN appartenant au groupe OCI depuis juin 2015, produit, à partir de glycérine brute, sous produit de la fabrication de biodiesel, du méthanol, à Delfzijl, aux Pays Bas. La glycérine brute est purifiée, puis craquée pour donner du gaz de synthèse qui est converti en méthanol.
En Islande, Carbon Recycling International (CRI) a construit une usine pilote de production de biométhanol avec 4 000 t/an, à Svartsengi près de Grindavik, à partir d’émissions géothermiques de dioxyde de carbone et de dihydrogène produit par électrolyse de l’eau. Ce procédé est intéressant lorsque l’électricité est produite à bas coût, comme cela est le cas en Islande grâce à la géothermie. Le procédé développé par CRI est utilisé, depuis 2021, par Henan Shuncheng Group pour produire 110 000 t/an de méthanol à Anyang dans la province du Henan, le dioxyde de carbone provenant d’une cokerie.
Au Canada, la société Enerkem, a construit, à Edmonton, en Alberta, une usine de fabrication de biométhanol à partir de déchets urbains, avec une capacité de production de 30 000 t/an. Une usine de démonstration est en fonctionnement, depuis 2009, à Westbury, au Québec, avec une capacité de production de 4 000 t/an.
En Suède, la société Chemrec, construit, à Pitea, une usine de gazéification des liqueurs noires sous-produites par l’industrie papetière, destinée à produire du méthanol transformé en diméthyléther, avec une capacité de production de 140 000 t/an de biométhanol.

Productions

Capacités annuelles de production de méthanol

En 2020, en milliers de t/an, sur un total mondial de 153 millions t/an. Source : Argusmedia

en milliers de t/an, en 2020
Chine 97 215 Venezuela 2 490
Iran 12 290 Oman 2 450
États-Unis, en 2021 9 500 Malaisie 2 400
Trinidad et Tobago 7 600 Nouvelle Zélande, en 2021 1 700
Arabie Saoudite 7 180 Allemagne 1 675
Russie 5 155 Chili 1 640

Source : Argusmedia

En 2021, la capacité mondiale de production est de 162,256 millions de t/an, celle de l’Union européenne (Allemagne, Pays Bas, Roumanie) est de 3,027 millions de t/an.

En 2021, la production mondiale est de 106,886 millions de t dont, en 2019, 69,9 millions de t en Chine, environ 10 millions de t, en 2020, en Iran, 6,319 millions de t, en 2014, en Arabie Saoudite, 5,73 millions de t, en 2019, aux États-Unis, 5,481 millions de t, en 2014, par Trinidad et Tobago, 4,42 millions de t, en 2020, en Russie, 1,992 million de t, en 2020, en Malaisie, 1,751 million de t, en 2014, en Oman, 1,672 million de t, en 2020, en Nouvelle Zélande.

En 2023, la production de l’Union européenne est de 900 000 t dont 1 089 413 t en Allemagne, en 2022, 7 516 t en France, 7 784 t en Belgique, en 2021, 3 019 t en Suède, en 2022, 1 008 t en Espagne.

Mi-2018, avec le démarrage de l’usine Natgasoline, détenue à 50 % par OCI et 50 % par Consolidated Energy Limited (CEL), à Beaumont, au Texas, la capacité de production des États-Unis a atteint 7,5 millions de t/an puis, en 2021, après celui de l’usine de Yuhuang et Koch située à St James Parish, en Louisianne, 9,5 millions de t/an.

En dehors de la Chine, les principaux pays producteurs sont les plus importants pays producteurs de gaz naturel (Arabie Saoudite, Iran, Russie…). Depuis le développement de la production de gaz de schiste aux États-Unis, on assiste à un retour de la production dans ce pays avec diverses usines en construction ou qui redémarrent.

En 2016, dans le monde, il y a 333 unités de production dont 241 en Chine, 11 en Russie, 8 aux États-Unis, 8 en Arabie Saoudite, 7 à Trinidad et Tobago, 6 en Inde, 5 en Allemagne, 5 en Iran…

Commerce international : il a porté, en 2021, sur 30,730 millions de t.
Principaux pays exportateurs, en 2023, en milliers de t :

en milliers de t
Trinidad et Tobago 5 111 Russie 1 351
États-Unis 2 795 Chili 901
Émirats Arabes Unis 2 266 Qatar 639
Pays Bas 1 583 Brunei 622
Malaisie 1 557 Belgique 570

Source : ITC

Les exportations de Trinidad et Tobago sont destinées à 28 % à la Chine, 12 % à la Corée du Sud, 10 % aux États-Unis, 10 % aux Pays Bas.

Principaux pays importateurs, en 2023, en milliers de t :

en milliers de t
Chine 14 553 Brésil 1 582
Inde 3 147 Japon 1 415
Pays Bas 2 734 États-Unis 1 386
Corée du Sud 1 885 Taipei chinois 1 207
Allemagne 1 616 Belgique 1 079

Source : ITC

Les importations chinoises proviennent principalement à 25 % d’Oman, 15 % des Émirats Arabes Unis, 15 % d’Arabie Saoudite, 13 % de Trinidad et Tobago, 8 % de Nouvelle Zélande.

Principaux producteurs, en 2021 :

en milliers de t de capacités annuelles de production
Methanex (Canada) 9 300 Shandong Energy Group (Chine) 5 400
Proman/Helm 6 903 NIPC (Iran) 5 040
Sabic (Arabie Saoudite) 6 300 OCI 2 930
Zagros (Iran) 5 600 Petronas (Malaisie) 2 400

Sources : rapports des sociétés et Methanex

  • A partir de gaz naturel, Methanex a produit, en 2021, 6,514 millions de t de méthanol, dans 11 usines situées sur 6 sites :
    • En Nouvelle Zélande, à Motunui et Waitara Valley, avec une capacité de production de 2,2 millions de t/an et une production de 1,348 million de t. L’usine de Waitara a été fermée début 2021.
    • A Trinidad et Tobago avec les sociétés Titan et à 63,1 % Atlas et des capacités respectives de production de 875 000 t/an et 1,125 million de t/an et une production de 1,161 million de t. L’unité Titan a été fermée en mars 2020.
    • En Égypte, à Damiette, avec 50 % de la société EMethanex et une capacité propre de production de 630 000 t/an et une production de 581 000 t.
    • Au Chili, à Punta Arenas, avec une capacité de production nominale de 1,70 million de t/an. Les unités de production fonctionnant à partir de gaz naturel argentin, les difficultés d’approvisionnement ont entraîné en partie leur migration aux États-Unis. La production, en 2021, est de 807 000 t.
    • Au Canada, dans la province d’Alberta, à Medecine Hat, avec une capacité de production de 640 000 t/an et une production de 628 000 t.
    • Aux États-Unis, à Geismar, en Louisiane, avec une capacité de production de 2,2 millions de t/an issue du redéploiement d’unités de production chiliennes. Les deux unités de production sont devenues opérationnelles en janvier et décembre 2015. En 2021, la production a été de 1,989 million de t. Une nouvelle usine est en cours de construction avec une capacité de production prévue, fin 2023, de 1,8 million de t/an.

Par ailleurs, Methanex commercialise également le méthanol produit par ses associé dans les joint venture soit 1,3 million de t/an et détient ainsi 13 % du marché mondial, avec, en 2021, des ventes de 11,2 millions de t.

  • Proman qui a créé avec le groupe Helm une joint venture dans le méthanol possède des unités de production à Trinidad et Tobago, au travers de sa filiale Methanol Holdings (MHTM) qui possède 5 unités de production à Point Lisas, avec une capacité de production de 4,045 millions de t/an ainsi qu’à Oman, avec une participation dans Oman Methanol Company, qui possède à Sohar une capacité de production en propre de 1,05 million de t/an et aux États-Unis à Pampa, au Texas avec 65 000 t/an. Par ailleurs, a construit avec OCI, aux États-Unis, à Beaumont, au Texas, une usine, Natgasoline, d’une capacité en propre de 1,75 million de t/an qui est opérationnelle depuis mi-2018.
  • Zagros (Iran), possède une capacité de production de 3,3 millions de t/an, à Assaluyed et depuis février 2019, de 2,3 millions de t/an à Kaveh.
  • OCI, produit du méthanol, aux États-Unis, à Beaumont, au Texas, avec une capacité de 1,033 million de t/an. A acquis, en juin 2015, l’usine de biométhanol de la société Bio MCN située à Delfzijl, aux Pays Bas, avec une capacité de production de 991 000 t/an en partie à l’aide de glycérol et a construit, sur le site de Beaumont, au Texas, une nouvelle usine, détenue à parts égales avec Proman, Natgasoline, qui est opérationnelle depuis mi-2018, avec une capacité de production, pour OCI, de 0,904 million de t/an. En 2021, les ventes de méthanol ont été de 1,747 million de t.
  • Petronas produit du méthanol en Malaisie, dans le Territoire de Labuan (Nord de Bornéo) ainsi qu’à Gurun dans l’État de Kedah. En 2020, la production a été de 1,992 million de t.
  • Mitsubishi Gas Chemical participe à des joints venture à Brunei (50 %), avec 850 000 t/an de capacité totale, à Jubail, en Arabie Saoudite, dans Saudi Methanol Company (23,5 %), avec 4,85 millions de t/an de capacité totale et à Jose, au Venezuela, dans 23,75 % de Metor, avec 1,6 million de t/an de capacité totale. Une usine a démarré, en décembre 2020, en association avec Mitsubishi Corporation et d’autres partenaires, à Trinidad & Tobago, avec une capacité totale de 1 million de t/an de méthanol et une participation de 26,25 %.

Situation française

La production est de 7 516 t, en 2023.

Commerce extérieur : en 2024.

Les exportations étaient de 1 672 t avec comme principaux marchés à :

  • 31 % la Belgique,
  • 15 % l’Allemagne,
  • 11 % les Pays Bas,
  • 7 % l’Italie.

Les importations s’élevaient à 641 812 t en provenance principalement à :

  • 35 % de Trinidad et Tobago,
  • 34 % d’Égypte,
  • 16 % de Belgique,
  • 11 % des États-Unis,
  • 2 % des Pays Bas.

Utilisations

Consommations

Dans le monde, en 2021 : 106,930 millions de tonnes :

Répartition de la consommation, en 2020 :

Chine 40 % Amérique du Nord 5 %
Asie (hors Chine) 46 % Amérique latine 1 %
Europe 5 % Reste du monde 3 %

Source : MMSA

Évolution de la demande entre 2000 et 2020 :

2000 2020
Chine 12 % 40 %
Amérique du Nord 33 % 5 %
Europe de l’Ouest 22 % 5 %

Source : IHS Markit

Secteurs d’utilisation du méthanol

En 2021, dans le monde. Source MMSA

Source d’oléfines 31,5 % Diméthyléther 3,0 %
Formaldéhyde 23,4 % Biodiesel 2,8 %
Additif ou substitut à l’essence 10,9 % Dichlorométhane 2,3 %
MTBE 10,5 % Méthacrylate de méthyle 1,7 %
Acide acétique 7,4 % Méthylamines 1,6 %

Source : MMSA

Autres : Méthyl mercaptan, diméthyl terephthalate…

Le méthanal (formaldéhyde) qui était le principal débouché du méthanol, a été supplanté, en 2020, par la production d’oléfines, particulièrement du fait de son développement en Chine. Par ailleurs, en 2021, 27 % de la consommation mondiale de méthanol a concerné un emploi comme carburant. En Chine, en 2019, la consommation dans les carburants a été de 695 000 t, à 73 % sous forme de méthanol à 100 % (M100) ou à 85 % (M85) et à 27 % sous forme de M25 ou M15. Par ailleurs, on assiste au développement de l’utilisation du méthanol en remplacement du fuel lourd employé dans le transport maritime afin de diminuer les émissions d’oxydes de soufre et d’azote.

La production d’alcènes ou oléfines (éthylène, propylène…) à partir de méthanol se développe en Chine, ce pays, riche en charbon mais relativement pauvre en ressources pétrolières produit ainsi des oléfines à partir de charbon en passant par la production de méthanol. La production d’une tonne d’oléfines demande 3 tonnes de méthanol. Le procédé MTO (Methanol-To-Olefins) développé par Honeywell UOP et Ineos permet à partir de méthanol de produire des oléfines à l’aide d’un catalyseur silico-alumino-phosphate (SAPHO-34). Le rendement en éthylène (C2) et propylène (C3) peut être augmenté jusqu’à 89 % à l’aide du procédé OCP (Olefin Cracking Process), développé par TotalEnergies et UOP, de craquage des oléfines plus lourdes (de C4 à C6) en C2 et C3. Une unité de démonstration a été construite par Total, en 2008, à Feluy en Belgique, permettant à partir du méthanol d’obtenir du polyéthylène et du polypropylène en passant par l’éthylène et le propylène. En 2020, 13 usines sont en fonctionnement en Chine.

Le formaldéhyde, est principalement commercialisé sous forme de formol, solution aqueuse à 37 % de formaldéhyde. C’est un constituant des colles urée-formaldéhyde et phénol-formaldéhyde destinées à la fabrication du contre-plaqué, des panneaux de particules…

L’acide acétique (CH3COOH) est principalement formé par carbonylation du méthanol, en trois étape, en passant par la formation d’iodométhane. La carbonylation est catalysée par des catalyseurs au rhodium, dans le procédé Monsanto ou à l’iridium plus récemment.

CH3OH + HI = CH3I + H2O
CH3I + CO = CH3COI
CH3COI + H2O = CH3COOH + HI

Il est utilisé pour synthétiser l’acétate de vinyle, l’anhydride acétique, l’acide téréphtalique et le téréphtalate de diméthyle destiné à fabriquer le polyéthylènetéréphtalate (PET)…

Le diméthyléther (CH3OCH3) peut entrer, jusqu’à 20 %, dans le gaz de pétrole liquéfié (butane et propane). Il est produit par déshydratation du méthanol selon la réaction :

2 CH3OH = CH3OCH3 + H2O

Autres débouchés : on peut citer la fabrication du formiate de méthyle, de méthylamines, du méthyl mercaptan, du biodiesel par transestérification qui par ailleurs produit de la glycérine qui peut être transformée à son tour en biométhanol…

Le méthanol est utilisé dans des piles à combustible. En 2021, la consommation mondiale dans ce secteur est de 14 000 t. Il existe deux types de piles :

  • Les piles RMFC (Reformed Methanol Fuel Cell) où le méthanol est reformé pour produire le dihydrogène qui alimentera la pile.
  • Les piles DMFC (Direct Methanol Fuel Cell) où le méthanol est directement oxydé dans le cœur de la pile et ne nécessite pas d’être reformé.

Contrairement au dihydrogène, le méthanol, liquide à température ambiante, constitue un moyen simple et efficace de stockage de l’énergie.

Le méthanol est utilisé pour aider à la dénitrification des eaux usées avant leur rejet dans l’environnement. Il accélère l’activité des bactéries anaérobies des stations d’épuration qui transforment les ions nitrate en diazote.

L’alcool à brûler contient, outre environ 90 % d’éthanol, de 5 à 10 % de méthanol, destiné à le dénaturer.

Toxicité

Le méthanol est un composé classé toxique (pictogramme T) : la dose létale (DL50) est comprise entre 6 et 14 g/kg de divers animaux (rat, chat, chien…) par voie orale et de 16 g/kg de lapin par voie cutanée. Une absorption de 100 à 250 mL peut-être mortelle pour l’homme, bien que des cas de mort soient survenus pour moins de 30 mL. Une absorption moindre peut causer la cécité.

Le méthanol étant volatil, il faut se protéger de ses vapeurs dont la concentration létale (CL50) est de 65 000 ppm (sur le rat). La valeur moyenne limite d’exposition (VME) est de 200 ppm et la valeur limite d’exposition (VLE) est de 1 000 ppm, valeurs inférieures au seuil de détection olfactif qui est d’environ 2 000 ppm.

En France, le méthanol est généralement dénaturé avec 3,5 % d’un mélange complexe (obtenu par carbonisation du bois et contenant 65 % de méthanol, des cétones et diverses impuretés) et 1 % de 2-propanol qui donnent un goût et une odeur désagréables.

Bibliographie

Archives

Méthanol 2023

Méthanol 2022

Méthanol 2019

Méthanol 2014

Méthanol 2012

Méthanol 2006

Méthanol 1996

 

Formaldéhyde

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Moment dipolaire
CH2O 30,026 g.mol-1 2,332 D

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Température critique Pression critique Température point triple Pression point triple Limites  d’explosivité dans l’air, en volume Température d’autoinflammation Solubilité dans l’eau
liquide, à -20°C : 0,815 g.cm-3 -92°C -19,5°C 137,2°C 6 784 kPa -97,7°C 0,186 Pa 7 % – 73 % 430°C 400 g.L-1 à 20°C

Données industrielles

Le formaldéhyde ou méthanal ou aldéhyde formique est gazeux sous une atmosphère et à la température ambiante. Sa solution aqueuse est appelée formol.

Il est présent naturellement dans l’atmosphère car il est, en partie, produit lors de la combustion incomplète de composés contenant du carbone par exemple, lors de feux de forêts. Il est également présent dans les gaz d’échappement des automobiles, dans la fumée de cigarettes… Les émissions mondiales sont de 10 millions de t/an, provenant à 64 % de la végétation, 26 % des feux de forêts, 10 % des transports.
Il est aussi, produit lors du métabolisme d’organismes vivants et, en particulier, humains. La teneur normale du sang est de 2 à 3 mg/L.

Matières premières

Industriellement, le formaldéhyde est synthétisé à partir du méthanol. En 2021, sa production a consommé 23,4 % des 106,930 millions de t de la production mondiale de méthanol.

Fabrication industrielle

Il est produit principalement par oxydation catalytique partielle, à la pression atmosphérique, du méthanol, avec de l’air, selon la réaction suivante :

2 CH3OH + O2 = 2 CH2O + 2 H2O                             Δr298 = -159 kJ/mole

Les limites d’explosivité du formaldéhyde dans l’air étant comprises entre 7 et 73 %, en volume, les deux procédés utilisés emploient du dioxygène en défaut pour l’un et en excès pour l’autre. A chaque procédé correspond un type de catalyseur :

Avec un défaut en air, un catalyseur d’argent est employé, à une température comprise entre 580 et 650°C. A cette température, il se produit également une pyrolyse du méthanol avec formation de formaldéhyde selon la réaction :

CH3OH = CH2O + H2                              Δr298 = +84 kJ/mole

Dans ce procédé, l’oxydation du méthanol représente de 50 à 60 % de la production et le taux de conversion du méthanol est de 87 % avant son recyclage. La durée de vie du catalyseur est de 3 à 4 mois avant sa régénération.

Dans le procédé « Formox », un catalyseur de molybdate ou de vanadate de fer est employé, avec un excès d’air, à une température comprise entre 250 et 400°C. A cette température, seule intervient l’oxydation partielle du méthanol. Le taux de conversion du méthanol est de 99 % et la durée de vie du catalyseur de 12 à 18 mois.

Dans les deux cas, le temps de contact est bref, inférieur à 0,01 s.

Formes de commercialisation :

Le plus souvent, le formaldéhyde est commercialisé sous forme de solution aqueuse, appelée formol, renfermant, en général, 37 % en poids de formaldéhyde et pouvant atteindre 50 %. Cette solution contient de 10 à 15 % de méthanol afin d’éviter sa polymérisation, en paraformaldéhyde. Toujours pour éviter sa polymérisation, le formol ne doit pas être conservé au froid. Par ailleurs, il doit être conservé à l’abri de l’air pour éviter son oxydation en acide formique selon la réaction :

2 CH2O + O2 = 2 H-COOH

Les problèmes de stabilité du formol, ont pour conséquence, que son utilisation est souvent réalisée dans des installations proches de celles de sa production et que son commerce international est limité.

Le formaldéhyde peut également être commercialisé sous forme de son polymère, solide, le paraformaldéhyde qui renferme de 8 à 100 unités de formaldéhyde. Un simple chauffage au-dessus de 80°C libère le formaldéhyde ou, en solution aqueuse, la dépolymérisation est réalisée vers 60-70°C, en milieu basique.

Productions

Capacités annuelles de production, en 2016. Monde : 19,202 millions de t/an, Union européenne : 4,115 millions de t/an.

en milliers de t/an de formaldéhyde à 100 %
Chine 5 974 Japon 546
États-Unis 2 038 Italie 527
Allemagne 1 486 Corée du Sud 519
Russie 1 077 Espagne 430
Inde 853 Indonésie 424

Source : MMSA

En 2014, la production mondiale est de 16,846 millions de t dont 6,012 millions de t en Chine, 2,143 millions de t aux États-Unis, 918 606 t en Allemagne, 710 000 t en Russie, 664 000 t en Inde, 543 000 t au Japon, 424 000 t en Corée du Sud, 337 000 t en Malaisie, 313 000 t à Taipei chinois.

En 2023, la production de l’Union européenne est de 2,140 millions de t dont 640 024 t en Allemagne, en 2022, 401 187 t en Pologne, 183 480 t aux Pays Bas, 187 073 t en Espagne, 20 887 t en Italie, 126 521 t en Hongrie, en 2022, 117 901 t en Belgique, 106 897 t en Suède, en 2022, 38 390 t en Lituanie, 28 842 t en Roumanie, 24 470 t en Slovaquie, 23 404 t en Finlande. Les productions françaises et portugaises sont confidentielles. Dans l’Union européenne, en 2023, la production de paraformaldéhyde est de 95 997 t.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs sur un total de 417 425 t.

en tonnes
Pays Bas 127 007 Inde 23 520
Belgique 51 000 Turquie 15 255
Allemagne 46 372 États-Unis 13 119
Italie 35 373 Canada 13 012
Pologne 24 671 Finlande 9 018

Source : ITC

Les exportations des Pays Bas sont destinées à 79 % à l’Allemagne, 17 % à la Belgique, 2 % à la France.

Principaux pays importateurs :

en tonnes
Allemagne 105 733 Suisse 18 589
Pays Bas 38 777 Népal 18 194
Belgique 21 615 Lettonie 13 585
Pologne 21 528 Canada 13 264
France 20 177 États-Unis 12 413

Source : ITC

Les importations allemandes proviennent à 91 % des Pays Bas, 5 % d’Autriche, 2 % de France.

Principaux producteurs : les capacités de production sont exprimées en t/an de formaldéhyde à 100 %.

  • Hexion (Momentive Specialty Chemicals Inc., États-Unis), possède une capacité de production totale de 1,3 million de t/an avec 16 usines aux États-Unis et 785 000 t/an, 4 usines au Canada et 200 000 t/an, des usines en Australie, Malaisie, Nouvelle Zélande, Pays Bas, Royaume Uni, Espagne, Italie, Allemagne, à Leuna après l’achat, en 2007, des activités d’Arkema dans le formaldéhyde avec 135 000 t/an.
  • Dynea (Norvège), possède une capacité de production de 700 000 t/an, avec des usines en Norvège, à Lillestrom et Saetre, au Royaume Uni à Aycliffe, aux Pays Bas à Delfzjil, en Finlande à Hamina, en Autriche à Krems an der Domau et Vienne, au Danemark à Arhus et en Hongrie à Kazincbarcika.
  • Perstorp (Suède), possède une capacité de production de 660 000 t/an, en Allemagne à Troisdorf et Arnsberg, en Italie à Castellanza, à Malte, en Espagne à Lantaron, en Autriche à Krems an der Donau, en Finlande à Kitee, en Suède à Perstorp, au Brésil à Sao Bernardo, au Chili à Punta Arenas, au Venezuela à Valencia, en Australie à W. Footscray, en Inde à Vadodara, au Pakistan à Karachi, aux États-Unis à Toledo dans l’Ohio.
  • BASF (Allemagne), possède une capacité de production de 530 000 t/an, en Allemagne à Ludwigshafen et Leverkusen et en Belgique à Anvers.
  • Celanese (États-Unis), possède une capacité de production de 385 000 t/an, aux États-Unis à Bishop au Texas, au Canada à Edmonton dans l’Alberta, en Allemagne à Hambourg. La production de formaldéhyde est destinée, en particulier, à fabriquer du polyoxyméthylène.
  • Georgia Pacific (filiale du groupe Koch Industries, États-Unis), possède une capacité de production de 330 000 t/an, avec 10 usines aux États-Unis et une usine en Argentine à Concordia.
  • Ercros (Espagne), possède une capacité de production de 300 000 t/an, en Espagne à Almussafes et Tortosa. Par ailleurs, est n°1 mondial de la production de paraformaldéhyde, avec une capacité de production de 115 000 t/an et 18 % du marché.
  • Arclin (États-Unis), possède une capacité de production de 292 000 t/an, avec 6 usines aux États-Unis, 3 usines au Canada et une au Mexique.

Situation française

Production : confidentielle.

Usine de production :

  • Foresa, filiale du groupe espagnol Finsa possède une usine à Ambarès et Lagrave (33) avec une capacité de production de 58 000 t/an.

Commerce extérieur : en 2024.
Formaldéhyde :

  • Exportations : 390 t vers la Belgique à 29 %, l’Espagne à 18 %, la Slovénie à 15 %, l’Italie à 13 %.
  • Importations : 21 676 t à 30 % d’Allemagne, 28 % d’Espagne, 20 % des Pays Bas, 14 % de Belgique, .

Paraformaldéhyde :

  • Exportations : 86 t vers la Roumanie à 58 %, l’Allemagne à 13 %, l’Espagne à 7 %, l’Italie à 6 %.
  • Importations : 2 128 t à 82 % d’Espagne, 8 % d’Allemagne, 8 % du Royaume Uni.

Utilisations

Consommation : dans le monde, en 2014 : 16,846 millions de tonnes.

