Plâtre

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Minéral Structure cristalline
CaSO4,½H2O 145,15 g.mol-1 bassanite monoclinique, de paramètres a = 0,481 nm, b = 0,693 nm, c = 1,267 nm et angle bêta = 90,27°

Données physiques

Masse volumique Déshydratation Solubilité dans l’eau
2,63 g.cm-3 se transforme en anhydrite à 163°C à 20°C : 0,88 g/100 g d’eau

Données thermodynamiques

Hémihydrate cristallisé (bassanite) :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : -1 575,2 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : -1 436,4 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 134,4 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 124,3 J.K-1mol-1

Données industrielles

Matières premières

Gypse naturel, synthétique ou recyclé, voir les chapitres sulfate de calcium et gypse.

Fabrication industrielle

Quelle que soit l’origine du gypse, naturel, synthétique ou recyclé, une déshydratation partielle, par chauffage, donne de l’hémihydrate de calcium selon la réaction suivante, à 150°C :

CaSO4,2H2O = CaSO4,1/2H2O + 3/2 H2O

Un chauffage à plus haute température, 290°C, donne de l’anhydrite CaSO4, sulfate complètement déshydraté, appelé « surcuit » par la profession. Un chauffage à plus de 700°C, donne une anhydrite très peu réactive à l’eau, appelée « plâtre cuit à mort ».

Procédés utilisées : 2 types.

  • Le procédé par voie sèche, qui est de très loin le plus utilisé, est réalisé à la pression atmosphérique. Il donne, vers 140-170°C, de l’hémihydrate bêta et par chauffage vers 400-600°C, de l’anhydrite (CaSO4). Le chauffage est effectué, en général, dans des fours rotatifs, de 1 à 2,5 m de diamètre et 10 à 30 m de longueur. Les fours sont munis intérieurement de pales permettant le brassage de la charge. Ils fonctionnent à température constante et donnent soit de l’hémihydrate soit de l’anhydrite en fonction de la température de chauffage choisie, le mélange éventuel étant effectué par la suite. Les capacités de production varient de 5 à 30 t à l’heure.
  • Le procédé par voie humide s’effectue sous pression saturante de vapeur d’eau, dans des autoclaves, sous 2 à 7 bar, pendant quelques heures. Il donne de l’hémihydrate alpha utilisé pour des plâtres spéciaux et pour les moulages dentaires. La résistance mécanique de l’hémihydrate alpha est nettement plus importante que celle de l’hémihydrate bêta mais les coûts de production sont beaucoup plus élevés. En conséquence, la production annuelle est faible, de l’ordre de quelques dizaines de milliers de t/an, en France, par comparaison à celle du plâtre obtenu par voir sèche (quelques millions de t/an).

La prise du plâtre

Lors d’un ajout d’eau, l’hémihydrate et l’anhydrite se dissolvent, puis CaSO4,2 H2O précipite : c’est la prise du plâtre.

CaSO4,1/2H2O + 3/2 H2O = CaSO4,2H2O

Le plâtre fait prise du fait de la différence de solubilité entre l’hémihydrate et de dihydrate (le gypse). La solubilité de l’hémihydrate est, à 20°C, de 9 g.L-1, alors que celle du gypse est de 2 g.L-1. En conséquence, en présence d’eau, l’hémihydrate passe en solution, le dihydrate se forme en fixant une partie de l’eau de la solution, la solution devient sursaturée en sulfate qui précipite. Il se reforme ainsi du gypse matière première du plâtre. En 30 minutes environ, 95 % de l’hémihydrate se transforme en dihydrate et il faut moins de 2 heures pour que la réaction soit totale.
La quantité théorique d’eau est de 36 g d’eau pour 145 g d’hémihydrate mais dans la pratique, afin d’avoir une pâte facilement moulable, la quantité ajoutée est de 4 à 5 fois plus importante.
Afin de moduler la vitesse de prise divers ajouts peuvent être effectués.

  • Des accélérateurs, particulièrement utilisés dans l’élaboration de produits préfabriqués, permettent de diminuer le temps de prise. Le gypse finement broyé (provenant par exemple du recyclage de chutes de fabrication) permet d’apporter de nombreux germes de cristallisation. L’ajout d’ions sulfate permet également d’accélérer la prise.
  • Les principaux retardateurs de prise sont des phosphates alcalins, des acides organiques et leurs sels (par exemple l’acide citrique et les citrates).

Productions

En 2018, la production mondiale est d’environ 100 millions de t, dont, en 2021, 19 millions de t aux États-Unis.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs, sur un total mondial de 5,745 millions de t, en 2022 :

en milliers de t
Turquie 990 Iran 233
Allemagne 776 Espagne 220
Thaïlande 449 Belgique 205
Tunisie 341 Oman 114
France 285 États-Unis 113

Source : ITC

Les exportation turques sont destinées principalement à 46 % au Nigeria, 9 % aux États-Unis, 8 % à l’Irak.

Principaux pays importateurs :

en milliers de t
Nigeria 619 Portugal 389
Royaume Uni 477 Canada 376
Inde 443 Ghana 314
Corée du Sud 424 Norvège 288
Belgique 409 Pays Bas 261

Source : ITC

Les importations du Nigeria proviennent principalement, à 53 % de Turquie, 39 % d’Égypte.

Produits en plâtre

Poudre : le plâtre utilisé en construction, appelé plâtre de Paris, est un mélange. Il est principalement constitué d’hémihydrate bêta (CaSO4,½H2O, de 60 à 80 %) et d’anhydrite (CaSO4), les autres composés présents provenant d’impuretés contenues initialement dans le gypse. Il est obtenu par le procédé par voie sèche. Les propriétés du plâtre (donc ses utilisations) dépendent, en grande partie, de sa composition en hémihydrate et en anhydrite. Exemple de composition de plâtre destiné à la réalisation d’enduits :

CaSO4,½H2O CaSO4 CaCO3 MgCO3 Argile et silice Adjuvants
72 % 18 % 7 % 1 % 2 % < 1 %

Le plâtre utilisé pour élaborer des produits préfabriqués (carreaux, plaques…) est généralement de l’hémihydrate bêta.

Carreaux : ils ont généralement une épaisseur comprise entre 4 et 10 cm pour des dimensions de 66 x 50 cm. Le plâtre est versé sur l’eau et après un gâchage de quelques dizaines de secondes, le plâtre est coulé dans des moules verticaux en acier, à fond mobile. Le démoulage a lieu après 7 à 10 minutes par montée du fond qui ainsi extrude le carreau en lui donnant une finition de surface particulièrement lisse. Un séchage est réalisé, à l’air chaud, dans des séchoirs tunnels pendant 20 à 35 heures. Le coût du séchage représente environ 25 % du prix de revient du produit fini.

Plaques : elles ont généralement une épaisseur comprise entre 9,5 et 15 mm pour des dimensions de 1,2 x 2,5 m. La production se déroule en continu sur un tapis à une vitesse comprise entre 60 et 160 m/min. Après mélange (avec un rapport massique eau/plâtre de 80 à 90 %, un ajout d’amidon pour assurer l’adhérence avec le carton et un accélérateur de prise, en général du gypse finement broyé) et gâchage, le plâtre est coulé entre 2 feuilles continues de carton recyclé, l’ensemble étant ensuite laminé à l’épaisseur souhaitée par deux cylindres puis coupé en bout de chaîne, la prise étant terminée. Les plaques sont enfin séchées pendant environ 45 minutes. La longueur d’une chaîne de fabrication est de 350 à 500 m avec des consommations qui peuvent atteindre 200 000 t/an de gypse et 10 000 t/an de carton pour des capacités annuelles de production de 20 millions de m2 de plaques. En 2020, la capacité moyenne de production d’une usine est de 32 millions de m2/an.
Les plaques ont été inventées, en 1894, aux États-Unis, par Augustine Sackett, où elles sont appelées « plasterboard » ou « wallboard ». Au Québec, elles sont appelées « cloisons sèches ».
Les coûts de productions sont répartis, par exemple pour Siniat, entre le papier, 25 %, l’énergie, 25 % et le gypse, 10 %.

Productions de plaques : en 2021, en capacités de production, avec un total mondial de 14,305 milliards de m2/an.

en millions de m2/an de capacités de production
États-Unis 3 632 Royaume Uni 405
Chine 3 205 Canada 394
Japon 775 France 368
Russie 483 Allemagne 348
Corée du Sud 413 Australie 248

Source : Global Gypsum magazine, juillet 2021

En 2021, dans le monde, il y a 435 usines, dont 85 en Chine, 63 aux États-Unis, 20 au Japon, 16 en Russie.

Producteurs de plaques : répartition des capacités de production, en 2021

Knauf (Allemagne) 23,0 % Georgia Pacific (États-Unis) 4,7 %
BNBM (Chine) 19,8 % Yoshino Gypsum (Japon) 4,4 %
Saint Gobain (France) 18,8 % American Gypsum (États-Unis) 2,1 %
National Gypsum (États-Unis) 5,5 % KCC (Corée du Sud) 1,8 %
Etex (Belgique) 5,0 % Chiyoda Ute (Japon) 1,4 %

Source : Global Gypsum Magazine, juillet 2021

  • Knauf (Allemagne) : 95 usines dans le monde, avec, en 2021, une capacité de production de 3,294 milliards de m2/an, après l’acquisition, en avril 2019, de US Gypsum, aux États-Unis avec 15 usines de production de plaques aux États-Unis, 3 au Mexique et 2 au Canada. C’est le principal producteurs aux États-Unis avec 24,5 % des capacités de production, devant National Gypsum qui détient 23 % des capacités, Georgia Pacific 16 %, Saint-Gobain 13 %, Eagle Materials 10 %, Continental 10 % et PABCO 4 %. En 2018, les carrières en exploitation du groupe fournissaient 53 % de la consommation des usines de plâtre, le désulfogypse acheté aux centrales thermiques, 39 % et le gypse naturel acheté 8 %. Par ailleurs US Gypsum, était partie prenant dans une joint venture, USG Boral, 50/50 avec le groupe australien Boral, avec 23 lignes de fabrication de plaques, en Asie et Océanie, avec une part de capacité de production de 359 millions de m2/an. En 2021, Knauk a acquis la totalité de USG Boral.
  • Le groupe chinois BNBM (Beijing New Building Material) possède une capacité de production de 2,832 milliards de m2/an, soit 88 % des capacités totales du pays avec 71 usines de production.
  • Saint Gobain (France) : la production est assurée en France par la filiale Placoplâtre (voir plus loin pour les usines françaises). En Amérique du Nord, la production est assurée par la filiale CertainTeed Gypsum et dans le monde par diverses autres filiales : Gyproc, Rigips, British Gypsum… En 2020, a acquis, aux États-Unis, la société Continental Building Products, qui avait regroupé les activités de Plâtre Lafarge, en Amérique du Nord. En 2021, la capacité de production est de 2,692 milliards de m2/an dans 71 usines.
  • National Gypsum (États-Unis) : 18 usines de production aux États-Unis, avec une capacité de production de 793 millions de m2/an.
  • Siniat, filiale du groupe belge Etex, a acheté, fin 2011, les activités du groupe Lafarge dans le gypse et le plâtre, en Europe et Amérique Latine (voir plus loin pour les usines françaises). Les capacités de production sont de 721 millions de m2/an dans 25 usines.
  • Georgia Pacific (États-Unis) : 16 usines de production, avec une capacité de production de 677 millions de m2/an.
  • Yoshino Gypsum Co (Japon), avec 16 usines au Japon et une capacité annuelle de production de 631 millions de m2 de plaques, détient 81 % du marché japonais.
  • Par ailleurs les activités de Plâtres Lafarge dans d’autres régions ont évolué de la façon suivante :
    • Les activités de Plâtres Lafarge en Asie, c’est-à-dire 50 % de la joint venture avec le groupe australien Boral, ont été reprises par ce dernier, fin 2011.
    • Les activés de Plâtres Lafarge en Australie ont été, fin 2011, vendues au groupe Knauf.
    • Les activités de Plâtre Lafarge, en Amérique du Nord, ont été vendues mi-2013, pour former le groupe Continental Building Products, avec en particulier, aux États-Unis, 3 usines de fabrication de plaques de plâtre, à Silver Grove dans le Kentucky, Palatka en Floride et Buchanan dans l’État de New-York. La production est réalisée exclusivement à l’aide de gypse de désulfuration, avec, en 2017, une capacité de production de 307 millions de m2/an et une production de 248 millions de m2. En 2020, cette activité a été acquise par Saint-Gobain.
      Lafarge poursuit son activité dans le gypse et le plâtre en Algérie, Maroc et Turquie.

Propriétés du plâtre

Lors du séchage du plâtre, naturel ou en usine, le départ de l’eau s’accompagne de l’apparition d’une porosité qui confère au plâtre des qualités d’isolation thermique et phonique. Par ailleurs, la présence de cette porosité permet de réguler l’hygrométrie des locaux.
C’est un matériau résistant au feu. Il est classé A1, c’est-à-dire incombustible. D’autre part, du fait de sa porosité, il est mauvais conducteur de la chaleur et surtout, lors d’un incendie, il libère de l’eau (l’eau de constitution du gypse), en se déshydratant par une réaction de plus endothermique (qui absorbe de la chaleur). Par kilogramme de plâtre, la consommation d’énergie est de 711 kJ pour déshydrater et 544 kJ pour vaporiser l’eau libérée. Tant qu’il reste de l’eau à vaporiser, la température du matériau reste constante à 100°C. Enfin, les transformations subies ne génèrent aucun gaz toxique ni combustible.

Situation française

Production

Gypse et anhydrite, en 2021 : 3,371 millions de t dont 614 000 t utilisées, en 2016, dans les cimenteries.

Carte des usines de production de plâtre et d’anhydrite : document du Syndicat National des Industries du plâtre.

Commerce extérieur

Exportations, en 2024 :

  • Plaques : 69 799 t (6,632 millions de m2) vers l’Espagne à 31 %, le Royaume Uni à 26 %, la Belgique à 18 %, l’Italie à 7 %, la Nouvelle Calédonie à 4 %.
  • Carreaux : 15 067 t (911 534 m2) vers la Belgique à 57 %, l’Australie à 6 %, le Brésil à 5 %, l’Espagne à 5 %.
  • Plâtre de construction : 314 491 t vers la Belgique à 64 %, l’Espagne à 9 %, les Pays Bas à 9 %, le Portugal à 8 %.

Importations, en 2024 :

  • Plaques : 325 021 t (51,904 millions de m2) d’Espagne à 39 %, de Belgique à 39 %, d’Italie à 11 %, d’Allemagne à 7 %.
  • Carreaux : 66 198 t (9,930 millions de m2) d’Espagne à 71 %, d’Allemagne à 11 %, d’Italie à 5 %.
  • Plâtre de construction : 62 720 t d’Espagne à 50 %, d’Allemagne à 35 %, de Belgique à 6 %.

Producteurs

3 groupes assurent l’essentiel de la production.

  • Siniat, filiale du groupe belge Etex, avec des usines de plaques à Auneuil (60) : 38 millions de m2/an, Carpentras (84), Saint Loubès (33) avec 35 millions de m2/an, Ottmarsheim (68), des usines de plâtre en poudre au Pin (77), Mazan (84), Carresse (64) et des produits en plâtre à Mériel (95) avec 150 000 t/an.
  • Placoplâtre, filiale de Saint-Gobain, avec des usines de plaques à Vaujours (93) avec 72 millions de m2/an, Chambéry (73) avec 40 000 m2/an et Cognac (16) avec 33 millions de m2/an, des usines de carreaux et de poudre à Cormeilles (95) et Vaujours (93).
  • Plâtres Knauf, filiale française du groupe Knauf avec une usine de plaques de plâtre à Saint-Soupplets (77), avec une production de 45 millions de m2/an de plaques et une consommation de gypse de 450 000 t/an.

