L’oxyde d’éthylène est obtenu par oxydation partielle de l’éthylène. Il s’hydrolyse pour donner le monoéthylèneglycol et par condensation, on obtient le diéthylèneglycol (DEG), le triéthylèneglycol (TEG) ou du polyéthylèneglycol (PEG). L’oxyde d’éthylène sert principalement à donner les éthylèneglycols mais aussi des éthoxylates, des éthanolamines, des polyols, des éthers de glycol… Le monoéthylèneglycol, principal éthylèneglycol utilisé, sert à fabriquer principalement le polyéthylènetéréphtalate (PET) mais est aussi employé comme les autres éthylèneglycols comme liquide anti-gel et fluide de freins.
L’oxyde d’éthylène (époxyéthane ou oxiranne) possède comme formule brute C2H4O. Il s’hydrolyse pour donner le monoéthylèneglycol (éthane-1,2-diol), ou MEG, de formule brute C2H6O2. Par condensation, on obtient le diéthylèneglycol (DEG), le triéthylèneglycol (TEG) ou des polyoxyéthylènes (POE) polymères pouvant comporter plusieurs centaines d’unités monomériques que l’on rencontre aussi sous le nom de polyéthylèneglycol (PEG).
Oxyde d’éthylène : l’éthylène est partiellement oxydé par le dioxygène à une température comprise entre 220 et 280°C et sous une pression de 1 à 3 MPa selon la réaction suivante :
ΔrH° = – 103,4 kJ/mol.
Les deux réactifs doivent avoir une pureté d’au moins 99,5 % et un catalyseur à base d’argent dispersé, avec une teneur de 7 à 20 %, sur de l’alumine alpha poreuse est nécessaire. La consommation d’argent pour cette utilisation a été, en 2018, de 171 t à 23 % en Chine, 18 % en Amérique du Nord, 17 % en Arabie Saoudite, 14 % dans les autres pays d’Asie de l’Est, 7 % dans les autres pays du Moyen-Orient, 7 % dans l’Union européenne. En 2016, une consommation maximale de 317 t avait été atteinte, avec un total de 5 048 t d’argent immobilisé, en 2015, dans les unités de production d’oxyde d’éthylène. La durée de vie du catalyseur est de 2 à 5 ans. Les principaux sous-produits formés sont le dioxyde de carbone et l’eau provenant de la combustion complète de l’éthylène :
C2H4 + 3 O2 = 2 CO2 + 2 H2O
L’éthanal (CH3CHO) constitue également une impureté du mélange final avec moins de 0,1 %. La sélectivité (rapport de l’éthylène transformé en oxyde sur le total de l’éthylène qui a réagi) est de 85 à 90 %. Afin d’accroître la sélectivité de 2,5 à 3 ppm de chloroéthane ou de 4 à 6 ppm de chlorure de vinyle sont ajoutés.
Le réacteur est constitué par des faisceaux de milliers de tubes de 6 à 15 m le longueur et de 20 à 50 mm de diamètre, renfermant le catalyseur, et refroidis vigoureusement, la réaction étant exothermique. La phase gazeuse obtenue, renferme de 1 à 2 % d’oxyde d’éthylène et environ 5 % de dioxyde de carbone. L’oxyde d’éthylène est récupéré par dissolution dans l’eau et transformé directement en glycols ou distillé pour obtenir le produit pur. Le dioxyde de carbone est éliminé par dissolution dans une solution aqueuse de carbonate de potassium et la phase gazeuse ainsi purifiée est recyclée.
Les capacités de production peuvent atteindre, par unité de production, plus de 400 000 t/an.
La fabrication de l’oxyde d’éthylène, représente, en 2016, 15 % de la consommation mondiale d’éthylène dans le monde, 11 % en Europe de l’Ouest, en 2015.
Monoéthylèneglycol : il s’obtient traditionnellement par hydrolyse de l’oxyde d’éthylène en présence d’un grand excès d’eau afin d’éviter la formation des polyéthylèneglycols :
La proportion de monoéthylèneglycol produite est de 90 à 92 % à côté de di et triéthylèneglycol. En général, les unités de production de monoéthylèneglycol et d’oxyde d’éthylène sont situées sur le même site et 56 % des capacités de production d’oxyde d’éthylène sont captives.