Secteurs d’utilisation : en 2014

Résines urée-formol 38 % 1,4-butane-diol 4,6 %
Résines phénol-formol 16,5 % Paraformaldéhyde 3,8 %
Polyoxyméthylène 8,0 % Méthénamine 2,6 %
Pentaérythritol 5,7 % TMP, TME, NPG 2,5 %
4,4′-diisocyanate de diphénylméthylène 5,0 % Résines mélamine-formol 2,3 %
Source : MMSA
  • La principale, et de très loin, utilisation du formaldéhyde est dans l’industrie du bois pour la fabrication de panneaux de particules, de contreplaqués, de bois lamellé-collé, de bois de charpente…, sous forme de résines urée-formol, phénol-formol, mélamine-formol. En effet, par exemple, les panneaux de particules sont constitués de 95 % de résidus de bois et 5 % de résines assurant la liaison entre les particules. En France, l’utilisation de ces résines est de 500 000 t/an.
  • Le polyoxyméthylène est un polymère possédant de bonnes propriétés mécaniques et de résistance aux produits chimiques. Il est utilisé, par exemple, dans des fixations de skis.
  • Le pentaérythritol est en particulier utilisé pour produire du tétranitrate de pentaérythritol, explosif entrant dans la fabrication du Semtex.
  • Le 4,4′-diisocyanate de diphénylméthylène (MDI) est utilisé pour produire du polyuréthane. La production d’une tonne de polyuréthane nécessite environ 0,6 tonne de 4,4′-MDI.
  • Le 1,4-butane-diol est utilisé comme solvant et dans l’industrie des matières plastiques.
  • La méthénamine ou hexamine, est employée comme antibiotique, comme composant pour la production d’explosifs (C-4), dans des pastilles de combustible pour campeurs ou militaires, dans la préparation de résines phénoliques…
  • Les triméthylolpropane (TMP), triméthyloléthane (TME) et néopentylglycol (NPG) sont employés dans la fabrication de résines polyester et alkydes, dans celle d’huiles de lubrification…

Utilisations particulières :

Le formaldéhyde possédant des propriétés biocides, il est employé comme désinfectant et conservateur dans divers secteurs :

  • L’industrie du sucre l’emploie en cas d’infections bactériennes lors du traitement des betteraves sucrières.
  • En anatomie et cytologie pathologique comme fixateur de tissus.
  • Dans les soins de conservation sur les morts pratiqués par les thanatopracteurs.

Toxicité

L’emploi du formaldéhyde présente les risques suivants :

  • Susceptible de provoquer un cancer.
  • Toxique par inhalation, contact cutané et ingestion.
  • Provoque des brûlures de la peau et des lésions oculaires graves.
  • Peut provoquer des allergies cutanées.

En France, les valeurs moyennes d’exposition professionnelles (VME) sont de 0,5 ppm ou 0,61 mg/m3 et les valeurs limites à court terme sont de 1 ppm ou 1,23 mg/m3. L’ANSES, recommande de porter la VME à 0,25 mg/m3.

La principale voie d’introduction dans l’organisme est par inhalation, le formaldéhyde étant rapidement métabolisé, par oxydation, en formiate et dioxyde de carbone. De 35 à 39 % du formaldéhyde inhalé reste dans les tissus.

L’odeur du formaldéhyde est perceptible dès 0,1 à 1 ppm selon les individus. L’irritation des muqueuses nasales est ressentie dès 1 à 3 ppm. Lorsque la concentration atteint 10 à 20 ppm, des signes d’irritation sévère des muqueuses oculaires et des voies respiratoires apparaissent.
Une exposition, même brève, à des teneurs de plus de 50 ppm peut être responsable d’un broncospasme sévère et de lésions graves de l’appareil respiratoire, avec œdème pulmonaire aigu, ulcération de la trachée et des bronches.

Lors de l’ouverture des conteneurs maritimes transportant des panneaux de particules il est recommandé de ventiler le conteneur pendant 30 minutes avant de pénétrer à l’intérieur.

Bibliographie

Archives

Formaldéhyde 2023

Formaldéhyde 2022

Formaldéhyde 2019

Formaldéhyde 2014

Éthylène

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Géométrie Masse molaire
C2H4 28,05 g.mol-1

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Température critique Pression critique Température d’auto-inflammation Limites d’explosivité dans l’air Solubilité dans l’eau
gazeux, 15°C, 101,3 kPa : 1,178.10-3 g.cm-3 -169,2°C -103,9°C 9,19°C 5 060 kPa 490°C entre 2,7 et 36 % en volume à 17°C : 3,5 mg/100 g eau

Données industrielles

L’éthylène ou éthène est produit naturellement, par biosynthèse à partir de la méthionine, par divers fruits, légumes et fleurs. Exprimée en µL/kg/heure la production est :

  • Très faible (0,01 à 0,1) pour la pomme de terre, la fraise, l’artichaut, le raisin…
  • Faible (0,1 à 1,0) pour l’ananas, la framboise, le kiwi, le concombre…
  • Moyenne (1,0 à 10) pour la banane, la mangue, le melon, la tomate, la figue, la laitue, l’orange, la prune, l’œillet…
  • Élevée (10 à 100) pour la pomme, l’abricot, l’avocat, la nectarine, la poire, la papaye, la pêche…
  • Très élevée (> 100) pour le fruit de la passion.

De l’éthylène est également produit lors de diverses combustions et est présent dans les gaz d’échappement de moteurs diesels et à essence, dans la fumée de cigarettes, la fumée d’encens…

La production industrielle est principalement, à 98 %, réalisée à partir d’hydrocarbures.

Matières premières

Principalement le pétrole, en Europe mais aussi le gaz naturel, aux États-Unis et au Moyen-Orient.

Fabrication industrielle

L’éthylène est principalement produit, à 98 %, par vapocraquage des hydrocarbures, eux-mêmes obtenus par distillation du pétrole (voir le chapitre vapocraquage des hydrocarbures) ou extraits du gaz naturel (éthane, butane, propane). La formation d’éthylène à partir des hydrocarbures saturés est favorisée par des températures élevées. En particulier, à partir de l’éthane, il faut que la température de craquage soit supérieure à 800°C. En 2020, dans le monde, la production d’éthylène a été obtenue à 38 % à partir de naphta, 41 % d’éthane, 9 % de propane et 13 % à partir d’autres sources (gazole, butane, charbon…). En Europe de l’ouest le naphta représente, en 2020, 58 % des charges vapocraquées, l’éthane, 16 %, le propane, 11 %, les autres sources, 15 %. En Amérique du Nord, en 2020, la production est principalement obtenue à partir d’éthane, à 84 %, avec 3 % pour le naphta et 8 % pour le propane. En 2020, au Moyen-Orient, la production est à 71 % à partir d’éthane, 12 % de propane, 12 % de naphta.

Le méthanol obtenu à partir du charbon peut donner des oléfines (éthylène, propylène…) sans employer un vapocraqueur. Des pays riches en charbon et pauvres en hydrocarbures (Afrique du Sud, Chine) ont développé cette voie mais cette production reste limitée à 2 % de la production mondiale. Voir les chapitres charbon et méthanol.

De l’éthylène « vert » peut être produit par déshydratation de l’éthanol, obtenu par exemple à partir de canne à sucre, selon la réaction suivante, sur zéolithe comme catalyseur :

C2H5OH(g) = C2H4(g) + H2O(g)

Le groupe brésilien Braskem a construit, à Triunfo, dans l’État du Rio Grande du Sud, au Brésil, une usine d’une capacité de production de 200 000 t/an qui doit être portée, fin 2022, à 260 000 t/an et une production, en 2020, de 169 632 t. Un hectare cultivé donne 77 t de canne à sucre puis 6 700 litres d’éthanol et 3 t d’éthylène transformé en 3 t de polyéthylène.

Principaux complexes pétrochimiques de production d’éthylène : en 2015.

en milliers de t de capacités annuelles de production
Ruwais (Abu Dhabi) Borouge 3 550 Sweeny (Texas, États-Unis) Chevron Phillips 1 950
Mailiao (Taipei chinois) Formosa Plastics 2 935 Jurong Island (Singapour) ExxonMobil 1 900
Joffre, (Alberta, Canada) Nova Chemicals 2 812 Terneuzen (Pays Bas) Dow 1 825
Jubail (Arabie Saoudite) Sabic 2 250 Chocolate Bayou (Texas, États-Unis) Ineos 1 752
Baytown (Texas, États-Unis) ExxonMobil 3 900 Channel View (Texas, États-Unis) LyondellBasell 1 750

Sources : APIC et Oil & Gas Journal, 6 juillet 2015

Productions

En 2018, capacités de production et ( ) nombre de vapocraqueurs, en 2015. Monde, en 2021 : 216,35 millions de t/an (264), Europe de l’ouest, en 2019 : 23,468 millions de t/an (45).

en milliers de tonnes de capacités annuelles de production, en 2020
États-Unis 40 000 (34) Corée du Sud, en 2018 9 140 (11)
Chine 32 200 (27) Iran, en 2017 7 300 (7)
Arabie Saoudite, en 2018 17 600 (14) Inde, en 2020-21 7 477
Source : Oil & Gas Journal, 6 juillet 2015

En 2020, 24 % des capacités mondiales de production sont situées en Asie du Nord-Est, 22 % en Amérique du Nord, 20 % au Moyen-Orient, 14 % en Europe, 11 % dans le reste de l’Asie et le Pacifique, 9 % ailleurs.

En 2017, la production mondiale a été de 152,8 millions de t. En 2018, la production des États-Unis est de 29 millions de t, celle de la Chine, en 2020, de 21,6 millions de t, celle de l’Arabie Saoudite, en 2016, de 17 millions de t, la production de la Corée du Sud, en 2018, est de 8,687 millions de t, celle de l’Inde, en 2020-21, de 6,987 millions de t,  celle du Japon, en 2020, de 5,94 millions de t, celle de la Thaïlande, en 2018, de 4,812 millions de t, celle de Taipei chinois, en 2018, de 4,218 millions de t.

Productions, en 2023, de l’Union européenne : 10,695 millions de t dont en Allemagne : 4,320 millions de t, en 2022, aux Pays Bas : 1,857 million de t, en France : 1,628 million de t, en Belgique : 1,200 million de t, en 2021, en Hongrie : 455 917 t, en 2022, en Pologne : 486 940 t, en 2020, au Portugal : 359 654 t, en 2021, en Slovaquie : 190 008 t. Les productions d’Espagne et d’Italie sont confidentielles.

La production des États-Unis est située à 95 % au Texas et en Louisiane.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs, sur un total de 6,443 millions de t :

en milliers de t
Corée du Sud 1 115 Malaisie 386
États-Unis 1 094 Singapour 367
Pays Bas 1 010 Belgique 273
Japon 629 Allemagne 174
Royaume Uni 398 Chine 159

Source : ITC

Les exportations coréennes sont destinées à 83 % à la Chine, 12 % à Taipei chinois, 4 % au Japon.

Principaux pays importateurs :

en milliers de t
Chine 2 127 Pays Bas 219
Belgique 1 527 Corée du Sud 162
Indonésie 880 France 123
Allemagne 561 Suède 107
Taipei chinois 437 Portugal 105

Source : ITC

Les importations chinoises proviennent à 45 % de Corée du Sud, 22 % des États-Unis, 20 % du Japon, 4 % d’Oman.

Producteurs : en 2021.

en milliers de t/an de capacités de production
Saudi Aramco/Sabic 16 500 Mubadala (Abu Dhabi) 7 673
Dow 14 788 National Petrochemical (Iran), en 2018 7 000
ExxonMobil 11 900 PetroChina, production 6 713
Sinopec 10 300 Shell 6 589
LyondellBasell 8 650 Ineos 5 112
Chevron Phillips 7 710 Braskem 5 002
Sources : rapports de sociétés et LyondellBasell
  • Saudi Aramco a acquis, en 2020, 70 % de Sabic (Saudi Basic Industries Corporation) qui produit de l’éthylène en Arabie Saoudite en propre et dans diverses joint venture, à Al Jubail et Yanbu, aux Pays Bas, à Geleen avec 1,480 million de t/an, au Royaume Uni à Wilton avec 865 000 t/an, en Chine, en joint venture avec Sinopec, à Tianjin avec 600 000 t/an.
  • Dow produit de l’éthylène aux États-Unis, au Texas, à Freeport avec 3,18 millions de t/an, Orange avec 680 000 t/an et Taft avec 1 million de t/an, en Louisiane à Plaquemine avec 1,225 million de t/an, au Canada à Fort Saskatchewan, dans l’Alberta avec 1,285 million de t/an, en Argentine à Bahia Blanca avec 765 000 t/an, en Allemagne à Bohlen avec 560 000 t/an, aux Pays Bas à Terneuzen avec 1,8 million de t/an et en Espagne à Tarragone avec 580 000 t/an.
    Par ailleurs, participe à des joint venture, au Koweit avec 42,5 % d’Equate qui possède une capacité de production de 1,77 million de t/an, en Thaïlande avec 24,5 % de Map Ta Phut Olefins et une capacité de 2,1 millions de t/an, en Arabie Saoudite avec 35 % de Sadara et une capacité de 1,5 million de t/an.
  • ExxonMobil produit de l’éthylène aux États-Unis, au Texas, à Baytown avec 4,0 millions de t/an, à Beaumont avec 900 000 t/an, à Corpus Christi avec 900 000 t/an et en Louisiane à Baton Rouge avec 1,1 million de t/an, au Canada, à Sarnia avec 300 000 t/an, à Singapour avec 1,9 million de t/an, en France, à Notre Dame de Gravenchon (76) avec 400 000 t/an, au Royaume Uni en joint venture 50/50 avec Shell à Fife avec 451 000 t/an, en Arabie Saoudite dans des joint venture 50/50 avec Sabic, à Al Jubail avec 700 000 t/an et Yanbu avec 1 million de t/an et en Chine, à Fujian avec 300 000 t/an. En 2021, la production a été de 10,086 millions de t.
  • LyondellBasell produit de l’éthylène aux États-Unis, au Texas, à Channelview avec 1,86 million de t/an, à La Porte avec 1,152 million de t/an et à Corpus Christi avec 1,134 million de t/an, en Louisiane, à Lake Charles, avec 50 % d’une joint venture avec Sasol et une part de 775 000 t/an, dans l’Iowa à Clinton avec 475 000 t/an et dans l’Illinois à Morris avec 550 000 t/an, en France à Berre avec 470 000 t/an, en Allemagne, à Munchsmunster avec 400 000 t/an et Wesseling avec 1,040 million de t/an, en Chine, à Panjin avec 50 % d’une joint venture avec Liaoning Bora et en propre 550 000 t/an et en Arabie Saoudite avec 25 % de SEPC à Al Jubail et en propre 250 000 t/an.
  • Chevron Phillips, est une co-entreprise 50/50 entre Chevron et Phillips 66. Produit de l’éthylène aux États-Unis, au Texas, à Cedar Bayou avec 2,560 millions de t/an, à Port Arthur avec 855 000 t/an et Sweeny avec 1,995 million de t/an, en Arabie Saoudite, à Al Jubail en joint venture 50/50 avec 105 000 t/an et en joint venture à 35 % avec 425 000 t/an et au Qatar, à Messaied, en joint venture à 49 % avec 255 000 t/an et à Ras Laffan en joint venture à 26 % avec 340 000 t/an.
  • Mubadala (Mubadala Investment Company) possède la société Nova Chemicals qui produit de l’éthylène au Canada, en Alberta, à Joffre avec 2,165 millions de t/an et dans l’Ontario à Corunna avec 816 000 t/an, aux États-Unis, avec 88,46 % de la production de Geismar en Louisiane et 771 000 t/an et détient 25 % de Borealis et 24,9 % de OMV qui elle même détient 75 % de Borealis, qui produit de l’éthylène en Autriche à Schwechat avec 600 000 t/an, en Allemagne à Burghausen avec 475 000 t/an, en Finlande à Porvoo avec 420 000 t/an, en Suède à Stenungsund avec 626 000 t/an et aux États-Unis, à Port Arthur, avec une participation de 50 % dans la joint venture Baystar avec TotalEnergies et une part de 500 000 t/an. Par ailleurs détient 36 % de Borouge, à Ruwais, à Abu Dhabi aux Émirats Arabes Unis, avec une part de 1,3 million de t/an.
  • En 2021, la production de PetroChina est de 6,713 millions de t.
  • Shell produit de l’éthylène aux États-Unis, au Texas à Deer Park avec 889 000 t/an et en Louisiane à Norco avec 1,432 million de t/an, en Chine à Nanhai avec 1,1 million de t/an dans une joint venture 50/50 avec CNOOC, à Singapour, à Jurong Island avec 281 000 t/an et à Pulau Bukom avec 1,161 million de t/an, en Allemagne à Rheinland avec 340 000 t/an, aux Pays Bas à Moerdijk avec 971 000 t/an, au Royaume Uni à Massmorran avec 415 000 t/an dans une joint venture 50/50 avec ExxonMobil.
  • Ineos produit de l’éthylène aux États-Unis, au Texas, à Chocolate Bayou avec 1,814 million de t/an, en Norvège, à Rafnes avec 645 000 t/an, au Royaume Uni, à Grangemouth avec 700 000 t/an, en Allemagne, à Köln avec 1,165 million de t/an, en France à Lavéra (13), en association 50/50 avec TotalEnergies, avec 370 000 t/an et à Feyzin (69), en association avec TotalEnergies (57,5 %), avec 106 000 t/an.
  • Braskem produit de l’éthylène au Brésil, à Camaçari dans l’État de Bahia, avec 1,280 million de t/an, à Triunfo dans l’État de Rio Grande de Sul, avec 1,452 million de t/an, à Mauá dans l’État de São Paulo, avec 700 000 t/an, à Duque de Caxias dans l’État de Rio de Janeiro, avec 520 000 t/an et au Mexique, à Nanchital, avec 1,050 million de t/an. En 2021, la production d’éthylène est de 3,722 millions de t.
  • TotalEnergies produit de l’éthylène aux États-Unis, à Port Arthur, en association avec BASF (40 % Total, 60 % BASF), avec 400 000 t/an. Le vapocraqueur prévu initialement pour fonctionner avec du naphta a été modifié pour utiliser à la place de l’éthane, du butane et du propane provenant de l’exploitation de gaz de schiste. 40 % de l’éthylène produit provient d’éthane et 40 % de butane et propane. Produit également de l’éthylène, en France, à Gonfreville (76) avec 425 000 t/an, à Lavéra (13), en association 50/50 avec Ineos, avec 370 000 t/an et à Feysin avec une participation de 57,5 % et 144 000 t/an, en Belgique, à Anvers, avec 1,150 million de t/an, en Corée du Sud, à Daesan, en association 50/50 avec Hanwha, avec 700 000 t/an, au Qatar, à Ras Laffan, avec une participation de 22,5 % et 293 000 t/an à partir d’éthane et à Messaied dans la société Qapco, avec une participation de 20 % et 144 000 t/an à partir d’éthane.

Situation française

Production : 1 628 486 t, en 2023.

Commerce extérieur : en 2024.

Les exportations étaient de 167 198 t avec comme principaux marchés à :

  • 43 % l’Italie,
  • 27 % la Belgique,
  • 15 % la Suède,
  • 11 % l’Allemagne,
  • 2 % le Portugal.

Les importations s’élevaient à 71 145 t en provenance principalement à :

  • 28 % des États-Unis,
  • 26 % de Belgique,
  • 14 % du Royaume Uni,
  • 12 % de Norvège,
  • 9 % des Pays Bas,

Producteurs et sites de production :

en milliers de tonnes de capacités annuelles de production
Vapocraqueurs Opérateurs Capacités
Lavéra (13) Naphtachimie1 740
Gonfreville (76) TotalEnergies 525
Aubette (Berre) (13) LyondellBasell 470
Notre Dame de Gravenchon (76) ExxonMobil 425
Dunkerque (59) Versalis (ENI) 380
Feysin (69) A.P. Feyzin2 250
Source : APPE

1 Naphtachimie : 50 % Ineos- 50 % TotalEnergies
2 A.P. Feyzin : 57,5 % TotalEnergies – 42,5 % Ineos

Transport :

Le transport de l’éthylène sous forme liquéfiée, sous pression, est délicat (tcritique : 9,6 °C). Aussi, la route et le rail sont-ils des moyens peu utilisés. En Europe 56 % de la production est transportée à l’état gazeux par éthylénoducs (téb : -103,72°C), alors qu’aux États-Unis ce pourcentage atteint 91 %. Le complément à 100 % est transformé sur les lieux de production.

L’Europe possède cinq réseaux indépendants de pipelines : au Royaume-Uni, en France entre Fos et Carling, avec 1034 km, dans la zone Anvers-Rotterdam-Amsterdam, en Italie et en Europe de l’Est. Toutefois, ces réseaux ne sont pas interconnectés (voir ci-dessous et dans le chapitre vapocraquage des hydrocarbures). Le groupe Total possède un site de stockage, dans des cavités salines à Viriat (01).

Carte des vapocraqueurs et du réseau d’éthylénoducs, en France : depuis la confection de cette carte, le vapocraqueur de Carling a été arrêté.

 

Utilisations

Consommations : en 2018, la consommation mondiale est de 161 millions de t dont 19,336 millions de t en Europe de l’Ouest (Union européenne à 15, plus Norvège et Turquie).

En 2018, la consommation de la Corée du Sud a été de 7,987 millions de t, celle de l’Inde, en 2020-21, de 6,925 millions de t, du Japon, en 2018 de 4,905 millions de t, de la Thaïlande de 4,714 millions de t, de Taipei chinois de 4,414 millions de t.

Utilisations directes de l’éthylène : elles sont marginales.

  • L’éthylène est utilisé comme agent de maturation des fruits (bananes, tomates…).
  • Anesthésiant peu puissant, il est utilisé aux États-Unis.
  • Il est narcotique et asphyxiant à haute concentration.
  • Il est utilisé comme fluide frigorigène.

Utilisations principales : après transformation en divers produits, la principale transformation étant sa polymérisation sous forme de polyéthylène (voir ce chapitre).

Secteurs d’utilisation de l’éthylène

En 2018, dans le monde. Source : ICIS

Répartition de la consommation d’éthylène : dans le monde, en 2018 et en Europe de l’Ouest, en 2020 :

Monde Europe de l’Ouest
Polyéthylène haute densité 28 % 23 %
Polyéthylène basse densité 12 % 25 %
Polyéthylène basse densité linéaire 20 % 15 %
Dichloroéthylène 10 % 14 %
Oxyde d’éthylène 15 % 11 %
Éthylbenzène 6 % 6 %
Autres (acétate de vinyle, éthanol, acétaldéhyde…) 9 % 6 %

Sources : ICIS et APPE

En Chine, en 2017, 58 % de la production d’éthylène est destinée à l’élaboration de polyéthylène.

  • Polyéthylène : voir ce chapitre.
  • Dichloroéthylène : destiné à la fabrication du PVC, voir ce chapitre.
  • L’oxyde d’éthylène est obtenu par oxydation à l’aide de dioxygène, en présence d’un catalyseur à l’argent, à température élevée. L’hydrolyse de l’oxyde d’éthylène fournit le monoéthylèneglycol (MEG) qui réagit sur l’époxyde pour donner le diéthylèneglycol (DEG) et le triéthylèneglycol (TEG), voir ce chapitre.
  • Éthylbenzène voir ce chapitre.

Bibliographie

Archives

Ethylène 2023

Ethylène 2022

Ethylène 2019

Ethylène 2015

Ethylène 2012

Ethylène 2007

Ethylène 1996

Ethylène 1993

 

 

Ethylbenzène, styrène

Données physico-chimiques

Ethylbenzène

Données atomiques

Formule Géométrie Masse molaire Moment dipolaire
C8H10 106,168 g.mol-1 0,58 D

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Température critique Pression critique Limites  d’explosivité dans l’air, en volume Température d’autoinflammation Solubilité dans l’eau
0,8665 g.cm-3 -95°C 136°C 344°C 3 610 kPa 1,0 % – 6,7 % 432°C 0,15 g.L-1
à 20°C

Styrène

Données atomiques

Formule Géométrie Masse molaire Moment dipolaire
C8H8 104,15 g.mol-1 0,123 D

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Température critique Pression critique Limites  d’explosivité dans l’air, en volume Température d’autoinflammation Solubilité dans l’eau
0,909 g.cm-3 -30,6°C 145,14°C 365,65°C 4 000 kPa 0,9 % – 6,8 % 490°C 0,3 g.L-1

Données industrielles

Origine

L’éthylbenzène et le styrène sont deux composés aromatiques. L’éthylbenzène est présent dans les essences de reformage aux côtés des xylènes (voir le chapitre « benzène, toluène, xylènes« ) mais son extraction n’est pas toujours rentable. On préfère, en général, le synthétiser à partir du benzène et de l’éthylène, cette synthèse représentant 99 % de la production. Son débouché, à 98 %, est le styrène, qui n’existe pas à l’état naturel.

Fabrication industrielle

Synthèse de l’éthylbenzène :
La synthèse a lieu par alkylation du benzène par l’éthylène :

Cette réaction exothermique (ΔrH° = – 113,3 kJ/mol à 25°C) nécessite une catalyse par un acide de Lewis. Les procédés les plus anciens utilisent le trichlorure d’aluminium AlCl3, la réaction ayant lieu en phase liquide, à 180°C, sous une pression de 9 bar. Le taux de conversion est de l’ordre de 40 à 45 %, l’éthylène et le benzène sont recyclés après séparation et les dérivés polyalkylés (diéthylbenzène (15 %)…) subissent une reconversion (par transalkylation avec le benzène).

Des procédés plus récents (Mobil Badger…) utilisent des zéolithes pour catalyser la réaction en phase gazeuse. La réaction a lieu entre 400 et 450°C sous 20 à 30 bar. Le catalyseur doit être régénéré toutes les 6 à 8 semaines, en brûlant le coke formé. Pour cette raison, deux réacteurs fonctionnent en parallèle. Alternativement l’un produit de l’éthylbenzène pendant que dans l’autre le catalyseur est régénéré, cette opération durant 36 h. En 2012, environ 1/3 des unités de production utilisent ce procédé.