Utilisations

Consommations de plaques : 2,6 milliards de m2 de plaques, en 2021, aux États-Unis, 1,6 milliard de m2/an de plaques, en Europe, plus de 300 millions de m2/an de plaques, en France.

Autres utilisations :

Une autre utilisation importante est la fabrication de moules dans l’industrie céramique par exemple pour élaborer des pièces en série : faïences, porcelaines, grès, céramiques sanitaires…

Des mortiers à base de plâtre (sous forme d’anhydrite) et de sable sont utilisés pour réaliser des sols intérieurs de locaux.

Le stuc est un plâtre additionné d’ajouts chimiques et de poudre de pierre, il est destiné à imiter le marbre. Le staff est un plâtre armé de fibres végétales, de fibres de verre ou d’autres matériaux, il est utilisé pour confectionner des plaques pour plafond, des rosaces, des corniches… et est concurrencé par le polyuréthane.

Bibliographie

Archives

Plâtre 2023

Plâtre 2022

Plâtre 2019

Plâtre 2015

Plâtre 2012

Plâtre 2008

Plâtre 1996

 

Gypse

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Structure cristalline
CaSO4, 2 H2O 172,17 g.mol-1 monoclinique, de paramètres a = 0,568 nm, b = 1,520 nm, c = 0,652 nm et angle bêta = 118,43°

Données physiques

Masse volumique Dureté Déshydratation Solubilité dans l’eau
2,32 g.cm-3 2 Se transforme en hémihydrate à 128°C et en anhydrite à 163°C
  • à 20°C : 0,204 g/100 g d’eau
  • à 100°C : 0,222 g/100 g d’eau

Données thermodynamiques

Gypse cristallisé :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : -2 023,4 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : -1 798,1 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 194,2 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 186,1 J.K-1mol-1

Données industrielles

État naturel

Le sulfate de calcium se présente sous forme de gypse : CaSO4, 2 H2O ou d’anhydrite : CaSO4, dans des roches sédimentaires. Ce sont les gisements de gypse qui sont principalement exploités. Ils sont nombreux dans le monde, particulièrement en Chine, en Amérique du Nord et en Europe.

Quelques gypses naturels particuliers : le gypse qui se présente généralement sous forme de roches, peut aussi se rencontrer dans la nature sous forme de roses des sables. Il forme également l’albâtre qui lorsqu’il est pur est translucide et utilisé traditionnellement comme vitrage au Yémen. Impur, l’albâtre est veiné.

Exploitations industrielles

Les exploitations, qu’elles soient souterraines ou à ciel ouvert, sont, en France, d’après le code minier et la propriété du sous-sol, dénommées carrières. Les exploitations souterraines sont exploitées de façon classique selon la méthode des chambres et piliers avec un taux de récupération d’environ 35 %. Les exploitations sont à ciel ouvert lorsque le gisement n’est pas à une trop grande profondeur. Après extraction, les roches sont concassées en blocs primaires de moins de 200 mm puis subissent un concassage secondaire jusqu’à moins de 50 mm de diamètre. La teneur en gypse des roches extraites est supérieure à 75 %. Le gypse exploité en France qui a une pureté supérieure à 90 % (souvent 98 %) ne nécessite pas de traitement de purification. Exemple de composition de gypse extrait en France :

CaSO4, 2 H2O CaCO3 MgCO3 Argile et silice
91,5 % 6 % 1 % 1,5 %

Aux États Unis, en 2024, la production minière est assurée par 47 sociétés qui exploitent 45 carrières principalement dans la Californie, l’Iowa, le Kansas, le Nevada, l’Oklahoma, le Texas…

En Europe, en 2020, 154 carrières sont en exploitation, dont 26 en Espagne.

Productions

Production de gypse naturel

En 2024, en millions de t, sur un total mondial de 160 millions de t. Source : USGS

en millions de t
États-Unis 22 Turquie 10 Inde 4,3
Iran 16 Thaïlande 9,8 Russie 4,1
Oman 14 Mexique 5,4 Arabie Saoudite 3,8
Chine 12 Allemagne 4,9 Brésil 3,6
Espagne 11 Japon 4,3 Algérie 2,5
Source : USGS

La production de Union européenne, en 2023, est de 24,924 millions de t dont 14,463 millions de t en Espagne, 2,475 millions de t en Allemagne, 2,408 millions de t en France, 1,510 million de t, en 2021, en Pologne, 897 176 t en Roumanie, 418 061 t en Italie, 310 379 t en Autriche, 267 527 t, en République tchèque, 254 913 t au Portugal, en 2022, 241 436 t en Croatie, 32 846 t, en 2021, en Suède.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs de gypse et d’anhydrite, sur un total, en 2021, de 38,043 millions de t de gypse et anhydrite :

en milliers de t
Espagne 9 324 Australie 1 120
Thaïlande 5 373 Allemagne 736
Mexique 2 275 Chypre 599
Canada 2 120 Bhoutan 538
Maroc 1 537 Corée du Sud 409
Source : ITC
Les exportations espagnoles sont destinées principalement à 33 % aux États-Unis, 16 % au Royaume Uni, 11 % au Nigeria, 6 % au Canada.
Principaux pays importateurs de gypse et d’anhydrite :
en milliers de t
États-Unis 7 788 Canada 899
Inde 6 604 Vietnam 832
Japon 2 162 Philippines 816
Indonésie 1 976 Belgique 705
Royaume Uni 1 153 Corée du Sud 646
Source : ITC

Les importations des États-Unis proviennent à 41 % d’Espagne, 28 % du Mexique, 27 % du Canada, 4 % de Turquie.

Réserves :

Les réserves mondiales sont considérables, probablement de plus du million de millions de tonnes, avec en particulier 910 millions de t en Thaïlande, 800 millions de t en Chine, 760 millions de t au Pakistan, 750 millions de t en Iran, 700 millions de t aux États-Unis, 450 millions de t au Canada, 450 millions de t au Brésil, 300 millions de t en France, 200 millions de t en Turquie.

Principaux producteurs :

  • Le groupe chinois BNBM (Beijing New Building Material) est le principal producteur mondial.
  • Knauf, exploitait, dans le monde 70 carrières avec une production annuelle de 5 millions de t de gypse et, en avril 2019, a acquis US Gypsum Corp (USG) qui exploite 9 carrières aux États-Unis et 3 au Mexique. Les carrières en exploitation de UGS fournissent 53 % de la consommation des usines de plâtre, le désulfogypse acheté aux centrales thermiques, 39 % et le gypse naturel acheté 8 %. Par ailleurs, est partie prenant dans une joint venture, USG Boral, 50/50 avec le groupe australien Boral, avec 3 carrières en exploitation, à Oman, en Australie et en Thaïlande. En 2021, Knauf a pris le contrôle total de USG Boral.
  • Saint-Gobain et ses filiales exploitent 75 carrières, dont 7 carrières en France (voir plus loin) et avec sa filiale Certain Teed Corp. 4 carrières aux États-Unis et 2 au Canada.
  • National Gypsum Co. (NGC) avec 7 carrières aux États Unis et une au Canada, qui est la plus importante exploitation mondiale, à Milford Station au nord d’Halifax, en Nouvelle Écosse.
  • Georgia Pacific Corp. (GPC), filiale du groupe Koch Industries, avec 3 carrières exploitées aux États Unis.
  • Siniat, filiale du groupe belge Etex, a acheté, fin 2011, les activités du groupe Lafarge dans le gypse et le plâtre, en Europe et Amérique Latine, en janvier 2016 celles d’Afrique du Sud et en 2021, celle de USG Boral Australia.
  • Par ailleurs, les activités de Plâtres Lafarge en Asie, c’est-à-dire 50 % de la joint venture avec le groupe australien Boral, ont été reprises par ce dernier, fin 2011.
    Les activés de Plâtres Lafarge en Australie ont été, fin 2011, vendues au groupe Knauf.
    Les activités de Plâtre Lafarge en Amérique du Nord, où la production de plaques de plâtre est réalisée exclusivement à l’aide de gypse de désulfuration, ont été vendues mi-2013 pour former Continental Building Products, repris, en 2020, par Saint-Gobain.
    Holcim poursuit l’activité de Lafarge dans le gypse et le plâtre en Algérie et au Maroc, en association avec Saint-Gobain dans ce dernier pays.

Le gypse synthétique sous-produit de traitements chimiques

La production mondiale de gypse synthétique est supérieure à celle du gypse naturel. Toutefois, plus de la moitié du gypse synthétique est du phosphogypse qui présente des inconvénients pour une utilisation en construction. Aux États Unis, en 2021, le gypse synthétique provenant à 85 % de la désulfuration des gaz de combustion des centrales thermiques au charbon (FGD : Flue Gas Desulfurization) représente 30 % de la consommation totale de gypse.

Diverses industries donnent comme sous-produit du gypse et en particulier l’industrie des engrais phosphatés donne du phosphogypse. Ce gypse, qui concentre les impuretés du minerai de base, pose souvent des problèmes de stockage et de préservation de l’environnement. Après purification, une utilisation comme matière première pour fabriquer du plâtre a été envisagée avec succès dans certains pays dépourvus de gypse naturel (Belgique, Pays-Bas…). En France, les tentatives effectuées dans les années 70 ont échoué.

Les traitements chimiques de désulfuration des gaz de combustion, à l’aide de carbonate de calcium ou d’hydroxyde de calcium, donnent un gypse, non pollué, directement utilisable comme matière première. La production de ce type de gypse synthétique s’est développé fortement en liaison avec la préservation de l’environnement. Toutefois, la diminution, aux États-Unis et en Allemagne, de la production d’électricité à partir de charbon entraîne une réduction de la production de ce co-produit.

Le phosphogypse

L’industrie des engrais phosphatés produit du gypse (1,7 t/t de phosphate) lors de la fabrication de l’acide phosphorique à partir de phosphate naturel selon la réaction :

Ca10(PO4)6F2 + 10 H2SO4 + 20 H2O = 6 H3PO4 + 10 CaSO4,2H2O + 2 HF

La quantité de gypse formé (appelé phosphogypse) est considérable, de l’ordre de 241 millions de t/an dans le monde. L’acide phosphorique formé sert, en grande partie, à produire du superphosphate triple ou des phosphates d’ammonium. Dans le cas de la fabrication du superphosphate normal, de moins en moins utilisé, le gypse, qui n’est pas séparé, accompagne le phosphate monocalcique dans l’engrais. Lors de la fabrication de l’acide phosphorique l’élimination du gypse est effectuée par filtration. Dans les années 80, la production totale française était d’environ 6 millions de t dont 900 000 t dans chacune des unités de Grand Quevilly, Grand Couronne et du Havre, en Seine Maritime. Cette production était du même ordre de grandeur que celle du gypse naturel (voir le chapitre acide phosphorique). Cette production est terminée depuis 2004.

Afin de valoriser ce sous-produit, en 1978, 4 usines de traitement fonctionnaient en France. Par exemple, l’usine de fabrication de carreaux de plâtre de Grand Quevilly, construite en 1975, de 300 000 t de capacité, a été arrêtée en 1979, le coût du séchage (pour éliminer l’eau absorbée par le phosphogypse) et de la purification rendant la production non rentable. Tous les autres pays ont abandonné cette valorisation sauf le Japon et la Belgique. Pour ces pays, la récupération du phosphogypse pour l’industrie du plâtre est considérée rentable. Dans le monde, en 2018, l’utilisation du phosphogypse est de 50 à 60 millions de t, principalement en agriculture. En conséquence, la plus grande partie du phosphogypse produit est stockée avec, dans le monde, une accumulation de 3 à 4 milliards de t dont 1,2 milliard de t en Floride.

Les autres inconvénients de l’utilisation du phosphogypse pour fabriquer du plâtre résident dans l’extrême finesse du gypse obtenu qui rend difficile son utilisation dans le cas de plâtres à enduire. Par ailleurs, la radioactivité de certains phosphogypses, liée à la présence de traces d’uranium dans le minerai phosphaté et à l’émission de radon, entraîne une utilisation délicate dans le bâtiment.

Le désulfogypse

La désulfuration des gaz de combustion de charbon et de fuel est de plus en plus rendue obligatoire afin de préserver l’environnement. Cela concerne principalement les centrales thermiques au charbon qui produisent de l’électricité. La France, avec un parc important de centrales nucléaires, est peu concernée. Par contre, des pays tels que l’Allemagne, la Grande Bretagne, les États-Unis, le Japon, pratiquent, à grande échelle, la désulfuration des fumées. En 2020, aux États-Unis, il y a 381 unités de production de désulfogypse avec une production de 16,037 millions de t et une utilisation de 11,928 millions de t à comparer à une production de gypse naturel de 21,2 millions de t.

La technique de désulfuration la plus couramment adoptée, car la moins chère, consiste à absorber le dioxyde de soufre (ainsi que les oxydes d’azote) présent dans les gaz de combustion, par une suspension dans l’eau de carbonate de calcium. Les réactions globales sont les suivantes :

SO2 + CaCO3 = CaSO3 + CO2

CaSO3 + 1/2 O2 + 2 H2O = CaSO4,2H2O

La fixation par une suspension aqueuse d’hydroxyde de calcium (c’est le classique lait de chaux) est aussi utilisée, selon la réaction globale suivante :

2 SO2 + 2 Ca(OH)2 + O2 + 2 H2O = 2 CaSO4,2H2O

Le gypse obtenu est appelé désulfogypse, gypse FGD (Flue Gas Desulfurization) ou REA gips en Allemagne. C’est la principale ressource de substitution du gypse. En 2012, la production de l’Union européenne a été de 18 millions de t dont 7,03 millions de t en Allemagne.
Aux États Unis, en 2020, sur les 11,928 millions de t, 75,8 % ont été utilisés dans l’industrie des plaques de plâtre, 11,8 % dans celle du ciment et 5,8 % en agriculture. Le désulfogypse non utilisé a été mis en décharge.
La France ne produit qu’une faible quantité de désulfogypse du fait de l’importance du parc nucléaire pour la production d’électricité et en conséquence de la faible consommation de charbon dans des centrales thermiques. Par exemple, en 2018, la centrale thermique EdF de Cordemais (44) a produit ainsi 38 017 t de désulfogypse valorisées dans la production de ciment et 6 561 t valorisées en agriculture.
Le développement du gaz de schiste aux États-Unis a entraîné, pour l’alimentation des centrales thermiques produisant de l’électricité, en partie la substitution du charbon par le gaz naturel qui renferme moins de soufre que le charbon et en conséquence, une production moindre de désulfogypse.

Les autres gypses synthétiques

La fabrication de l’acide fluorhydrique à partir du spath fluor coproduit de l’anhydrite appelée fluoranhydrite selon la réaction, réalisée à 200°C :

CaF2 + H2SO4 = CaSO4 + 2 HF

D’autres industries produisent également du gypse : la fabrication de l’acide borique (borogypse), des acides citrique (citrogypse) et tartrique, du dioxyde de titane (titanogypse), du sucre… Les quantités de gypse produites par ces industries restent limitées.

