Le dioxygène est indispensable à la vie sur terre. Il est principalement extrait des gaz de l’air par distillation cryogénique. Sa principale utilisation, dans la sidérurgie, s’est développée après la construction d’un réseau de canalisations de transport du gaz.
Formule | Masse molaire | Distance interatomique |
O2 | 31,998 g.mol-1 | 121 pm |
Masse volumique | Température de fusion | Température de sublimation | Température critique | Pression critique | Température point triple | Pression point triple | Conductibilité thermique | Solubilité dans l’eau |
|
-218,4°C | -182,96°C | -118,57°C | 5 043 kPa | -218,79°C | 0,15 kPa | 0,02674 W.m-1K-1 |
|
pKa : HO2/O2– | pKa : HO/O2– |
4,4 | 12 |
Potentiels standards :
O3(g) + 2H+ + 2e = O2(g) + H2O | E° = 2,07 V |
O2(g) + 2H+ + 2e = H2O2 | E° = 0,69 V |
O2(g) + H2O + 2e = OH– + HO2– | E° = -0,076 V |
O2(g) + 4H+ + 4e = 2H2O | E° = 1,229 V |
O2(g) + 2H2O + 4e = 4OH– | E° = 0,401 V |
Dioxygène gazeux :
|
Dioxygène en solution aqueuse :
|
L’oxygène est l’élément le plus répandu sur terre. Il représente :
Composition de l’air sec
(en % volume et masse. Masse de l’atmosphère : 5,13 1015 t)
Gaz | % en volume | % en masse | Gaz | % en volume | % en masse | |||
Diazote | 78,09 | 75,52 | Krypton | 1,0.10-4 | 3,3.10-4 | |||
Dioxygène | 20,95 | 23,14 | Dihydrogène | 5,0.10-5 | 0,3.10-5 | |||
Argon | 0,93 | 1,29 | Hémioxyde d’azote | 2,7.10-5 | 4,1.10-5 | |||
Dioxyde de carbone | 0,03 | 0,05 | Oxyde de carbone | 1,9.10-5 | 1,9.10-5 | |||
Néon | 1,8.10-3 | 1,3.10-3 | Xénon | 8,0.10-6 | 40.10-6 | |||
Hélium | 5,2.10-4 | 0,7.10-4 | Ozone | 1,0.10-6 | 1,6.10-6 | |||
Méthane | 1,5.10-4 | 0,8.10-4 | Radon | 6,0.10-18 | 50.10-18 |
La teneur moyenne en vapeur d’eau est de 0,53 % en volume (0,33 % en masse) et varie de 0,1 % en Sibérie à 5 % dans des régions côtières équatoriales.
Épaisseur de l’atmosphère : en % de la masse atmosphérique située au-dessous d’une altitude donnée.
50 % | 67 % | 75 % | 90 % | 99 % | ||||
5 500 m | 8 400 m | 10 300 m | 16 100 m | 31 000 m |
L’obtention du dioxygène est réalisée principalement (à 95 %) par voie cryogénique par séparation des gaz de l’air.
Principe de la voie cryogénique : par liquéfaction de l’air suivie d’une distillation fractionnée.
Les températures critiques du diazote (tc = – 146,9°C) et du dioxygène (tc = – 118,4°C) ne permettent pas la liquéfaction de l’air par simple compression. L’air, comprimé entre 5 et 7 bar, est filtré, séché, décarbonaté par adsorption sur tamis moléculaires puis refroidi par échange thermique entre le gaz entrant et les gaz liquéfiés. Les pertes frigorifiques sont compensées par détente de 5 à 10 % du débit gazeux traité dans une turbine avec travail extérieur récupérable.
La distillation, dans le procédé le plus utilisé, est effectuée dans une double colonne qui permet d’obtenir, en continu, des gaz purs. La première colonne, sous une pression moyenne de 5 bar, réalise une première séparation de l’air en diazote gazeux pur (99,999 %) au sommet et un liquide riche en dioxygène, avec une teneur d’environ 40 %, à la base, qui est envoyé à mi-hauteur de la deuxième colonne sous une pression basse de 1,3 bar. Le dioxygène à 99,5-99,7 % est récupéré à la base de cette colonne. Il contient moins de 1 ppm de diazote, la principale impureté est l’argon.