Synthèse du styrène :
Près de 80 % de la production de styrène provient de la déshydrogénation de l’éthylbenzène :

Cette réaction endothermique (ΔrH° = 123,5 kJ/mol à 625°C) est accompagnée de diverses réactions parasites (formation de benzène, toluène, pyrènes, phénylacétylène…). La déshydrogénation étant favorisée par des températures élevées et des faibles pressions, on travaille vers 650°C en présence de vapeur d’eau pour abaisser les pressions partielles. L’éthylbenzène est préchauffé vers 500°C, puis mélangé à de la vapeur d’eau à 700 ou 750°C dans un rapport de 1 pour 1,2 à 2,2. Le mélange obtenu est dirigé sur le premier lit catalytique : la plupart des procédés utilisent des catalyseurs à base d’oxyde de fer III, avec des teneurs de 10 % en K2O. Après réchauffage, le mélange est dirigé vers un second lit catalytique : on obtient alors 60 à 70 % en masse de styrène que l’on sépare, puis purifie à 99,7 % et auquel on ajoute des inhibiteurs de polymérisation (dérivés nitrés ou nitrosés du phénol) pour le stockage (tertiobutylcatéchol à 10  ppm). Les principales impuretés sont l’éthylbenzène (0,05 %) et le méthylstyrène (0,04 %). La consommation est, par tonne de styrène, de 0,79 t de benzène et 0,29 t d’éthylène.

Le styrène peut aussi être obtenu par coproduction lors de la synthèse de l’oxyde de propylène. Celle-ci est effectuée à partir du propylène et de l’hydroperoxyde de 1-phényléthyle et amène à la formation d’alcool alpha-méthylbenzylique qui, par déshydratation, donne du styrène. L’hydroperoxyde de 1-phényléthyle étant lui même formé, par oxydation de l’éthylbenzène. LyondellBasell, Repsol et Shell produisent ainsi du styrène. En 2013, ce mode de fabrication représente 20,4 % des capacités mondiales de production.

Capacités de production, en 2013, selon les deux modes de fabrication.

en milliers de t/an de capacités de production
À partir de l’éthylbenzène À partir de l’oxyde de propylène Total
Amérique du Nord 4 697 1 270 5 967
Amérique du Sud 540 0 540
Europe 3 355 2 100 5 455
Moyen Orient et Afrique 2 975 0 2 975
Asie du Nord-Est 13 008 2 145 15 153
Asie du Sud-Est 1 400 1 150 2 550
Total 25 975 6 665 32 640
Source : Argus

En 2018, les capacités de production mondiales sont de 36,7 millions de t/an dont 9,9 millions de t/an en Chine.

Productions

Éthylbenzène :

La production mondiale est, en 2018, de 32,1 millions de t, celle de l’Union européenne, en 2023, de 2,466 millions de t dont 858 968 t aux Pays Bas.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs sur un total de 464 025 t.

en tonnes
Belgique 216 795 Allemagne 37 566
République tchèque 123 743 France 21 657
Royaume Uni 54 019 Pays Bas 6 739

Source : ITC

Les exportations belges sont destinées quasi totalement aux Pays Bas.

Principaux pays importateurs sur un total mondial de 421 291 t.

en tonnes
Pays Bas 264 628 États-Unis 6 150
Pologne 123 705 Italie 5 257
Belgique 14 524 Allemagne 2 075

Source : ITC

Les importations des Pays Bas proviennent à 76 % de Belgique, 15 % du royaume Uni, 12 % d’Allemagne.

Les principaux producteurs, en 2017, sont Ineos Styrolution avec 7,1 % de part de marché, Shell avec 6,7 %, Sinopec avec 6,2 %.

Styrène : productions, en 2018. Monde : 31 millions de t, Union européenne, en 2023 : 3,166 millions de t.

en milliers de t
Chine 7 680 Pays Bas, en 2023 1 551
États-Unis 4 210 Taipei chinois 2 111
Corée du Sud 3 117 Japon 2 008
Source : APIC et Eurostat

En 2014, la production de l’Allemagne était de de 709 447 t.

En 2018, les capacités mondiales de production sont de 36,7 millions de t/an. Les capacités de production de l’Amérique du Nord sont de 5,925 millions de t/an, celles de l’Europe de 6,2 millions de t/an, celles de la Chine de 9,9 millions de t/an, celles de la Corée du Sud de 3 millions de t/an, celles de Taipei chinois de 2,030 millions de t/an, celles du Japon de 1,949 million de t/an, celles de Singapour de 1,570 million de t/an.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs sur un total mondial de 8,450 millions de t.

en milliers de t
États-Unis 1 687 Belgique 406
Arabie Saoudite 1 422 Canada 402
Pays Bas 1 254 Chine 366
Singapour 600 Japon 340
Koweït 494 Espagne 336

Source : ITC

Les exportations des États-Unis sont destinée à 36 % au Mexique, 23 % aux Pays Bas, 14 % au Brésil, 7 % à la Colombie.

Principaux pays importateurs sur un total mondial de 8,282 millions de t, en 2022.

en milliers de t
Inde 1 070 Turquie 619
Chine 790 Allemagne 537
Corée du Sud 775 États-Unis 403
Belgique 764 Mexique 346
Pays Bas 670 Brésil 216

Source : ITC

Les importations indiennes proviennent à 32 % du Koweït, 29 % de Singapour, 23 % d’Arabie Saoudite, 11 % de Corée du Sud.

Principaux producteurs de styrène : en 2018.

en milliers de t/an de capacités de production
Sinopec 2 300 Formosa Plastics Group 1 320
Ineos Styrolution, en 2021 2 230 PetroChina 1 290
LyondellBasell 2 170 Sabic 1 150
TotalEnergies 1 910 Americas Styrenics 1 020
Shell 1 750 New Solar Group (China) 1 020
Sources : HDIN Research et rapports des sociétés
  • Les unités de production de Ineos Styrolution sont situées aux États-Unis, au Texas, à Bayport (Pasadena) avec 779 000 t/an de styrène et 870 000 t/an d’éthylbenzène et Texas City avec 450 000 t/an de styrène, en Belgique, à Anvers avec 500 000 t/an de styrène et au Canada, dans l’Ontario, à Sarnia avec 455 000 t/an de styrène.
  • Les capacités de production de LyondellBasell sont situées sur 3 sites dans des joints venture. Avec Mubadala Investment (Abu Dhabi) et BASF à Channelview, au Texas, États-Unis, avec 740 000 t/an en propre, Covestro (ex-Bayer) 50/50 à Maasvlakte, près de Rotterdam, aux Pays-Bas avec 340 000 t/an en propre et avec 27 % d’une joint venture avec ZRCC (Sinopec) à Ningbo, en Chine avec 350 000 t/an en propre. Une nouvelle unité de production, prévue pour 2022, est en construction à Ningbo dans le cadre d’une joint venture 50/50 avec Sinopec avec une capacité de production de 300 000 t/an d’oxyde de propylène et 600 000 t/an de styrène.
    LyondellBasell présente la particularité de coproduire du styrène avec l’oxyde de propylène.
  • TotalEnergies produit du styrène, en France, à Gonfreville (76), avec 680 000 t/an, en Corée du Sud à Daesan, en association 50/50 avec Hanwha avec 503 000 t/an en propre, aux États-Unis, à Carville, en Louisiane, en joint venture 50/50 avec Sabic, avec 595 000 t/an en propre.
  • Shell, produit du styrène, à Scotford, dans l’Alberta, au Canada, avec 475 000 t/an, à Singapour avec 1,069 million de t/an, en joint venture 50/50 avec BASF dans Ellba, à Moerdijk, aux Pays Bas avec 815 000 t/an en propre et en joint venture 50/50 avec CNOOC, à Huizhou, province de Guangdong, en Chine avec 650 000 t/an en propre.
  • Trinseo (ex-Dow Chemical) produit du styrène en Europe, en Allemagne à Boehlen, avec 300 000 t/an et aux Pays Bas, à Terneuzen, avec 500 000 t/an et aux États-Unis au travers d’une joint-venture 50/50, Americas Styrenics LLC, avec Chevron Phillips Chemicals qui exploite une usine à St James, en Louisiane, d’une capacité totale de 950 000 t/an de styrène.

Situation française

Production : les capacités de TotalEnergies, à Gonfreville (76) sont de 680 000 t/an de styrène.

Exportations : en 2024

  • Éthylbenzène : 23 835 t vers les Pays Bas à 87 %, la Belgique à 12 %.
  • Styrène : 229 417 t vers les Pays Bas à 26 %, la Finlande à 26 %, l’Allemagne à 22 %, la Belgique à 21 %, la Turquie à 2 %.

Importations : en 2024.

  • Éthylbenzène : 24 t à 92 % de Belgique, 8 % des États-Unis.
  • Styrène : 194 133 t des Pays Bas à 65 %, de Belgique à 23 %, d’Allemagne à 4 %, des États-Unis à 4 %.

Utilisations

Consommation d’éthylbenzène : 32,1 millions de t, en 2019.

Consommation de styrène : en 2019, dans le monde, elle a été de 31 millions de t. En 2018, la consommation chinoise a été de 10,869 millions de t, en 2018, celle de la Corée du Sud de 2,534 millions de t, celle de Taipei chinois de 1,880 million de t, celle du Japon de 1,481 million de t, celle d’Inde de 885 000 t totalement importées. En 2017, la consommation des États-Unis a été de 3,3 millions de t.

Répartition de la consommation de styrène, en 2019.

Chine 34 % Europe 16 %
Autres pays d’Asie 29 % Amériques 16 %

Source : IHS Markit

Secteurs d’utilisation de l’éthylbenzène

En 2019, il est utilisé à plus de 98 % pour produire du styrène. Moins de 2 % de la production est utilisée principalement comme solvant de peintures mais aussi dans la production diéthylbenzène, acétophénone, éthylanthraquinone.

Secteurs d’utilisation du styrène

En 2019, dans la monde (source : IHS Markit)

Polystyrène cristal et choc 34 % Résines de polyesters insaturés 6 %
Polystyrène expansé 22 % Copolymères styrène-butadiène 5 %
Résines ABS et SAN 18 % Caoutchoucs SBR 4 %

Source : IHS Markit

La fabrication de polymères représente donc près de 90 % des débouchés du styrène.

  • L’ABS (Acrylonitrile-Butadiene-Styrene) est un copolymère de l’acrylonitrile, du butadiène et du styrène, obtenu par greffage, en émulsion d’acrylonitrile et de styrène sur du polybutadiène.
  • Le SAN (Styrene-AcryloNitrile) est le copolymère du styrène et de l’acrylonitrile, polymérisé en émulsion.
  • Le SBR est un caoutchouc Styrène-Butadiène.

En utilisation finale : en 2016, dans le monde.

Électronique 30 % Construction 22 %
Emballages 29 % Transport 3 %

Source : IHS Markit 

Bibliographie

Archives

Ethylbenzène, styrène 2023

Ethylbenzène, styrène 2022

Ethylbenzène, styrène 2019

Ethylbenzène, styrène 2016

Ethylbenzène, styrène 2012

Ethylbenzène, styrène 2007

Ethylbenzène, styrène 1994

 

 

Cumène, phénol, acétone

Données physico-chimiques

Cumène

Données atomiques

Formule Géométrie Masse molaire Moment dipolaire
C9H12 120,195 g.mol-1 0,79 D

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Température critique Pression critique Limites  d’explosivité dans l’air, en volume Température d’autoinflammation Solubilité dans l’eau
0,862 g.cm-3 -96°C 152,4°C 357,9°C 3 210 kPa 0,9 % – 6,5 % 424°C 50 mg.L-1

Phénol

Données atomiques

Formule Géométrie Masse molaire Moment dipolaire
C6H6O 94,113 g.mol-1 1,224 D

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Température critique Pression critique Limites  d’explosivité dans l’air, en volume Température d’autoinflammation Solubilité dans l’eau
1,073 g.cm-3 43°C 182°C 421°C 6 130 kPa 1,36 % – 10 % 715°C 8,3/100mL à 20°C

 

Acétone

Données atomiques

Formule Géométrie Masse molaire Moment dipolaire
C3H6O 58,08 g.mol-1 2,88 D

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Température critique Pression critique Limites  d’explosivité dans l’air, en volume Température d’autoinflammation Solubilité dans l’eau
0,7845 g.cm-3, à 25°C
-94,6°C 56,05°C 235°C 4 701 kPa 2,15 % – 13 % 465°C miscible

Données industrielles

Le cumène (ou isopropylbenzène) est un dérivé du benzène. C’est un intermédiaire qui sert presque exclusivement (à 98 %) à fabriquer du phénol et de l’acétone. Possédant un indice d’octane élevé, il peut être employé comme adjuvant au carburant pour l’aviation afin de remplacer le benzène. Il peut également servir comme diluant de peintures.

Le phénol (ou hydroxybenzène) et l’acétone (2-propanone ou diméthyl cétone) sont des composés de grande importance. Bien que le phénol puisse être extrait des goudrons ou des eaux résiduaires des unités de craquage, ils sont produits en majeure partie par synthèse et le procédé utilisant le cumène comme intermédiaire est utilisé à plus de 98 %. Il fût découvert en 1944 par Hock et Lang et il est exploité depuis les années 50. Le procédé au cumène représente 90,6 % des capacités de production de l’acétone, la déshydrogénation de l’isopropanol, 1,2 %, d’autres procédés comptant pour 8,2 %.

Fabrication industrielle

Synthèse du cumène :

Le procédé UOP (Union Oil Products) est le plus utilisé pour synthétiser le cumène à partir du benzène et du propylène (ou propène). La réaction de synthèse est représentée ci-dessous :

Les conditions opératoires sont les suivantes : 34 bar de pression et une température de 190°C à l’entrée du réacteur (la réaction étant exothermique (ΔrH° = – 113 kJ/mol) le mélange sort à 250°C). La réaction a lieu en phase liquide en présence, principalement, de zéolithe comme catalyseur. On sépare le cumène des sous-produits par distillation. Parmi les sous-produits, les diisopropylbenzènes (C3H7-C6H4-C3H7), le nonène (C9H18) et l’hexène (C6H12) sont séparés pour être valorisés, le propane et les produits lourds sont incinérés. Le rendement est de 90 % par rapport au propène et de 97 % par rapport au benzène.
Les zéolithes représentent, en 2013, environ 80 % des catalyseurs employés, l’acide phosphorique 15 % et le chlorure d’aluminium 5 %.
La synthèse du cumène représente 20 % de la consommation du benzène et 4 % de celle du propylène.

Synthèse du phénol et de l’acétone :

On ne décrira que le procédé au cumène pour lequel 1 tonne de cumène donne au plus 0,78 tonne de phénol. Cette synthèse, dont le rendement est de 90 %, a lieu en deux étapes indépendantes :

La première consiste à oxyder le cumène par de l’air, à une température comprise entre 90°C et 130°C, sous une pression de 5 à 10 bar en phase liquide et à un pH d’environ 9,5 pour éviter que la réaction de cission ait lieu dans le même réacteur. La réaction est exothermique (ΔrH° = – 117 kJ/mol). Elle aboutit à la formation d’hydroperoxyde de cumyle :

Par distillation et entraînement à la vapeur, on obtient l’hydroperoxyde de cumyle à 80 %. Le taux de conversion est de 40 %.

La seconde est la cission de l’hydroperoxyde de cumyle en phénol et acétone suivant la réaction exothermique (ΔrH° = – 252 kJ/mol) suivante :

Cette réaction a lieu à 50°C en présence d’acide sulfurique (0,1 à 2 %), puis le mélange est ensuite neutralisé par du phénolate de sodium et distillé (procédé Phenol Chemie). On peut également travailler à 60°C sous pression en présence d’acide sulfurique en solution dans le phénol (procédé Rhône-Poulenc) ou dans l’acétone (procédé Hercule). On obtient des sous-produits valorisables, en particulier de l’acétophénone et de l’alpha-méthylstyrène ; dus à des réactions secondaires, mais surtout 0,6 tonne d’acétone par tonne de phénol.

Bilan matière :

0,872 t de benzène et 0,470 t de propylène donnent 1,310 t de cumène qui donne à son tour 1 t de phénol et 0,612 t d’acétone.

Productions

Cumène : les capacités mondiales de production, en 2018, sont de 17,59 millions de t/an.

En 2015, la capacité de l’Europe de l’Ouest y compris Norvège et Turquie est de 3,580 millions de t/an.

En 2023, la production de l’Union européenne est de 1,398 million de t dont 743 407 t en Allemagne, en 2022.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs sur un total de 1,166 million de t, en 2022.

en milliers de t
Singapour 298 Allemagne 37
Japon 258 États-Unis 23
Corée du Sud 57 Arabie Saoudite, en 2022 20

Source : ITC

Les exportations de Singapour sont destinées à 76 % à la Chine, 21 % à la Malaisie.

Principaux pays importateurs sur un total de 1,682 million de t, en 2021.

en milliers de t
Chine 490 Pays Bas 22
États-Unis 47 Italie 14
Allemagne 37 Corée du Sud 10

Source : ITC

Les importations chinoises proviennent à 53 % de Singapour, 39 % du Japon, 8 % de Corée du Sud.

Phénol : les capacités mondiales de production, en 2018, sont de 13,850 millions de t/an.

En 2016, la capacité de production chinoise est de 2,51 millions de t/an, en 2018, la capacité de production de la Corée du Sud est de 1,28 million de t/an, celle de Taipei chinois de 1,08 million de t/an, celle de la Thaïlande de 470 000 t/an.

En 2015, la production mondiale a été de 11,4 millions de t.

En 2023, la production de l’Union européenne est de 1,506 million de t dont 620 025 t en Allemagne, en 2022, 250 084 t en Espagne, 53 583 t en Pologne, en 2022. En 2018, la production de la Corée du Sud est de 1,338 million de t, celle de Taipei chinois de 1,034 million de t, celle du Japon de 587 400 t, celle de la Thaïlande de 552 000 t.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs sur un total de 2,387 millions de t en 2021.

en milliers de t
Arabie Saoudite, en 2022 282 Singapour 132
Belgique 243 Finlande 130
Thaïlande 178 Taipei chinois 105
États-Unis 174 Corée du Sud 65

Source ITC

Les exportations belges sont destinées à 48 % aux Pays Bas, 26 % à l’Allemagne, 6 % à la Pologne.

Principaux pays importateurs.

en milliers de t
Belgique 387 Allemagne 133
Chine 367 Pologne 86
Pays Bas 248 Corée du Sud 72
Inde 240 Canada 60

Source ITC

Les importations belges proviennent à 40 % d’Allemagne, 35 % d’Espagne, 17 % de Finlande, 6 % d’Arabie Saoudite.

Acétone : les capacités mondiales de production, en 2018, sont de 9,0 millions de t/an. Répartition, en 2017 :

 
Asie-Pacifique 46 % Amérique du Nord 21 %
Europe 26 %

Source : BerOe

En 2016, la capacité de production chinoise est de 1,52 million de t/an.

En 2015, la production mondiale a été de 7,8 millions de t.

En 2023, la production de l’Union européenne est de 939 669 t dont 433 501 t en Allemagne, en 2019, 154 296 t en Espagne, 46 609 t en Italie, 28 029 t en Pologne, en 2022.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs sur un total de 1,561 million de t.

en milliers de t
Arabie Saoudite 211 Singapour 133
Allemagne 186 Belgique 126
Taipei chinois 161 Pays Bas 124
Thaïlande 154 Corée du Sud 109

Source : ITC

Les exportations d’Arabie Saoudite, en 2022, sont destinées à 82 % à la Chine, 6 % à la Belgique, 5 % à la Turquie.

Principaux pays importateurs sur un total mondial de 2,057 millions de t, en 2022.

en milliers de t
Chine 421 Allemagne 98
Belgique 196 Mexique 61
Pays Bas 163 États-Unis 57
Inde 111 Suisse 56

Source : ITC

Les importations chinoises proviennent à 34 % d’Arabie Saoudite, 27 % de Thaïlande, 20 % de Taipei chinois, 14 % de Corée du Sud.

Principaux producteurs : d’après leurs capacités annuelles de production de phénol, en 2018.

en milliers de t/an
Ineos Phenol (Royaume Uni) 1 870 LG Chem (Corée du Sud) 600
Mitsui (Japon) 815 Sinopec (Chine) 550
CEPSA (Espagne) 790 Kumho P&B (Corée du Sud) 550
FCFC (Taipei chinois) 700 AdvanSix (États-Unis) 500
Sabic (Arabie Saoudite) 640 PTT (Thaïlande) 470
Chang Chun Plastics (Taipei chinois) 600 Shell (États-Unis) 360

Sources : rapports des sociétés et Nexant

  • La société Ineos (Royaume Uni) a fait l’acquisition de Phenol Chemie (groupe Degussa) en 2001 pour devenir Ineos Phenol, premier producteur mondial de phénol et d’acétone. Par ailleurs, a acquis, en octobre 2015, la branche aromatiques de Axiall avec une capacité de production de 907 000 t/an de cumène à Pasadena, au Texas. Ineos Phenol possède 5 sites de production : Mobile (Alabama, États-Unis) avec 540 000 t/an de phénol et 280 000 t/an d’acétone, Pasadena (Texas, États-Unis) avec 907 000 t/an de cumène, Gladbeck (Allemagne) avec 650 000 t/an de phénol et 400 000 t/an d’acétone, Marl (Allemagne) avec 260 000 t/an de cumène et Anvers (Belgique) avec 680 000 t/an de phénol et 480 000 t/an d’acétone. La capacité totale de production de cumène est de 1,167 million de t/an et celle d’acétone de 1,160 million de t/an. La capacité de production à Mobile doit être portée à 850 000 t/an de phénol et celle de Marl à 750 000 t/an de cumène pour 2021.
  • Mitsui (Japon), possède deux usines au Japon, une dans la province d’Osaka avec 200 000 t/an de phénol et 120 000 t/an d’acétone et une dans la province de Chiba avec 190 000 t/an de phénol et 114 000 t/an d’acétone, une usine à Singapour, avec 300 000 t/an de phénol et 180 000 t/an d’acétone et une usine, en Chine, à Shanghai, en joint venture avec Sinopec, d’une capacité de 250 000 t/an de phénol et 150 000 t/an d’acétone. La capacité totale de production de cumène est de 1,18 million de t/an.
  • CEPSA, détenu par le groupe d’Abu Dhabi Mubadala Invesment Company, possède à Palos de la Frontera, dans la province de Huelva, en Espagne, des capacités de production de 1 million de t/an de cumène, 600 000 t/an de phénol et 370 000 t/an d’acétone. A Shanghai, en Chine, possède à 75 % avec 25 % à Sumitomo, des capacités de production de 360 000 t/an de cumène, 250 000 t/an de phénol et 150 000 t/an d’acétone.
  • FCFC (Formosa Chemicals & Fibre Corp., Taipei chinois), exploite, à Taipei chinois, une usine à Mailiao, avec des capacités de 540 000 t/an de cumène, 400 000 t/an de phénol et 246 000 t/an d’acétone et à Ningbo, en Chine, une capacité de production de 450 000 t/an de cumène, 300 000 t/an de phénol et 180 000 t/an d’acétone.
  • Sabic exploite, aux États-Unis, une usine à Mount Vernon dans l’Indiana, avec 350 000 t/an de phénol et 208 000 t/an d’acétone, une usine à Jubail, en Arabie Saoudite, avec 290 000 t/an de cumène, 220 000 t/an de phénol et 135 000 t/an d’acétone, une usine, en joint venture 50/50 avec Sinopec, à Binhai, province de Tianjin, en Chine, avec 220 000 t/an de phénol et 130 000 t/an d’acétone.
  • LG Chem produit, Corée du Sud, à Yeosu et Daesan, 805 000 t/an de cumène, 600 000 t/an de phénol et 355 000 t/an d’acétone.
  • Sinopec, produit, en Chine au travers de diverses joint-ventures avec Mitsui, à Shanghai, avec CEPSA, à Shanghai, avec Sabic à Binhai, province de Tianjin, avec FCFC à Ningbo ainsi qu’en propre, à Caojing avec 135 000 t/an de phénol et 85 000 t/an d’acétone.
  • Kumho P&B, joint venture entre Kumho Petrochemical à 78,2 % et Nippon Steel Chemical, possède une capacité de production, à Yeosu, en Corée du Sud, de 900 000 t/an de cumène, 680 000 t/an de phénol et 420 000 t/an d’acétone.
  • AdvanSix société issue de Honeywell, exploite, aux États-Unis, une usine à Frankford, en Pennsylvanie, avec une capacité de production de 500 000 t/an de phénol et 308 000 t/an d’acétone. Le phénol produit est destiné, à 80 %, à produire du caprolactame.
  • PTT produit en Thaïlande 492 000 t/an de phénol et 304 000 t/an d’acétone.
  • Altivia (Etats-Unis), a acquis, en novembre 2015, aux États-Unis, l’usine de Haverhill, dans l’Ohio, à la société Haverhill Chemicals, avec une capacité de production de 300 000 t/an de phénol et 173 000 t/an d’acétone.
  • Shell qui exploitait une usine, aux États-Unis, à Deer Park, au Texas, avec une capacité de production de 725 000 t/an de cumène, de 600 000 t/an de phénol et 366 000 t/an d’acétone a fermé, en 2018, l’une de ses 3 lignes de production soit une capacité de 240 000 t/an.
  • Versalis (ENI, Italie), produit du cumène à Priolo, en Italie, avec 320 000 t/an et de l’acétone et du phénol, à Mantoue, avec 300 000 t/an de phénol et 185 000 t/an d’acétone.
  • Olin a acquis, en octobre 2015, les activités de Dow Chemical dans la chlorochimie et les résines époxy avec aux Pays Bas, à Terneuzen, une usine de production de cumène de 700 000 t/an et aux États-Unis, une usine à Freeport, au Texas, de 295 000 t/an de phénol et 180 000 t/an d’acétone.

Situation française

Seqens (ex Novacap) a repris les activités du groupe Rhodia dans ce domaine et est le seul producteur français dans son usine de Roussillon (38) avec une capacité de production de 260 000 t/an de cumène, 185 000 t/an de phénol et 114 000 t/an d’acétone.

Cumène : en 2024.

  • Exportations : confidentielles.
  • Importations : 1 249 t à 75 % d’Allemagne, 25 % d’Autriche.

Phénol : en 2024.