Du gypse est également coproduit, en faible quantité, lors de la production de chlorure de sodium par évaporation d’eau de mer dans des marais salants (voir le chapitre chlorure de sodium).

Productions de gypse synthétique

en millions de t, en 2018
Phosphogypse 241 Titanogypse 3
Désulfogypse 139 Autres 2
Fluoranhydrite 7

Source : Global Gypsum Magazine, mars 2020

Recyclage

Le gypse utilisé en construction est totalement recyclable car mis en œuvre sous forme de plâtre (gypse partiellement déshydraté) il est réhydraté en gypse. Les chutes de fabrication et d’installation des plaques de plâtre sont récupérées et recyclées dans la fabrication de nouvelles plaques. Le plâtre provenant de la démolition d’immeubles est également, en partie, recyclé en agriculture. Aux États-Unis, le recyclage représente, en 2016, 4 millions de t.
Au Japon, en 2020, sur une consommation de 8,867 millions de t, le gypse synthétique a représenté 6,090 millions de t, le gypse naturel 2,284 millions de t, le gypse recyclé 493 000 t.
En France, en 2021, le recyclage, hors déchets de fabrication, a porté sur 127 300 t.
Par exemple, en 2018, la société Placoplâtre a recyclé 51 000 t de plâtre, sur 3 sites, Vaujours, Chambéry et Cognac, à l’aide d’un réseau de 170 collecteurs.
Siniat recycle le plâtre sur 4 sites, Auneuil, Saint-Loubès, Ottmarsheim et Carpentras, à l’aide d’un réseau de 150 collecteurs.

Situation française

La production naturelle de gypse et d’anhydrite est, en 2023, de 2,408 millions de t.

Carte de France, des principaux sites de gypse en France
Bassins producteurs de gypse en France (d’après Économie et Géographie, n°217, septembre 1989)

Gisement du Bassin Parisien : avec 3 400 hectares exploitables il a été formé à l’Éocène, il y a 65 millions d’années. Il est constitué de 3 à 4 couches (appelées masses) successives de gypse séparées par des marnes (argiles calcaires) qui ont protégé le gypse de la dissolution. La couche la plus proche de la surface est la plus épaisse (jusqu’à 21 m), la deuxième couche étant plus mince (environ 7 m). Ces 2 couches sont les principales actuellement exploitées. L’érosion intense du quaternaire n’a laissé subsister que des buttes dans lesquelles sont effectuées les exploitations actuelles. Les réserves exploitables de gypse du Bassin Parisien qui étaient estimées, il y a 25 ans pouvoir durer 100 ans, ne sont plus actuellement que de 30 à 40 ans du fait de l’emprise de l’urbanisation et de la réglementation.

Carrières : en France, sur 14 carrières de gypse en cours d’exploitation, les principales sont situées :

  • Dans le Bassin Parisien, les carrières exploitées fournissent environ 68 % de la production française : dans le Val d’Oise à Cormeilles en Parisis (à ciel ouvert et en cours de transformation en exploitation souterraine) et Montmorency (souterraine), dans la Seine-Saint-Denis à Bernouille (souterraine), dans la Seine et Marne au Pin-Villeparisis (à ciel ouvert), Villevaudé-Le Pin (souterraine) et Saint Soupplets (souterraine).
  • En Provence (environ 13 % de la production française) : en particulier à Lantosque (06) et Mazan (84) où la carrière à ciel ouvert, la plus importante d’Europe, a une capacité de production de 750 000 t/an.
  • Dans le Sud-Ouest (environ 9 % de la production française), à Carresse (64), Pouillon (40).
  • Dans les Alpes (environ 5 % de la production française) à Saint Jean de Maurienne (73) et Lazer (05).
  • En Charente (environ 4 % de la production française), à Cherves-Richemont (16).

Production d’anhydrite : des gisements sont présents en Moselle. Ils sont exploités par :

  • Saint-Gobain au travers de sa filiale Anhydrite Minérale, à Faulquemont (57), avec une exploitation souterraine et une capacité de production de 370 000 t/an.
  • Knauf au travers de sa filiale L’Anhydrite Lorraine, à Koenigsmacker (57). L’exploitation est souterraine avec une capacité de production de 500 000 t/an.

Carte des carrières de gypse et d’anhydrite : document du Syndicat National des Industries du Plâtre.

Principaux producteurs :

  • La société Placoplâtre, filiale de Saint-Gobain, avec une capacité de production d’environ 2 millions de t/an, exploite 7 carrières en France à :
    • Pouillon (40), qui couvre 79 hectares, exploitée à ciel ouvert, avec 15 000 t/an pour alimenter principalement l’usine de Cognac qui produit des plaques de plâtre et des amendements de sols.
    • Lazer (05), qui couvre 171 hectares dont 12 en exploitation à ciel ouvert, avec de 80 000 à 150 000 t/an pour alimenter l’usine de plaques de plâtre de Chambéry en couvrant 1/3 de ses besoins.
    • Saint Jean de Maurienne (73), détenue à 77 % par Placoplâtre et 20 % par Vicat, couvre 41 hectares, exploitée à ciel ouvert, avec 265 000 t/an pour alimenter l’usine de plaques de plâtre de Chambéry et les cimenteries régionales. Journellement, un train de 1 100 t assure le transport entre la gare de Saint Jean de Maurienne et Chambéry.
    • Cormeilles en Parisis (95), qui couvre 86 hectares, exploitée à ciel ouvert, avec 350 000 t/an pour alimenter à l’aide d’un convoyeur à bande, l’usine proche de fabrication de plâtres industriels et de carreaux de plâtre. Les 3 couches du gisement, possédant des épaisseurs de 16, 5 et 2 mètres sont exploitées. Les réserves de l’exploitation à ciel ouvert s’épuisant, l’exploitation sera poursuivie souterrainement dans la première couche.
    • Montmorency (95), qui couvre 1418 hectares sur 16 communes, dont 945 exploités par Placoplâtre, le reste par Siniat, exploitée souterrainement à 80 mètres de profondeur, avec 620 000 t/an extraites dans la principale couche du gisement, à l’aide de galeries de 8 m de large et de 8 à 11 m de haut, avec des piliers de 16×16 ou 10×10 m2. Le concassage et le criblage sont effectués en souterrain.
    • Bernouille (93) sur les communes de Coubron et Vaujours, qui couvre 82 hectares, exploitée souterrainement, avec 500 000 t/an pour alimenter l’usine proche de Vaujours (93).
    • Le Pin-Villeparisis (77), qui couvrait 91 hectares, exploitée à ciel ouvert, avec 600 000 t/an pour alimenter l’usine de plaques de plâtre de Vaujours (93). Le gisement s’épuisant, la carrière, à ciel ouvert du Bois Gratuel – Les Mazarins, a pris le relai sur 55 hectares avec une production de 580 000 t/an.
    • Placoplâtre a un projet d’ouverture d’une nouvelle carrière à ciel ouvert au fort de Vaujours (93) sur un ancien site du Commissariat à l’Énergie Atomique afin d’alimenter l’usine de Vaujours, la carrière de Bernouille arrivant en fin d’exploitation.
  • La société Siniat, qui a repris les activités de Plâtres Lafarge, exploite, en France, les carrières de Montmorency (95), Villevaudé-Le Pin (77), Carresse (64), Lantosque (06) et Mazan (84).
  • Le groupe Knauf Plâtre exploite la carrière de Saint Soupplets (77).
  • Le groupe Garandeau exploite la carrière de Cherves-Richemont (16).

Commerce extérieur : en 2024.

Les exportations étaient de 336 730 t avec comme principaux marchés à :

  • 62 % la Belgique,
  • 35 % les Pays Bas.

Les importations s’élevaient à 265 886 t en provenance principalement à :

  • 42 % d’Espagne,
  • 21 % d’Allemagne,
  • 9 % d’Italie.

Utilisations

Consommations : en 2018, la consommation mondiale, de gypse naturel et synthétique, est de 278,5 millions de t dont, en 2024, aux États-Unis, 44 millions de t.

Secteurs d’utilisation du gypse

En 2018, dans le monde. Source : Global Gypsum Magazine

Secteurs d’utilisation : en 2018, dans le monde.

Ciments 57,3 % Autres plâtres de construction 7,6 %
Plaques de plâtre 32,4 % Amendements agricoles 1,9 %

Source : Global Gypsum Magazine

La part importante de consommation du gypse dans la fabrication de produits de plâtre (plaques…) concerne principalement les États-Unis et l’Europe.

  • Plâtre : voir ce chapitre.
  • Cimenteries : le ciment contient de 3 à 5 % de gypse qui sert de régulateur de prise. En 2018, la consommation mondiale de gypse par l’industrie cimentière est de 160,8 millions de t, à 55,8 % naturel et 44,2 % synthétique. En France, en 2016, 641 000 t de gypse ont été consommées dans les ciments, aux États-Unis, en 2020, la consommation a été de 4,44 millions de t.
  • Agriculture : le gypse apporte les ions calcium et sulfate nécessaires à la croissance des plantes, en évitant l’augmentation du pH comme lors de l’apport de chaux.
  • Autres utilisations (de consommations faibles) : industries du papier, du verre, des peintures, traitement des eaux, constructions dans les régions sèches (Souf et Mzab algérien).
  • Le sulfate de calcium commence à être utilisé pour effectuer des greffes osseuses.

L’anhydrite est utilisé dans l’industrie cimentière ainsi que pour élaborer des chapes « liquides » destinées aux planchers chauffants.

Bibliographie

Archives

Gypse 2023

Gypse 2022

Gypse 2019

Gypse 2015

Gypse 2012

Gypse 2009

Gypse 1993

 

Sulfate de calcium

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Minéral Structure cristalline
CaSO4 136,14 g.mol-1 anhydrite orthorhombique, de paramètres a = 0,6992 nm, b = 0,6995 nm et c = 0,6245 nm

Données physiques

Masse volumique Dureté Température de fusion Solubilité dans l’eau
2,96 g.cm-3 3,5 1 460°C
  • à 20 °C : 0,298 g/100 g d’eau
  • à 100°C : 0,162 g/100 g d’eau

Données chimiques

pKs : CaSO4
5,9

Données thermodynamiques

Sulfate de calcium cristallisé (anhydrite) :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : -1 434,7 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : -1 322,4 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 106,7 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 99,7 J.K-1mol-1
  • Enthalpie molaire standard de fusion à la température de fusion : 28 kJ.mol-1

Données industrielles

Voir également les chapitres gypse et plâtre.

Le sulfate de calcium est la forme déshydratée du gypse et du plâtre. Son minéral, l’anhydrite, peut être extrait de gisements miniers. Le sulfate de calcium est aussi coproduit par divers procédés industriels, par exemple lors de la fabrication de l’acide fluorhydrique à partir du spath fluor.

Production d’anhydrite

Des gisements sont présents, en France, en Moselle. Ils sont exploités par :

  • Saint-Gobain au travers de sa filiale Anhydrite Minérale, à Faulquemont (57), avec une exploitation souterraine et une capacité de production de 370 000 t/an.
  • Knauf au travers de sa filiale L’Anhydrite Lorraine, à Koenigsmacker (57). L’exploitation est souterraine avec une capacité de production de 500 000 t/an.

Utilisation

L’anhydrite est utilisé dans l’industrie cimentière ainsi que pour élaborer des chapes « liquides » destinées aux planchers chauffants.

 

Chlorure de calcium

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Minéraux Structure cristalline Rayons ioniques de Pauling pour la coordinence 6 :
CaCl2 110,99 g.mol-1
  • hydraté avec 2H2O : sinjarite
  • hydraté avec 6H2O : antarticite
orthorhombique, de paramètres a = 0,481 nm, b = 0,644 nm et c = 0,417 nm Ca2+ = 99 pm et Cl = 181 pm

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Solubilité dans l’eau
2,15 g.cm-3 772°C 1 935°C
  • à 20°C : 74,5 g/100 g d’eau
  • à 100°C : 159 g/100 g d’eau

Données thermodynamiques

Chlorure de calcium cristallisé :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : -796,1 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : -748,4 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 104,6 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 72,6 J.K-1mol-1
  • Enthalpie molaire standard de fusion à la température de fusion : 28,4 kJ.mol-1

Données industrielles

Le chlorure de calcium, CaCl2, est obtenu :

Il est souvent commercialisé sous forme de solution de concentration comprise entre 20 et 40 % de CaCl2.

Fabrication industrielle

A partir de dépôts souterrains de sels ou de lacs salés :

  • La saumure peut être traitée chimiquement, en précipitant les impuretés, en particulier le magnésium, à l’aide d’hydroxyde de calcium, puis par évaporation, le chlorure de sodium cristallise et enfin une solution de chlorure de calcium est obtenue.
  • La saumure peut également être traitée naturellement, sans apport d’ajouts chimiques, dans des bassins d’évaporation, selon la technique utilisée dans les marais salants, comme cela est le cas pour la production californienne de Tetra Technologies. Dans ce cas, la pureté de la solution finale obtenue est moindre.

Par attaque du calcaire à l’aide d’acide chlorhydrique : la réaction mise en jeu est la suivante :

CaCO3 + 2 H+ + 2 Cl = Ca2+ + 2 Cl + CO2 + H2O

Le calcaire employé possède en général peu d’impuretés, sa teneur étant au minimum de 98 % en carbonate de calcium. Lorsque de l’acide chlorhydrique concentré, à 36 %, est utilisé, la concentration de la solution de chlorure de calcium obtenue est d’environ 40 % et une évaporation d’eau n’est pas nécessaire sauf pour obtenir du chlorure de calcium solide. Un ajout l’hydroxyde de calcium (chaux éteinte) permet d’éliminer diverses impuretés telles que le magnésium et des métaux de transition, par précipitation des hydroxydes selon la réaction :

Ca2+ + 2 OH + Mg2+ = Mg(OH)2 + Ca2+

Le chlorure de calcium, de grade technique, est ainsi obtenu sous forme de solutions à 34 – 36 % ou solide après évaporation de l’eau et cristallisation du chlorure. Il est destiné au dégivrage des routes, à la fixation des poussières, à la prise du ciment ou aux forages pétroliers ou gaziers.

Le chlorure de calcium de qualité alimentaire est obtenu à partir de calcaire de grande pureté et d’acide chlorhydrique de synthèse. Par ailleurs, il subit une purification complémentaire avec ajustement du pH et filtration sur du charbon actif.

Comme sous-produit du procédé Solvay : voir le chapitre carbonate de sodium.
Une tonne de chlorure de calcium est produite par tonne de carbonate de sodium. En 2020, dans l’Union européenne, la production de carbonate de sodium est de 7 millions de t, ce qui correspond à près de 2 fois la consommation mondiale de chlorure de calcium. En conséquence, une faible partie du chlorure de calcium sous-produit est récupérée. Par exemple, en 1987, dans l’Union européenne, sur 13 usines utilisant le procédé Solvay, seulement 4 récupéraient le chlorure de calcium.

Conditionnement : le chlorure de calcium est commercialisé :

  • Sous forme de solution à des concentrations comprises entre 20 et 40 %, en général 36 %, de CaCl2.
  • Sous forme solide, avec une pureté de 77 % pour le chlorure dihydraté, forme la plus courante, à 94 % pour le chlorure « anhydre », ce dernier étant hygroscopique, il contient quelques % d’eau.