Les colonnes ont entre 1 et 6 m de diamètre et de 15 à 25 m de hauteur. Elles sont en acier inoxydable ou en aluminium et comportent une centaine de plateaux. L’isolation thermique est réalisée avec de la perlite, le maintien en température ne consomme que 6 à 7 % de l’énergie totale dépensée.
La consommation d’énergie est de 0,4 kWh/m3 de O2 gazeux, soit de 50 à 60 % du prix de revient.
Les capacités de production des unités les plus importantes, appelées oxytonnes, atteignent 5 000 t de O2/jour et 8 000 t de N2/jour.
Début 2018, est entré en production une unité de 5 000 t O2/jour, la plus importante dans le monde, construite et exploitée par Air Liquide, à Secunda, en Afrique du Sud, afin d’approvisionner le groupe chimique Sasol. Au total, Air Liquide fournit à Sasol, 45 000 t/jour de dioxygène.
En France, la première production industrielle de dioxygène a été effectuée par Georges Claude, le 23 avril 1905 à Boulogne-Billancourt. Il a recueilli 280 m3 de O2 à 93 % de pureté.
La distillation des gaz de l’air produit simultanément O2, N2, ainsi que des gaz rares, le principal étant l’argon, avec une teneur de 0,93 % en volume dans l’air. La production est commandée par le gaz le plus demandé, l’excès de production des autres gaz étant relâché dans l’atmosphère.
Exemple de l’usine Air Liquide de Seraing (Liège, Belgique) connectée au réseau nord européen de cette société. La capacité est de 1 100 t/jour de dioxygène.
Capacité (m3/h) | Pureté | ||
Dioxygène gazeux | 30 600 | 99,6 % | |
Diazote gazeux | 40 500 | 1 ppm de O2 maximum | |
Argon liquide | 1 170 | 5 ppm d’impuretés | |
Diazote liquide | 17 500 | 1 ppm de O2 maximum | |
Dioxygène liquide | 250 | 5 ppm d’impureté maximum |
Procédé non-cryogénique :
Il est dénommé VPSA (Vacuum Pressure Swing Adsorption) ou adsorption par alternance de pression et vide. L’air, à la pression atmosphérique, après séchage et épuration par filtration, passe dans une colonne de zéolithes qui adsorbent plus rapidement N2 que O2. Les zéolites, par kg, peuvent fixer 10 L de diazote. Lorsqu’elles sont saturées, l’air est envoyé sur une seconde colonne, pendant que le N2 de la première colonne désorbe sous vide. La pureté de O2 obtenu ainsi par élimination de N2 peut atteindre 90 à 95 %. Il contient 4,5 % d’argon qui comme O2 n’est pas adsorbé. La consommation d’énergie est de 0,4 à 0,5 kWh/m3 de O2. Ce procédé est de plus en plus employé dans des procédés industriels dont les besoins sont d’environ 1000 t/jour, ainsi que, par exemple, dans les respirateurs utilisés à domicile.
Choix des diverses sources d’approvisionnement : en fonction de la pureté et du débit souhaités.
Conditionnement et distribution : le dioxygène, ainsi que le diazote et l’argon, sont produits, par voie cryogénique, dans un nombre réduit d’unités de production (une vingtaine en France) et distribués selon trois modes :
Réseau Est d’Air Liquide (d’après un document de cette société que nous remercions)
Réseau Nord d’Air Liquide (d’après un document de cette société que nous remercions)
Dans le monde, la production est estimée à 300 millions t/an soit 2,5/10 millions du dioxygène de l’atmosphère.