  • Exportations : confidentielles.
  • Importations : 18 321 t à 55 % d’Espagne, 23 % d’Allemagne, 8 % de Finlande, 4 % d’Arabie Saoudite.

Acétone : en 2024.

  • Exportations : 19 907 t à 34 % vers l’Italie, 24 % l’Allemagne, 18 % la Suisse, 13 % l’Espagne, 4 % la Belgique.
  • Importations : 37 504 t à 33 % d’Espagne, 20 % de Belgique, 11 % d’Allemagne, 9 % de Singapour, 9 % des Pays Bas.

Utilisations

Consommations

Cumène : 15,4 millions de t, en 2019, dans le monde. Répartition :

Asie du Nord-Est (Chine, Japon, Taipei chinois et Corée du Sud) 46 % Europe 19 %
Amérique du Nord 19 %

Source : IHS Markit

Phénol : 11 millions de t, en 2019, dans le monde. Répartition :

en milliers de t
Chine 24 % Europe 20 %
Autres pays d’Asie 33 % Moyen Orient 2 %
Amériques 21 %

Source : IHS Markit

En 2014, la consommation chinoise est de 1,573 million de t.

Acétone : 7 millions de t, en 2020, dans le monde. Répartition, en 2015 :

Chine 23 % Europe de l’Ouest 20 %
États-Unis 21 %

Source : IHS Markit

Secteurs d’utilisation

Cumène : à 98 % pour produire du phénol et de l’acétone.

Phénol : dans le monde, en 2015.

Bisphénol A 49 % Caprolactame 7 %
Résines phénoliques 30 % Acide adipique 2 %
Alkyl phénol 8 %

Source : ICIS

Le bisphénol A est produit par réaction entre deux moles de phénol et une mole d’acétone.

Il est utilisé comme monomère pour obtenir le polycarbonate et comme agent durcisseur des résines époxydes utilisées comme revêtements de boîtes de conserve, de canettes… Depuis le 1er janvier 2015, cet usage comme revêtement de boîtes est suspendu en France. La consommation de polycarbonate, en 2018, est de 4,4 millions de t, celle de résines époxydes de 2,6 millions de t.

Les résines phénoliques sont élaborées par réaction entre le phénol et le formaldéhyde. Elles sont utilisées, par exemple, dans la fabrication du contre-plaqué. La Bakélite est une résine phénolique qui fut la première résine synthétique commercialisée.

Le caprolactame ((CH2)5C(O)NH) est un intermédiaire de la synthèse du nylon 6. Il est obtenu à partir de la cyclohexanone ((CH2)5CO) provenant elle-même, en partie, de l’hydrogénation partielle du phénol :

C6H5OH + 2 H2 = (CH2)5CO

L’utilisation en chimie fine regroupe de nombreux produits, qui ne sont pas synthétisés en grande quantité, mais sont d’une grande importance : acide salicylique pour la synthèse de l’aspirine, acétylparaaminophénol pour le paracétamol, chlorophénols pour les herbicides, hydroquinone et ses dérivés pour l’alimentation.

Acétone : dans le monde, en 2019.

Secteurs d’utilisation de l’acétone

En 2019, dans le monde (Source : Merchant Research & Consulting)

Solvant 33 % Méthylisobutylcétone 7 %
Bisphénol A 28 % Isopropanol 6 %
Méthacrylate de méthyle 25 % Autres 1 %

Source : Merchant Research & Consulting

Le méthacrylate de méthyle (MMA, CH2=C(CH3)CO2CH3) est le monomère du polyméthacrylate de méthyle (PMMA). Il est obtenu à partir d’acétone et de cyanure d’hydrogène en passant par la cyanohydrine d’acétone.

La méthylisobutylcétone (MIBK) est principalement utilisée dans la dilution des résines époxydes, vinyliques et acryliques.

L’alcool isopropylique (ou isopropanol) peut être préparé à partir d’acétone, le procédé classique étant à partir du propylène. Novapex a ainsi construit, en France, une unité de production à Roussillon (38), à partir d’acétone, d’une capacité de 40 000 t/an, selon un procédé développé par Mitsui.

Toxicité

Phénol :

Le phénol est rapidement absorbé lors de son introduction dans l’organisme. L’absorption est estimée à 70 à 80 % en 6 heures pour une exposition à des vapeurs de phénol à des concentrations comprises entre 1,6 à 5,2  ppm. Le phénol est ensuite rapidement distribué dans tous les tissus, les organes cibles sont le cerveau et les reins.
Les effets locaux rapportés sont des érythèmes ou des dépigmentations cutanées et, dans les cas les plus sévères, des corrosions pouvant même atteindre le stade de nécrose.
Le phénol est classé par l’Union Européenne comme mutagène catégorie 3 : substance préoccupante pour l’homme en raison d’effets mutagènes.
En France, le ministère du travail a fixé à 5 ppm, soit 19 mg/m3, la valeur limite moyenne d’exposition (VME).

Bisphénol A :

Le bisphénol A est un perturbateur endocrinien qui a des effets sur la reproduction, le métabolisme et des pathologies cardiovasculaires. Il est classé reprotoxique de catégorie 3. Ces effets sont avérés sur l’animal et suspectés chez l’homme. Sa principale voie d’introduction dans l’organisme est la voie alimentaire, à partir d’aliments contenus dans des matériaux en polycarbonate ou revêtus de résines époxydes. Ces effets pourraient être observés même à de faibles niveaux d’exposition, au cours des phases sensibles du développement de l’individu (femmes enceintes, nourrissons, jeunes enfants).
Pour cette raison, il est interdit dans les biberons, en France, depuis le 23 juin 2010.
En France, la loi du 24 décembre 2012, a suspendu, a compter du 1er janvier 2013, l’utilisation du bisphénol A dans tous les conditionnements, contenants et ustensiles destinés à entrer en contact direct avec des denrées alimentaires pour les nourrissons et enfants en bas âge.
Cette suspension a pris effet le 1er janvier 2015 pour tout autre conditionnement, contenant ou ustensile comportant du bisphénol A et destiné à entrer en contact direct avec des denrées alimentaires.

Bibliographie

Archives

Cumène, phénol, acétone 2023

Cumène, phénol, acétone 2022

Cumène, phénol, acétone 2019

Cumène, phénol, acétone 2014

Cumène, phénol, acétone 2012

Cumène, phénol, acétone 2005

Cumène, phénol, acétone 1994

Cumène, phénol, acétone 1992

 

 

Benzène, toluène, xylènes

Données physico-chimiques

Benzène

Données atomiques

Formule Géométrie Distances atomiques Masse molaire
C6H6 C-C : 139 pm
C-H : 109 pm
78,11 g.mol-1

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Température critique Pression critique Limites  d’explosivité dans l’air, en volume Température d’autoinflammation Solubilité dans l’eau
0,876 g.cm-3 5,5°C 80,1°C 288,9°C 4 860 kPa 1,2 % – 7,8 % 498°C 1,79 g.L-1
à 25°C

Toluène

Données atomiques

Formule Géométrie Masse molaire Moment dipolaire
C7H8 92,138 g.mol-1 0,375 D

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Température critique Pression critique Limites  d’explosivité dans l’air, en volume Température d’autoinflammation Solubilité dans l’eau
0,867 g.cm-3 -95°C 110,58°C 318,65°C 4 110 kPa 1,1 % – 7,1 % 480°C 0,52 g.L-1 à 20°C

 

Paraxylène

Données atomiques

Formule Géométrie Masse molaire
C8H10 106,16 g.mol-1

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Limites  d’explosivité dans l’air, en volume Température d’autoinflammation Solubilité dans l’eau
0,861 g.cm-3
13,2°C 138,35°C 1,1 % – 7,0 % 528°C insoluble

Données industrielles

Hydrocarbures aromatiques :

Le benzène, le toluène et les xylènes, en abréviation BTX, sont de précieux intermédiaires de première génération. Ils font tous partie des hydrocarbures aromatiques, dont les plus importants en chimie organique industrielle sont le benzène, le toluène, l’éthylbenzène, le styrène, l’orthoxylène, le métaxylène et le paraxylène.

Pour l’éthylbenzène et le styrène, voir le chapitre consacré à ces produits.

Obtention

Le pétrole contient des composés aromatiques, qui se retrouvent essentiellement, après distillation, dans le naphta (dont ils représentent jusqu’à 20 % de la masse). Une simple séparation de ces composés ne suffit pas aux besoins du marché, il faut en synthétiser à partir des autres hydrocarbures. Pour cela on effectue soit un reformage catalytique du naphta, soit un vapocraquage des coupes plus lourdes (gazoles). Certains composés aromatiques moins utilisés (toluène ou métaxylène) peuvent être convertis en benzène, paraxylène ou orthoxylène.

Par ailleurs, lors de la pyrolyse de la houille afin de fabriquer le coke destiné essentiellement à la sidérurgie, il y a formation de goudrons qui par distillation donnent du benzol, mélange de benzène, toluène et xylènes. Le benzol forme la fraction la plus légère des goudrons. Une tonne de charbon peut donner environ 11 kg de benzol.

Reformage catalytique : cette opération consiste, dans des raffineries, à synthétiser des composés aromatiques par :

  • Déshydrogénation des cyclohexanes :

  • Déshydrocyclisation des alcanes :

  • Déshydroisomérisation des cyclopentanes :

On utilise comme charge du naphta qui contient en général des molécules ayant 5 à 10 atomes de carbone dont 10 à 70 % de cycloalcanes, jusqu’à 60 % d’alcanes et moins de 20 % d’aromatiques. La réaction est catalysée par un composé multifonctionnel accélérant la déshydrogénation, la cyclisation et l’isomérisation. On utilise pour cela un catalyseur à base de platine (0,2 à 0,8 % de la masse) sur un support d’alumine activée par des chlorures ou des fluorures et contenant éventuellement un second métal (Rh, Ir, Ag, Au, Ge…). Ce catalyseur sensible aux poisons métalliques (plomb, mercure), aux composés soufrés et à l’eau, impose un prétraitement de la charge. On obtient un produit riche en aromatiques (de 35 à 70 % en masse suivant le procédé et la charge) et du dihydrogène.

Vapocraquage : voir le chapitre « vapocraquage des hydrocarbures« . Pour obtenir une plus grande proportion de composés aromatiques, il est préférable de partir de charges moyennes ou lourdes (naphta ou gazole) qui contiennent déjà des hydrocarbures à 6, 7 ou 8 atomes de carbone. Le développement de la production de gaz de schiste aux États-Unis s’est traduit par une utilisation plus importante d’éthane au détriment du naphta pour alimenter les vapocraqueurs de production d’éthylène. Le gaz de schiste contient, en moyenne 75 % de méthane, 16 % d’éthane, 5 % de propane et 1 % de butane, pentane, hexane… L’emploi d’éthane dans un vapocraqueur donne, en moyenne, 0,9 % de benzène et 0,1 % de toluène, alors qu’une charge de naphta produit, en moyenne, 6,7 % de benzène et 3,4 % de toluène. En conséquence, aux États-Unis, la production de benzène, toluène et xylènes issue des vapocraqueurs a fortement diminué.

Séparation des aromatiques : elle suit le reformage catalytique, le vapocraquage ou l’obtention du benzol et a pour but de séparer les aromatiques du mélange, puis d’isoler chaque composé aromatique.

La première étape a lieu par extraction liquide-liquide grâce à un solvant suffisamment polaire pour que les alcanes ne soient pas solubles et qui permet de solubiliser les aromatiques. On utilise les solvants suivants : diéthylèneglycol, dioxyde de tétrathiofène, N-méthylpyrrolidone, diméthylsulfoxyde, N-formylmorpholine…

Ensuite une distillation permet de séparer le benzène (teb = 80,1°C), le toluène (teb = 110,6°C), une coupe aromatique contenant des produits ayant au moins 9 atomes de carbone (C9+) et une coupe aromatique à huit atomes de carbones (C8) qui contient de l’éthylbenzène et les trois xylènes. Une distillation à superfractionnements permet de séparer l’orthoxylène (teb = 144,4°C) et l’éthylbenzène (teb = 136,2°C) du mélange, alors que le paraxylène (teb = 138,3°C) et le métaxylène (teb = 139,1°C) ne sont pas séparés lors de cette distillation. Il faut opérer par cristallisation, l’isomère para (tfus = 13,3°C) cristallise avant l’isomère méta (tfus = – 47,9°C) avec un rendement de 63 % ou par adsorption sur zéolithes avec un rendement supérieur à 90 %.

Isomérisation des aromatiques à huit atomes de carbone : lors du reformage, les isomères ortho, méta et para du xylène et l’éthylbenzène sont obtenus dans les proportions thermodynamiques qui sont à 400°C : métaxylène : 47,5 %, paraxylène : 23 %, orthoxylène : 22,5 %, éthylbenzène : 7 %.

Malheureusement, le métaxylène majoritaire est moins utile : il peut servir de solvant, mais n’est pas un intermédiaire en chimie organique industrielle. Il est donc intéressant de l’isomériser après l’avoir séparé de ses isomères. Cette réaction est possible, à des températures inférieures à 150°C avec des catalyseurs de Friedel et Craft, à partir de 250°C avec des zéolithes ou à partir de 380°C avec des aluminosilicates amorphes ou des alumines halogénées. Deux types de procédés existent :

  • en phase vapeur entre 400°C et 500°C, à basse pression entre 1 et 2 bar,
  • en phase liquide à des températures inférieures à 345°C grâce à l’un des deux premiers types de catalyseurs décrits.

Pour l’éthylbenzène, le cas est différent puisqu’il peut être transformé en styrène (voir le chapitre éthylbenzène, styrène). Sa récupération dans les huiles de reformage n’est cependant pas toujours rentable ; on peut alors l’isomériser en xylène. Cette réaction, plus difficile que la précédente, demande un catalyseur bifonctionnel acide de Lewis / hydrogénation. On utilise généralement du platine (0,35 à 0,6 % de la masse) dispersé sur un matériau acide (aluminosilicate ou alumine halogénée). Des catalyseurs plus récents sont à base de zéolithes.

Conversion du toluène : le toluène, moins intéressant que le benzène, l’ortho ou le paraxylène, peut être transformé de deux façons différentes :

  • L’hydrodésalkylation le transforme en benzène et en méthane, à 650°C, sous une pression de 50 à 60 bar, en présence de dihydrogène.
  • La disproportion est une réaction catalytique de dismutation du toluène en benzène et xylènes. Elle a lieu en phase vapeur (500°C, 2 bar ou 450°C, 30 à 40 bar en présence de dihydrogène) ou en phase liquide (300°C, 45 bar, catalyseur zéolithe).

Parts des différents procédés :

Benzène : en 2017, dans le monde, il est obtenu à 37 % par vapocraquage, 33 % par reformage catalytique, 20 % par disproportion ou hydrodésalkylation du toluène et 10 % à partir du charbon. En Europe de l’ouest (UE à 15 + Norvège), en 2018, le vapocraquage compte pour 56 %, le reformage pour 30 % et la conversion du toluène et le charbon pour 14 %.

Toluène : il est obtenu, à 77 % par reformage catalytique.

Xylènes : ils sont obtenus à 87 % par reformage catalytique et à 7 % par disproportion du toluène.

Productions

Benzène : productions, en 2018. Monde, en 2016 : 44,900 millions de t, Union Européenne, en 2023 : 4,646 millions de t.

en milliers de t
Chine 12 500 Pays Bas, en 2023 920
Corée du Sud 6 801 Taipei chinois 1 736
États-Unis 5 115 Thaïlande 1 730
Japon 4 172 Arabie Saoudite, en 2013 1 580
Inde, en 2020-21 2 003 Allemagne, en 2022 1 423

Sources : APIC, Eurostat

En 2017, les capacités mondiales de production sont de 61 millions de t/an. En 2018, la capacité de production chinoise est de 21 millions de t/an, à 62,8 % à partir de pétrole, 37,2 % de charbon.

Productions, dans l’Union européenne, en 2023, sur un total de 4,646 millions de t.

en tonnes
Allemagne, en 2022 1 422 518 Pologne, en 2021 193 176
Pays Bas 919 973 Slovaquie 45 532
France 299 778 Portugal, en 2020 38 572
Belgique 519 838 Roumanie, en 2021 31 278
Hongrie 219 437 Croatie 16 384

Source : Eurostat

Les productions d’Italie (où les capacités de production de Versalis à Priolo sont de 360 000 t/an), Espagne (où les capacités de production de Repsol sont de 290 000 t/an, à Tarragone et Puertollano et celles de Cepsa , filiale de Mubadala Investment d’Abu Dhabi, de 645 000 t/an à Palos de la Frontera et Gibraltar-San Roque), Finlande (où les capacités de production de Borealis, à Porvoo, sont de 150 000 t/an) et République tchèque sont confidentielles.

Au Royaume Uni, les capacités de production de Sabic, à Teesside, sont de 500 000 t/an, celles d’Ineos, à Grangemouth de 290 000 t/an, celles de Essar, à Stanlow, de 240 000 t/an, celles de ConocoPhillips, à Immingham, de 200 000 t/an.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs :

en milliers de t
Corée du Sud 2 920 Brunei 451
inde 1 456 Allemagne 436
Pays Bas 906 Royaume Uni 342
Japon 609 Malaisie 340
Thaïlande 496 Belgique 289

Source : ITC

Les exportations de la Corée du Sud sont destinées à 53 % à la Chine, 32 % aux États-Unis, 15 % à Taipei chinois.

Principaux pays importateurs :

en milliers de t
Chine 3 364 Pays Bas 372
États-Unis 1 599 Allemagne 366
Arabie Saoudite 900 France 228
Taipei chinois 825 Italie 191
Belgique 656 Singapour 144

Source : ITC

Les importations chinoises proviennent à 46 % de Corée du Sud, 13 % de Brunei, 12 % de Thaïlande, 7 % du Japon.

Toluène :

En 2018, la capacité mondiale de production est de 30 millions de t/an.

En 2015, la production chinoise est de 6,626 millions de t, en 2018, celle des États-Unis, de 2,785 millions de t, celle du Japon est de 2,069 millions de t, celle de la Corée du Sud de 1,626 million de t, celle de la Thaïlande de 1,040 million de t, celle de Taipei chinois de 320 000 t, celle de l’Inde, en 2020-21, de 120 000 t.

Productions, dans l’Union européenne, en 2023, sur un total de 875 790 t.

en tonnes
Allemagne, en 2022 564 382 Portugal, en 2020 124 344
Italie, en 2022 128 825 Hongrie, en 2022 76 275
Belgique 101 709 Slovaquie 29 452
France 73 102 Pologne, en 2022 9 665

Source : Eurostat

Les productions des autres principaux pays de l’Union européenne sont confidentielles.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs :

en milliers de t
Corée du Sud 819 Thaïlande 163
Chine 508 Belgique 145
Japon 375 États-Unis 122
Taipei chinois 294 Singapour 73
Allemagne 185 Israël 66

Source : ITC

Les exportations coréennes sont destinées à 38 % à l’Inde, 30 % aux États-Unis, 11 % à Singapour, 5 % à la Chine.

Principaux pays importateurs :

en milliers de tonnes
États-Unis 597 Belgique 103
Inde 574 Pays Bas 87
Corée du Sud 425 Turquie 86
Singapour 236 Mexique 60
Indonésie 122 Taipei chinois 56

Source : ITC

Les importations des États-Unis proviennent à 56 % de Corée du Sud, 26 % de Taipei chinois, 8 % du Brésil.

Paraxylène : productions. Monde, en 2014 : 37,7 millions de t, Union Européenne, en 2023 : 629 281 t.

En 2014, les capacités mondiales de production sont de 46,1 millions de t.

En 2018, la production de la Corée du Sud est de 10,505 millions de t, celle des États-Unis de 3,410 millions de t, celle de la Thaïlande de 2,179 millions de t. En 2020-21, celle de l’Inde est de 5,109 millions de t,

La production de l’Allemagne, en 2019, est de 255 722 t, celle de la Pologne, en 2020, de 373 050 t.
Commerce international : en 2023.
Principaux pays exportateurs :
en milliers de t
Corée du Sud 4 857 États-Unis 872
Japon 2 172 Vietnam 355
Taipei chinois 1 342 Inde 353
Brunei 1 239 Malaisie 318
Singapour 960 Pays Bas 201
Source : ITC
Les exportations coréennes sont destinées à 82 % à la Chine, 13 % à Taipei chinois, 4 % aux États-Unis.
Principaux pays importateurs :
en milliers de t
Chine 9 096 Malaisie 367
États-Unis 1 411 Brésil 211
Taipei chinois 1 314 Pakistan 176
Inde 773 Mexique 167
Indonésie 553 Espagne 162
Source : ITC
Les importations chinoises proviennent de Corée du Sud à 43 %, du Japon à 18 %, de Taipei chinois à 14 %, de Brunei à 10 %.

Orthoxylène : la production, en 2023, de l’Union Européenne est de 159 443 t, dont 139 852 t, en 2019, en Allemagne.

Principaux producteurs mondiaux :

  • ExxonMobil produit des BTX aux États-Unis, au Texas, à Baytown et Beaumont et en Louisiane, à Baton Rouge, aux Pays-Bas, à Botlek, en Belgique, à Anvers, à Singapour, en Chine, à Fujian, avec une participation de 25 %, en Thaïlande, à Sriracha, avec une participation de 66 %.
    Les capacités de production de benzène sont de 580 000 t/an à Bayton, 330 000 t/an à Baton Rouge, 825 000 t/an à Botlek, 1,3 million de t/an à Singapour.
    Les capacités de production de toluène sont de 822 000 t/an à Singapour.
    Les capacités de production d’orthoxylène sont de 130 000 t/an à Botlek et de 406 000 t/an à Singapour.
    Les capacités de production de paraxylène sont, au total de 4,1 millions de t/an avec 600 000 t/an à Bayton, 300 000 t/an à Beaumont, 700 000 t/an à Botlek, 1,8 million de t/an à Singapour, 200 000 t/an à Fujian, 500 000 t/an à Sriracha. En 2021, la production de paraxylène a été de 2,336 millions de t.
    En 2017, a pris le contrôle du complexe pétrochimique de Jurong à Singapour, avec une capacité de production de 400 000 t/an de benzène, 200 000 t/an de toluène et 800 000 t/an de paraxylène.
  • Shell produit des BTX, aux États-Unis, à Deer Park, au Texas, au Canada, à Scotford, dans l’Alberta et Sarnia, dans l’Ontario, aux Pays Bas, à Moerdijk avec 500 000 t/an de benzène, en Allemagne, à Godorf avec 510 000 t/an de benzène, 130 000 t/an de toluène, 280 000 t/an de xylènes, à Singapour avec 230 000 t/an de benzène et 60 000 t/an de xylènes, à Nanhai, en Chine, à Showa, au Japon. Les 50 % de parts d’ExxonMobil dans Sadaf, à Al Jubail, en Arabie Saoudite, ont été vendues, en 2017, à son partenaire Sabic.
  • TotalEnergies produit des BTX, en Corée du Sud, à Daesan, en joint venture 50/50 avec Hanwha avec des capacités de production de 1,267 million de t/an de benzène et 2 millions de t/an de paraxylène. Total produit également des BTX en Belgique à Anvers, avec 460 000 t/an de benzène, en France, à Gonfreville (76) avec des capacités de production de 200 000 t/an de benzène, 120 000 t/an de paraxylène, 115 000 t/an d’orthoxylène, à Feysin (69), associé à Ineos, avec 110 000 t/an de benzène, 50 000 t/an de toluène et avec Gexaro, société commune 50/50 avec Ineos, produit 240 000 t/an de benzène à Lavera (13). Total est associé à Saudi Aramco (Saudi Aramco : 62,5 %, Total : 37,5 %) dans la société Satorp qui produit, depuis 2014, 140 000 t/an de benzène et 700 000 t/an de paraxylène.
  • Petrochina a produit, en 2016, 1,918 million de t de benzène.
  • Mitsubishi Gas Chemical produit des xylènes, à Mizushima, au Japon, avec 350 000 t/an de paraxylène, 30 000 t/an d’orthoxylène et 220 000 t/an de métaxylène.
  • BP produit du paraxylène aux États-Unis, à Texas City avec 1,3 million de t/an et Decatur, dans l’Alabama, avec 1,1 million de t/an et en Belgique, à Geel avec 700 000 t/an et du métaxylène, à Texas City, aux États-Unis.
  • BASF produit du benzène, aux États-Unis, à Port Arthur, au Texas, en association avec TotalEnergies (60 % BASF, 40 % TotalEnergies) avec 110 000 t/an, en Allemagne, à Ludwigshafen avec 300 000 t/an, en Belgique, à Anvers avec 280 000 t/an, en Chine, à Nanjing, en association 50/50 avec Sinopec avec 130 000 t/an.
  • Ineos, produit des BTX, en France, à Lavera et Feyzin, en association avec TotalEnergies (voir le détail ci-dessous), au Royaume Uni, à Grangemouth, en Allemagne, à Cologne, avec un total, en Europe de 600 000 t/an de benzène et aux États-Unis, à Chocolate Bayou, au Texas. La capacité globale de production de paraxylène est de 1,595 million de t/an.
  • Eneos (ex-JX Nippon Oil) produit du paraxylène, avec une capacité de production, en 2019, de 3,620 millions de t/an dont 1 million de t/an à Ulsan en Corée du Sud.
  • S-Oil, produit des BTX, en Corée du Sud, à Onsan avec 600 000 t/an de benzène, 350 000 t/an de toluène et 1,85 million de t/an de paraxylène.
  • S-K Corp. produit des BTX en Corée du Sud, à Ulsan avec 800 000 t/an de benzène, du toluène et 1,35 million de t/an de paraxylène.
  • GS Caltex produit des BTX en Corée du Sud à Incheon avec 930 000 t/an de benzène et 1,35 million de t/an de paraxylène.
  • PTT Global Chemical, possède, en Thaïlande, à Map Ta Phut et Rayong, des capacités de production de 697 000 t/an de benzène, 50 000 t/an de toluène, 76 000 t/an de mélange de xylènes, 86 000 t/an d’orthoxylène et 1,310 million de t/an de paraxylène. En 2019, les ventes ont été de 851 000 t de benzène et 1,382 million de t de paraxylène.
  • Reliance Industries (RIL), produit des BTX en Inde, avec 1,4 million de t/an de benzène et 100 000 t/an de toluène, dans l’état de Gujarat, à Jamnagar, Hazira et Vadodara, 450 000 t/an d’orthoxylène à Jamnagar et 4,8 millions de t/an de paraxylène, n°1 mondial, à Jamnagar et Patalganga dans l’état de Maharashtra. En 2021-22, les ventes de paraxylène ont été de 2,9 millions de t.