Productions

En 2015, la production mondiale est estimée à 3,8 millions de t, à 40 % en Amérique du Nord. En 2012, les capacités mondiales de production sont de 4,89 millions de t/an. Les principaux pays producteurs sont dans l’ordre : États-Unis, Chine, Canada, Japon, Russie.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs sur un total de 1,554 million de t, en 2021.

en milliers de t
Chine 1 358 Mexique 68
Pays Bas 192 Italie 36
États-Unis 149 Belgique 27
Finlande 116 Suède 25
Inde 100 Pakistan 25

Source : ITC

Les exportations chinoises sont destinées à l’Arabie Saoudite à 30 %, la Corée du Sud à 23 %, la Russie à 8 %, le Japon à 6 %.

Principaux pays importateurs.

en milliers de t
Arabie Saoudite, en 2022 448 Allemagne 96
Corée du Sud 307 Japon 89
Canada 212 Malaisie 70
États-Unis 179 Suède 70
Russie 110 Chili 53

Source : ITC

Les importations saoudiennes proviennent à 87 % de Chine, 5 % des Émirats Arabes Unis, 4 % d’Égypte.

Principaux producteurs:

  • Tetra Technologies, avec une capacité de production de 1,1 million de t/an de solutions à 36 % de CaCl2, est le n°1 mondial avec environ 20 % des capacités de production. Aux États-Unis, Tetra Technologies produit du chlorure de calcium à Parkersburg, en Virginie Occidentale, Lake Charles, en Louisiane et à Amboy et Cadiz, dans le Comté de San Bernardino, en Californie. En Europe, Tetra Chemicals, exploite des unités de fabrication principalement en Finlande, à Kokkola, mais aussi en Suède, à Helsingborg, en Belgique à Ham et en Allemagne, à Frankfurt. Les productions des États-Unis sont réalisées à partir de saumures, les européennes par attaque acide de calcaire provenant de l’île suédoise de Gotland.
  • OxyChem, filiale d’Occidental Petroleum Corporation, possède avec 700 000 t/an de solutions à 36 %, 16 % des capacités mondiales de production, avec, aux États-Unis, son unité de production de Ludington, dans le Michigan, à partir de saumures.
  • Baker Hugues : après l’acquisition de BJ Services Company produit, aux États-Unis, du chlorure de calcium à Geismar, en Louisiane.
  • Ward Chemicals (Canada, province d’Alberta) : exploite des saumures à Calling Lake et produit des chlorures de calcium et de magnésium à Villeneuve, dans l’Alberta.
  • Tiger Calcium exploite les saumures du Slave Lake, au Canada, dans la province d’Alberta.
  • Zirax, groupe russe, produit du chlorure de calcium, avec 120 000 t/an, par réaction de l’acide chlorhydrique sur du calcaire en Russie, à Volgograd et Perm.
  • Qingdao Huadong Calcium Producing, possède, en Chine, une capacité de production de 150 000 t/an.
  • Tangshan Sanyou possède, en Chine, une capacité de production de 150 000 t/an.
  • Solvay : produit du chlorure de calcium, à Rosignano, en Italie, avec une capacité de production de 80 000 t/an, les 2/3 de la production étant commercialisés par le groupe Zirax.
  • Tata Chemicals produit du chlorure de calcium au Royaume Uni, à Northwich.
  • Nedmag produit du chlorure de calcium aux Pays Bas, à Veendam, avec 125 000 t/an, en exploitant par dissolution in situ et pompage une couche de chlorure de magnésium située entre 1 500 et 1 800 m de profondeur. La solution de chlorure de magnésium traitée par de la dolomite donne du chlorure de calcium et de l’hydroxyde de magnésium.

Situation française

Production : 12 000 t/an par Novacid, devenu, en décembre 2018, Seqens, à Pont de Claix (38). En décembre 2021, après la prise de contrôle de Seqens par SK Capital Partners, les productions de produits minéraux ne sont pas concernées et restent la propriété de Eurazeo et des autres actionnaires historiques de Seqens dans Humens.

Commerce extérieur : en 2024.

Les exportations étaient de 9 179 t avec comme principaux marchés à :

  • 30 % l’Espagne,
  • 22 % l’Italie,
  • 20 % la Belgique,
  • 5 % le Royaume Uni.

Les importations s’élevaient à 46 418 t en provenance principalement à :

  • 44 % des Pays Bas,
  • 16 % de Belgique,
  • 15 % d’Italie,
  • 8 % de Finlande,
  • 5 % de Suède.

Utilisations

Consommations : en 2021, la consommation mondiale est estimée à 4,4 millions de t, avec la répartition suivante, en 2018 :

Amérique du Nord 40 % Europe 8 %
Chine 19 % Autres pays d’Asie et Océanie 7 %
Moyen Orient, Afrique 12 % Russie et Asie Centrale 4 %
Japon 8 % Amérique du Sud et Centre 2 %

Source : IHS Markit

Secteurs d’utilisation du chlorure de calcium

En 2017, dans le monde. Source : Market Research Future

Secteurs d’utilisation : en 2017, dans le monde.

Dégivrage routier et fixation des poussières 31 % Alimentation 13 %
Extraction du pétrole et du gaz naturel 19 % Agriculture 10 %
Santé 14 % Construction 8 %

Source : Market Research Future

  • Dégivrage routier : le chlorure de calcium est efficace à des températures plus basses que le chlorure de sodium, jusqu’à – 20°C, et ne présente pas de risques pour la végétation comme le chlorure de sodium. Sa réaction de dissolution dans l’eau est particulièrement exothermique. Il est surtout employé en Amérique du Nord et en Russie.
  • Fixation des poussières sur des chemins non asphaltés et lors de travaux routiers. La dose utilisée est comprise entre 0,6 et 1,0 kg/m2 de sol. L’humidité ambiante est absorbée par le chlorure de calcium, hygroscopique, qui forme ainsi à la surface du sol une couche humide évitant la formation de poussières.
  • Forages pétroliers et gaziers : le chlorure de calcium est employé comme fluide dense lors de forages. La densité d’une solution à 38 % est de 1,376, à 25°C. La densité peut être ajustée, par exemple, par mélange avec une solution de bromure de calcium de densité 1,70. Il participe également à la prise du ciment utilisé dans les parois du forage.
  • Le chlorure de calcium intervient dans la fabrication de médicaments comme agent tampon et desséchant. Par ailleurs, il permet de diminuer la tension artérielle, de traiter les brûlures acides, les symptômes d’hypocalcémie…
  • Industries agroalimentaires : le chlorure de calcium est un additif alimentaire autorisé, dénommé, E 509. Il est, en particulier, employé dans l’élaboration des fromages afin d’assister la coagulation du lait.
    Le traitement des fruits à l’aide de chlorure de calcium permet d’augmenter leur durée de conservation.

    Il est ajouté aux boissons, par exemple la bière, afin d’ajuster leur teneur en sels minéraux.
  • Prise du ciment : le chlorure de calcium est un accélérateur de prise du ciment et est utilisé, en particulier, par temps froid. Par exemple, l’ajout de 2 % de chlorure de calcium au ciment, permet d’obtenir, à 10°C, une durée de prise équivalente à celle obtenue à 20°C, sans ajout de chlorure de calcium.
  • Déhumidification : utilisé pour assécher l’atmosphère de locaux industriels et domestiques.
  • Stérilisation des animaux : une solution à 20 % de chlorure de calcium dihydraté dissous dans de l’éthanol à 95 % est injectée dans les testicules d’animaux mâles pour les stériliser. Cette application représente, en 2018, 3 % des utilisations mondiales.

Bibliographie

Archives

Chlorure de calcium 2023

Chlorure de calcium 2022

Chlorure de calcium 2019

Chlorure de calcium 2015

Chlorure de calcium 2013

 

Hydroxyde de calcium

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Structure cristalline
Ca(OH)2 74,09 g.mol-1 hexagonale, de paramètres a = 0,359 nm et c = 0,491  nm

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Solubilité dans l’eau
2,24 g.cm-3 décomposé à 580°C
  • à 0°C : 0,185 g/100 g d’eau
  • à 100°C : 0,07 g/100 g d’eau

Données chimiques

pKa : Ca2+aq/CaOH+aq pKs : Ca(OH)2
12,7 5,3

Données thermodynamiques

Hydroxyde de calcium cristallisé :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : -986,5 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : -896,4 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 83,4 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 87,5 J.K-1mol-1

Données industrielles

L’hydroxyde de calcium, la chaux éteinte et l’oxyde de calcium, la chaux vive, sont traités dans le même chapitre, l’un étant obtenu à partir de l’autre, les producteurs de l’un sont également producteurs de l’autre et les statistiques sont regroupées pour les deux produits.

Fabrication industrielle

L’oxyde de calcium (CaO, chaux vive) est obtenu par calcination du calcaire, entre 900 et 1400°C (une température basse donne une chaux plus réactive) dans différents types de fours :

  • des fours verticaux (les seuls employés en France), ont jusqu’à 30 m de haut et 7 m de diamètre, les fours étant souvent regroupés par batterie de 4 fours avec une capacité de production pouvant atteindre 800 t/jour. La consommation d’énergie est comprise entre 3,6 et 4,5 GJ/t de chaux. Ils présentent l’inconvénient de ne pas pouvoir traiter les pierres les plus fines, comprises entre 10 et 40 mm, qui boucheraient le four.
  • des fours rotatifs (proches de ceux utilisés en cimenteries) avec des capacités de production pouvant atteindre 1 800 t/j. Leur fonctionnement est entièrement continu, le temps de séjour de la charge étant de 6 à 8 heures. La consommation d’énergie est comprise entre 5,5 et 9 GJ/t. Ils peuvent traiter les pierres fines de 10 à 60 mm.

Le calcaire enfourné dans le four (en anglais, le calcaire est dénommé « limestone » : pierre à chaux) a une granulométrie comprise entre 40 et 120 mm pour les fours verticaux et 10 et 150 mm pour les fours rotatifs. Il faut, en moyenne, 3,5 t de calcaire extrait pour produire une tonne de chaux. Cette calcination est une source importante de CO2 (par exemple pour le procédé Solvay de fabrication de Na2CO3).

CaCO3 = CaO + CO2

La chaux vive obtenue est un solide poreux, avec une porosité qui peut varier de 25 à 55 %. Elle doit être stockée à l’abri de l’humidité (voir ci-dessous) et à l’abri de l’air car l’humidité atmosphérique donne de l’hydroxyde qui en présence du dioxyde de carbone atmosphérique donne du carbonate et libère de l’eau qui éteint d’autant plus la chaux vive.

Les fours sont toujours situés près des carrières d’extraction du calcaire. Une partie importante de la production est réalisée directement par les industries utilisatrices telles que les sucreries, les papeteries, quelques usines sidérurgiques. En France, ces productions intégrées ne sont pas prises en compte par les statistiques de la profession.

L’hydroxyde de calcium (Ca(OH)2, chaux éteinte) est obtenu par addition d’eau à la chaux vive dans des hydrateurs de 8 à 20 t/h. La quantité d’eau ajoutée est ajustée de façon à obtenir la chaux éteinte sous forme d’une poudre sèche. Par tonne de CaO, il faut 0,3 m3 d’eau pour l’hydratation et par ailleurs, de 0,3 à 0,4 m3 est évacué en vapeur. La température atteinte est de 110°C.

CaO + H2O = Ca(OH)2                                       ΔH° = – 65,5 kJ/mole

La réaction est réversible et par chauffage au-dessus de 100°C, l’hydroxyde peut redonner de l’oxyde sauf s’il s’est formé du carbonate, dans ce cas une température plus élevée, vers 900°C, est nécessaire. L’extinction de la chaux vive se produit avec une forte expansion volumique d’environ un facteur 2,5.

Schéma du procédé de fabrication sur le site de Lhoist.

Différents types d’oxydes et hydroxydes de calcium :

  • Chaux grasses (> 90 % de CaO) : elles sont obtenues à partir de calcaire pur (> 95 % de CaCO3). Elles donnent de l’onctuosité aux mortiers lorsqu’elles sont utilisées en construction.
  • Chaux maigres : elles sont obtenues à partir de calcaire moins pur. Utilisées en construction, ces chaux (appelées chaux aériennes) peuvent fixer le CO2 de l’air pour redonner du carbonate de calcium selon la réaction :

Ca(OH)2 + CO2 = CaCO3 + H2O

  • Chaux hydrauliques naturelles : obtenues à partir de calcaire contenant jusqu’à 22 % d’argile qui lors de la calcination donne des silicates et aluminates de calcium faisant prise par hydratation, selon les mêmes réactions que la prise d’un ciment (voir le chapitre ciments).
  • Chaux magnésiennes (5 % < MgO < 34 %) ou dolomitiques (34 % < MgO < 41,6 %) obtenues à partir de calcaire magnésien ou de dolomie. Elles contiennent MgO ou Mg(OH)2 après hydratation.

Eau et lait de chaux :

  • L’eau de chaux est obtenue par dissolution, juste avant saturation, d’hydroxyde de calcium dans l’eau, la solubilité de l’hydroxyde étant, à 20°C, de 0,125 g pour 100 g de solution. Son pH est de 12,4, à 25°C. Une solution fraîchement préparée est limpide, elle se trouble au cours du temps par dissolution du dioxyde de carbone atmosphérique et précipitation de carbonate de calcium.
  • Le lait de chaux est une solution saturée d’hydroxyde de calcium contenant, en suspension, un excès d’hydroxyde.

Productions

Production de chaux

En 2024, en millions de t, pour la chaux vive et éteinte, sur un total mondial de 420 millions de t. Source : USGS

en millions de t de CaO et Ca(OH)2
Chine 310 Allemagne 5,7
Inde 17,0 Corée du Sud 5,1
États-Unis 16,0 Turquie 4,1
Russie 11,0 Iran 4,0
Brésil 8,1 France 3,5
Japon (chaux vive) 6,0 Italie 2,4
Source : USGS

Aux États-Unis, le maximum de production a été atteint, en 2006, avec 21 millions de t. La production est assurée dans 73 usines par 26 sociétés dont 9 avec une production captive destinée à la purification du sucre ou à la sidérurgie. En 2020, la chaux vive a représenté 10,7 millions de t, la dolomie calcinée, 2,4 millions de t, la chaux éteinte, 2,32 millions de t, la dolomie éteinte, 0,252 million de t et la dolomie frittée, 0,200 million de t.

Dans l’Union européenne, il y a environ 200 sites de production, avec, en 2017, une production de 29,0 millions de t de CaO et Ca(OH)2..

Commerce international de la chaux vive : en 2023.

Principaux pays exportateurs : sur un total de 7,424 millions de t, en 2022.

en milliers de t
France 668 Oman 372
Malaisie 567 Argentine 342
Allemagne 560 Zambie 294
Vietnam 445 Thaïlande 293
Émirats Arabes Unis 380 Belgique 285

Source : ITC

Les exportations malaises sont destinées à 38 % à l’Indonésie, 28 % à la Papouasie Nouvelle Guinée, 18 % à l’Australie.

Principaux pays importateurs :

en milliers de t
Pays Bas 686 Taipei chinois 396
Inde 612 Finlande 383
R.D. du Congo 536 Australie 374
Chili 428 Indonésie 364
Allemagne 407 France 299

Source : ITC

Les importations des Pays Bas proviennent à 51 % de Belgique, 38 % d’Allemagne, 8 % de Norvège.

Commerce international de la chaux éteinte : en 2023.