Shell a développé un procédé, « OMEGA« , consistant à faire réagir l’oxyde d’éthylène avec le dioxyde de carbone sous-produit afin de former du carbonate d’éthylène qui par hydrolyse donne 99 % de monoéthylèneglycol en quasi absence des autres éthylèneglycols. La production, par tonne d’éthylène, atteint ainsi 1,95 t de MEG au lieu de 1,55 à 1,70 t avec le procédé classique.
La société japonaise Ube, développe un procédé, exploité en Chine, consistant à produire du MEG à l’aide du gaz de synthèse obtenu à partir de charbon. Le monoxyde de carbone du gaz de synthèse réagit avec du nitrite de méthyle pour donner de l’oxalate de diméthyle (DMO) qui par hydrogénation avec le dihydrogène du gaz de synthèse donne du MEG et du méthanol. Le méthanol formé réagit avec le monoxyde d’azote formé lors de la synthèse du DMO pour donner du nitrite de méthyle. En 2017, en Chine, 20 usines fonctionnent selon ce procédé, représentant 40 % des capacités chinoises de production de MEG.
Polyéthylèneglycols : ils s’obtiennent par polyaddition sur l’oxyde d’éthylène :
Oxyde d’éthylène : en 2016, la production mondiale est de 30 millions de t avec 146 usines. Aux États-Unis, en 2018, la production est de 2,92 millions de t avec 15 unités de production à 59 % au Texas et 41 % en Louisiane. Dans l’Union européenne, en 2023, la production est de 1,671 million de t dont 771 190 t en Allemagne, en 2022 et 853 205 t, en 2016, aux Pays Bas. En France, seul Ineos à Lavéra (13) produit de l’oxyde d’éthylène avec une capacité de production de 220 000 tonnes par an. En 2016, les capacités mondiales de production sont de 34,5 millions de t/an, celles de la Chine, de 7,43 millions de t/an, celles du Japon, en 2018, de 921 000 t/an, de Taipei chinois, en 2018, de 921 000 t/an. Elles sont situées à 34 % en Asie du Nord-Est, 25 % au Moyen-Orient, 18 % en Amérique du Nord.
Commerce international : 2023. Il est peu développé en raison de la dangerosité du produit.
Principaux pays exportateurs sur un total de 301 564 t.
Allemagne | 164 200 | Espagne | 4 635 | |
Pays Bas | 62 632 | Russie | 2 759 | |
Belgique | 60 995 | États-Unis | 2 052 |
Source : ITC
Les exportations de l’Allemagne sont destinées à 34 % à l’Italie, 15 % aux Pays Bas, 13 % à la France, 13 % à la Belgique, 9 % à la Pologne.
Principaux pays importateurs sur un total de 331 904 t.
Italie | 67 635 | Belgique | 49 079 | |
Allemagne | 54 195 | France | 31 335 | |
Pays Bas | 49 970 | Pologne | 24 712 |
Source : ITC
Les importations italiennes proviennent à 85 % d’Allemagne, 13 % de France.
Monoéthylèneglycol : en 2019, les capacités de production mondiales sont de 38,1 millions de t/an, situées à 43 % en Asie, 26 % dans les pays du Golfe, 16 % en Amérique du Nord, 6 % en Europe. Productions, en 2016, sur un total mondial de 26,611 millions de t :
Arabie Saoudite | 6 277 | Corée du Sud, en 2018 | 1 252 | |
Chine | 6 275 | Iran | 1 072 | |
Taipei chinois, en 2019 | 2 455 | Koweït | 1 031 | |
Inde, en 2020-21 | 1 994 | Singapour (capacité) | 1 030 | |
États-Unis | 1 768 | Japon, en 2018 | 636 | |
Canada | 1 662 | Belgique, en 2021 | 562 |
Sources : PCI Wood Mackenzie et APIC
En 2023, la production de l’Union européenne est de 834 045 t dont 546 587 t en Belgique, 194 693 t en Allemagne, en 2022, 69 652 t en Pologne, en 2022, 34 779 t en Espagne.
Commerce international : en 2023, sur un total de 10,514 millions de t, en 2022.
Principaux pays exportateurs :
États-Unis | 3 181 | Singapour | 591 | |
Arabie Saoudite, en 2022 | 2 417 | Iran, en 2022 | 559 | |
Koweït, en 2022 | 1 034 | Malaisie | 240 | |
Canada | 979 | Corée du Sud | 230 | |
Belgique | 825 | Pays Bas | 107 |
Source : ITC
Les exportations des États-Unis sont destinées à 32 % à la Chine, 24 % à la Turquie, 11 % à la Belgique, 7 % au Mexique.