Situation française

Productions : en 2023.

  • Benzène : 299 778 t.
  • Toluène : 73 102 t.
  • Xylènes : confidentielles.

Exportations : en 2024.

  • Benzène : 80 241 t vers le Portugal à 56 %, l’Espagne à 25 %, la Finlande à 8 %.
  • Toluène : 17 205 t vers les Pays Bas à 35 %, l’Espagne à 23 %, l’Allemagne à 12 %, la Suisse à 11 %, la Belgique à 9 %.
  • Xylènes en mélange : 866 t vers la Belgique à 50 %, la Suisse à 19 %, l’Autriche à 9 %, l’Allemagne à 5 %, le Royaume Uni à 5 % %.
  • Paraxylène : 106 384 t vers les États-Unis à 28 %, la Pologne à 20 %, la Belgique à 11 %, les Pays Bas à 9 %.
  • Orthoxylène : 64 453 t vers la Belgique à 58 %, la Suède à 24 %, l’Italie à 15 %, les Pays Bas à 2 %.

Importations : en 2024.

  • Benzène : 131 546 t du Royaume Uni à 40 %, d’Allemagne à 25 %, d’Espagne à 12 %, de Belgique à 11 %, de Hongrie à 7 %.
  • Toluène : 12 060 t de Belgique à 44 %, des Pays Bas à 43 %, d’Espagne à 5 %, d’Allemagne à 5 %.
  • Xylènes en mélange : 152 t des Pays Bas à 51 %, de Belgique à 19 %, d’Espagne à 14 %, d’Allemagne à 2 %.
  • Paraxylène : 22 t d’Allemagne à 45 %, d’Inde à 27 %, de Belgique à 23 %.
  • Orthoxylène : 159 t d’Espagne à 81 %, d’Allemagne à 19 %.

Producteurs :

  • TotalEnergies produit des BTX à Gonfreville (76) avec des capacités de production de 200 000 t/an de benzène, 120 000 t/an de paraxylène, 115 000 t/an d’orthoxylène.
  • Gexaro, société commune 50/50 entre TotalEnergies et Ineos, produit 240 000 t/an de benzène à Lavera (13).
  • AP Feysin, société détenue à 57,5 % par TotalEnergies et 42,5 % par Ineos, produit 110 000 t/an de benzène et 50 000 t/an de toluène, à Feysin (69).

Utilisations

Benzène : en 2021, la consommation est de 50,5 millions de t dans le monde :

en milliers de t
Chine 14 530 Arabie Saoudite, en 2013 1 943
États-Unis 6 687 Pays Bas 1 270
Corée du Sud 4 281 Thaïlande 1 227
Japon 3 388 Singapour, en 2013 1 215
Taipei chinois 2 475 Allemagne 1 124

Sources : APIC, Argus

Répartition de la consommation, pour la synthèse des principaux produits dérivés, avec entre parenthèses leur utilisation principale :

Monde,
en 2021
Europe de l’Ouest,
en 2018
éthylbenzène (styrène) 49 % 51 %
cumène (phénol et acétone) 20 % 27 %
nitrobenzène (aniline puis colorants) 11 % 13 %
cyclohexane (polyamides) 12 % 7 %

Sources : Wood Mackenzie et APPE

En tant qu’additif à l’essence, le benzène permet d’augmenter l’indice d’octane, agissant donc comme anti-détonant. La concentration maximale autorisée dans l’essence sans plomb et le gazole a été réduite de 5 % à 1 % en volume, en 2000, en Europe.

Éthylbenzène et cumène, voir ces chapitres.

Le nitrobenzène est destiné principalement à produire de l’aniline elle même destinée principalement à produire du 4,4′-diisocyanate de diphénylméthylène pour élaborer du polyuréthane.

Le cyclohexane est destiné principalement à produire, par oxydation, un mélange de cyclohexanol et de cyclohexanone puis de l’acide adipique ou du caprolactame pour fabriquer du nylon.

Toluène : la consommation mondiale, en 2015 est de 18,248 millions de t dont 7,371 millions de t en Chine.

Répartition de la consommation, en 2019.

Chine 24 % Moyen Orient et Afrique 8 %
Autres pays d’Asie 34 % Europe 7 %
Amériques 24 %

Source : IHS Markit

Secteurs d’utilisation, dans le monde, en 2012.

Solvant et autres 35 % Synthèse des xylènes 28 %
Synthèse du benzène 30 % Diisocyanate de toluène (TDI) 7 %

Source : DGMK Conference October 9-11, 2013, Dresden, Germany

Le diisocyanate de toluène est l’un des composant à la base de la fabrication du polyuréthane.

Parmi les autres utilisations, on peut citer l’ajout à l’essence pour accroître son indice d’octane et la fabrication du 1,3,5-trinitrotoluène ou TNT par nitration du toluène.

Xylène : le mélange issu du reformage, souvent enrichi en métaxylène, est appelé xylène. Il sert de solvant.

La consommation mondiale, en 2015, est de 48,540 millions de t. Répartition des utilisations, en 2011 :

Paraxylène 79 % Métaxylène 1 %
Orthoxylène 7 % Solvant et autres 13 %
Source : IHS

Paraxylène : consommation mondiale, en 2014. Monde : 37,7 millions de t, Union Européenne, en 2012 : 3,2 millions de t.

Son principal débouché est la fabrication de l’acide téréphtalique ou de son ester, le diméthyltéréphtalate, servant à la fabrication du PET (polyéthylènetéréphtalate) et des fibres polyester pour les vêtements. En 2018, la capacité de production mondiale de PET a été de 31 millions de t/an pour une consommation de 24 millions de t, dont 5,5 millions de t en Chine.

Orthoxylène : son principal débouché, pour 94 % des utilisations, est la fabrication de l’anhydride phtalique utilisé pour la fabrication de plastifiants pour PVC ainsi que pour la fabrication de résines polyester insaturées employées dans des composites (domaine maritime et construction) et de résines alkydes servant de revêtement de surface. Il remplace, pour la fabrication de l’anhydride phtalique, de plus en plus, le naphtalène. Il est également employé dans la fabrication de médicaments et de colorants.

Métaxylène : il est employé, quasi exclusivement, dans la production d’acide isophtalique destiné à la synthèse de résines polyester insaturées, de résines alkydes et de comonomère dans la production de résines polyéthylènetéréphtalate.

Toxicité

Le benzène est un produit toxique pouvant induire des intoxications par voies respiratoires ou cutanées. Les intoxications aiguës se traduisent par un effet narcotique sur le système nerveux qui peut entraîner un arrêt respiratoire. Par ailleurs, le benzène est cancérogène et peut causer des altérations génétiques héréditaires. La valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) sous forme de vapeur dans l’air pour une exposition quotidienne de 8 heures par jour est de 1 ppm soit 3,25 mg/m3 ; elle est inférieure au seuil de détection olfactif qui est d’environ 5 ppm.

Le benzène et les préparations en renfermant plus de 0,1 % ne doivent pas être mis à la disposition du public, les carburants échappant à cette limitation. En particulier, dans l’enseignement secondaire, le seul produit strictement interdit est le benzène.

Le toluène est irritant ; sa valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) pour une exposition quotidienne de 8 heures par jour est de 100 ppm soit 375 mg/m3.

Les xylènes peuvent provoquer des irritations cutanées ou respiratoires, leur valeur limite moyenne d’exposition est de 100 ppm soit 435 mg/m3.

Bibliographie

Archives

Benzène, toluène, xylènes 2023

Benzène, toluène, xylènes 2022

Benzène, toluène, xylènes 2019

Benzène, toluène, xylènes 2014

Benzène, toluène, xylènes 2012

Benzène, toluène, xylènes 2006

Benzène, toluène, xylènes 1996

Benzène, toluène, xylènes 1993

Dihydrogène

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Distance interatomique Structure cristalline
H2 2,0159 g.mol-1 74,2 pm hexagonale

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température de sublimation Température critique Pression critique Température  point triple Pression point triple Limites d’explosivité dans l’air, en volume Solubilité dans l’eau
à l’état gazeux : 0,08988 g.L-1 -259,14°C -252,87°C -239,95°C  1 300 kPa -259,35°C 7,2 kPa 4 – 76 %

à 0°C : 2,14 cm3/100 g eau

à 80°C : 0,85 cm3/100 g eau

Données chimiques

E° : 2H+aq + 2e = H2(g) E° : H2(g) + 2e = 2H
0 V par définition -2,25 V

Données thermodynamiques

 

  • Enthalpie molaire standard de fusion à la température de fusion : 0,1 kJ.mol-1
  • Enthalpie molaire standard d’ébullition à la température d’ébullition : 0,9 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 130,57 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 28,8 J.K-1mol-1

Données industrielles

L’hydrogène bien qu’étant l’élément le plus présent dans l’univers (92 % atomique, 75 % en masse) est peu présent dans l’atmosphère terrestre avec une teneur volumique de 0,0005 %.
Chaque seconde, dans le soleil, 600 millions de t d’hydrogène sont converties, par fusion thermonucléaire, en hélium avec production d’énergie.
Sur terre, l’élément hydrogène est essentiellement présent sous forme combinée, principalement dans l’eau et les hydrocarbures. Sa teneur dans l’écorce terrestre est de 0,22 %, en masse.
Dans le corps humain, il représente 10 % de son poids.

Il existe des sources naturelles de dihydrogène. En 1906 une telle source avait été mise en évidence, en France, à Vaux en Bugey (01) lors d’un forage destiné à rechercher du sel, puis dans les années 1930 aux États-Unis. Du dihydrogène est présent dans des fluides hydrothermaux des dorsales médio-océaniques avec par exemple une teneur de 36 % de H2 en Islande, dans les gaz émis par les volcans, avec par exemple 58 % de H2 dans des gaz s’échappant de l’Etna, en Sicile, dans des eaux de sources hyperalcalines, par exemple en Oman, dans les mines…

Ces dernières années ont été découvertes, dans l’ouest de la Russie et aux État-Unis, des structures géologiques particulières, en surface, sous forme de dépressions circulaires ou ovoïdes de quelques centaines de mètres à quelques km de diamètre, émettant du dihydrogène à des débits qui peuvent atteindre 27 000 m3/jour. Toutefois, il n’est pas actuellement envisagé d’exploiter ces sources.

Au sud-ouest du Mali, la société canadienne Hydroma, ex Petroma, exploite un gisement de dihydrogène naturel, avec 1 200 m3/jour, permettant de produire, depuis 2011, de l’électricité pour le village de Bourakégougou.

Matières premières

Le dihydrogène est principalement obtenu à partir de l’eau, des hydrocarbures (gaz naturel et pétrole) ou du charbon.

Fabrication industrielle

Son principe repose sur la réduction de l’eau par :

  • les hydrocarbures,
  • le carbone,
  • électrolyse.

Matières premières ou procédés utilisées, dans le monde, pour produire le dihydrogène, en 2014. Les matières premières sont à 96 % d’origine fossile.

Gaz naturel 49 % Charbon 18 %
Hydrocarbures liquides 29 % Électrolyse 4 %

Source : IHS

En 2018, la consommation mondiale de gaz naturel pour produire du dihydrogène est de 205 milliards de m3 soit 6 % de la consommation totale. Pour le charbon, la consommation mondiale, principalement en Chine, est de 107 millions de t soit 2 % de la consommation totale. En Chine, en 2020, le charbon est à l’origine de 60 % de la production de dihydrogène, le gaz naturel, 25 % et le pétrole, 5 %.

Les émissions de CO2 résultant de ces consommations sont, en 2020, de 900 millions de t. Elles sont de 10 t de CO2/t de H2 pour une production à partir de gaz naturel et de 19 t CO2/t H2 à partir de charbon. Quelques projets de séquestration du CO2 produit ont été développés mais, en 2020, avec 16 installations, ils ne représentent que 700 000 t de H2 soit 0,7 % de la production mondiale.

Les parts relativement importantes des hydrocarbures liquides et du charbon sont dues à une coproduction de dihydrogène d’une part lors du raffinage du pétrole et d’autre part lors de la production de coke destiné à la sidérurgie. Par ailleurs, la production par électrolyse provient, à 90 %, d’une coproduction lors de l’obtention de dichlore et d’hydroxyde de sodium ainsi que lors de l’obtention du chlorate de sodium. L’électrolyse directe de l’eau ne concerne que 10 % de la production par électrolyse.

D’autre part, du dihydrogène est coproduit dans de nombreux autres procédés chimiques.

Reformage du gaz naturel

C’est la principale source de dihydrogène. Depuis 1970, le reformage du naphta est, en général, remplacé par celui du gaz naturel.

Principe : le gaz de synthèse (mélange de dihydrogène et de monoxyde de carbone) est produit par vaporeformage, à 800 – 900°C et à 3,3 MPa, en présence de catalyseur à base d’oxyde de nickel sur des anneaux d’alumine imprégnés par 10 à 16 % en masse de Ni (leur durée de vie est comprise entre 8 à 10 ans) :

CH4 + H2O = CO + 3 H2                        Δr298 = + 206,1 kJ/mole

La réaction, très endothermique, nécessite un apport continu d’énergie. Le mélange gazeux circule dans des tubes, chauffés extérieurement, contenant le catalyseur. De l’ordre d’une dizaine à quelques centaines de tubes (jusqu’à 500) de 10 cm de diamètre et 11 m de long sont placés dans un four. Après reformage, le mélange gazeux obtenu, appelé gaz de synthèse, contient de 5 à 11 % en volume de méthane non transformé.

Le catalyseur est très sensible à la présence de soufre qui donne du sulfure de nickel : moins de 1 atome de soufre pour 1000 atomes de nickel suffit pour empoisonner le catalyseur. Le gaz naturel doit être désulfuré à moins de 0,1 ppm de soufre. Après une prédésulfuration obtenue par hydrogénation catalytique suivie d’une absorption dans une solution aqueuse de diéthanolamine (voir la récupération du soufre des hydrocarbures dans le chapitre soufre), une nouvelle hydrogénation effectuée vers 350 – 400°C, permet, en présence de catalyseurs molybdènecobalt ou molybdène-nickel, de transformer tous les composés soufrés en sulfure d’hydrogène. Le sulfure d’hydrogène est fixé, vers 380 – 400°C sur de l’oxyde de zinc selon la réaction :

H2S + ZnO = ZnS + H2O

En France, en 2019, il y a 17 unités de production de dihydrogène par reformage de gaz naturel avec une capacité de 1 317 t/jour.

Utilisation du gaz de synthèse pour produire de l’ammoniac (sans récupération de CO) :

On réalise un reformage secondaire en ajoutant de l’air en quantité telle que le diazote contenu soit, avec H2, dans les proportions stœchiométriques de la réaction de formation de NH3. Le dioxygène de l’air oxyde le méthane restant. Le catalyseur utilisé est à base d’oxyde de nickel.

Le monoxyde de carbone du gaz de synthèse est ensuite transformé, par conversion, en dioxyde de carbone avec production complémentaire de dihydrogène, en 2 étapes. On obtient ainsi un gaz contenant 70 % de H2.

CO + H2O = CO2 + H2                         Δr298 = – 41 kJ/mole

  • à 320 – 370°C avec un catalyseur à base d’oxyde de fer (Fe3O4) et d’oxyde de chrome (Cr2O3) avec ajout métallique à base de cuivre. Le catalyseur est sous forme de pastilles obtenues à partir de poudre d’oxydes ou de spinelles, sa durée de vie de 4 à 10 ans et plus. Les 2 à 3 % en volume de monoxyde de carbone résiduel sont convertis dans une deuxième étape,
  • à 205 – 240°C avec un catalyseur à base d’oxyde de cuivre (15 à 30 % en masse) et d’oxydes de chrome et zinc sur alumine, d’une durée de vie de 1 à 5 ans. Après conversion le monoxyde de carbone résiduel est d’environ 0,2 % en volume.

CO2 est éliminé par dissolution dans une solution d’amines à 35 bar ou dans une solution de carbonate de potassium. Par détente à la pression atmosphérique, CO2 est libéré, et la solution recyclée.

Le dihydrogène, en présence du diazote, est ensuite utilisé pour synthétiser l’ammoniac (voir ce chapitre).

Utilisation directe du gaz de synthèse pour produire du méthanol :

Le gaz de synthèse, obtenu par vaporeformage à partir du gaz naturel, vers 830°C, sous une pression de 18 bar, possède la composition suivante en volume : H2 (72 %), CO (13 %), CO2 (8 %), impuretés (eau, méthane). Il est alors refroidi et comprimé (15 à 100 bar), puis introduit dans le réacteur de synthèse. Les réactions ont lieu vers 250°C, en présence d’un catalyseur aux oxydes de cuivre et de zinc sur alumine (durée de vie de 3 ans) :

CO + 2 H2 = CH3OH                         ΔrH° = – 108 kJ/mol
CO2 + 3 H2 = CH3OH + H2O                          ΔrH° = – 68 kJ/mol

Les réactions étant exothermiques, il est nécessaire de refroidir le mélange réactionnel par une trempe (introduction de diazote froid dans le réacteur).

Le mélange final contient 75 % de méthanol et 25 % d’eau. Une distillation permet de séparer le méthanol des impuretés (eau, éthanol, diméthyléther, formiate de méthyle).

Utilisation du gaz de synthèse avec récupération de CO et H2 :

Le reformage est une source intéressante de dihydrogène et de monoxyde de carbone qui peuvent être séparés et commercialisés.

Après l’opération de reformage, la conversion n’est pas réalisée, le dioxyde de carbone présent est éliminé et le gaz de synthèse est séché. Le dihydrogène et le monoxyde de carbone sont alors séparés. Air Liquide utilise deux procédés cryogéniques :

  • Par refroidissement dans des échangeurs et condensation du monoxyde de carbone : CO a une pureté de 97-98 % et H2 contient de 2 à 5 % de CO.
  • Par refroidissement par lavage au méthane liquide : CO a une pureté de 98-99 %, et H2 ne contient que quelques ppm de CO.

Capacités des installations industrielles : couramment 100 000 m3/h et jusqu’à 220 000 m3/h.

Pyrolyse du charbon

Il contient environ 5 % de H2. La production de coke (par élimination des matières volatiles du charbon, à 1 100-1 400°C) donne un gaz contenant environ 60 % de H2 et 25 % de CH4 (1 t de charbon donne 300 m3 de gaz). Depuis l’utilisation du gaz naturel pour produire H2, le gaz de cokerie est souvent brûlé et l’énergie libérée récupérée (voir le chapitre gaz naturel). En 2008, la production française dans ce secteur a été de 127 000 t de dihydrogène, utilisées par combustion pour produire de l’énergie. En 2019, en France, il y a 3 cokeries possédant une capacité de production de 384 t de H2/jour.

Gazéification du charbon

Le charbon était le principal agent de réduction de l’eau et donc de production de dihydrogène avant l’utilisation, à grande échelle, du gaz naturel. Actuellement la gazéification du charbon est surtout utilisée en Chine et en Inde ainsi qu’en Afrique du Sud (par la société Sasol qui produit ainsi du gaz de synthèse destiné à fabriquer du carburant synthétique). En 2018, dans le monde, il y a 130 unités de production situées à 80 % en Chine.

Principe : il repose sur la formation du gaz à l’eau ou gaz de synthèse, à 1000°C.

C + H2O = CO + H2                          Δr298 = + 131 kJ/mole

La réaction, endothermique, nécessite un soufflage de dioxygène pour maintenir la température par combustion du carbone. La composition du gaz de synthèse obtenu est d’environ 50 % de H2 et 40 % de CO.

La production de H2 peut être améliorée par conversion de CO, voir ci-dessus.

La gazéification est réalisée dans des gazogènes (la principale technologie employée étant celle de Lurgi). Dans l’avenir, la gazéification souterraine pourrait être utilisée à grande échelle, voir le chapitre charbon.

Autres sources par coproduction

Raffinage du pétrole et pétrochimie :

  • Reformage et craquage catalytique des produits pétroliers : 100 m3 de H2/t de pétrole brut sont produits lors du craquage catalytique. Le gaz obtenu ne possède qu’une teneur de 70 à 80 % en dihydrogène. Le raffinage pétrolier, principalement lors du craquage catalytique produit du dihydrogène mais, il en consomme également, principalement lors des désulfurations après hydrogénation (170 000 t, en France, en 2008).
  • Oxydation partielle de coupes pétrolières (procédés Shell et Texaco). La production française a été, en 2008, de 5 000 t.
  • Vapocraquage du naphta (production d’éthylène). La production d’éthylène donne 370 m3 de H2/t d’éthylène pour une consommation de 180 m3 de H2/t d’éthylène soit un bilan positif de 190 m3 de H2/t d’éthylène. En France, en 2019, il y a 6 unités de production avec une capacité de 129 t de H2/jour.
  • Sous-produit de la fabrication du styrène : la production de dihydrogène est de 220 m3 de H2/t de styrène. En France, en 2019, il y a une unité de production avec une capacité de 36 t de H2/jour.

En France, en 2008, sur un total de 473 000 t de dihydrogène consommées par le raffinage pétrolier et la pétrochimie, 349 000 t ont été coproduites dans ces secteurs, 66 000 t produites volontairement sur le lieu d’utilisation pour un usage captif et 58 000 t de dihydrogène marchand achetées à des producteurs de gaz industriels.

Autres :

  • Craquage du méthanol (procédé Grande Paroisse) : utilisé à Kourou en Guyane, par Air Liquide, pour produire le dihydrogène liquide (10 millions de L/an) destiné aux vols d’Ariane.
  • La production d’acétylène par oxydation partielle du méthane (2 CH4 = C2H2 + 3 H2) qui donne 3 400 m3 de H2/t d’acétylène ou par décomposition d’hydrocarbure sous arc électrique qui donne 2 470 m3 de H2/t d’acétylène.
  • Lors de la fabrication d’acide cyanhydrique selon la réaction : CH4 + NH3 = HCN + 3 H2 qui donne 2 470 m3 de H2/t de HCN.
  • Gaz de purge des unités de fabrication d’ammoniac.

Électrolyse

De NaCl en solution aqueuse : H2 coproduit (28 kg de H2 par tonne de Cl2) donne 4 % du H2 mondial (12 % en Europe). Voir les chapitres dichlore et chlorate de sodium. La production française, en 2008, est de 51 000 t de H2. En 2019, en France, il y a 9 unités de production qui possèdent une capacité de production de 105 t de H2/jour.

De H2O : elle est principalement utilisée dans des applications industrielles qui sont localisées loin d’un réseau de distribution ou bien dans des applications où la consommation électrique de l’électrolyseur est marginale au regard de la consommation du procédé final. Le coût de production du dihydrogène, du moins pour les électrolyseurs de forte capacité (> 200 Nm3/h), est lié à celui de l’électricité. La consommation est comprise entre 4,5 kWh/m3 H2 pour les électrolyseurs de forte capacité à 6 kWh/m3 H2 pour des électrolyseurs de faible capacité (< 1 Nm3/h). Les capacités mondiales installées, 290 MW en 2020, soit, 30 000 t/an de H2, donnent 0,03 % du H2 mondial. Elles sont situées à 40 % en Europe, 9 % au Canada, 8 % en Chine. La production française, en 2008, est de 180 t. En 2019, en France, il y a 5 unités de production avec une capacité de 0,61 t/jour.
La technologie la plus utilisée avec, en 2020, 61 % des,capacités installées, est l’électrolyse alcaline avec comme électrolyte une solution aqueuse de KOH (de 25 à 40 % de concentration), en utilisant une eau la plus pure possible (filtration sur charbon actif et déminéralisation totale par résines échangeuses d’ions). La cathode est en acier doux activé par formation d’un dépôt de surface à base de Ni. L’anode est en acier nickelé ou en nickel massif. La tension est comprise entre 1,8 et 2,2 V. La puissance par électrolyseur peut atteindre 2,2 à 2,5 MW.

L’électrolyse à membrane échangeuse de proton (PEM : Proton Exchange Membrane), se développe fortement avec, en 2020, 31 % des capacités installées. Elle fonctionne à l’inverse des piles à combustible : alimentée en électricité et en eau elle fournit du dioxygène et du dihydrogène alors que les piles à combustibles sont alimentées en dioxygène et en dihydrogène et fournissent de l’électricité et de l’eau.
Les électrolyseurs de type PEM à électrolyte solide, ont été développés au cours du programme spatial américain Gémini-Apollo (1962-1966) afin de générer du dioxygène. Cette technologie est également employée comme générateur de dioxygène dans les sous-marins américains et britanniques. L’électrolyte, solide, est une membrane polymère conductrice de protons de type Nafion. Elle est actuellement en train de s’implanter dans les applications industrielles pour des capacité de production jusqu’à 50 Nm3/h. Plusieurs sociétés telles que Areva H2Gen, aux Ulis (91) développent des électrolyseurs PEM de l’ordre du MW pour répondre aux futurs marchés du stockage des énergies renouvelables. En octobre 2020, Areva H2Gen a été acquise par le groupe GTT et en février 2021 est devenue Elogen. En 2021, le plus important électrolyseur PEM a été inauguré, par Air Liquide, à Bécancour, au Canada d’une puissance de 20 MW avec une capacité de production de 3 000 t de H2 vert/an. Il utilise la technologie HyLYZER de Cummins, à l’aide d’hydroélectricité renouvelable.

D’autres technologies, issues des travaux sur les piles à combustible, sont en cours de développement :

  • L’électrolyse à haute température (SOEC et PCFC).
  • L’électrolyse à membrane échangeuse d’anions (AEM : Anion Exchange Membrane).