Principaux pays exportateurs : sur un total, en 2022, de 1,236 million de t.

en milliers de t
Laos 320 Belgique 59
Zambie 109 Vietnam 54
Allemagne 96 Royaume Uni 52
Malaisie 80 République tchèque 43
Chine 72 Guatemala 38

Source : ITC

Les exportations zambiennes sont destinées à 77 % à la R.D. du Congo, 17 % au Zimbabwe.

Principaux pays importateurs :

en milliers de t
R.D. du Congo 125 Pologne 56
France 111 Pays Bas 40
Philippines 103 Hong Kong 33
Allemagne 64 Singapour 32
États-Unis 58 Inde 32

Source : ITC

Les importations de R.D. du Congo proviennent à 77 % de Zambie, 17 % du Zimbabwe.

Producteurs importants :

  • Carmeuse, groupe belge qui possède dans le monde 90 sites de production avec une production de 33 millions de t/an de calcaire et 13 millions de t/an de chaux. C’est le premier producteur américain avec 14 carrières de calcaire donnant 12 millions de t/an de carbonate de calcium de qualité chimique, 15 millions de t/an de granulats et 16 usines de chaux produisant 7 millions de t/an. Le groupe exploite 2 sites en France, à Tavaux (39) et Bois Bernard (62).
  • Le groupe belge Lhoist exploite 90 usines en Europe et est le second producteur américain. En France, le groupe exploite 17 sites.
  • Le groupe Graymont (Canada) est le 3ème producteur nord-américain avec 9 usines de production de chaux aux États-Unis, 9 au Canada, 4 en Nouvelle-Zélande, 17 au Mexique et 1 au Honduras en association avec le groupe Calidra.

Situation française

Production : 2,6 millions de t sur 18 sites, en 2018.

Les 3 usines les plus importantes situées près des centres sidérurgiques – Réty près de Dunkerque, Dugny en Lorraine, Châteauneuf les Martigues près de Fos-sur-Mer – écoulent sur ce marché 36 % de la production française. L’usine de Réty, exploitée par le groupe Lhoist, est la plus importante, en France, avec 710 000 t/an, destinées à 60 % à la sidérurgie, 30 % l’industrie papetière, 10 % la construction et l’agriculture.

Une partie de la chaux, chaux captive, (environ 30 % de la production) peut être produite directement par les utilisateurs dans les industries sucrières, les papeteries, la sidérurgie, les industries chimiques.

Producteurs : appelés chaufourniers.

  • Lhoist, à Dugny (55), Réty (62), Sorcy (08), Boran (60), Neau (53), Saint Gauthier (36), Gannat (03), Terrasson (24), Sauveterre-la-Lémance (47), Carmaux (81), Bertholène (12), Poliénas (38), Sassenage (38), La Buisse (38), Ensuès la Redonne (13), Châteauneuf les Martigues (13), Robion (84).
  • Le Groupe Pigeon à Vaiges (53), avec 2 fours et une capacité de production de 65 000 t/an.
  • Les Établissements Bocahut, filiale d’Eiffage, à Avesnes (59) avec 2 fours et une capacité de production de 120 000 t/an.
  • le Groupe Saint Hilaire à Trept (38), avec un four à 2 cuves et une capacité de production de 100 000 t/an.
  • SEE Bruyères à Saint-Front sur Lémance (47).
  • Carmeuse, à Bois Bernard (62), possède un site d’hydratation de la chaux.

Commerce extérieur : en 2024.

Chaux vive :

  • Exportations : 693 612 t à 42 % vers l’Allemagne, 28 % la Finlande, 12 % la Suède, 12 % la Belgique.
  • Importations : 392 529 t à 50 % de Belgique, 31 % d’Espagne, 15 % d’Italie, 2 % d’Allemagne.

Chaux éteinte :

  • Exportations : 40 864 t à 23 % vers la Suède, 18 % la Suisse, 13 % vers l’Italie, 12 % vers l’Allemagne, 7 % vers l’Espagne, 6 % la Finlande.
  • Importations : 117 387 t à 40 % d’Espagne, 29 % du Royaume Uni, 13 % de Belgique, 11 % d’Allemagne.

Chaux hydraulique :

  • Exportations : 33 365 t à 35 % vers le Royaume Uni, 13 % l’Italie, 13 % l’Espagne, 10 % la Turquie, 7 % la Belgique.
  • Importations : 7 128 t à 68 % d’Espagne, 21 % d’Allemagne, 7 % de Belgique, 4 % d’Italie.

Utilisations

Consommations : en 2023, la consommation des États-Unis est de 17,0 millions de t, dont, en 2020, 13,3 millions de t pour la chaux vive et 2,57 millions de t pour la chaux éteinte. Les usages captifs ont été de 1,17 million de t.

En 2018, la part de la Chine dans la consommation mondiale est de 65 %.

Secteurs d’utilisation de la chaux

En 2020, aux Etats-Unis. Source : USGS

France*
États-Unis
en 2020
Sidérurgie 36,5 % 29,1 %
Travaux publics 18,1 % 11,0 %
Agriculture 12,5 %
Industries diverses 9,9 % 27,8 %
Traitement de l’eau 8,8 % 7,7 %
Bâtiment 4,5 % 2,0 %
Traitement des fumées 3,3 % 16,1 %
Sources : Union des Producteurs de Chaux et USGS

*En année moyenne, hors productions intégrées (sucreries…).

Dans l’Union européenne, en 2016, la sidérurgie représente 39,2 % des utilisations, l’environnement, 17,2 %, les autres industries, 13,8 %, les matériaux de construction, 10,7 %, l’industrie chimique, 7,5 %, l’ingénierie civile, 6,4 %, l’agriculture, 1,9 %.

La chaux éteinte est utilisée dans les travaux publics pour la stabilisation des sols et comme ajout au bitume, dans le traitement des eaux et des effluents gazeux, ainsi que dans le bâtiment pour la réalisation d’enduits. L’hydroxyde de calcium est également employé pour produire le carbonate de calcium précipité.

La chaux magnésienne est principalement utilisée dans l’amendement des sols.

Utilisations diverses :

  • Sidérurgie : dans les convertisseurs forme avec les impuretés des scories liquides et ainsi diminue dans les aciers les teneurs en silicium et phosphore (en donnant des silicates et phosphates de calcium) ainsi que celles de soufre et manganèse. La consommation est de 40 à 100 kg de CaO par t d’acier.
  • Métallurgie : utilisée dans le procédé Bayer de fabrication de l’alumine à partir de bauxite : elle permet de régénérer la soude et d’éliminer la silice, ainsi que pour extraire Mg2+ à partir de solutions de chlorure de magnésium. Utilisée (1 à 3 kg/t de minerais) au cours de la flottation des minerais sulfurés pour ajuster le pH, elle est aussi un agent dépresseur de la pyrite : elle permet de faire flotter sélectivement la chalcopyrite et la blende. Elle est également utilisée lors de la lixiviation cyanurée des minerais d’or afin de maintenir en permanence un pH basique et éviter ainsi les dégagements de HCN.
  • Constructions routières : pour stabiliser et assécher les sols, particulièrement les sols argileux : 10 à 30 kg/m2. CaO fixe l’eau lors de son hydratation et en élimine une partie par évaporation suite à l’élévation de température liée à la réaction d’hydratation. Également comme ajout (filler) dans le bitume.
  • Construction : sous forme de chaux hydraulique. Représente la principale utilisation de la chaux en Allemagne et en Italie. En France, les utilisations dans ce secteur, sont très réduites.
  • Traitement des eaux :
    • de consommation et de chauffage : pour décarbonater les eaux trop dures, par précipitation de CaCO3, et ajuster le pH.
    • usées : le chaulage stabilise les boues résiduaires des stations d’épuration, détruit la plupart des germes pathogènes, diminue les odeurs, précipite, sous forme d’hydroxydes insolubles, les métaux lourds et sous forme de phosphate de calcium, peu soluble, les phosphates. Utilisation de 50 à 200 kg de CaO/t de boue déshydratée. La solidification de la boue dure de 2 à 5 jours. Les boues, à forte teneur en chaux, peuvent être utilisées comme amendement calcique en agriculture ou mises en décharge.
  • Traitement des effluents gazeux : fixation du SO2, de HCl (emploi, en 2007-09, en France, de 60 000 à 85 000 t) et HF des gaz de combustion (voir également le chapitre dioxyde de soufre). Plus de 90 % des procédés actuels utilisent la chaux ou ses dérivés comme produit de traitement.
    • Par injection de CaO ou CaCO3, dans les flammes ou dans le lit fluidisé de combustion.
    • Par traitement des fumées après combustion, principalement à l’aide de Ca(OH)2, injecté à sec ou par lavage des gaz avec du lait de chaux :

Ca(OH)2 + SO2 = CaSO3 + H2O et CaSO3 + 1/2 O2 = CaSO4.

Le sulfogypse ainsi obtenu peut être utilisé, à la place du gypse naturel, pour fabriquer du plâtre (au Japon, États-Unis, Allemagne, Pays-Bas, Belgique).
CaO est également utilisé pour fixer le chlorure d’hydrogène des gaz d’incinération des ordures ménagères et des déchets industriels. Les ordures ménagères donnent de 700 à 2 000 mg de HCl/m3 de gaz de combustion. Les valeurs limites des teneurs en éléments polluants sont de 300 mg/m3 d’air pour SO2, 50 mg/m3 pour HCl et 2 mg/m3 pour HF. La fixation de HCl donne du chlorure de calcium selon la réaction :

Ca(OH)2 + 2 HCl = CaCl2 + 2 H2O

Dans le cas de l’incinération des ordures ménagères, la consommation de CaO est de 7 à 14 kg/t d’ordure.

  • Amendement agricole : la chaux vive, éteinte ou magnésienne permet lors de son apport appelé chaulage :
    • d’apporter les ions Ca2+ et Mg2+ consommés par les cultures (80 à 100 kg de CaO/ha/an, 20 à 40 kg de MgO/ha/an), lessivés par les pluies (350 à 450 kg de CaO/ha/an, 10 à 50 kg de MgO/ha/an).
    • de diminuer l’acidité des sols (un sol acide a son pH compris entre 4,5 et 6,7), cette acidité étant soit naturelle soit apportée par les engrais. Pour augmenter le pH de 0,5 unité, il faut pour une terre sableuse, de 400 à 1 000 kg de CaO/hectare. Le pH optimal d’un sol varie, selon les cultures, entre 6,5 et 7,5.
  • Chimie : utilisée en pétrochimie et pour fabriquer le carbure de calcium, le carbonate de calcium précipité, l’hypochlorite de calcium…
  • Obtention de pH basiques pour la flottation des minerais, le traitement des eaux…
  • Sucreries : permet par floculation de précipiter les impuretés en donnant des sels de Ca2+ insolubles. Utilisation de 32 kg de CaO/t de betterave.
  • Pâte à papier (pâte au sulfate pour papier kraft) : pour régénérer la solution de soude et de sulfate de sodium qui se transforme en carbonate de sodium lors de la séparation de la cellulose. Utilisation de 270 kg de CaO/t de papier.

Bibliographie

Archives

Hydroxyde de calcium 2023

Hydroxyde de calcium 2022

Hydroxyde de calcium 2019

Hydroxyde de calcium 2015

Hydroxyde de calcium 2013

Hydroxyde de calcium 2010

Hydroxyde de calcium 1996

Hydroxyde de calcium 1993

Oxyde de calcium

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Structure cristalline Rayons ioniques de Pauling pour la coordinence 6
CaO 56,08 g.mol-1 cubique à faces centrées de type NaCl,
de paramètre a = 0,481 nm
Ca2+ = 99 pm et O2- = 140 pm

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Solubilité dans l’eau
3,34 g.cm-3 2 580°C 2 850°C à 10°C : 0,13 g/100 g d’eau

Données thermodynamiques

Oxyde de calcium cristallisé :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : -635,1 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : -603,5 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 38,1 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 42,8 J.K-1mol-1
  • Enthalpie molaire standard de fusion à la température de fusion : 50,2 kJ.mol-1

Données industrielles

L’hydroxyde de calcium, la chaux éteinte et l’oxyde de calcium, la chaux vive, sont traités dans le même chapitre, l’un étant obtenu à partir de l’autre, les producteurs de l’un sont également producteurs de l’autre et les statistiques sont regroupées pour les deux produits.

En conséquence, voir le chapitre hydroxyde de calcium.

Carbonate de calcium

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire  Calcite (forme bêta) Aragonite (forme lambda) Vatérite (forme mu)
CaCO3 100,09 g.mol-1 structure hexagonale,
de paramètres a = 0,499 nm et c = 1,706 nm
orthorhombique, de paramètres a = 0,496 nm, b = 0,797 nm, c = 0,574 nm. Se transforme en calcite à 520°C hexagonale, de
paramètres a = 0,713 nm et c = 0,852 nm

Données physiques

Masse volumique Dureté Température de fusion Solubilité dans l’eau
  • calcite : 2,711 g.cm-3
  • aragonite : 2,93 g.cm-3
  • vatérite : 2,54 g.cm-3
  • calcite : 3,00
  • aragonite : 3,5 à 4
  • vatérite : 2,54
décomposition à 825°C à 25°C : 0,0013 g/100 g d’eau

Données chimiques

pKa : CO2aq/HCO3 pKa : HCO3/CO32- pKs : CaCO3
6,35 10,3 8,5

Données thermodynamiques

Carbonate de calcium (calcite) :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : -1 207,4 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : -1 129,3 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 92,9 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 81,9 J.K-1mol-1
Carbonate de calcium (aragonite) :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : -1 207,6 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : -1 128,2 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 88,7 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 81,3 J.K-1mol-1

Données industrielles

État naturel

La teneur moyenne de l’écorce terrestre est de 4 % en carbonate de calcium.

L’élément calcium est surtout présent dans la nature associé aux ions carbonates pour donner du carbonate de calcium, CaCO3, principalement sous forme de calcite ou d’aragonite, dans des roches calcaires (qui par définition contiennent plus de 50 % de CaCO3), des dolomies, qui contiennent de la dolomite, (Ca,Mg)CO3, des marnes, qui contiennent de la calcite et de l’argile.
Les principaux autres composés naturels du calcium : sulfate de calcium (gypse), principalement utilisé dans la fabrication du plâtre, phosphates de calcium, principalement utilisés par l’industrie des engrais, fluorure de calcium et chlorure de calcium sont traités dans les chapitres correspondants.

Les dépôts de calcaire abondent presque partout dans le monde où ils représentent 20 % des roches sédimentaires. Ils se sont formés principalement par précipitation de carbonate de calcium dissous dans l’eau. Le calcaire est extrait, généralement, à ciel ouvert.

Calcaires particuliers : craie (contient de 90 à 98 % de CaCO3, elle s’est formée par accumulation de squelettes calcaires de végétaux unicellulaires marins), castine (fondant utilisé en sidérurgie, métallurgie, verreries…), stalactites, stalagmites, marbre (formé par transformation métamorphique du calcaire)…

Production de calcaire

C’est, dans le monde, la 2ème industrie extractive, en tonnages, après celle du sable et des graviers.

  • Aux États-Unis, en 2020, la production de calcaire concassé a été de 952 millions de t, celle de dolomie concassée de 57,3 millions de t, celle de marbre concassé de 4,32 millions de t, celle de marnes de 1,99 million de t, celle de pierre de taille calcaire de 1,14 million de t et celle de marbre de 35 300 t, dans environ 2 400 carrières.
    La production de calcaire et de dolomie représente, en 2021, 70 % de la production de pierre concassée, à côté du granit, 15 %.
  • En France, en 2018, la production est de 100,2 millions de t.