Principaux pays importateurs :
Chine | 7 148 | Thaïlande | 414 | |
Inde | 1 191 | Mexique | 381 | |
Turquie | 1 102 | Corée du Sud | 338 | |
Belgique | 480 | États-Unis | 330 | |
Indonésie | 423 | Égypte | 305 |
Source : ITC
Les importations chinoises proviennent à 50 % d’Arabie Saoudite, 15 % du Canada, 13 % des États-Unis, 8 % d’Iran.
Diéthylèneglycol : la production mondiale est estimée à 2,5 millions de t/an. En 2023, la production de l’Union européenne est de 90 508 t dont 73 612 t en Belgique, en 2021 et 7 994 t en Pologne, en 2020.
Commerce international : en 2023.
Principaux pays exportateurs sur un total de 1,430 million de t.
Arabie Saoudite | 549 | Iran | 59 | |
États-Unis | 201 | Chine | 50 | |
Belgique | 173 | Taipei chinois | 40 | |
Canada | 151 | Oman | 21 | |
Koweït | 102 | Allemagne | 15 |
Source : ITC
Les exportations des États-Unis sont destinées à 29 % à la Belgique, 17 % à la Turquie, 14 % à l’Italie, 14 % au Mexique.
Principaux pays importateurs :
Chine | 506 | Italie | 65 | |
États-Unis | 143 | Corée du Sud | 46 | |
Belgique | 127 | Inde | 34 | |
Allemagne | 93 | Pologne | 32 | |
Turquie | 82 | Mexique | 30 |
Source : ITC
Les importations chinoises proviennent à 66 % d’Arabie Saoudite, 14 % du Koweït, 8 % d’Iran, 4 % d’Oman.
Triéthylèneglycol : la production mondiale est estimée à 300 000 t/an.
Polyéthylèneglycol : en 2023, la production de l’Union européenne est de 1,436 million de t, dont 442 388 t aux Pays Bas, 339 311 t en Allemagne, en 2022, 224 744 t en Belgique, 148 901 t en Espagne, 126 044 t en France, 81 310 t en Roumanie.
En 2016, en t/an de capacités de production.
Oxyde d’éthylène :
Éthylèneglycol (MEG, DEG et TEG) :
Polyéthylèneglycol : Dow, BASF, Clariant, Huntsman, Eastman.
Production : une seule usine de production d’oxyde d’éthylène est exploitée par Ineos, à Lavéra (13), avec une capacité de production de 250 000 t/an d’oxyde d’éthylène, 53 000 t/an d’éthanolamines et 160 000 t/an de glycoéthers.
En 2023, la production de polyéthylène glycol est de 126 044 t.
Commerce extérieur : en 2023.
Oxyde d’éthylène : répartition des utilisations, en 2016, avec une consommation mondiale de 30 millions de t en 2020.
MEG, DEG, TEG | 70 % | Polyols | 3 % | |
Éthoxylates | 10 % | Éthers de glycol | 2 % | |
Éthanolamines | 5 % | PEG | 2 % |
Source : PCI Wood Mackenzie
En 2018, la production d’éthylène glycol compte pour 73 % de la consommation d’oxyde d’éthylène.
Aux États-Unis, en 2018, la part du MEG est de 34 %, celle des autres éthylènes glycol de 9 %, celle des éthoxylates de 28 %, des éthanolamines de 16 %, des éthers de glycol de 6 % et des polyols de 4 %.
Monoéthylèneglycol : principalement, à 87 %, en 2016, pour la fabrication de fibres (55 %), films (6 %) et bouteilles (26 %) de polyéthylènetéréphtalate (PET), 8 % comme antigel. Parmi les autres utilisations, la synthèse du dioxane et du glyoxal. Consommations, en 2016, sur un total mondial de 27,238 millions de t.
Chine | 14 162 | Moyen Orient | 914 | |
Amérique du Nord | 2 705 | Autres pays européens | 433 | |
Autres pays du Nord-Est de l’Asie | 2 488 | Amérique du Sud | 415 | |
Inde | 2 098 | Russie | 312 | |
Union européenne | 1 797 | Pakistan | 280 | |
Autres pays du Sud-Est de l’Asie | 1 533 | Afrique | 101 |
Source : PCI Wood Mackenzie
Diéthylèneglycol : secteurs d’utilisation, en 2016, dans le monde, avec une consommation mondiale de 2,3 millions de t.