Les électrolyseurs à haute température de type SOEC (Solid Oxid Electrolyser Cells), fonctionnent entre 650 et 1000°C, avec un électrolyte solide en zircone, conductrice des anions O2-. La cathode, poreuse est alimentée en vapeur d’eau. Les anions O2- diffusent au travers de la zircone pour se recombiner en dioxygène sur l’anode. Le dihydrogène se forme à la cathode et reste en présence de la vapeur d’eau.
Les électrolyseurs à haute température de type PCFC (Proton Ceramic Fuel Cell), à électrolyte céramique conducteur protonique, fonctionnent entre 400 et 600°C. L’électrolyte peut être de diverses natures, par exemple de structure perovskite AMO3 avec A : Ba ou Sr, M : Ce ou Zr.

Obtention de H2 de haute pureté :

Des applications telles que l’électronique, l’agroalimentaire, la propulsion spatiale nécessitent du dihydrogène de très haute pureté. Souvent le dihydrogène de haute pureté est obtenu par électrolyse. Il est purifié par adsorption des impuretés sur du charbon actif (procédé PSA, voir le chapitre diazote). La pureté obtenue peut être supérieure à 99,9999 %.

Le dihydrogène et la transition énergétique

On distingue différents types de dihydrogène en fonction des émissions de dioxyde de carbone induites par sa fabrication et de leur influence sur le réchauffement climatique.

  • Le dihydrogène noir est produit par gazéification du charbon sans séquestration du CO2 formé. C’est le plus préjudiciable au réchauffement climatique.
  • Le dihydrogène gris, est produit à partir de sources fossiles, gaz naturel et pétrole, sans séquestration du CO2 associé. C’est actuellement la principale source de dihydrogène.
  • Le dihydrogène bleu est toujours produit à partir de sources fossiles, mais une partie du CO2 émis est séquestré de telle sorte que son émission soit réduite de 60 % de celle qui serait émise sans séquestration.
  • Le dihydrogène rose est produit par électrolyse à l’aide d’électricité provenant de réacteurs nucléaires.
  • Le dihydrogène vert est issu de sources d’énergie renouvelables par exemple par électrolyse à condition que l’électricité utilisée soit issue de sources renouvelables.

Conditionnement – Transport

Auto-production : la plus grande partie du dihydrogène utilisé est auto-produite ou coproduite par les industries consommatrices : pour la production de NH3, de CH3OH, le raffinage pétrolier. En France, en 2008, 59 % de la consommation de dihydrogène provient d’une coproduction de dihydrogène lors de la production d’autres produits, 30 % d’installations captive et 11 % assurée par les producteurs de gaz industriels. En conséquence, le volume transporté est réduit. Dans le monde, en 2018, 85 % de la production est autoproduite par les industries consommatrices.

Transport par hydrogénoducs : les canalisations utilisées par Air Liquide ont un diamètre de 10 cm sous une pression de 100 bar.
Dans le monde, en 2016, le réseau a une longueur de 4 542 km.
Dans l’Union européenne, le réseau a, en 2016, une longueur totale de 1 609 km dont 1 349 km exploités par Air Liquide dans le Nord de la France, les Pays Bas et la Belgique (949 km), la Ruhr, en Allemagne (240 km), dans la région lyonnaise (57 km), celle de Fos-sur-Mer (42 km), voir les cartes dans le chapitre consacré au dioxygène. Le réseau exploité par Linde représente 172 km en Allemagne et au Royaume Uni, celui exploité par Air Products, 57 km principalement aux Pays Bas.
Le réseau développé aux États-Unis, par Air Products (1 062 km), Praxair (739 km), Air Liquide (545 km), possède une longueur de 2 608 km, principalement le long de la côte du Golfe du Mexique.

Compression : sous 200 ou 300 bar dans des tubes placés sur des semi-remorques (un millier, en Europe) contenant de 180 à 540 kg de dihydrogène, des wagons contenant 500 kg, des bouteilles de 10 m3 sous 200 bar. En 2006, en Europe, le volume transporté sous cette forme a été de 425 millions de m3.

Dihydrogène liquide : seule l’industrie spatiale utilise directement le dihydrogène liquide, les autres applications nécessitent sa retransformation à l’état gazeux.
Dans l’Union Européenne, en 2016, il y a 4 liquéfacteurs en fonctionnement avec une capacité de production totale de 26 t/jour, par Air Liquide à Waziers (59), avec 10,5 t/j, Air Products à Rozenburg (Pays Bas), avec 5,4 t/j, Linde, en Allemagne, à Ingolstadt, avec 4,4 t/j et Leuna, avec 5,7 t/j. Le dihydrogène liquide est transporté dans des camions citernes de 15 000 à 53 000 litres. La flotte d’Air Liquide est de 12 camions en Europe et 75 en Amérique du Nord.
Le liquéfacteur de L’Air Liquide à Waziers (59) est le plus important d’Europe (10,5 t/jour). Il est alimenté par du dihydrogène gazeux par canalisations. La capacité de stockage est de 750 000 L de dihydrogène liquide dans 3 réservoirs indépendants. Le dihydrogène produit est destiné, en priorité, aux essais du programme Ariane 5. Air Liquide exploite d’autres liquéfacteurs à Bécancour (Canada) avec 9,9 t/jour et à Kourou (Guyane) avec 2,5 t/jour.
La capacité de production des États-Unis est de 182 t/jour.

Productions

En 2020, pour le dihydrogène pur, hors celui présent dans le gaz de synthèse et non séparé du monoxyde de carbone. Monde : 72 millions de t, Chine, 22 millions de t, États-Unis, 10 millions de t. La production de dihydrogène mélangé au monoxyde de carbone dans le gaz de synthèse et destiné à la production de méthanol ou à la réduction directe des minerais de fer est de 18 millions de t.

Matières premières ou procédé utilisés pour la production de dihydrogène :

Monde Union européenne France
Gaz naturel 49 % 41 % 40 %
Pétrole 29 % 42 % 40 %
Charbon 18 % 5 % 14 %
Électrolyses 4 % 12 % 6 %

Sources : IHS, IFP, Actualité chimique n°347, CETH2

La part importante du pétrole provient principalement d’une coproduction lors de son raffinage. De même, en France, pour le charbon, le dihydrogène provenant d’une coproduction lors de la fabrication du coke destiné à la sidérurgie.

Fin 2020, dans l’Union européenne à 28 plus la Norvège, la Suisse, le Royaume Uni et l’Islande, il y a 504 sites de production de dihydrogène avec une capacité de production de 11,5 millions de t/an et de 12,2 millions de t/an si on tient compte de celui co-produit lors de l’élaboration du coke. Ces capacités se répartissent selon les proportions suivantes :

  • 80,4 % sont captives et utilisent le reformage avec 161 unités de production destinées à 55 % pour le raffinage du pétrole, 37 % à produire de l’ammoniac, 8 % pour d’autres applications chimiques dont la production de méthanol.
  • 10,4 % sont des productions marchandes utilisant le reformage avec 91 unités. En 2023, la production est de 1,117 million de t dont 344 959 t en Allemagne, en 2022, 187 939 t aux Pays Bas, 161 694 t en Belgique, 106 148 t en France, 98 958 t en Pologne, 85 206 t en République tchèque, en 2021, 63 995 t en Espagne, 41 704 t en Finlande, 25 796 t au Portugal, 23 638 t en Hongrie, 20 133 t en Italie.
  • 4,8 % sont issues de coproductions avec 135 unités de production et une capacité de 0,43 million de t/an provenant de la production d’éthylène et 0,13 million de t/an de celle du styrène.
  • 3,7 % sont des coproductions provenant d’électrolyses avec 0,36 million de t/an provenant de la production du dichlore et de la soude et 0 06 million de t/an de celle des chlorates.
  • 0,5 % sont des installations captives, au nombre de 3, utilisant un combustible fossile, avec capture du dioxyde de carbone émis.
  • 0,1 % utilisent l’électrolyse de l’eau avec 143 unités de production.

Capacités de production, fin 2020, dans l’Union européenne, sur un total de 10,62 millions de t/an.

en millions de t/an
Allemagne 2,09 France 0,82
Pays Bas 1,55 Espagne 0,79
Pologne 1,03 Belgique 0,57
Italie 0,85 Grèce 0,39

Source : Clean Hydrogen Monitor 2022

Aux États-Unis, la capacité de production de dihydrogène marchand est de 5 millions de t/an.

Producteurs :

  • Utilisations captives : producteurs d’engrais (NH3), d’éthylène, raffineries de pétrole. Par exemple, dans le monde, début 2016, les capacités de production des raffineries de pétrole sont de 13,3 millions de t dont 3,7 millions de t/an, aux États-Unis. Le principal producteur mondial de dihydrogène est le groupe chinois CHN Energy qui à l’aide de 80 unités de gazéification du charbon produit 8 millions de t/an de H2.
  • Producteurs d’hydrogène marchand : dans le monde, fin 2016, la capacité de production est de 23 650 t/jour, en Europe, plus Norvège, Suisse et Islande, en 2018, elle est de 4 246 t/jour à 39 % par Linde, 36 % par Air Liquide, 13 % par Air Products, aux États-Unis, de 13 643 t/jour à 42 % par Air Products, 35 % par Praxair, 13 % par Air Liquide, 8 % par Linde.
    • Air Products possède une capacité de production de 8 553 t/jour avec 60 unités de production,
    •  Linde, 8 522 t/jour après la fusion, en février 2019, avec Praxair,
    • Air Liquide, 5 130 t/jour. En 2019, la capacité de production d’Air Liquide est de 1,26 million de t/an, à partir de 46 grandes unités de production de gaz de synthèse et de 40 électrolyseurs. Le réseau de pipeline est de 1 850 km, en Europe, aux États-Unis (voir ci-dessus) et à Singapour.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs :

en tonnes
Canada 33 408 France 1 417
Pays Bas 22 961 Suède 1 244
Belgique 21 159 Allemagne 1 146
Singapour 8 718 Norvège 1 063

Source : ITC

Les exportations canadiennes sont destinées totalement aux États-Unis.

Principaux pays importateurs :

en tonnes
Mexique 35 829 France 1 242
Indonésie 8 754 Autriche 837
Pays Bas 7 712 Belgique 670
Canada 3 680 Allemagne 589

Source : ITC

Les importations mexicaines proviennent totalement des États-Unis.

Situation française

Les valeurs des productions sont, si non précisées, celles de 2008.

Production

922 000 t.
Productions captives : avec une capacité de production, en 2019, de 1 050 t/jour à partir 7 unités de reformage de gaz naturel.
  • Pour la production d’ammoniac : 215 000 t, par Borealis, à Grandpuits (77), Grand Quevilly (76) et Ottmarsheim (68) et Yara, au Havre (76).
  • Pour le raffinage pétrolier par reformage de gaz naturel : 292 000 t, TotalEnergies, à Gonfreville (76), Donges (44), Feysin (69) et Grandpuits (77), Esso à Port Jérôme (76) et Fos-sur-Mer, Ineos à Lavera (13).

Coproductions : avec une capacité de production, en 2019, de 611 t/jour, à partir de 17 unités de production.

Productions marchandes : avec une capacité de production, en 2019, de 326 t/jour. En 2019, la production a été de 87 200 t.

  • Air Liquide à Port Jérôme (76), avec une capacité de production de 54 t/j, Gueugnon (71), avec 1,7 t/j, Waziers (59), avec 10,5 t/j, Lacq (64), avec 3,9 t/j, Le Pont de Claix (38), avec 22,2 t/j, Saint Fons (69), avec 32,4 t/j et Lavera (13), avec 54 t/j, principalement par reformage de gaz naturel (voir cartes dans le chapitre dioxygène).
  • Linde à Fos sur Mer (13), avec 1,9 t/j et Chalampé (68), avec 45 t/j, par reformage d’hydrocarbures.
  • Messer, à Saint-Leu-d’Esserent (60).

Commerce extérieur

En 2024.

Les exportations étaient de 2 149 t avec comme principaux marché à :

  • 79 % l’Allemagne,
  • 13 % l’Espagne,
  • 4 % la Suisse.

Les importations s’élevaient à 2 252 t en provenance principalement à :

  • 34 % de Belgique,
  • 30 % des Pays Bas,
  • 20 % d’Allemagne,
  • 12 % d’Espagne.

Utilisations

Consommations : dans le monde, elles sont estimées, en 2020, à 70 millions de t/an dont 1 million de t/an en France sous forme de dihydrogène pur ainsi que de 50 millions de t/an sous forme de dihydrogène mélangé à d’autres gaz (gaz de synthèse…) destiné à la fabrication de méthanol, à la réduction directe de minerais de fer ou comme source de chaleur.

Consommations lors de diverses productions :

  • Synthèse de NH3 : 1 975 m3/t NH3.
  • Synthèse du méthanol : 1 500 m3/t CH3OH.
  • Fabrication du peroxyde d’hydrogène : 735 m3/t de H2O2.
  • Hydrocraquage : 300 m3/t de produit.

Secteurs d’utilisation : en 2018.

Monde Europe* France
Raffinage du pétrole 33 % 45 % 60 %
Ammoniac, engrais 27 % 34 % 25 %
Chimie de base, dont méthanol 11 % 12 % 10 %
Métallurgie 3 % 1 %

Sources : Actualité chimique n°347, Alphea, France Stratégie, IFP, IEA

*: l’Europe prend en compte l’UE à 28 plus la Norvège, la Suisse et l’Islande.

Dans le tableau ci-dessus, le dihydrogène utilisé par la sidérurgie pour sa valeur énergétique (gaz de cokerie, gaz de haut fourneaux) n’est pas pris en compte. Pour la France sa prise en compte donne les valeurs suivantes : raffinage : 51 %, ammoniac : 26 %, sidérurgie : 14 %, chimie : 8 %, métallurgie : 1 %.

La principale application est la pétrochimie puisque cette application, anciennement excédentaire en hydrogène est maintenant déficitaire en hydrogène à cause des réglementations environnementales qui nécessitent de pousser plus loin la désulfuration des produits raffinés.

 Utilisations diverses :

  • Hydrodésulfuration et hydrocraquage des coupes pétrolières. L’hydrodésulfuration est destinée à l’élimination du soufre : réalisée sous 40 bar, entre 330 et 400°C avec comme catalyseurs des sulfures de Mo et Co. Les sociétés pétrolières qui, en général, produisent elles-mêmes le dihydrogène qu’elles consomment, font appel de plus en plus à un approvisionnement par les producteurs de gaz industriels. Par exemple, aux États-Unis, Air Products et Praxair alimentent, dans la région de Houston, des raffineries de pétrole par pipeline.
    L’hydrocraquage consiste à casser les chaînes carbonées des hydrocarbures lourds de la charge pour obtenir des produits plus légers.
  • Synthèse de l’ammoniac utilisé surtout dans l’industrie des engrais : voir les chapitres consacrés à l’ammoniac et aux engrais. En 1989, les pays producteurs d’hydrocarbures (pétrole, gaz naturel), donc de matières premières pour la fabrication du dihydrogène, assuraient 72 % de la production mondiale d’urée, 48 % de celle du méthanol, 47 % de celle de l’ammoniac. La consommation mondiale de dihydrogène dans ce secteur est, en 2020, de 22 millions de t. Des projets sont en cours de développement pour produire de l’ammoniac « vert ». Par exemple, en Australie Western Green Energy Hub à l’aide de 50 GW d’électricité photovoltaïque et éolienne compte produire 3,5 millions de t/an de dihydrogène destiné à produire 20 millions de t/an d’ammoniac. En Espagne, la société Iberdrola développe pour 2021 un projet de production de dihydrogène par électrolyse à l’aide de 100 MW d’électricité photovoltaïque destiné à l’usine Fertiberia de Puertollano de production d’ammoniac permettant ainsi d’éviter l’émission de 39 000 t de CO2/an.
  • Méthanol : voir ce chapitre. En 2020, la consommation de dihydrogène dans ce secteur est de 14 millions de t.
  • Industrie du verre : protection contre l’oxydation du bain d’étain fondu utilisé pour produire le verre plat : verre flotté (float).
  • Gaz pour respiration sous-marine : 49 % H2 – 50,2 % He – 0,8 % O2 utilisé par la Comex, en 1988, pour établir le record de plongée sous-marine à 520 m. En novembre 1992, le record a été porté à 701 m à l’aide d’un mélange gazeux aux proportions légèrement modifiées.
  • Sidérurgie : lors de la réduction directe des minerais de fer (5 millions de t/an) ainsi que pour le recuit des bobines de tôles minces.
  • Hydrogénation des huiles insaturées pour produire la margarine.
  • Fabrication du peroxyde d’hydrogène, voir ce chapitre.
  • Atmosphères non oxydantes pour fritter des poudres métalliques (W…), les pastilles de combustible nucléaire.
  • Refroidissement des paliers d’alternateurs (d’une puissance supérieure à 150 MW) dans toutes les centrales électriques du monde. C’est actuellement un des plus gros marchés de vente d’électrolyseurs dans le monde.
  • Source d’énergie non polluante (production d’eau en présence de O2 de l’air) et de haute densité énergétique : 121 kJ/g (50,3 kJ/g pour le méthane) utilisée en propulsion spatiale par Safran et Arianespace. Ariane 5 emporte 162 t de dioxygène liquide et 28 t de dihydrogène liquide pour l’alimentation de son moteur cryogénique.
    Le dihydrogène commence à être utilisé comme « vecteur énergétique » dans les piles à combustible, destinées, en particulier, aux véhicules de transport, par exemple pour les Toyota Miraï, Hyandaï Nexo ou Honda Clarity, avec 43 000 véhicules en circulation dans le monde mi-2021, avec 74 % de véhicules particuliers et 16 % de bus.
    Dans le monde, des stations de fourniture de dihydrogène commencent à s’implanter avec, en 2018, 381 stations dans le monde dont 130 au Japon, 89 en Allemagne, en 2019, 63 aux États-Unis, 58 en France, en 2023. Par exemple, Air Liquide a conçu et fournit dans le monde 120 stations. En France, la première a été construite à Saint-Lô (50) en 2015. En 2018, en Ile de France, fonctionnent 4 stations, à Paris, au pont de l’Alma, sur la zone aéroportuaire d’Orly, à Versailles pour alimenter des bus et à Roissy Charles de Gaulle. A Paris, la société de taxis Hype utilise plus de 100 véhicules fonctionnant à l’hydrogène.
    En France, une première ligne avec 2 bus fonctionnant avec une pile à combustible a été inaugurée en septembre 2019 entre Versailles et Jouy-en-Josas. d’autres sont prévues dans le Pas de Calais, à Pau et à Auxerre. En 2023, 33 bus sont en activité.
    En Allemagne, le land de Basse Saxe, a commandé à Alstom 14 trains fonctionnant à l’aide d’une pile à combustible pour une mise en service fin 2021. Deux premiers trains sont entrés en service commercial en septembre 2018.

Conversion de l’électricité en gaz (Power to Gas) :

La production d’énergie par des sources renouvelables comme l’éolien et le solaire est intermittente. Le stockage de l’énergie superflue est actuellement, réalisé à 99 % par pompage de l’eau de barrage, avec, en 2012 dans le monde, une puissance installée de 128 GW. Des études sont en cours afin d’utiliser l’électricité excédentaire pour produire du dihydrogène par électrolyse.

L’hydrogène ainsi produit peut être utilisé, via une pile à combustibles, pour produire de l’électricité pendant les périodes de non production des sources intermittentes. Par exemple, une plateforme expérimentale Myrte (Mission hydrogène renouvelable pour l’intégration au réseau électrique) fonctionne en Corse, à Ajaccio, sur le site de l’Université de Corse à Vignola. Elle est constituée d’une centrale photovoltaïque de 560 kWc et d’une chaîne hydrogène comprenant un électrolyseur de 10 m3/h, des cuves de stockage du dihydrogène de 1 400 m3 et du dioxygène de 700 m3 et une pile à combustible de 100 kW.

Le dihydrogène produit par électrolyse peut aussi être injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel. Par exemple, le projet Grhyd, à Cappelle-la-Grande, dans la banlieue de Dunkerque (59), piloté par Engie et inauguré en juin 2018 et qui a fonctionné jusqu’en mars 2020, a consisté à alimenter un nouveau quartier de 200 logements par un mélange de dihydrogène et de gaz naturel. L’enjeu principal de ce projet était d’évaluer la proportion optimale (a priori jusqu’à 20 %) de dihydrogène à injecter dans les canalisations afin de tester leur résistance. Le projet consiste également a alimenter une flotte de 30 bus roulant à Hythane, gaz naturel enrichi à 7 % puis 20 % de dihydrogène.

Enfin, après électrolyse, le dihydrogène peut réagir avec du dioxyde de carbone (réaction de méthanation) pour produire du méthane synthétique pouvant être injecté dans le réseau de gaz naturel. La réaction de méthanation ou réaction de Sabatier est la suivante :

CO2 + 4 H2 = CH4 + 2 H2O                          Δr298 = -165 kJ/mole

Elle est réalisée entre 320 et 430°C et entre 5 et 15 bar et nécessite l’utilisation de catalyseurs tels que, par exemple, du nickel sur alumine. La difficulté de la maîtrise de cette réaction réside dans sa forte exothermicité. Divers démonstrateurs sont en fonctionnement ou en projet. Par exemple, le projet Jupiter 1000, à Fos-sur-Mer (13), est piloté par GRT Gaz, filiale d’Engie. Le dihydrogène proviendra de deux électrolyseurs de 0,5 MW chaque, l’un par électrolyse alcaline, l’autre par membrane échangeuse de proton (PEM), l’électricité étant produite à l’aide de sources renouvelables. La production prévue est de 200 m3/h de dihydrogène. Dans un premier temps, en juin-juillet 2018, le dihydrogène sera injecté dans le réseau de gaz naturel. Ensuite, une partie du dihydrogène sera transformé en méthane synthétique par méthanation à l’aide de dioxyde de carbone capté dans les fumées d’une usine voisine, avec une production prévue, en 2019, de 25 m3/h, qui sera injectée dans le réseau de gaz naturel.

Bibliographie

Archives

Dihydrogène 2023

Dihydrogène 2022

Dihydrogène 2019

Dihydrogène 2015

Dihydrogène 2014

Dihydrogène 2010

Dihydrogène 1991

 

Diiode

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Distance interatomique Structure cristalline
I2 253,809 g.mol-1 266,6 pm orthorhombique de paramètres a = 0,7265 nm, b = 0,4786 nm et c= 0,9791 nm

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Température critique Pression critique Température point triple Pression point triple Conductibilité électrique Conductibilité thermique Solubilité dans l’eau
4,93 g.cm-3 113,5°C 184,35°C 546°C 11 700 kPa 113°C 12,1 kPa 8,0.10-8 S.m-1 0,0449 W.m-1K-1
  • à 25°C : 0,03 g/100 g eau
  • à 50°C : 0,078 g/100 g eau

Données chimiques

pKa : I+aq/HIO pKa : HIO/IO pKa : HIO3/IO3 pKa : H5IO6/H4IO6 pKa : H4IO6/H3IO62- pKa : H3IO62-/H2IO63-
4,51 10,6 0,8 3 6,7 14

Potentiels standards :

H5IO6 + H+ + 2e = IO3+ 3H2O E° = 1,6 V
2IO3 + 12H+ + 10e = I2(s) + 6H2O E° = 1,19 V
IO3 + 3H2O + 6e = I + 6OH E° = 0,26 V
IO + H2O + 2e = I + 2OH E° = 0,49 V
HIO + H+ + 2e = I+ H2O E° = 0,99 V
I2(s) + 2e = 2I E° = 0,535 V
I3+ 2e = 3I E° = 0,555 V

Données thermodynamiques

Diiode cristallisé :

  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 116,139 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 54,4 J.K-1mol-1
  • Enthalpie molaire standard de fusion à la température de fusion : 15,6 kJ.mol-1
  • Enthalpie molaire standard d’ébullition à la température d’ébullition : 41,9 kJ.mol-1

Diiode gazeux :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : 62,421 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : 19,36 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 260,567 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 36,9 J.K-1mol-1
Diiode en solution aqueuse :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : 22,6 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : 16,4 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 137,3 J.K-1mol-1

Données industrielles

L’iode se présente dans la nature sous la forme d’ions iodure (I) ou iodate (IO3). Le corps simple est le diiode (I2).

État naturel

La teneur de l’écorce terrestre est de 0,4 ppm d’iode, celle de l’eau de mer est de 0,06 ppm. L’eau de mer représente 90 milliards de t de ressources, celles-ci n’étant pas actuellement économiquement exploitables.

Des émissions dans l’atmosphère de iodométhane (CH3I), estimées à 214 000 t/an, proviennent d’algues et de rizières.

L’iode a été récupérée pendant longtemps et jusqu’à la fin des années 1950, à partir d’algues de la famille des laminaires qui peuvent extraire l’iode de l’eau de mer et la concentrer jusqu’à une teneur de 0,45 % de leur poids sec. Cette source, encore exploitée en Chine comme co-production d’alginate de sodium, ne représente plus que 2 % de la production mondiale.

La production de diiode provient actuellement de deux sources principales :

  • Le minerai de caliche, roche sédimentaire riche (de 6 à 7 %) en ions nitrate, NO3, avec de faibles quantités d’iode, de 400 à 500 ppm, principalement sous forme de lautarite, iodate de calcium (Ca(IO3)2), présent exclusivement au Chili, dans le désert d’Atacama. Les gisements se présentent sous forme de veines de 20 cm à 5 mètres d’épaisseur sous une couche de stérile de 50 cm à 1,5 mètre.
  • Des saumures extraites lors de l’exploitation de puits de pétrole ou de gaz naturel. Cette source est exploitée principalement au Japon et aux États-Unis. Ces saumures ont des teneurs comprises entre 100 et 400 ppm d’iode. Dans le cas des saumures japonaises, leur concentration en chlorure de sodium est identique à celle de l’eau de mer mais par contre, leur teneur en iode est 2 000 fois plus élevée.
  • Quelques pays, Turkménistan, Azerbaïdjan et Indonésie, exploitent directement des saumures extraites de puits, cette production n’étant pas associée à celle d’hydrocarbures.