On distingue les granulats utilisés après concassage dans les travaux publics et les bétons, du calcaire utilisé comme matière première pour élaborer les ciments et la chaux, de celui employé comme amendement et de celui, de qualité chimique, qui est produit selon deux voies :

  • l’une chimique pour le carbonate de calcium précipité,
  • l’autre, à partir de calcaire naturel de grande pureté, finement broyé.

Carbonate de calcium de qualité chimique

Carbonate de calcium précipité (PCC) : CaCO3 est également produit synthétiquement, en quantités nettement moins importantes que les exploitations de calcaire, par précipitation de lait de chaux purifié à l’aide de CO2 selon la réaction :

Ca(OH)2 + CO2 = CaCO3 + H2O

Le lait de chaux et le dioxyde de carbone sont obtenus à partir de carbonate de calcium naturel (calcaire) (voir le chapitre hydroxyde de calcium).

Il peut être également produit à partir de lait de chaux et de carbonate de sodium naturel dans des pays, par exemple les États-Unis, qui possèdent de tels gisements. Dans ce dernier cas, de l‘hydroxyde de sodium est coproduit selon la réaction suivante :

Ca(OH)2 + Na2CO3 = CaCO3 + 2 Na+ + 2 OH

Le produit obtenu, plus pur que le produit naturel, est principalement utilisé dans l’industrie papetière comme charge blanche des papiers et matériau de couchage.

Productions :

La production de l’Union européenne, en 2022, est de 3,583 millions de t dont 825 171 t en Finlande, 509 016 t, en 2021, en Italie, 492 435 t au Portugal, 322 482 t en Grèce, 240 418 t en Suède, en 2021, 166 544 t en Espagne, 113 686 t en Allemagne, 122 004 t en France.

Producteurs :

  • La société nord américaine Minerals Technologies, avec une production annuelle de 4 millions de t, est leader mondial avec 55 usines implantées dans le monde sur les sites des industries papetières dont 3 en France à Alizay (27) dans l’usine Double A Paper Company, Quimperlé dans l’usine de PDM Industries et Saillat sur Vienne (87) dans l’usine d’International Paper. Par ailleurs, 2 usines sont situées hors sites papetiers, aux États-Unis, à Adams, dans le Massachusetts et au Royaume Uni à Lifford.
  • La société Omya (Suisse) est n°2.
  • Le groupe français Imerys est n°3 en exploitant 17 usines de fabrication de carbonate de calcium précipité (5 en Europe, 9 en Amérique – Argentine, Brésil, États-Unis, 3 en Asie – Chine, Inde, Indonésie). A acquis, en 2015, les activités de Solvay dans le carbonate de calcium précipité avec ses 4 usines en Europe, Egensee (Autriche), Lostock (Royaume Uni), Rheinberg (Allemagne) et, en France, Salin-de-Giraud (13) avec 50 000 t/an.
  • La société allemande Schaeffer Kalk produit 442 000 t/an avec en particulier une usine en France, à Publier (74).

Carbonate de calcium naturel finement broyé (GCC) : le carbonate de calcium précipité est concurrencé par le calcaire pur finement broyé (GCC). Ses principales utilisations concernent, en Europe de l’Ouest, l’industrie papetière où les papiers contiennent jusqu’à 28 % de charge blanche. Au Japon, le principal marché est celui des matières plastiques. Le n°1 mondial est le groupe suisse Omya, le n°2, le groupe français Imerys avec une production de 2 millions de t/an dans 26 usines dont 6 en Europe, 6 en Amérique et 13 en Asie.

La capacité mondiale de production de carbonate de calcium de qualité chimique (PCC et GCC) est de 100 millions de t/an située à 50 % en Chine.

Situation française

En 2018.

Granulats de calcaire concassé production de 100,2 millions de t.

Calcaires industriels : productions.

  • Construction : 15 795 900 t principalement pour la production de ciments (voir ce chapitre).
  • Castines pour la sidérurgie et diverses industries métallurgiques : 3 486 200 t.
  • Amendements agricoles : 1 657 000 t.
  • Chimie et pharmacie : 1 818 700 t, en 2015.
  • Charges minérales : 242 700 t.
  • Industries agroalimentaires : 283 000 t.
  • Produits d’absorption ou de filtration : 75 500 t.
  • Autres industries : 1 285 100 t.
Pierres calcaires et marbres :
  • Extraction : 270 400 m3.
  • Producteurs : Rocamat, qui exploite, en France, 30 carrières dont Vilhonneur (16), Massangis (89), Buxy (71), Anstrude (89), Chassagne (21), Rocherons (21) …

Carbonate de calcium : production. Les productions destinées aux industries sidérurgiques, métallurgiques, chimiques, pharmaceutiques, aux produits abrasifs et à l’agriculture sont confidentielles.

  • Construction : 1 493 500 t.
  • Charges minérales : 1 221 600 t.
  • Industries du verre et du papier : 303 600 t, en 2015.
  • Agroalimentaire : 166 900 t, en 2015.
  • Produits d’absorption ou de filtration : 51 800 t, en 2015.

Craie : production. Les productions destinées aux charges minérales et aux autres industries sont confidentielles.

  • Construction : 2 894 700 t.
  • Agriculture : 189 900 t.

Marnes : production.

  • Construction : 2 310 400 t.
  • Agriculture : 237 700 t.

Commerce extérieur : en 2024.

Carbonate de calcium :

  • Exportations : 119 263 t à 59 % vers l’Allemagne, 8 % vers la Belgique, 5 % la Suisse, 3 % le Royaume Uni.
  • Importations : 76 711 t à 45 % d’Espagne, 17 % d’Allemagne, 17 % de Belgique, 12 % d’Italie.

Castines et pierres à chaux :

  • Exportations : 363 183 t à 76 % vers le Luxembourg, 15 % l’Allemagne, 8 % le Royaume Uni.
  • Importations : 105 190 t à 69 % de Belgique, 23 % d’Allemagne, 7 % d’Italie.

Dolomie crue :

  • Exportations : 14 154 t à 76 % vers le Gabon, 12 % la Suisse, 6 % le Portugal, 3 % l’Italie.
  • Importations : 94 618 t à 58 % d’Allemagne, 19 % d’Espagne, 8 % de Belgique, 7 % d’Italie, 5 % des Pays Bas.

Dolomie calcinée ou frittée :

  • Exportations : 2 826 t à 50 % vers la Belgique, 48 % l’Allemagne, 2 % Oman.
  • Importations : 58 964 t à 63 % de Belgique, 20 % d’Italie, 12 % d’Espagne, 3 % d’Allemagne.

Craie :

  • Exportations : 268 929 t à 39 % vers l’Allemagne, 25 % la Belgique, 10 % l’Espagne, 9 % les Pays Bas.
  • Importations : 54 208 t à 56 % de Belgique, 17 % de Norvège, 10 % d’Espagne, 7 % d’Allemagne.

Marbre  brut :

  • Exportations : 342 t à 42 % vers l’Italie, 39 % la Suisse, 14 % l’Espagne, 4 % la Belgique.
  • Importations : 2 208 t à 32 % du Portugal, 20 % d’Espagne, 18 % d’Italie, 7 % d’Allemagne.

Producteurs :

  • CMF Products a été créé, en 2015, après l’achat par Omya des activités de Carmeuse France dans le carbonate de calcium. Les usines issues de Omya sont situées à Saint-Béat (31), Salses le Château (66), Orgon (13), Etival Clairefontaine (88), Omey (51), Sainte Croix de Mareuil (24) et Entrain-sur-Nohain (58), celles issues de Carmeuse France, à Saint Porchaire (17), Carlencas (34), Verfeuil (30), Montoir (44), Lanester (56), Audierne (29), Châteaupanne (49), Les Aucrais (14), Ecuelles (77), Bois Bernard (62), Void (55).
  • Meac (filiale de Omya), spécialisée dans les amendements calcaires, à Noguères (64), La Tour Blanche (24), Saint Césaire (17), Sillars (86), Erbray (44), Ecouché (61), Saint Maur (36), Villeau (28), Maxey sur Vaise (55) et Gy (70).
  • Imerys à Villers sous Saint Leu (60), Axat (11).
  • Samin, filiale de St Gobain, à Chatillon-en-Michaille (01), Chanac (48) et Les Pennes-Mirabeau (13).
  • Provençale S.A à Brignoles (83), Espira de l’Agly (66), Courson les Carrières (89) et Pouzihac (30).
  • Timac Agro, filiale du groupe Roullier spécialisé dans les amendements à Saint Malo (35) et Voisey (52).
  • Groupe CB, avec les Carrières du Boulonnais, plus importante carrière française de calcaire, à Ferques (62) qui produisent 6 millions de t/an, les Carrières du Bassin de la Sambre à Limont-Fontaine (59), avec 900 000 t/an et les carrières Blanc à Izernore (01).
  • Les producteurs de carbonate de sodium, Solvay et Humens (ex-Seqens) exploitent des carrières de calcaire dans la région de Pagny-sur-Meuse (55). Solvay exploite la carrière de Mansolle, à Saint-Germain-sur-Meuse et Humens, les carrières de Pagny et du Revol.
  • Les producteurs de chaux et en particulier le groupe belge Lhoist, voir le produit hydroxyde de calcium.
  • Les producteurs de ciment, voir le produit ciments courants.

Utilisations

La principale utilisation du calcaire est la construction.

Aux États-Unis, en 2014, le calcaire a été utilisé à 75 % comme granulats en construction, 14 % pour la fabrication du ciment, 9 % dans celle de la chaux, 2 % comme amendement agricole, 2 % dans la désulfuration de fumées.

Utilisations particulières :

  • Source de CO2 : par exemple dans la fabrication de Na2CO3 selon le procédé Solvay. Le carbonate de sodium est utilisé, en particulier, dans l’industrie verrière.
  • Sidérurgie : CaCO3, appelé castine est ajouté, comme fondant, au minerai et au coke dans le gueulard du haut fourneau, afin de faciliter la fluidité du laitier, par formation de silicates ou silicoaluminates de calcium.
  • Amendement agricole : sous forme de CaCO3 (apport compté en CaO). Permet d’apporter les ions Ca2+ consommés par les récoltes (50 kg de CaO par hectare de blé, 300 kg/ha de luzerne), de diminuer l’acidité des sols (pour augmenter le pH de 0,5 unité, il faut apporter, pour une terre sableuse de 800 à 2 000 kg de CaCO3/ha) et d’améliorer le travail du sol.
  • Désulfuration : introduit, finement broyé, avec le charbon lors de sa combustion dans des centrales thermiques. Permet d’éliminer jusqu’à 95 % du soufre qui serait émis sous forme de SO2, voir les chapitres dioxyde de soufre et gypse.
  • Charge et produit de couchage des papiers à l’aide de carbonate de calcium précipité (PCC) ou naturel, finement broyé (GCC). Dans cette application, le carbonate de calcium est en concurrence avec le kaolin, le talc, le dioxyde de titane.
  • Pigment blanc pour peintures, matières plastiques, caoutchoucs, films, joints et adhésifs.
  • Dans des fluides de forage.
  • La dolomie est utilisé comme matériau réfractaire dans la construction de fours. Après chauffage vers 1400°C comme revêtement basique de poches d’affinage en sidérurgie et sous forme de briques réfractaires de dolomie frittée par chauffage à 1900-2000°C.

Bibliographie

Archives

Carbonate de calcium 2023

Carbonate de calcium 2022

Carbonate de calcium 2019

Carbonate de calcium 2014

Carbonate de calcium 2013

Carbonate de calcium 2010

Carbonate de calcium 1996

Carbonate de calcium 1993

 

Sulfate de potassium

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Minéral Structure cristalline
K2SO4 174,27 g.mol-1 arcanite la forme bêta, orthorhombique, de paramètres a = 0,748 nm, b = 1,007 nm et c = 0,576 nm, se transforme en forme alpha, hexagonale, à 583°C

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température d’ébullition Solubilité dans l’eau
2,662 g.cm-3 1 069°C 1 689°C
  • à 0°C : 12 g/100 g d’eau
  • à 100°C : 24,1 g/100 g d’eau

Données thermodynamiques

Sulfate de potassium cristallisé :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : -1 434,2 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : -1 316,9 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 175,8 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 130,2 J.K-1mol-1
  • Enthalpie molaire standard de fusion à la température de fusion : 36,7 kJ.mol-1

Données industrielles

Le sulfate de potassium (K2SO4), dénommé SOP (sulphate of potash) dans l’industrie des engrais, est principalement utilisé dans cette application comme engrais potassique. Il est réservé à la fertilisation des sols salins, en remplacement du chlorure de potassium ou MOP (muriate of potash), et pour des cultures telles que le tabac, les fruits et légumes, sensibles aux ions chlorure. Le sulfate de potassium représente 8 % de la fertilisation potassique, le chlorure de potassium, 85 %, le nitrate de potassium, 2 % et le sulfate double de potassium et de magnésium, 2 %. Il présente également l’avantage d’apporter l’élément soufre nécessaire aux cultures.

Le sulfate de potassium n’existe pas sous forme isolée dans la nature. Il est présent sous forme de sels doubles ou triples dans divers minéraux comme la langbeinite (K2SO4,2MgSO4), la schönite (K2SO4,MgSO4,6H2O), la polyhalite (K2SO4,MgSO4,2CaSO4,2H2O), la kainite (KCl,MgSO4,3H2O)…, minéraux présents dans les mines de potasse ou pouvant se former par évaporation de lacs salés, d’où le sulfate de potassium peut être extrait par des opérations de dissolution-séparation-cristallisation.
Il peut être également obtenu par conversion du chlorure de potassium en utilisant d’autres sulfates, principalement de sodium, à l’aide d’opérations de dissolution-séparation-cristallisation.
Enfin il est également synthétisé, selon le procédé Mannheim, par réaction, vers 800°C, entre le chlorure de potassium et l’acide sulfurique.

Fabrication industrielle

Selon le procédé Mannheim :

Le sulfate de potassium peut être obtenu par action de l’acide sulfurique concentré sur du chlorure de potassium dans des fours Mannheim, à 800°C, selon la réaction :

2 KCl + H2SO4 = K2SO4 + 2 HCl(g)

0,84 t de KCl et 0,56 t de H2SO4 donnent 1 t de K2SO4 et 1,2 t de HCl.

Ce procédé est utilisé pour 50 à 60 % des capacités mondiales de production de sulfate de potassium, par exemple par Tessenderlo Group. Ce procédé, à prix de revient élevé, ne peut être intéressant que si le chlorure d’hydrogène co-produit, transformé en acide chlorhydrique, est valorisé.

Élaboration à partir de saumures de lacs salés et cristallisation de kainite :

La kainite (KCl,MgSO4,3H2O), est présente dans des gisements de potasse mais aussi se forme par évaporation de saumures de lacs salés comme c’est le cas pour le Grand Lac Salé, dans l’Utah, aux États-Unis, exploité par Compass Minerals. La kainite traitée par la solution sulfatée recyclée après cristallisation du sulfate de potassium donne de la schönite selon la réaction :

2 KCl,MgSO4,3H2O = K2SO4,MgSO4,6H2O + Mg2+ + 2 Cl

La schönite traitée par de l’eau chaude donne du sulfate de potassium qui cristallise et une solution de sulfate de magnésium recyclée dans le traitement de la kainite selon la réaction :

K2SO4,MgSO4,6H2O = K2SO4 + Mg2+ + SO42-+ 6 H2O

Au Chili, dans le désert d’Atacama, la concentration dans des salines des saumures extraites, par SQM, permet de former d’une part de la schönite et d’autre part de la sylvine qui par réaction donnent du sulfate de potassium selon l’équation :

K2SO4,MgSO4,6H2O + 2 KCl = 2 K2SO4 + Mg2+ + 2 Cl + 6 H2O

L’exploitation de lacs salés, riches en ions potassium et en ions sulfate représente 10 % des capacités mondiales de production. De nombreux projets sont en cours d’étude en Australie de l’Ouest.