En 2023, la production de l’Union européenne est de 29,547 millions de t* dont :
Allemagne, en 2022 | 8 431 | Pologne | 1 699 | |
Pays Bas | 3 510 | Finlande | 1 462 | |
Italie | 2 441 | République tchèque | 1 134 | |
Espagne | 2 183 | Autriche | 1 133 | |
Belgique | 1 859 | Roumanie | 473 |
Source : statistiques Prodcom de l’Union européenne
* : les données statistiques de l’Union européenne sont exprimées en m3, dans les conditions normales (0°C, 1,013 bar), dans ces conditions la masse volumique du dioxygène est de 1,4287 kg.m–3.
La production française est confidentielle, ainsi que celle de la Slovaquie.
En 2020, la production du Japon est de 13,877 millions de t.
Évolution de la demande annuelle de gaz de l’air aux États-Unis :
Années | Dioxygène | Diazote | Argon | |||
1966 | 10 millions de t | 3 millions de t | 100 000 t | |||
1981 | 16 millions de t | 16 millions de t | ||||
1985 | 15 millions de t | 24 millions de t | 500 000 t | |||
1996 | 27 millions de t | 36,5 millions de t | ||||
2004 | 29,3 millions de t | 33,4 millions de t |
Commerce international : en 2023.
Principaux pays exportateurs :
France | 261 463 | Pologne | 30 164 | |
Belgique | 168 983 | Bulgarie | 26 587 | |
Allemagne | 64 465 | Suisse | 22 666 | |
Portugal | 36 042 | Croatie | 21 711 | |
Autriche | 31 242 | Hongrie | 16 885 |
Source : ITC
Les exportations belges sont destinées à 68 % aux Pays Bas, 25 % à la France.
Principaux pays importateurs :
Allemagne | 169 677 | France | 31 652 | |
Luxembourg | 162 476 | Slovénie | 31 397 | |
Slovaquie | 69 046 | Autriche | 15 629 | |
Canada | 52 552 | Portugal | 15 495 | |
Jordanie | 47 097 | République Dominicaine | 13 588 |
Source : ITC
Les importations allemandes proviennent à 52 % de France, 21 % d’Autriche, 12 % de Suisse, 9 % de République tchèque.
Principaux producteurs : environ 60 % de la production de dioxygène est assurée directement par les industries consommatrices.
Production, en 2011 : 1,646 million de t.
Commerce extérieur : en 2023.
Les exportations étaient de 262 463 t avec comme principaux marchés à :
Les importations s’élevaient à 31 652 t en provenance principalement à :
Producteurs et sites de production :
Les principales utilisations sont les suivantes :
Il est utilisé comme comburant de propulsion spatiale. Le moteur Vulcain du premier étage d’Ariane V utilise 27 t de H2 stocké liquide à 20 K et 132 t de O2 stocké liquide à 91 K. La combustion dure 600 secondes. La poussée (1 120 kN) est obtenue par éjection à grande vitesse du gaz (250 kg/s) produit par la combustion à haute pression (108 bar) et haute température (3 500 K). L’alimentation s’effectue selon un débit de 200 L/s de O2 et 600 L/s de H2, la combustion étant effectuée en excès de H2 afin de protéger de l’oxydation les matériaux de la chambre de combustion.
Les réservoirs du lanceur des navettes spatiales américaines contenaient 1 892 500 L de H2 liquide et 1 324 750 L de O2 liquide. De plus, des moteurs auxiliaires à H2 et O2 fournissaient l’électricité de la navette et servaient à l’allumage des moteurs qui ajustaient la trajectoire de la navette et permettaient de revenir sur terre. Dans ce cas, O2 est à 99,999 % et la quantité utilisée est de l’ordre de 50 t. Dans la navette, O2 permettait également de refroidir les 3 ordinateurs de bord et pouvait être vaporisé pour reconstituer l’air respiratoire.
L’oxygène liquide est également, par évaporation, une source de dioxygène gazeux directement utilisable par la clientèle.
L’oxygène liquide a été également utilisé comme explosif en présence de combustibles divers (paraffine, sciure de bois, noir de fumée…). Par exemple, il a été ainsi utilisé, pour la première fois à grande échelle, lors du percement du tunnel du Simplon.