Traitement du minerai et des saumures

Caliche :
Le minerai, après concassage, est traité par lixiviation avec de l’eau, en tas ou en usine. La difficulté d’exploitation du minerai chilien réside dans sa localisation dans un désert avec des difficultés d’approvisionnement en eau. Une société utilise de l’eau de mer acheminée par une canalisation de 75 km de longueur. Les taux de récupération de l’iode varie de 60 % pour la lixiviation en tas à 90 % pour celle réalisée, en usine, par agitation dans des cuves.
Par exemple, à Aguas Blancas, la lixiviation en tas est réalisée sur une surface de 25 000 à 30 000 m2, avec des tas de 450 000 t de minerai sur une hauteur de 10 m. La solution de lixiviation qui est recyclée après extraction de l’iode et éventuellement du nitrate et du sulfate de sodium, percole au travers des tas de minerais avec un débit de 1,75 L/m2/h, avec de multiples recyclages, jusqu’à ce que sa concentration atteigne 0,2 g d’iode/L, cela peut prendre jusqu’à 15 mois. Une telle lixiviation en tas est effectuée dans la mine de Nueva Victoria. Dans ces exploitations, le diiode est d’abord extrait puis les solutions sont concentrées par évaporation solaire avant d’en extraire le nitrate de sodium.
A Pedro de Valdivia, le minerai subit une lixiviation en usine avec une première opération qui consiste à récupérer le nitrate de sodium contenu dans le minerai. En usine, la solution de lixiviation, saturée en chlorure et sulfate de sodium et qui titre de 320 à 340 g/L de nitrate de sodium, est chauffée à 40-45°C. En quelques jours, en présence du minerai, elle s’enrichit en nitrate de sodium qui voit sa concentration passer à 440-480 g/L. Par refroidissement à 10-15°C, le nitrate de sodium cristallise et est récupéré par centrifugation.
La solution, qui renferme de 1 à 2 g/L d’iode, sous forme d’ions iodate, est destinée à une deuxième opération de récupération de l’iode.
Dans une colonne, l’injection de dioxyde de soufre réduit les ions iodate en diiode selon la réaction suivante :

2 IO3 + 5 SO2 + 4 H2O = I2 + 5 SO42- + 8 H+

Le diiode formé est récupéré par flottation et par extraction à l’aide de kérosène ou par entraînement par soufflage d’air, le diiode étant peu soluble dans l’eau et se sublimant facilement. Dans ce dernier cas, le diiode gazeux barbote dans une solution d’hydrogénosulfite de sodium où il est réduit en ion iodure selon la réaction suivante :

I2 + HSO3 + H2O = 2 I + SO42- + 3 H+

Le diiode est obtenu par oxydation, à l’aide de dichlore, selon la réaction suivante :

2 I + Cl2 = I2 + 2Cl

La solution dont ont été extraits le nitrate de sodium et l’iode, retourne à la lixiviation.

Saumures :
Une première séparation a lieu entre le pétrole ou le gaz naturel, les impuretés solides et la saumure. Cette dernière est ensuite traitée selon deux procédés :
L’un, proche de celui utilisé pour le minerai chilien, consiste à réduire les ions iodate en diiode qui est entraîné par soufflage d’air, absorbé dans une solution aqueuse d’acide iodhydrique et d’acide sulfurique, réduit en ions iodure par du dioxyde de soufre, puis enfin oxydé en diiode à l’aide de dichlore.

L’autre utilise des résines échangeuses d’ions ou du charbon actif qui fixent l’iode obtenue préalablement par oxydation des ions iodate de la saumure à l’aide de dichlore. L’iode est ensuite élué à l’aide d’hydroxyde de sodium pour donner, par dismutation, des ions iodure et iodate selon la réaction :

3 I2 + 6 OH = IO3 + 5 I + 3 H2O

L’ajout d’acide sulfurique permet, par médiamutation, de former du diiode selon la réaction :

IO3 + 5 I + 6 H+ = 3 I2 + 3 H2O

Productions minières

Production de diode

En 2024, en tonnes, sur un total mondial de 33 000 t. Source : USGS.

en tonnes, sur un total de 32 000 t
Chili 22 000 Turkménistan 770
Japon 9 300 Iran 700
États-Unis (estimation) 1 600 Azerbaïdjan 210

Source : USGS

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs sur un total de 36 258 t :

en tonnes
Chili 20 215 Pays Bas 574
Belgique 6 557 Royaume Uni 274
Japon 4 877 Nlle Zélande 260
États-Unis 1 536 Azerbaïdjan 231
Turkménistan 753 Corée du Sud 189

Source : ITC

Les exportations chiliennes sont destinées à 31 % à la Belgique, 30 % à la Chine, 12 % aux États-Unis, 8 % à l’Inde.

Principaux pays importateurs, sur un total de 35 269 t :

en tonnes
Chine 7 381 États-Unis 2 860
Belgique 6 025 Allemagne 1 647
Norvège 4 960 France 1 236
Inde 3 274 Pays Bas 1 198
Italie 3 074 Royaume Uni 876

Source : ITC

Les importations chinoises proviennent à 86 % du Chili, 10 % du Japon.

Principaux producteurs :

Au Chili, qui représentent, en 2024, 60 % des ventes mondiales.

  • La Sociedad Quimica y Minera de Chile (SQM) est le n°1 mondial avec une part de marché de 37 % et une production, en 2024, de 13 100 t de diiode, pour une capacité totale de production de 14 300 t/an. Elle possède des exploitations minières en activité dans le nord du Chili : Nueva Victoria et Pedro de Valdivia regroupées dans New Victory avec une capacité de production de 13 000 t/an. A Nueva Victoria, les réserves prouvées et probables sont de 1 036 millions de t de minerai renfermant 4,8 % de nitrates et 318 ppm d’iode. A Pedro de Valdivia, les réserves prouvées et probables sont de 211 millions de t de minerai renfermant 7,3 % de nitrates et 439 ppm d’iode. En 2023 a débuté l’exploitation du gisement de Pampa Blanca avec une capacité de production de 1 300 t/an avec des réserves prouvées et probables de 85 millions de t renfermant 5,4 % de nitrates et 392 ppm d’iode.
    SQM, en association avec la société américaine Ajay, a créé une joint-venture, Ajay-SQM, qui produit, au Chili, à Santiago, aux États-Unis, à Powder Springs, en Géorgie et en France, à Evron (53), divers composés chimiques de l’iode, sous la marque Iodeal.
  • Compania de Salitre y Yodo (Cosayach), société du groupe familial Errázuriz, avec une capacité de production de 200 000 t/an de nitrate de potassium, 120 000 t/an de nitrate de sodium et 6 000 t/an de diiode dans 3 exploitations  :
    • Negreiros, 40 % de la production.
    • Soledad, 40 % de la production.
    • Cali Cali, 20 % de la production.

Actuellement, la capacité de production est réduite à 2 500 t/an du fait des difficultés d’approvisionnement en eau.

  • Algorta Norte, inaugurée en 2012, avec une capacité de production de 4 000 t/an. Le traitement du minerai utilise de l’eau de mer acheminée par une canalisation de 75 km depuis Mejillones. La société est détenue à 74,5 % par le groupe familial De Urruticoechea et 25,5 % par le groupe japonais Toyota Tsusho.
  • ACF Minera, détenue par le groupe familial De Urruticoechea, avec une capacité de production de 4 000 t/an.
  • La société Atacama Minerals exploitant la mine d’Aguas Blancas, avec une capacité de production de 2 200 t/an a été acquise par le groupe chinois Tewoo. Le gisement s’étend sur 23 km de long, 4 km de large, sur une épaisseur de 0,5 à 5 m, surmonté d’une couche de stérile de 0,2 à 1 m. Le minerai a une teneur moyenne de 19,7 % en sulfates, 2,8 % en nitrates, environ 500 ppm en iode. Les réserves, fin 2013, sont de 80,9 millions de t de minerai renfermant 488 ppm d’iode.

Au Japon : la production d’iode provient de saumures extraites de gisements pétroliers et gaziers, situés à 80 % dans la préfecture de Chiba. 8 sociétés produisent de l’iode, avec 23 % des ventes mondiales, y compris le recyclage. Parmi celles-ci :

Aux États-Unis : la production d’iode provient de saumures extraites de gisements pétroliers et gaziers dans le bassin d’Anadarko, dans l’Oklahoma. 3 sociétés exploitent ces gisements, avec 5 % des ventes mondiales :

  • Woodward Iodine Corporation, filiale du groupe japonais Ise Chemical Corporation, à Woodward, exploite 22 puits avec une capacité de production de 900 t/an.
  • Iochem, filiale du groupe japonais Toyota Tsusho, à Vici, exploite 17 puits, avec une capacité de production de 1 200 t/an.
  • Iofina, a produit, en 2024, à Alva, Burlington et Cherokee, 634 t de diiode cristallisée.

Réserves : elles sont estimées, en 2024, à 6,2 millions de t :

Réserves de diiode

Réserves de diiode, en 2024, en milliers de tonnes sur un total de 6,2 millions de t. Source : USGS

en milliers de t
Japon 4 900 Russie 120
Chili 610 Turkménistan 70
États-Unis 250 Iran 40
Azerbaïdjan 170

Source : USGS

Recyclage

En 2023, dans le monde, il représente 17 % de la consommation d’iode. Ce sont surtout les producteurs japonais qui sont actifs dans ce domaine avec 70 % du recyclage mondial. La principale source du recyclage est le diiode contenu dans les dispositifs à cristaux liquides.

Situation française

En 2024.

Production de composés chimiques de l’iode, par Ajay-SQM, à Evron (53).

Commerce extérieur :

Diiode :

  • Exportations : 66 t vers la Belgique à 17 %, l’Italie à 13 %, l’Allemagne à 10 %, l’Espagne à 10 %, le Royaume Uni à 9 %.
  • Importations : 1 422 t du Chili à 56 %, du Japon à 20 %, d’Allemagne à 11 %, des Pays Bas à 5 %, de Belgique à 7 %.

Iodures et oxyiodures :

  • Exportations : 548 t vers l’Allemagne à 28 %, la Belgique à 16 %, la Chine à 12 %, l’Espagne à 8 %.
  • Importations : 214 t d’Inde à 35 %, d’Allemagne à 11 %, du Chili à 9 %, des États-Unis à 9 %.

Utilisations

Consommations : en 2020, dans le monde : 33 200 t.

Secteurs d’utilisation du diode

En 2024, dans le monde. Source : SQM

Secteurs d’utilisation : en 2024, dans le monde.

Agent de contraste pour rayons X 37 % Dérivés fluorés 6 %
Pharmacie 13 % Biocides 5 %
Cristaux liquides 13 % Nylon 5 %
Alimentation animale 7 % Alimentation humaine 3 %
Antiseptiques et désinfectants 6 % Divers 5 %

Source : SQM

Formes chimiques d’utilisation, aux États-Unis. Répartition, en 2015 :

Iodométhane et iodoéthane 51 % Dihydroiodure d’éthylènediamine 6 %
Iodure de potassium 15 % Acide iodhydrique (HI) 3 %
Bétadine® 8 % Diiode bisublimée 2 %
Diode brut 4 % Iodure de sodium 2 %

Source : USGS

Le diiode brut à une pureté de 99,5 %, le diiode bisublimé, de 99,9 %.

L’une des difficultés d’utilisation du diiode est sa faible solubilité dans l’eau, 0,34 g/L, à 25°C, car de nombreuses utilisations, par exemple pour les examens médicaux ou comme antiseptique, nécessitent un emploi sous forme de solution. Lorsque c’est la présence de l’atome d’iode ou de l’un de ses isotopes radioactifs, qui est utile, comme en imagerie par rayons X ou en scintigraphie, il suffit d’employer un composé chimique hydrosoluble, non toxique, contenant l’atome d’iode. Lorsque c’est la présence du diiode qui est nécessaire, par exemple comme produit antiseptique, on peut former un complexe hydrosoluble, dans le cas de la bétadine® et du Lugol, ou utiliser un solvant du diiode, par exemple l’éthanol, lui même miscible en toutes proportions avec l’eau, dans le cas de la teinture d’iode.

  • Agent de contraste pour rayons X : l’iode possède un numéro atomique élevé, 53, et l’absorption du rayonnement X est d’autant plus élevée que le numéro atomique est grand. L’iode est employé, généralement sous forme d’injection, pour augmenter le contraste des organes dans lesquels l’iode sera présente et réaliser ainsi des angioscanner, coronarographie… Ces agents sont des dérivés du 1,3,5-triiodobenzène.
  • Antiseptique et désinfectant : dans ce domaine, la principale utilisation est sous forme de bétadine® (ou iodure de povidone) qui est un complexe du diiode avec la polyvinylpyrrolidone, en solution aqueuse, qui contient 10 % de diiode lié et 1 % de diiode libre.
    Les autres formes d’utilisation sont la teinture d’iode, solution de diiode à 7 % dans l’éthanol, en présence de 5 % d’iodure de potassium et le Lugol, solution de diiode dans une solution aqueuse d’iodure de potassium, avec 1 % de diiode et 2 % de KI, dans ce cas, il y a formation du complexe I3. L’utilisation de la teinture d’iode a été le plus souvent remplacée par celle de la bétadine®.
  • Affichages à cristaux liquides : le diiode est présent dans les films polarisants qui enserrent les cristaux liquides. Ces films, en alcool polyvinylique (PVA), sont étirés puis trempés dans une solution de diiode. Le diiode se fixe sur les chaînes de polymère alignées dans une direction lors de l’étirage et crée ainsi une chaîne conductrice conférant au film une conductivité fortement anisotropique, importante dans le sens des chaînes, quasi nulle perpendiculairement. Ainsi, le film est opaque pour les ondes dont le champ électrique est parallèle aux chaînes et transparent à celles polarisées perpendiculairement.
  • L’iodure de potassium est, en particulier, en France, distribué à la population vivant autour des centrales nucléaires, dans un rayon de 20 km, sous forme de comprimés renfermant 65 mg de KI pour les enfants entre 3 et 12 ans et 130 mg de KI pour les adultes. Ces comprimés sont destinés à saturer la glande thyroïde en iode, afin de limiter la fixation de 131I, radioactif, émis lors d’accidents nucléaires.
  • L’iodure de sodium, est employé dans le sel de table à des teneurs comprises entre 15 à 20 mg d’ion iodure/kg de sel.
  • Catalyse : sous forme d’acide iodhydrique (HI), utilisé comme co-catalyseur, avec de l’iridium, dans la production d’acide acétique selon le procédé Cativa.
  • Alimentation animale : l’iode est introduite sous forme de dihydroiodure d’éthylènediamine (EDDI) .
  • Lampes halogènes : les lampes à incandescence classiques sont constituées par un filament de tungstène spiralé ou doublement spiralé chauffé par effet Joule jusqu’à 2400-2800°C. Leur durée de vie, environ 1 000 h, est limitée par la sublimation du tungstène. Lorsque celle-ci atteint 2 à 3 %, appelée perte mortelle, le filament se brise. De plus, le tungstène qui quitte le filament noircit le verre de la lampe et diminue au cours du temps son efficacité lumineuse. La présence de gaz rare permet, par rapport au vide, de réduire la sublimation du tungstène. La pression gazeuse, 80 kPa à 20°C, à l’intérieur de la lampe, est telle qu’en fonctionnement, elle équilibre la pression atmosphérique. L’argon, en présence d’environ 10 % de diazote qui permet d’éviter les arcs électriques, est généralement employé. Le krypton, plus cher, qui a une conductibilité thermique inférieure à celle de l’argon permet d’élever la température du filament et ainsi d’augmenter l’efficacité lumineuse de plus de 10 % tout en évitant un trop fort échauffement de l’ampoule en verre.
    Dans les lampes halogènes, la présence de diiode, introduit sous forme d’iodure de méthyle, ou surtout de dibrome, introduit sous forme de bromure de méthyle ou de méthylène, ajouté en faible quantité dans le gaz rare contenu dans la lampe permet de former des halogénures de tungstène gazeux (WI2 avec l’iode) à partir du tungstène sublimé et de redéposer, par décomposition de ces halogénures, le tungstène sur le filament. Ce même principe est utilisé dans la purification des métaux (Ti…) selon le procédé Van Arckel. Le filament peut ainsi être porté à plus haute température, ce qui favorise la décomposition de l’halogénure de tungstène, tout en évitant le noircissement de l’ampoule. La pression gazeuse est, en fonctionnement, de 200 à 300 kPa (2 à 3 fois la pression atmosphérique). Celle-ci est obtenue en plongeant, lors de leur remplissage, les ampoules dans du diazote liquide.
    La réaction chimique entre les halogènes et la vapeur de tungstène ayant lieu à une température qui peut atteindre 650°C, il est nécessaire d’éviter des points froids inférieurs à cette température et, en particulier, il faut que l’ampoule atteigne au moins cette température. Pour cela, celle-ci doit être proche du filament pour être chauffée par ce dernier, et doit être, pour résister à la température, en silice vitreuse (température de ramollissement : 1580°C) ou en verre « dur » aluminosilicaté (composition moyenne : SiO2 : 63 %, Al2O3 : 16 %, BaO : 12 %, CaO : 9 %, température de ramollissement : 1020°C).
    La silice vitreuse présente l’inconvénient de cristalliser, puis de se briser au refroidissement, lorsqu’elle est en contact prolongé, à chaud, avec les ions Ca2+ et K+ contenus dans la graisse apportée par un contact éventuel avec des doigts. L’utilisation de la silice vitreuse (qui contrairement au verre est transparente au rayonnement UV) ne permet pas l’emploi, dans l’éclairage automobile, de vitres extérieures de phares en matériaux plastiques (qui sont détériorés par les rayons UV). Ils sont en verre, sauf traitement particulier de l’ampoule de la lampe réduisant l’émission UV. Également, du fait de cette transparence de la silice aux rayonnement UV, il n’est pas recommandé d’utiliser des lampes aux halogènes, non protégées (filtre, écran, double ampoule) en éclairage direct.
  • Iode radioactive : l’isotope 131I, de 8 jours de demi-vie, est employé pour détruire en tout ou partie la glande thyroïde. L’isotope 123I, de 13 h de demi-vie, est employé en scintigraphie de la thyroïde.

L’iode dans le corps humain

Elle sert exclusivement à synthétiser deux hormones : la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). La demi-vie de la T4 est de 6,5 jours, celle de la T3, de 2,5 jours. En conséquence, ces hormones sont synthétisées en permanence et le corps humain a un besoin d’apports réguliers en ions iodure. Il varie de 60 à 100 µg/j pour des enfants de 1 à 10 ans, 100 à 150 µg/j pour un adulte à 150 à 250 µg/j pour des grossesses ou des femmes allaitantes.
En France, les apports quotidiens sont compris entre 80 et 120 µg.
Contenu en iode de divers aliments :

en µg/100 g
Algues 4 500 Crustacés 30
Sel iodé 1 500 Laitages 20
Cabillaud 500 Viande 5
Œufs 50 Eau 2 à 15
Source : Pr. Aurengo

Au Royaume Uni, de l’iode est ajouté au lait de consommation.

Bibliographie

Archives

Diiode 2023

Diiode 2022

Diiode 2019

Diiode 2015

Diiode 2013

Dibrome

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Distance interatomique
Br2 159,81 g.mol-1 228,4 pm

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Température critique Pression critique Température point triple Pression point triple Conductibilité thermique Solubilité dans l’eau
  • gazeux : 7,59.10-3 g.cm-3
  • liquide, à 20°C : 3,12  g.cm-3
-7,2°C 58,78°C 31,4°C 10,3 MPa -7°C 5,8 kPa 0,122 W.m-1K-1
  • à 0°C : 4,17 g/100 g eau
  • à 50°C : 3,52 g/100 g eau

Données chimiques

pKa : HBrO/BrO
8,6

Potentiels standards :

BrO4 + 2H+ + 2e = BrO2 + H2O E° = 1,76 V
Br2 + 2e = 2Br E° = 1,08 V
2HBrO + 2H+ + 2e = Br2 + 2H2O E° = 1,6 V
2BrO3 + 12H+ + 10e = Br2 + 6H2O E° = 1,5 V
BrO3 + 3H2O + 6e = Br + 6OH E° = 0,61 V
BrO + H2O + 2e = Br + 2OH E° = 0,76 V

Données thermodynamiques

Dibrome liquide :

  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 152,21 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 75,7 J.K-1mol-1
  • Enthalpie molaire standard de fusion à la température de fusion : 10,5 kJ.mol-1
  • Enthalpie molaire standard d’ébullition à la température d’ébullition : 29,6 kJ.mol-1
Dibrome gazeux :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : 30,91 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : 3,1 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 245,350 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 36 J.K-1mol-1

Données industrielles

L’élément brome, Br, est un halogène, comme le chlore, le corps simple correspondant étant le dibrome, Br2. A l’état naturel, il se rencontre à l’état réduit sous forme d’ion bromure, Br.

État naturel

La teneur de l’écorce terrestre en élément brome est de 0,4 ppm. Celle de l’eau de mer est de 65 ppm.
Sous forme d’ions bromure, des concentrations nettement plus élevées sont présentes dans l’eau de la Mer Morte, avec 10 000 ppm ou dans des saumures souterraines, exploitées depuis 1957, à 2 400 m de profondeur, dans l’Arkansas, aux États-Unis, avec de 5 000 à 6 000 ppm.

Fabrication industrielle

Principe : les ions bromure, contenus dans les saumures sont oxydés en dibrome à l’aide de dichlore selon la réaction :

2 Br + Cl2 = 2 Cl + Br2

Exemple du traitement des eaux de la Mer Morte : la saumure est chauffée à 100°C, afin de réaliser la réaction en phase vapeur et l’introduction de vapeur d’eau permet de maintenir l’ébullition et d’entraîner le dibrome formé, en présence du dichlore résiduel et de vapeur d’eau dans un condenseur où par refroidissement, le dibrome à l’état liquide passe en solution aqueuse alors que le dichlore restant gazeux est recyclé. Dans un séparateur, il se forme deux couches de densités différentes, l’une, la plus dense, formée de dibrome, l’autre plus légère, constituée d’eau saturée en dibrome qui est recyclée. Le dibrome, liquide, renfermant comme impuretés du dichlore et de l’eau est distillé puis séché à l’aide d’acide sulfurique.

Le dibrome, en présence d’eau, étant corrosif, les matériaux utilisés lors de la fabrication du dibrome sont, en tantale, ou en acier recouvert de verre ou de polytétrafluoroéthylène (Teflon®).

Le dibrome est commercialisé sous forme liquide ou, principalement, à 70 %, transformé sur place en divers composés. Par exemple, les capacités de production de Jordan Bromine, à partir du dibrome produit, sont de :

  • 40 000 t/an de bromure de calcium, destiné aux forages pétroliers,
  • 25 500 t/an de tétrabromo bis-phénol-A (TBBP-A), retardateur de flamme,
  • 10 000 t/an de bromure de sodium destiné principalement à la photographie,
  • 2 500 t/an de bromure d’hydrogène.

Conditionnement : des précautions sont prises du fait de la densité élevée du dibrome, du risque toxique et du pouvoir corrosif en présence de traces d’eau. Les cuves sont en acier recouvert de plomb pour le dibrome sec ou en acier revêtu de verre en présence d’eau. Par ailleurs, afin d’éviter le balourd lors du transport, aux États-Unis, les citernes doivent être remplies à plus de 92 %.

Productions

Production de dibrome

En 2024, en tonnes de dibrome, sur un total mondial de 530 000 t. Source : USGS

en tonnes
Israël 140 000 t Japon 20 000 t
États-Unis (estimation) 130 000 t Ukraine 8 000 t
Jordanie 120 000 t Inde 7 000 t
Chine 100 000 t

Source : USGS

  • Aux États-Unis, la production étant réalisée, dans l’Arkansas, par seulement deux sociétés, les données de production sont confidentielles. La capacité de production est de 278 000 t/an.
  • Israël et la Jordanie exploitent les eaux de la Mer Morte.
  • En Chine, la production est réalisée dans la province de Shandong.
  • Le Japon exploite l’eau de mer.

Principaux producteurs : les 3 principaux producteurs possèdent 79 % des capacités mondiales de production.

en milliers de t/an de capacités de production
Israël Chemicals Ltd (Israël) 280 Arab Potash Company (Jordanie) 60
Albemarle Corporation (États-Unis, Jordanie) 208 Gulf Resources (Chine) 32
Lanxess (États-Unis) 130 Tosoh Corporation (Japon) 24

Sources : rapports des sociétés

  • Israël Chemicals Ltd (ICL), premier producteur mondial, exploite les eaux de la Mer Morte, à Sodom, en Israël. La capacité de production est de 280 000 t/an et, en 2024, la production a été de 190 000 t de dibrome utilisé à 77 % en interne pour produire 240 000 t de composés bromés. La production de composés bromés est réalisée en Israël, à Sodom et Naot Hovav, aux Pays Bas, à Terneuzen.
  • Albemarle Corporation, n°2 mondial, exploite des saumures souterraines à Magnolia et Satellite plants, dans l’Arkansas, aux États-Unis et les eaux de la Mer Morte, depuis 2002, au travers de Jordan Bromine, joint-venture 50/50 avec Arab Potash Company, à Safi, en Jordanie. Les capacités de production aux États-Unis sont de 148 000 t/an et en Jordanie de 60 000 t/an. En 2024, la production est de 65 000 t à Magnolia et 56 000 t à Safi.
  • Lanxess (Allemagne) a acquis, en avril 2017, Chemtura Corporation, n°3 mondial, qui exploite des saumures souterraines à El Dorado et Marysville, dans l’Arkansas, aux États-Unis, avec une capacité de production de 130 000 t/an.
  • Arab Potash Company, possède 50 % de Jordan Bromine, joint-venture 50/50 avec Albemarle Corporation, qui exploite les eaux de la Mer Morte, à Safi, en Jordanie. La capacité de production d’Arab Potash est de 60 000 t/an.
  • Gulf Resources était le principal producteur chinois avec une part d’environ 20 % du marché chinois. La société exploitait 4 000 puits d’extraction de saumure avec une capacité de production de 46 300 t/an qui a été réduite à 31 506 t/an en 2018. En 2017, la production avait été de 11 892 t. Depuis pour des raisons environnementales et suite aux dégâts provoqués par le typhon Winbiya, en août 2018, la production a été suspendue en 2018 et a repris au cours de l’année 2019 avec une diminution des capacités de production et une production, en 2022, de 7 821 t.
  • Tosoh Corporation est le seul producteur japonais, à Tokuyama, avec 24 000 t/an à partir d’eau de mer.