Élaboration à partir à partir de sylvine (KCl) et de kiésérite (MgSO4,H2O) par recristallisation :

Le sulfate de potassium est également produit à partir de sels extraits de gisements naturels qui contiennent de la sylvine, KCl, et de la kiesérite, MgSO4,H2O. C’est le cas, en Allemagne, pour les gisements de potasse du groupe K+S. Par exemple, en Allemagne, la mine de Neuhof renferme 20,4 % de kiésérite et 16,1 % de sylvine. Une première réaction entre la kiésérite et la sylvine donne de la kainite selon l’équation suivante :

MgSO4,H2O + KCl + 3 H2O = KCl,MgSO4,3H2O

La kainite est ensuite transformée en schönite puis en sulfate de potassium selon le procédé utilisé pour la kainite formée dans les lacs salés. Cette origine représente de 25 à 30 % des capacités mondiales de production.

Élaboration à partir de saumures de lacs salés, à l’aide de sulfate de sodium :

Lorsque les lacs salée renferment du sulfate de sodium ou du sel de glauber (Na2SO4,10H2O), deux procédés sont utilisés par Compass Minerals à Big Quill Lake, près de Wynyard, dans le Saskatchewan, au Canada. Le chlorure de potassium nécessaire au procédé est acheté auprès des producteurs canadiens proches.

  • Par résines échangeuses d’ions : une solution de sulfate de sodium passe dans des colonnes échangeuses d’ions qui se chargent en ions sulfate puis les résines sont régénérées par une solution de chlorure de potassium, avec libération des ions sulfate et fixation sur les résines des ions chlorure. On obtient ainsi une solution de sulfate de potassium. Le sulfate de potassium obtenu est particulièrement pur et destiné à des applications pharmaceutiques ou agroalimentaires.
  • Selon le procédé à la glasérite : du sulfate de sodium traité par une solution saturée de chlorure de potassium donne de la glasérite, sulfate double de sodium et de potassium, qui précipite et est recueilli, selon la réaction :

4 Na2SO4+ 6 K+ + 6 Cl = Na2SO4,3K2SO4 + 6 Na+ + 6 Cl

La glasérite est traitée par une solution de chlorure de potassium pour donner du sulfate de potassium selon la réaction :

Na2SO4,3K2SO4 + 2 K+ + 2 Cl = 4 K2SO4 + 2 Na+ + 2 Cl

Productions

En 2020, la capacité mondiale de production est de 10 millions de t/an, à 60 % en Chine, 20 % en Europe de l’Ouest, 5 % en Amérique du Nord.
En 2015, la production chinoise a été de 2,54 millions de t.
En 2023, la production de l’Union européenne, principalement en Allemagne, Belgique et Finlande, est de 1,323 million de t de K2O dont 635 621 t en Finlande, 57 054 t en Italie, en 2022, 11 150 t en Autriche.

Divers projets sont en cours de développement pour l’exploitation de lacs salés, en Australie Occidentale.

  • La société Kalium Lake a commencé à produire, en octobre 2021, sur le projet Beyondie avec une capacité de production de 90 000 t/an devant être portée à 120 000 t/an.
  • On peut aussi citer celui de Salt Lake Potash (SO4), avec l’exploitation du Lake Way, d’une capacité de production de 245 000 t/an, situé à l’est de Perth. Le minerai doit être acheminé par route puis par train jusqu’au port de Fremantle pour être exporté.
  • La société Australian Potash prévoit sur le projet du Lake Wells une production de 170 000 t/an.
  • Agrimin développe le projet Mackay avec une capacité de production prévue de 450 000 t/an, le sulfate devant être exporté par le port de Wyndham. Les réserves prouvées et probables sont de 20 millions de t de sulfate de potassium.

Producteurs : en 2020.

en milliers de t de capacités annuelles de production
SDIC Xinjiang Luobupo Potash 1 500 SQM 340
K+S 1 000 Migao Corporation 320
Tessenderlo 750 Yara 200
Compass Minerals 590 Sesoda 140
China Ching Shiang Chemical 450 Archean 130
Sources : Agrimin et rapports des sociétés
  • SDIC Xinjiang Luobupo Potash exploite, en Chine, dans la province du Xinjiang, le lac Lop Nor, avec 1,5 million de t/an de capacité de production.
  • K+S, par recristallisation de sels extraits de mines de potasse.
  • Tessenderlo Group, selon le procédé Mannheim est le 3ème producteur mondial. Possède, à Ham, en Belgique, des capacités de production de 750 000 t/an.
  • Compass Minerals à partir de saumures de lacs salés. Possède 550 000 t/an de capacité de production dans le Grand Lac Salé, à Ogden, dans l’Utah aux États-Unis et 40 000 t/an à Big Quill Lake, près de Wynyard, dans la province du Saskatchewan, au Canada.
  • China Ching Shiang Chemical, produit du sulfate de potassium selon le procédé Mannheim dans la province du Shandong.
  • SQM produit du sulfate de potassium lors de l’exploitation du salar d’Atacama au Chili, avec une capacité de production de 340 000 t/an.
  • Migao Corporation, produit, en Chine, du sulfate de potassium selon le procédé Mannheim, dans les provinces de Changchun avec 80 000 t/an, de Liaoning avec 40 000 t/an, de Shanghai avec 40 000 t/an et de Guangdong avec 160 000 t/an. En 2015-16, la production a été de 273 000 t. La capacité de production de chlorure d’hydrogène coproduit est de 384 000 t/an.
  • Yara, produit du sulfate de potassium selon le procédé Mannheim, à Kokkola, en Finlande.
  • Sesoda produit du sulfate de potassium à Suao, à Taipei chinois, selon le procédé Mannheim, avec une capacité de production de 140 000 t/an. En 2021, les ventes à l’exportation ont porté sur 125 651 t.
  • Archean, produit du sulfate de potassium, en Inde, dans le marais salé du Great Rann of Kutch, près de Hajipir dans l’État du Gujurat avec une capacité de production de 130 000 t/an.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs : sur un total de 1,561 million de t, en 2021.

en milliers de t de produit
Belgique 275 Oman 49
Taipei chinois 190 Canada 28
Suède 140 États-Unis 27
Chine 101 Autriche 17
Égypte 92 Corée du Sud 17

Source : ITC

Les exportations belges sont destinées à 15 % à l’Égypte, 12 % aux Pays Bas, 12 % à l’Espagne, 8 % au Mexique.

Principaux pays importateurs sur un total de 1,927 million de t, en 2021 :

en milliers de t
Belgique 239 Mexique 54
Australie 84 Inde 53
États-Unis 78 Japon 51
France 61 Pays Bas 47
Espagne 55 Pakistan 43

Source : ITC

Les importations belges proviennent à 94 % d’Allemagne, 4 % de Suède.

Situation française

Le groupe Tessenderlo a produit du sulfate de potassium à Loos (59), de 2004 à 2013.

En 2023, la production est de 3 603 t.

Commerce extérieur : en 2024.

Les exportations étaient de 7 137 t de produit correspondant à 5 402 t de K2O avec comme principaux marchés à :

  • 57 % la Finlande,
  • 20 % l’Italie,
  • 19 % l’Espagne,
  • 3 % la Suisse

Les importations s’élevaient à 56 846 t de produit correspondant à 28 241 t de K2O en provenance principalement à :

  • 56 % d’Allemagne,
  • 30 % de Belgique,
  • 4 % du Royaume Uni.

Utilisations

La consommation mondiale est de 7 millions de t/an, à plus de 40 % en Chine.

Il est utilisé comme engrais potassique dans les sols salins, en remplacement du chlorure de potassium, et pour des cultures telles le tabac, les fruits et légumes, sensibles aux ions chlorure. Le sulfate de potassium représente 8 % de la fertilisation potassique, le chlorure de potassium, 85 %.

Bibliographie

Archives

Sulfate de potassium 2023

Sulfate de potassium 2022

Sulfate de potassium 2019

 

Chlorure de potassium

Données physico-chimiques

Données atomiques

Formule Masse molaire Minéral Structure cristalline Rayons ioniques de Pauling dans la coordinence 6
KCl 74,56 g.mol-1 sylvine cubique à faces centrées de type NaCl, de paramètre a = 0,629 nm K+ : 133 pm et Cl : 181 pm

Données physiques

Masse volumique Température de fusion Température de sublimation Solubilité dans l’eau
1,984 g.cm-3 776°C 1 500°C
  • à 0°C : 34,7 g/100 g d’eau
  • à 100°C : 56,7 g/100 g d’eau

Données thermodynamiques

Chlorure de potassium cristallisé :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : -436 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : -408,5 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 82,7 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 51,5 J.K-1mol-1
  • Enthalpie molaire standard de fusion à la température de fusion : 25,5 kJ.mol-1
  • Enthalpie molaire standard d’ébullition à la température d’ébullition : 162,4 kJ.mol-1
Chlorure de potassium gazeux :

  • Enthalpie molaire standard de formation à 298,15 K : -216 kJ.mol-1
  • Enthalpie libre molaire standard de formation à 298,15 K : -235,2 kJ.mol-1
  • Entropie molaire standard à 298,15 K : S° = 239,6 J.K-1mol-1
  • Capacité thermique molaire sous pression constante à 298,15 K : Cp° = 36,2 J.K-1mol-1

Données industrielles

Le chlorure de potassium, KCl, étant principalement employé dans l’industrie des engrais et en agriculture, les quantités et les teneurs sont souvent exprimées en K2O avec : 1 t KCl = 0,631 t K2O. Dans l’industrie des engrais et en agriculture, il est appelé improprement « potasse » et « muriate of potash (MOP) » dans les pays anglosaxons.
Le chlorure de potassium est directement extrait du sol ou de solutions salines et ne subit qu’une purification.

État naturel

La teneur moyenne de l’écorce terrestre en élément potassium, K, est de 2,4 %. Il est surtout présent dans des feldspaths, en particulier l’orthose, KAlSi3O8, des feldspathoïdes comme la leucite, KAlSi2O6 ou la néphéline, Na3KAl4Si4O16, des micas avec la muscovite, KAl2(AlSi3O10)(F,OH)2 ou la biotite, K(Mg,Fe)3AlSi3O10(OH)2.

Sous forme de chlorure, KCl, il est présent, principalement, dans des dépôts marins fossiles en présence, en général, de chlorure de sodium. C’est sous cette forme, ainsi que des eaux de la Mer Morte ou de lacs salés, qu’il est extrait et utilisé principalement dans l’industrie des engrais.

Minerais : le principal minerai est la sylvinite (KCl-NaCl), les autres minerais exploités sont la carnallite (KCl-MgCl2), la kaïnite (KCl-MgSO4) et la langbeinite (MgSO4-K2SO4). La sylvinite est un mélange de sylvine (KCl) et de halite (NaCl). La sylvinite a été découverte en 1856 dans un gisement de sel gemme, en Allemagne et son exploitation a débuté en 1861 en Allemagne dans les gisements de Hanovre et de la Werra. Les mines sont exploitées par voie souterraine, pour 80 % de la production mondiale ou par dissolution in situ, pour 6 % de la production. Diverses exploitations souterraines ont été inondées et ont vu leur exploitation se poursuivre par dissolution. Par ailleurs, l’exploitation de la Mer Morte et celle de lac salés donne 14 % de la production mondiale.

Le gisement des Mines de Potasse d’Alsace : il s’est formé à l’Oligocène, il y a 26 à 38 millions d’années, selon un régime lagunaire, la lagune étant alimentée périodiquement en eaux nouvelles par le jeu d’une « barre ». Au sein des couches de sylvinite, l’alternance sylvite (KCl), sel gemme (NaCl) correspondrait à des changements de saison, KCl se déposant en saison froide, NaCl en saison chaude. Il est situé dans la plaine d’Alsace, au nord-ouest de Mulhouse. Il couvre environ 20 000 hectares. L’exploitation du gisement s’est terminée en 2002.
Le gisement a été découvert en 1904. Il est constitué de deux couches séparées par 20 m de sel gemme, marnes et anhydrite (CaSO4) situées à une profondeur variant de 400 à 1100 m.

  • La couche inférieure, la plus puissante, a une épaisseur comprise entre 3 m et 5,50 m, sa formation aurait duré 160 ans
  • La couche supérieure d’épaisseur comprise entre 1 et 2,20 m s’est formée durant environ 30 ans.

Chaque couche est composée de filets alternés (d’épaisseur variant du mm au cm), de KCl, de NaCl et d’argile.
Le minerai (la sylvinite) a une teneur de 25 % de sylvine, 60 % de sel gemme et 15 % d’éléments insolubles (argiles…). Il contient également du bromure de potassium qui était récupéré et valorisé pour produire du dibrome.
300 km de galeries (largeur environ 4 m, hauteur environ 3 m), avant la fermeture de la mine, étaient en service.
Le minerai était extrait par la méthode du havage intégral. Une haveuse (fraiseuse) munie de couteaux en acier au carbure de tungstène attaque le banc de minerai sur 1 m de large et sur 1 à 4 m de haut suivant les chantiers, à une vitesse variant de 50 à 100 m/h. L’extraction cumulée, depuis 1910, de minerai brut est supérieure à 500 millions de t. Le maximum d’extraction a été atteint en 1974, avec 13,4 millions de t de minerai brut.

Traitements du minerai

Trois procédés sont utilisés : le traitement thermique par dissolution puis cristallisation, la flottation et la séparation électrostatique.
Le traitement du minerai consiste, après broyage, à séparer les divers constituants, chlorure de potassium, chlorure de sodium, autres minéraux riches en potassium (carnallite, kaïnite, langbeinite) ou en magnésium (kiesérite, MgSO4,H2O) et insolubles (argiles). Le broyage du minerai est conditionné par le traitement de séparation utilisé, la flottation et la séparation électrostatique demandant un broyage plus poussé que le traitement thermique afin de séparer physiquement les particules. L’extraction par dissolution in situ échappe à cette opération préalable et se poursuit par traitement thermique.

  • Thermique par dissolution puis cristallisation : le minerai, après un broyage grossier jusqu’à des tailles de particules de 5 à 9 mm, est attaqué à 100°C par une solution aqueuse saturée à 20°C (eau-mère) en KCl et NaCl (147 g/L de KCl et 292 g/L de NaCl). Seul KCl passe en solution. La solution saturée (saumure) à 100°C contient alors 280 g/L de KCl et 250 g/L de NaCl. Par refroidissement jusqu’à 30°C et par évaporation sous vide, KCl cristallise et la saumure redevient eau-mère. Le rendement en KCl est d’environ 93 %.
  • Par flottation : le minerai broyé à environ 0,8 mm, afin de libérer ses divers constituants, est mis en suspension dans une eau-mère froide. L’injection massive d’air, dans des cellules de 8,3 m3 et l’ajout de collecteur (acétate de stéarylamine), moussant (huile de pin) et déprimant (fécule de pomme de terre) permet de faire flotter KCl qui est récupéré dans les mousses. Les rendements de récupération sont de 92 à 93 %.
  • Électrostatique : les minéraux contenus dans le minerai n’étant pas naturellement conducteurs, il est nécessaire de soumettre au préalable le minerai à un champ électrique, qui induira à la surface des particules des charges opposées plus ou moins importantes en fonction de leur nature chimique. La séparation est réalisée à sec.