Polyuréthane | 35 % | Additif du ciment | 5 % | |
Polyols | 17 % | Anti-gel et liquide de freins | 4 % | |
TEG | 8 % | PET | 4 % | |
Morpholine | 6 % |
Source : PCI Wood Mackenzie
La principale utilisation, en 2013, aux États-Unis, à 51 % et dans l’Union européenne, à 53 %, est la fabrication de résines polyester insaturées et de polyuréthane. Au Japon cette application compte pour 22 % des utilisations, la principale, à 35 %, étant comme adjuvant aux ciments.
Triéthylèneglycol : en 2015, la consommation mondiale est de 270 000 à 275 000 t, avec les secteurs d’utilisation suivants :
Séchage de gaz | 51 % | Polyols | 6 % | |
Plastifiant de fibres de polymères | 19 % | Plastifiant de la cellophane | 3 % | |
Résines | 7 % | Liquide de freins | 3 % |
Source : PCI Wood Mackenzie
La principale utilisation est dans la déshydratation du gaz naturel.
Est également employé pour générer des fumées lors d’effets scéniques, pour stabiliser, dans la dynamite, la nitroglycérine.
Polyéthylèneglycols : ils sont utilisés comme solvants, lubrifiants ou plastifiants. Ils sont liquides à température ambiante lorsqu’ils contiennent moins de 500 unités monomériques et solides au delà (utilisation en cosmétique et pharmacie). Ils sont, en particulier, utilisés comme laxatifs.
Éthoxylates : ce sont des composés obtenus par addition de substrats lipophiles (alcools gras, alkyl phénol, acides gras, amines grasses) sur l’oxyde d’éthylène. Cette opération, appelée éthoxylation, très dangereuse en raison des propriétés inflammables de l’oxyde d’éthylène, est réalisée en pulvérisant le substrat dans l’oxyde d’éthylène gazeux. Les composés obtenus possèdent une partie hydrophile et sont de bons tensioactifs.
Éthanolamines : elles sont obtenues par addition d’une, deux ou trois molécules d’oxyde d’éthylène sur une molécule d’ammoniac.
Productions dans l’Union européenne :
Producteurs : Dow, Nouryon (en Suède, à Stenungsund, en Allemagne, à Leverkusen, en Chine, à Ningbo), BASF (400 000 t/an), Huntsman, Ineos (233 000 t/an à Plaquemine, en Louisiane, aux États-Unis avec 175 000 t/an et Lavéra (13), en France)
Les éthanolamines sont utilisées pour leurs propriétés basiques lors du raffinage du pétrole. Leur caractère tensioactif est utilisé dans l’industrie des cosmétiques, des produits d’entretien, des lubrifiants, des ciments… En 2011, 30 % de la production est utilisée comme tensioactif, 15 % dans les herbicides.
Éthers de glycol : ils sont obtenus par addition d’alcool sur l’oxyde d’éthylène. Les plus courants sont obtenus à partir du méthanol, de l’éthanol et du butanol :
Le dernier étant non toxique est le plus utilisé. Ils sont employés comme solvant, en particulier dans les encres et les peintures.
Autres utilisations : on utilise l’oxyde d’éthylène dans des copolymères avec l’oxyde de propylène. Il est également utilisé directement pour protéger les céréales, lors de leur stockage, comme inhibiteur de fermentation ainsi que, dilué dans un gaz neutre, comme agent de stérilisation d’appareillages, en particulier médicaux.
L’oxyde d’éthylène est un gaz (Teb = 10,5°C) neurotoxique et irritant : sa concentration limite admissible dans l’air est de 1 ppm pour une exposition de 8 heures, 5 jours par semaine. Il est de plus hautement inflammable (point éclair de – 17,8°C) et son mélange, à partir de 3 % en volume, dans l’air est explosif.
Il est présent dans le gaz naturel, la fumée de cigarettes et les gaz d’échappement des moteurs diesel.
Oxyde d’éthylène, éthylèneglycol 2022
Oxyde d’éthylène, éthylèneglycol 2019
Oxyde d’éthylène, éthylèneglycol 2015
Oxyde d’éthylène, éthylèneglycol 2013
Oxyde d’éthylène, éthylèneglycol 2010
Oxyde d’éthylène, éthylèneglycol 1995