Réserves :
La Mer Morte renferme 1 milliard de t de dibrome.
Les réserves des États-Unis, dans l’Arkansas, sont de 11 millions de t.

Situation française

En 2024.

Dibrome :

  • Exportations : 144 t vers l’Espagne à 98 %.
  • Importations : 2 345 t à 85 % de Jordanie, 9 % d’Israël, 6 % de Belgique.

Bromure d’hydrogène :

  • Exportations : 5 637 t à 83 % vers l’Allemagne, 7 % la Belgique, 5 % la Suisse.
  • Importations : 2 098 t à 30 % de Jordanie.

Bromures de sodium ou de potassium :

  • Exportations : 1 303 t à 82 % vers l’Allemagne, 7 % les États-Unis, 6 % la Belgique, 4 % l’Espagne.
  • Importations : 539 t à 51 % d’Israël, 25 % d’Allemagne, 7 % des Pays Bas, 6 % d’Espagne.

Bromure de méthyle :

  • Exportations : nulles.
  • Importations : 33,4 t à 97 % des États-Unis.

Utilisations

Consommations : en 2020, 556 000 t.

Secteurs d’utilisation du dibrome

En 2017, dans le monde. Source : IHS Markit

Secteurs d’utilisation : en 2017, dans le monde.

Retardateurs de flammes 48 % Catalyseur 6 %
Extraction du pétrole et de gaz naturel 21 % Capture du mercure 5 %
Traitement de l’eau 7 % Pesticides 2 %

Source : IHS Markit

Retardateur de flammes : il existe plus de 70 compositions chimiques à base de brome utilisées comme retardateurs de flammes. Les principales sont :

  • le décabromodiphényléther (Deca-BDE),
  • l’hexabromocyclododécane (HBCDD),
  • le tétrabromobisphénol-A (TBBPA).

Les retardateurs de flammes bromés sont particulièrement employés dans des matières plastiques en électricité et électronique. Par exemple, les cartes de circuits imprimés sont généralement en résine époxyde bromée à l’aide de tétrabromobisphénol-A (TBBPA). Ils sont également employés dans des textiles, des plastiques destinés à la construction de bâtiments, des mousses d’isolation thermique… L’hexabromocyclododécane (HBCDD) employé principalement dans le polystyrène expansé est un perturbateur endocrinien qui, dans l’Union européenne, a vu son utilisation interdite depuis août 2015 avec des dérogations pour 5 ans.

Forages pétroliers et gaziers : des solutions denses de bromures de calcium, de sodium ou de zinc sont employées dans cette application. Par exemple, une solution aqueuse à 53 % de bromure de calcium possède une densité de 1,70.

Traitements de l’eau : employé comme désinfectant en remplacement du dichlore ou de l’eau de Javel, en particulier pour l’eau de piscines, principalement en Chine et aux États-Unis.

Pesticides : utilisé lors de la croissance des fruits, le stockage des grains et des produits frais. Le bromure de méthyle ou bromométhane, CH3Br, qui est la principale forme d’utilisation en fumigation est interdit par le Protocole de Montréal destiné à protéger la couche d’ozone. Toutefois des exceptions existent lorsque d’autres traitements ne sont pas efficaces. Par exemples, l’Agence Américaine de Protection de l’Environnement (EPA) a, en 2016, autorisé l’utilisation de 235 t de bromure de méthyle, soit 1 % du tonnage employé en 1991.

Capture du mercure : des bromures inorganiques, de calcium ou de sodium, sont employés, dans les centrales thermiques fonctionnant avec du charbon afin de fixer le mercure émis lors de la combustion du charbon. Ils sont mélangés avec le charbon ou introduits dans la chambre de combustion et lors de sa combustion, en présence de mercure, il se forme du bromure de mercure plus facile à capter dans les fumées que le chlorure de mercure formé habituellement. Ainsi, environ 90 % du mercure émis est capturé.

Catalyse : le bromure d’hydrogène, HBr, est employé comme catalyseur dans la production d’acide téréphtalique purifié destiné en particulier à la fabrication de polytéréphtalate d’éthylène (PET).

Bibliographie

Archives

Dibrome 2023

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Solvants chlorés

Données industrielles

Les solvants

Le principal solvant employé est l’eau qui est de plus en plus utilisée dans de nombreux secteurs industriels, par exemple celui des peintures ou en association avec des lessives et des tensioactifs dans le dégraissage des métaux, en remplacement d’autres solvants. La consommation mondiale de solvants, autres que l’eau, est, en 2012, au 2/3 de solvants oxygénés, à 25 % d’hydrocarbures et 5 % de solvants chlorés.

Parmi les solvants oxygénés, les alcools (éthanol, n-butanol, isopropanol, méthanol…) représentent 30 % de la consommation avec, en 2013, 6,5 millions de t. Les autres solvants oxygénés sont les esters (acétates d’éthyle, de butyle, d’isobutyle, de propyle, d’isopropyle…), les cétones (acétone, méthyléthylcétone, cyclohexanone…), les éthers de glycol (acétate de 1-méthoxy-2-propanol, 1-méthoxy-2-propanol…), les éthers (tétrahydrofurane, éther diéthylique …)…

Les solvants hydrocarbonés sont aliphatiques (white-spirit, essences de pétrole, naphtas, isopentane…) ou aromatiques (xylènes, coupes aromatiques, toluène, éthylbenzène…).

Productions : en 2020, la production mondiale de solvants, autres que l’eau, est de 28,5 millions de t.

Consommations : en 2012, sur un total de 28 millions de t :

en milliers de t
Chine 9 000 Autres pays asiatiques 4 000
Europe 6 000 Japon 2 000
États-Unis 4 600

Source : IHS

Dans l’Union européenne, en 2010, la consommation de solvants est de 5 millions de t dont, en 2008, celle de solvants hydrocarbonés est de 2,3 millions de t, celle de solvants oxygénés, de 1,6 million de t et celle de solvants chlorés, de 154 000 t.

Secteurs d’utilisation : dans le monde, en 2011.

Le principal est celui des peintures et revêtements avec 61 % des utilisations suivi par les encres d’imprimerie, avec 8 % puis les cosmétiques, les adhésifs, le dégraissage des métaux, les caoutchoucs et polymères, l’extraction pétrolière…

Les peintures utilisent à 50 % des hydrocarbures, les adhésifs des hydrocarbures ou des solvants oxygénés, le dégraissage principalement des solvants chlorés.

Quelques utilisations :

  • éthanol : en parfumerie,
  • isopropanol : pour le dégivrage et le nettoyage des pare-brises,
  • acétone, méthyl éthylcétone, méthyl isobutylcétone : dans la fabrication de matériaux composites en fibres de carbone, ils permettent à la résine époxyde d’enrober facilement les fibres de carbone,
  • acétate d’éthyle : dans les vernis à ongles et comme dissolvant,
  • éthers de glycol : composants de nettoyants professionnels de vitres, sols…,
  • esters de glycol : dans les peintures en spray,
  • hydrocarbures aliphatiques : pour la protection du bois de charpente,
  • hexanes : pour l’extraction de l’huile des graines de tournesol,
  • toluène : comme solvant d’encres d’imprimerie par rotogravure,
  • pentanes : comme agent d’expansion de mousses d’isolation d’appareils électroménagers.

Les solvants chlorés

Ils forment une famille de composés, ayant des propriétés voisines. A part le chlorure de méthyle qui est, à la température ambiante, gazeux, les autres sont liquides. A part le chlorure de méthyle, ils sont, dans les conditions normales d’utilisation, ininflammables. Ce sont des produits qui possèdent un excellent pouvoir solvant, qui dissolvent et sèchent rapidement et qui sont récupérables par distillation. Ils présentent l’inconvénient d’être parfois toxiques ou néfastes pour l’environnement ce qui limite souvent leur utilisation à des applications industrielles.

Dérivés du méthane : chlorométhanes.

Dérivés de l’éthylène :

Dérivé de l’éthane :

  • Trichloro-1,1,1 éthane (ou 1,1,1-trichloroéthane) dont l’utilisation comme solvant n’est plus autorisée depuis le 1er janvier 1996.

Quelques données physico-chimiques

 

 

Nom UICPA Formule chimique Température d’ébullition (°C)
Chlorure de méthyle Chlorométhane CH3Cl – 24
Chlorure de méthylène Dichlorométhane CH2Cl2 40,1
Chloroforme Trichlorométhane CHCl3 61
Tétrachlorure de carbone Tétrachlorométhane CCl4 76
Trichloréthylène 1,1,2-trichloroéthène ClHC=CCl2 86,7
Perchloréthylène Tétrachloroéthène Cl2C=CCl2 121,2
Trichloro-1,1,1 éthane 1,1,1-trichloroéthane H3C-CCl3 73,8

Parmi ces composés chlorés seulement les produits suivants sont, en 2020, utilisés comme solvants industriels :

  • Chlorure de méthylène.
  • Trichloréthylène.
  • Perchloréthylène.

Les autres ne sont plus utilisés comme solvants mais comme intermédiaires chimiques.

Fabrication industrielle

Ils sont produits par synthèse industrielle.
Par ailleurs, le chlorure de méthyle est produit naturellement par des algues marines et la décomposition du bois. Les quantités produites ainsi sont, dans le monde, considérables : de 3 à 8 millions de t/an.

Chlorométhanes

Ils peuvent être préparés directement par chloration du méthane, c’est le procédé le plus ancien qui représentait, en 2004, 15 % de la production, ou à partir du méthanol. Le tétrachlorure de carbone peut être aussi obtenu lors de la fabrication du perchloréthylène (voir ce produit).

Chloration directe du méthane : les réactions de chloration ont lieu vers 470-490°C sous 10 à 12 bar et donnent un mélange des 4 chlorométhanes et de chlorure d’hydrogène.

CH4 + Cl2 = CH3Cl + HCl
CH3Cl + Cl2 = CH2Cl2 + HCl
CH2Cl2 + Cl2 = CHCl3 + HCl
CHCl3 + Cl2 = CCl4 + HCl

Le chlorure d’hydrogène est éliminé par dissolution dans l’eau. Les différents chlorométhanes sont séparés par distillation. Ce procédé est utilisé, en France, par Inovyn à Tavaux (39), avec une capacité de production de chlorométhanes de 70 000 t/an. Par ailleurs Inovyn produit des chlorométhanes à Rosignano, en Italie avec une capacité de production de 30 000 t/an.

A partir du méthanol selon la réaction :

CH3OH + HCl = CH3Cl + H2O

La réaction a lieu, soit en phase liquide, entre 150 et 180°C, en autoclave sous 3 à 5 bar, dans CH3OH liquide, en présence de catalyseur (ZnCl2), soit en phase gazeuse sur de l’alumine activée. CH3Cl gazeux, en présence de HCl en excès, est neutralisé par NaOH, séché avec H2SO4 puis comprimé et liquéfié. HCl utilisé est récupéré, en général, lors de la chloration de CH3Cl, entre 400 et 500°C, pour l’obtention des autres chlorométhanes selon les réactions :

CH3Cl + Cl2 = CH2Cl2 + HCl
CH2Cl2 + Cl2 = CHCl3 + HCl
CHCl3 + Cl2 = CCl4 + HCl

Les divers chlorométhanes sont ensuite séparés par distillation.

Ce procédé, à partir du méthanol, présente l’avantage de consommer une partie du HCl produit et est utilisé par les unités les plus récentes. Arkema produit du chlorure de méthyle selon ce procédé à Jarrie (38), avec une capacité de production de 55 000 t/an ainsi que KemOne qui produit l’ensemble des chlorométhanes à Lavéra (13), avec une capacité de production de 130 000 t/an. Olin utilise également ce procédé dans son usine de Stade, en Allemagne.

Trichloréthylène

Plusieurs procédés sont utilisés.

  • A partir de l’acétylène (C2H2), par chloration et formation de tétrachloroéthane symétrique (CHCl2-CHCl2) qui est ensuite craqué catalytiquement sur charbon actif.

CHCl2-CHCl2 = C2HCl3 + HCl

  • A partir de l’éthylène (C2H4), par chlorations successives et formation de 1,2-dichloroéthane (CH2Cl-CH2Cl), puis de 1,1,2-trichloroéthane (CH2Cl-CHCl2) et de tétrachloroéthanes symétrique et asymétrique (CH2Cl-CCl3), ces derniers étant craqués vers 500°C, sous environ 0,6 bar dans des fours multitubulaires. Ce procédé était utilisé, en France, par Arkema à Saint-Auban (04) avec une capacité de production de 35 000 t/an. Cette production a été arrêtée en 2006.
  • Le trichloréthylène est également obtenu, directement à partir du 1,2-dichloroéthane, par chloration ou oxychloration. Dans ce cas, il y a formation simultanée de trichloréthylène et de perchloréthylène, les proportions dépendant des conditions opératoires.

2 ClH2C-CH2Cl + 5 Cl2 = ClHC=CCl2 + Cl2C=CCl2 + 7 HCl
2 ClH2C-CH2Cl + 3 HCl + 5/2 O2 = ClHC=CCl2 + Cl2C=CCl2 + 5 H2O

  • D’autres procédés hydrogènent le perchloréthylène ou craquent un mélange de tétrachloroéthanes et de pentachloroéthane (CHCl2-CCl3).

Perchloréthylène

Plusieurs procédés sont exploités.

  • La chloration ou l’oxychloration du 1,2-dichloroéthane peut donner préférentiellement le perchloréthylène :

ClH2C-CH2Cl + 3 Cl2 = Cl2C=CCl2 + 4 HCl
ClH2C-CH2Cl + 2 HCl + 3/2 O2 = Cl2C=CCl2 + 3 H2O

  • Le craquage d’un mélange de tétrachloroéthane et de pentachloroéthane, qui donne également du trichloréthylène.
  • La chloration de résidus chlorés (ou non) contenant de 1 à 3 atomes de carbone, ces résidus provenant de diverses fabrications : solvants chlorés, oxyde de propylène (époxypropane), chlorure de vinyle (chloroéthylène)…, donne simultanément le perchloréthylène, le tétrachlorure de carbone (séparés ensuite par distillation) et du chlorure d’hydrogène. La réaction est amorcée par combustion de propylène dans le dichlore et est maintenue vers 550°C. Ce procédé est utilisé par Inovyn à Tavaux (39).

Trichloro-1,1,1 éthane

Deux procédés à partir du 1,2-dichloroéthane (CH2Cl-CH2Cl).

  • Par pyrolyse et obtention du chlorure de vinyle (CH2=CHCl) puis par hydrochloration (par HCl) et obtention du 1,1-dichloroéthane (CH3-CHCl2), puis chloration.
  • Par chloration et obtention du 1,1,2-trichloroéthane (CH2Cl-CHCl2), qui décomposé par la chaleur ou traité par NaOH donne le 1,1-dichloroéthylène (ou chlorure de vinylidène, CH2=CCl2). Le 1,1-dichloroéthylène, en phase liquide, réagit avec du chlorure d’hydrogène gazeux, en absence d’eau et en présence de chlorure ferrique.

CH2=CCl2 + HCl = CCl3-CH3

En France, Arkema à Saint-Auban (04) utilise ce procédé avec une capacité de production de 50 000 t/an, les produits formés n’étant employés, depuis début 1996, que comme matières premières, principalement dans la fabrication des HCFC 141 et 142b. Le trichloro-1,1,1 éthane formé est expédié à l’usine de Pierre-Bénite (69) du groupe afin de synthétiser des gaz fluorés et du polyfluorure de vinylidène.

Stabilisation des produits commerciaux

Le trichloréthylène et le perchloréthylène sont susceptibles de se décomposer lors de leur utilisation.

Non stabilisés, en présence de dioxygène et de lumière, ils s’oxydent (oxydation photochimique) en donnant, en particulier, du phosgène (COCl2) et du chlorure d’hydrogène. La stabilisation est assurée par des amines (triéthylamine…) associées ou non à des antioxydants (phénols substitués…).

Productions

Chlorométhanes : en 2014.

en milliers de t
Nombre d’usines Capacité annuelle de production Production
Chine 16 2 150 1 450
Europe 6 660 500
États-Unis 3 420 380
Inde 4 210 195
Japon 3 185 140
Russie 3 80 60
Corée du Sud 1 80 60
Total 35 3 785 2 785

Sources : Nolan Sherry & Associate et EMPA, SPARC Workshop, octobre 2015

Productions par produit : voir les produits correspondants : chlorure de méthyle, chlorure de méthylène, chloroforme, tétrachlorure de carbone, trichloréthylène, perchloréthylène, trichloro-1,1,1 éthane.

Principaux producteurs :

En Chine :

  • Juhua Group Corporation, possède, en Chine, une capacité de production de 460 000 t/an de chlorométhanes dont 80 000 t/an pour le chlorure de méthyle et 80 000 t/an de perchloréthylène.

Dans l’Union européenne :

  • Olin qui a repris, en 2015, les activités de Dow Chemical a sa production regroupée en Allemagne, à Stade, avec 90 000 t/an de chlorure de méthylène et de chloroforme et 100 000 t/an de perchloréthylène.
  • Inovyn, joint venture 50/50 formée en juillet 2015 entre Ineos et Solvay, est devenue, en juillet 2016, propriété totale de Ineos. Produit des chlorométhanes et du perchloréthylène à Tavaux, en France, avec 70 000 t/an et Rosignano, en Italie, avec 30 000 t/an.
  • Nouryon, issu de AkzoNobel  produit des chlorométhanes à Francfort, en Allemagne, avec 150 000 t/an. A annoncé pour 2020 une augmentation de sa capacité de production de plus de 30 %.
  • KemOne produit des chlorométhanes à Lavéra (13), avec 130 000 t/an.
  • Arkema produit du chlorure de méthyle à Jarrie (38), avec 55 000 t/an et du trichloro-1,1,1 éthane à Saint-Auban (04), avec 50 000 t/an.
  • Chimcomplex produit des chlorométhanes et du trichloréthylène à Onesti, en Roumanie.
  • Spolchemie, produit du perchloréthylène en République tchèque.

Aux États-Unis :
La production de chlorure de méthyle est assurée principalement par les producteurs de silicones :

  • Dow à Carrollton, dans le Kentucky et Midland, dans le Michigan,
  • Momentive, à Waterford, dans l’État de New-York.

La production de l’ensemble des solvants chlorés est réalisée par :

En Inde :

  • GFL Limited, à Dahej, en Inde, dans l’état du Gujarat, a produit, en 2016-17, 64 760 t de chlorométhanes avec une capacité de production de 108 500 t/an.
  • Gujarat Alkalies and Chemicals, à Vodadara, en Inde, dans l’état du Gujarat, a produit, en 2018-19, 51 325 t de chlorométhanes.

Au Japon :

Situation française

Productions :

  • Chlorures de méthyle et d’éthyle : 28 764 t, en 2017.
  • Chlorure de méthylène : 51 441 t, en 2021.
  • Chloroforme : 39 999 t, en 2021.

Les productions des autres produits sont confidentielles.

Producteurs :

  • Inovyn à Tavaux (39), avec une production de chlorure de méthylène, chloroforme et perchloréthylène et 70 000 t/an.
  • Arkema produit du chlorure de méthyle à Jarrie (38), avec 55 000 t/an et du trichloro-1,1,1 éthane à Saint-Auban (04), avec 50 000 t/an.
  • KemOne produit l’ensemble des chlorométhanes à Lavéra (13), avec une capacité de production de 130 000 t/an.

Commerce extérieur : voir pour les différents produits : chlorure de méthyle, chlorure de méthylène, chloroforme, tétrachlorure de carbone, trichloréthylène, perchloréthylène, trichloro-1,1,1 éthane.

Utilisations

Consommation de solvants chlorés : au cours des dernières décennies, les consommations de solvants chlorés ont fortement diminué.

Consommations par produits : voir les produits correspondants : chlorure de méthyle, chlorure de méthylène, chloroforme, tétrachlorure de carbone, trichloréthylène, perchloréthylène, trichloro-1,1,1 éthane.

Secteurs d’utilisation par produit : voir les produits correspondants : chlorure de méthyle, chlorure de méthylène, chloroforme, tétrachlorure de carbone, trichloréthylène, perchloréthylène, trichloro-1,1,1 éthane.

Évolution des utilisations :

En 30 ans (1974-2004), la consommation européenne de solvants chlorés est passée de 920 000 à 220 000 t/an.

La consommation de trichloréthylène comme solvant était, dans l’Union européenne de 184 000 t en 1984. Cette utilisation représentait 75 % de la consommation. En 2006, elle a chuté à 25 000 t et, en 2010, à 10 000 t.

Dégraissage des métaux :

L’interdiction du trichloro-1,1,1 éthane s’est traduite par le développement d’autres moyens de dégraissage à l’aide de lessives en milieu aqueux ou d’hydrocarbures (par exemple du type White-spirit). Le trichloro-1,1,1 éthane avait, en partie, remplacé le trichloréthylène, toxique (en 2002, il était passé de la catégorie 3 des substances cancérogènes à la catégorie 2 « peut causer le cancer » avec une phrase de risque R45 et en 2012, à la catégorie 1B « substance que l’on sait être cancérogène pour l’homme »).
L’interdiction du trichloro-1,1,1 éthane se traduit, dans le cas de dégraissages méticuleux de pièces pour lesquelles les produits lessiviels ne conviennent pas, par le retour à l’emploi du trichloréthylène. Au Japon, le trichloro-1,1,1 éthane est remplacé par le chlorure de méthylène.
L’utilisation de machines de dégraissage fermées permet de diminuer, dans ce secteur, la consommation de trichloréthylène et les rejets dans l’atmosphère. Les consommations sont ainsi passées de 1 à 2 kg/h à moins de 100 g/h.
Le trichloréthylène est, dans l’Union européenne, interdit à la vente aux particuliers et est réservé à un emploi industriel.

Nettoyage à sec : voir le produit perchloréthylène.

Recyclage et élimination

Les solvants chlorés peuvent absorber couramment 30 % et jusqu’à 50 % de leur masse en impuretés. Jusqu’à 40 % en masse d’impuretés, la régénération est possible, au-delà, la destruction, par incinération, est pratiquée.

Régénération et recyclage : la régénération revient moins cher que l’incinération. Elle est effectuée par distillation, évaporation sous vide ou par entraînement à la vapeur. Environ 70 % du solvant est recyclé.
Par ailleurs, le recyclage des solvants utilisés comme intermédiaires de fabrication de produits chimiques, est effectué de façon interne par les sociétés chimiques (par exemple, Inovyn recycle des résidus chlorés pour fabriquer du perchloréthylène et du tétrachlorure de carbone, voir plus haut).
En France, les principales sociétés de régénération de solvants chlorés ou non sont regroupées au sein du Syres :

  • Chimirec avec la société PPM SA à Roche-Clermault (37) avec 2 300 t/an de capacité de régénération.
  • SARPI (groupe Veolia) avec la Société Picardie Régénération (SPR) à Chauny (02) avec 45 000 t/an de régénération dont 5 000 t/an de solvants chlorés.
  • Séché Environnement, qui traite 1/3 du marché français avec une capacité de régénération de 50 000 t/an avec la société Speichim Processing qui exploite les sites de Saint Vulbas (01), Mourenx (64) et Beaufort (39).
  • Brabant à Tressin (59) : 10 000 t/an.
  • Suez, à Beautor (02), avec 20 000 t/an.

Incinération : elle est réalisée, souvent à haute température, dans des fours dédiés ou dans des fours de cimenteries. L’incinération produit HCl qui est récupéré.

Les solvants chlorés sont traités dans des unités qui incinèrent également d’autres résidus chlorés ou non. Au total, l’incinération concerne, en France, 2 millions de t/an de déchets. Une partie de ces déchets (250 000 t/an) sont incinérés dans des cimenteries.

  • En France, la société Séché Environnement est le n°1 dans ce secteur (370 000 t/an) avec des installations à :
    • Saint Vulbas (01) : pour les déchets fortement halogénés et les PCB (pyralène), 20 000 t/an,
    • Salaise (38) : pour les déchets fortement chlorés, 40 000 t/an et non chlorés, 40 000 t/an,
    • Strasbourg (67) : pour les déchets non chlorés, 40 000 t/an et les huiles solubles, 8 000 t/an,
    • Mitry-Mory (77) : pour les déchets chlorés, 25 000 t/an,
    • Beaufort (39) : 20 000 t/an,
    • Rouen (76).
  • SARPI (groupe Veolia) est également un intervenant important en France, à :
    • Limay (78), 70 000 t/an de capacité,
    • Malancourt-la-Montagne (57), 40 000 t/an,
    • Bassens (33), 20 000 t/an,
    • Chasse-sur-Rhône (38),
    • Le Mans (72),
    • Fos-sur-Mer (13),
    • Rognac (13),
    • Courrières (62).
  • Suez incinère des déchets chlorés à Pont de Claix (38).
  • Les producteurs de produits chlorés tels que Arkema, Kem One et Inovyn possèdent leurs propres unités d’incinération. La capacité annuelle d’incinération d’Arkema qui produit 19 000 t/an de déchets chlorés contenant 84 % de chlore, est de 40 000 t à St Auban.

Toxicité et protection de l’environnement

Voir pour chaque produit : chlorure de méthyle, chlorure de méthylène, chloroforme, tétrachlorure de carbone, trichloréthylène, perchloréthylène, trichloro-1,1,1 éthane.

Bibliographie

Archives

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Solvants chlorés 2015

Solvants chlorés 2012

Solvants chlorés 2005

Solvants chlorés 1996