Au Canada et aux États-Unis, pour les exploitations souterraines classiques, c’est la flottation qui est principalement, à 70 %, utilisée, le traitement thermique étant réservé au chlorure de potassium destiné à des applications industrielles. Il en est de même en Espagne.
En Allemagne, ce sont les traitements thermiques et la séparation électrostatique qui sont employés.

Le chlorure de potassium obtenu selon le procédé thermique est blanc, celui obtenu par flottation ou par séparation électrostatique est rose (couleur qu’il possède dans le minerai).
Le co-produit principal est le chlorure de sodium qui est soit stocké et utilisé en partie comme sel de déneigement soit évacué dans les fleuves. Du dibrome est également co-produit. Au niveau mondial, pour une production de 55 millions de t de KCl, la coproduction de NaCl est de plus de 80 millions de t.

Le chlorure le potassium destiné à la fertilisation contient au moins 95 % de KCl, la principale impureté étant le chlorure de sodium. Sa teneur, exprimée en équivalent K2O, est de 60 à 61 % de K2O. Celui destiné aux applications industrielles, obtenu selon la voie thermique, renferme plus de 99 % de KCl.

Productions minières

Production minière de chlorure de potassium

En milliers de tonnes de K2O, en 2024, sur un total mondial de 48 millions de t de K2O. Source : USGS


en milliers de t de K2O
Canada 15 000 Jordanie 1 800
Russie 9 000 Laos 1 500
Biélorussie 7 000
Chili 750
Chine 6 300 États-Unis 420
Allemagne 3 000 Espagne 400
Israël 2 400 Brésil 360
Source : USGS

La production de l’Union Européenne, en Allemagne et Espagne, en 2021, est de 2,7 millions de t de K2O.

Les capacités mondiales de production sont, en 2022, de 80,380 millions de t/an de KCl, dont 24,770 millions de t/an au Canada.

  • Les gisements canadiens sont tous situés dans la province de Saskatchewan. Ils ont été découverts, en 1943, lors de forages pétroliers. Le gisement, constitué de couches horizontales, de 2 à 3 mètres d’épaisseur, situé à environ 1 000 m de profondeur, est exploité par 10 mines en activité (6 exploitées par Nutrien, 3 par Mosaic, 1 par K+S). 7 mines sont exploitées de façon classique par voie souterraine alors que 3 mines (Patience Lake par Nutrien, Belle Plaine par Mosaic et Bethune par K+S) sont exploitées par dissolution in situ du sel. Les ressources sont évaluées à plus de 75 milliards de t de minerai à une teneur de 21 à 27 % de K2O. La capacité de production des mines canadiennes du Saskatchewan est, en 2021, de 24,4 millions de t/an de KCl.
    BHPBilliton, développe le projet de la mine Jansen, avec une capacité de production prévue à terme de 10 millions de t/an. Les réserves sont de 1,07 milliard de t de minerai titrant 24,9 % de K2O. L’exploitation devrait commencer en 2026, avec 4,15 millions de t/an.
  • En Russie, le gisement de Verkhnekamskoye, dans la région de Perm, dans l’Oural, est le 2ème plus important gisement dans le monde après le gisement canadien. Le principal exploitant de ce gisement est le groupe Uralkali.
  • En Biélorussie, le gisement exploité est celui de Starobin, près de Soligorsk.
  • En Allemagne, les mines, exploitées principalement par K+S, sont situées dans le centre du pays, surtout dans les lands de Hesse et Thuringe.
  • Israël et la Jordanie exploitent les eaux salées de la Mer Morte.
  • Au Chili, c’est le salar d’Atacama qui est exploité.
  • En Espagne, la mine exploitée est située en Catalogne.
  • Aux États-Unis, les mines sont situées au Nouveau Mexique et dans l’Utah.

En République du Congo, divers projets sont en cours d’étude et de développement. Dans ce pays, un gisement de sylvinite et de carnallite a été découvert en 1935 et entre 1969 et 1977, l’exploitation souterraine du gisement à Holle, a permis une production de 450 000 t/an de KCl. Toutefois, le 20 juin 1977, une inondation de la mine a entraîné l’arrêt de la production. L’exploitation de ce gisement, situé dans le département du Kouilou, à peu de distance du port en eaux profondes de Pointe Noire devrait permettre une évacuation facile pour alimenter le marché mondial et en particulier le Brésil, l’un des premiers pays importateurs. Parmi les projets les plus avancés on peut citer la société Sintoukola, propriété à 97 % de la société australienne Kore Potash, avec 2 projets. Celui d’une mine souterraine de sylvinite à Kola avec une production de 600 000 t/an puis de 1,2 million de t/an avec des réserves de 152 millions de t de minerai renfermant 32,5 % de KCl et celui d’une mine de carnallite à Dougou, avec une production, par dissolution in situ, de 400 000 t/an de KCl et des ressources de 3 milliards de t de minerai à 20,7 % de KCl.

Commerce international : en 2023.

Principaux pays exportateurs : sur un total de 54,312 millions de t de KCl destinées à une utilisation comme engrais.

en milliers de t de KCl
Canada 22 383 Jordanie 2 683
Russie 9 782
Laos 2 483
Biélorussie 9 032
Espagne 496
Israël 3 670 Chili 369
Allemagne 3 133 Ouzbékistan 187
Source : Nutrien Fact Book 2024

Les exportations du Canada sont destinées à 46 % aux États-Unis, 19 % au Brésil, 8 % à la Chine, 5 % à l’Inde.

La société Canpotex, joint venture entre Nutrien et Mosaic, assure les ventes du chlorure de potassium de ces groupes à l’étranger, hors États-Unis.

Principaux pays importateurs : sur un total de 54,312 millions de t de KCl destinées à une utilisation comme engrais.

en milliers de t de KCl
Brésil 13 168 Malaisie 1 467
Chine 11 225
Bangladesh 1 176
États-Unis 8 863
Vietnam 972
Inde 3 247 Thaïlande 771
Indonésie 2 488 Belgique 740
Source : Nutrien Fact Book 2024

Les importations du Brésil proviennent du Canada à 37 %, de Russie à 30 %, d’Ouzbékistan à 9 %.
Celles des États-Unis, du Canada à 89 %, de Russie à 8 %.
Celles de Chine, de Biélorussie à 29 %, de Russie à 26 %, du Canada à 2817 %, du Laos à 15 %.

Principaux producteurs : en 2024 sur une capacité totale de 103,5 millions de t/an.

répartition, en %
Nutrien (Canada) 20 % ICL (Israël) 5 %
Belaruskali (Biélorussie) 14 %
QSL (Chine) 5 %
Uralkali (Russie) 14 %
Eurochem (Russie) 5 %
Mosaic (États-Unis) 14 %
APC (Jordanie) 3 %
K+S (Allemagne) 7 % SQM (Chili) 2 %
Source : ICL
  • Nutrien issu, de la fusion, effective depuis le 1er janvier 2018, entre PotashCorp (Potash Corporation of Saskatchewan, Canada) et Agrium est n°1 mondial avec 6 exploitations au Saskatchewan (Lanigan avec une production, en 2024, de 3,4 millions de t de KCl, Rocanville, 5,2 millions de t, Cory, 2,11 million de t, Allan, 2,4 millions de t, Patience Lake, 250 000 t et Vanscoy, 1,03 million de t). Les réserves prouvées et probables sont de 2,114 milliards de t de minerai d’une teneur comprise entre 22,5 et 24,8 % de K2O. En 2024, la production totale est de 14,21 millions de t de KCl.
  • Belaruskali (Biélorussie), exploite, avec 6 mines, à Boligorsk, le gisement de Starobin qui s’étend sur 350 km2. En 2021, la production a été de 12,5 millions de t de KCl.
  • Uralkali (Russie) exploite avec 5 mines, le gisement de Verkhnekamskoye, en Russie, entre Berezniki et Solikamsk, dans la région de Perm. Le gisement a été découvert en 1925. En 2021, la production a été de 12,3 millions de t de KCl. Les réserves prouvées et probables sont, début 2020, de 1,256 milliard de t de minerai titrant 16,5 % de K2O.
  • Mosaic, exploite 3 mines au Canada, dans la province du Saskatchewan (Belle Plaine, avec une production, en 2024, de 3,0 millions de t de KCl, Esterhazy, avec 4,7 millions de t et Colonsay avec 600 000 t) et une mine aux États-Unis, à Carlsbad, au Nouveau Mexique, avec 500 000 t. La production totale, en 2024, est de 8,8 millions de t. Les réserves sont de 2,166 milliards de t de minerai titrant 20,3 % de K2O. En décembre 2016, Mosaic a acquis les activités de Vale dans les engrais et en particulier une mine au Brésil, Taquari-Vassouras, dans l’État de Sergipe, avec une capacité de production de 520 000 t/an, une production, en 2021, de 426 000 t et des réserves de 9,9 millions de t à 23,88 % de K2O.
  • K+S (Allemagne), premier producteur européen, avec des ventes de 5,2 millions de t en 2021, exploite 5 mines en Allemagne (Wintershall, Hattorf, Unterbreizbach, Zielitz et Neulof-Ellers) avec des réserves de 1,1 milliard de t de KCl. Par ailleurs, K+S a inauguré, en mai 2017, la mine de Bethune, dans la province du Saskatchewan, au Canada, avec une production en 2021 de 1,9 million de t et des réserves de 200 millions de t de KCl d’un minerai titrant 18 % de K2O. Le gisement, à 1 500 m de profondeur, d’une épaisseur de 33 m, est exploité par dissolution in situ.
  • ICL (Israël Chemical Ltd, Israël), qui exploite, à Sodom, les eaux de la Mer Morte et possède une mine en Espagne a produit, en 2024, 4,502 millions de t de KCl.
    • L’exploitation de la Mer Morte, en 2024, par pompage de 469 millions de m3 d’eau a donné, 3,700 millions de t de KCl, 125 000 t de NaCl, 190 000 t de dibrome, 111 000 t de chlorure de magnésium et 17 000 t de magnésium.
    • En Espagne, ICL extrait du chlorure de potassium, en Catalogne, dans la mine de Cabanases (Suria). La capacité de production de 1 million de t/an de KCl en 2021 devrait être portée à 1,3 million de t/an. La production a été, en 2024, de 802 000 t de KCl avec des réserves prouvées et probables de 95,3 millions de t à 25,6 % de KCl.
    • En Éthiopie, ICL développe le projet de la mine de Danakhil, dans l’Afar.
  • Qinghai Salt Lake (QSL), société d’État chinoise, en cours de restructuration, a produit, en 2019, 5,63 millions de t de KCl.
  • Le groupe Eurochem, développe, en Russie, deux projets importants, celui de VolgaKaliy, dans la région de Volgograd, avec des réserves de 1,6 milliard de t de minerai renfermant 39,5 % de KCl et une capacité de production de 2,3 millions de t/an pouvant être portée à 4,6 millions de t/an et celui de Usolskiy, dans la région de Perm, avec des réserves de 2,3 milliards de t renfermant 30,8 % de KCl et une capacité de production de 2,3 millions de t/an pouvant être portée à 4 millions de t/an. En 2021, la production est de 2,512 millions de t de KCl.
  • APC (Arab Potash Company) exploite comme ICL, les eaux de la Mer Morte. En 2023, la production est de 2,780 millions de t de KCl. Les parts de 28 % détenues par Potash Corp ont été acquises par Man Jia Industrial Development, société étatique chinoise.
  • SQM (Sociedad Quimica y Minera de Chile) exploite le salar d’Atacama au Chili et a produit, en 2024, 925 000 t de chlorure et sulfate de potassium. Les réserves prouvées et probables du salar d’Atacama sont de 275 millions de m3 avec une teneur de 2,21 % en ions K+ et 0,20 % en ions Li+.

Réserves : elles sont estimées, en 2024, à plus de 4,8 milliards de t de K2O.

en millions de t de K2O
Canada 1 100 Jordanie, en 2018 270
Laos 1 000 États-Unis 220
Russie 920 Chine 180
Biélorussie 750 Allemagne 150
Israël, en 2018 270 Chili 100
Source : USGS

Situation française

En t de K2O.

Production : nulle depuis la fermeture des Mines de Potasse d’Alsace, en 2002.

Commerce extérieur : en 2024.

Les exportations étaient de 5 713 t avec comme marché principal à :

  • 55 % la Norvège,
  • 22 % la Belgique,
  • 15 % la Suisse.

Les importations s’élevaient à 308 862 t en provenance principalement à :

  • 35 % d’Allemagne,
  • 14 % du Canada,
  • 12 % de Belgique,
  • 10 % de Russie,
  • 10 % d’Espagne.

Consommations, en 2022-23, en t de K2O.

  • Engrais simples : 126 450 t.
  • Engrais binaires PK : 49 343 t.
  • Engrais ternaires* et binaires NK : 40 197 t.
    (* Composition des engrais ternaires les plus courants : 17 % N-17 % P
    2O5-17 % K2O)

Soit un total de 215 990 t de K2O.

La consommation à l’hectare est de 17 kg de K2O. En France, entre 1988 et 2017, la fertilisation minérale en K2O a diminué de 77 %.

Utilisations

Consommations : en 2023. Monde, en 2022 : 35,,478 millions de t de K2O. Union européenne, en 2019 : 3,163 millions de t de K2O.

en milliers de t de K2O
Brésil 7 239 Malaisie 1 401
États-Unis 4 805
Vietnam 593
Chine 3 611 Russie 522
Indonésie 2 306 Pologne 478
Inde 2 287
Bangladesh 457
Source : Nutrien

KCl est essentiellement, à 86 % en 2018, utilisé comme engrais, le reste par l’industrie chimique (voir le chapitre consacré à l’hydroxyde de potassium).

Lors des utilisations comme engrais, les ions K+ sont, à 85 %, apportés sous forme de KCl et à 8 % apportés sous forme de sulfate de potassium, K2SO4. Le sulfate de potassium est préparé par action de l’acide sulfurique sur KCl ou à partir d’autres minerais (saumures, langbeinite…). Il est utilisé pour certaines cultures (tabac, fruits, légumes…) pour lesquelles la présence des ions Cl est néfaste. La production de sulfate de potassium, dans l’Union européenne, est, en 2020, de 1,438 million de t, exprimées en K2O.

En agriculture, l’apport d’ions K+, provient également des excrétions animales. En effet, celles-ci représentent, en 2013, 75 % des apports, ceux de la fertilisation minérale représentant 22 %, le reste, provenant d’autres apports organiques comme les vinasses concentrées de betteraves.

Utilisation alimentaire de KCl :

Le sel de marque « Minisel » contient 2/3 de KCl pour 1/3 de NaCl. Ce sel diététique est destiné à corriger le déséquilibre Na+/K+ fréquent dans les cas d’hypertension artérielle. Ce type de sel est très répandu au Japon et en Scandinavie.

Bibliographie

Archives

Chlorure de potassium 2023

Chlorure de potassium 2022

Chlorure de potassium 2019

Chlorure de potassium 2015

Chlorure de potassium 2014

Chlorure de potassium 2012

Chlorure de potassium 1997

Chlorure de potassium 1992