Le gypse, sulfate de calcium hydraté avec deux molécules d’eau est la matière première, après déshydratation partielle, du plâtre. Il est exploité dans des carrière mais est également sous-produit de diverses industries ou de la désulfuration des effluents gazeux. Il est également employé dans l’industrie cimentière pour régulariser la prise du ciment.
Formule | Masse molaire | Structure cristalline |
CaSO4, 2 H2O | 172,17 g.mol-1 | monoclinique, de paramètres a = 0,568 nm, b = 1,520 nm, c = 0,652 nm et angle bêta = 118,43° |
Masse volumique | Dureté | Déshydratation | Solubilité dans l’eau |
2,32 g.cm-3 | 2 | Se transforme en hémihydrate à 128°C et en anhydrite à 163°C |
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Gypse cristallisé :
Le sulfate de calcium se présente sous forme de gypse : CaSO4, 2 H2O ou d’anhydrite : CaSO4, dans des roches sédimentaires. Ce sont les gisements de gypse qui sont principalement exploités. Ils sont nombreux dans le monde, particulièrement en Chine, en Amérique du Nord et en Europe.
Quelques gypses naturels particuliers : le gypse qui se présente généralement sous forme de roches, peut aussi se rencontrer dans la nature sous forme de roses des sables. Il forme également l’albâtre qui lorsqu’il est pur est translucide et utilisé traditionnellement comme vitrage au Yémen. Impur, l’albâtre est veiné.
Les exploitations, qu’elles soient souterraines ou à ciel ouvert, sont, en France, d’après le code minier et la propriété du sous-sol, dénommées carrières. Les exploitations souterraines sont exploitées de façon classique selon la méthode des chambres et piliers avec un taux de récupération d’environ 35 %. Les exploitations sont à ciel ouvert lorsque le gisement n’est pas à une trop grande profondeur. Après extraction, les roches sont concassées en blocs primaires de moins de 200 mm puis subissent un concassage secondaire jusqu’à moins de 50 mm de diamètre. La teneur en gypse des roches extraites est supérieure à 75 %. Le gypse exploité en France qui a une pureté supérieure à 90 % (souvent 98 %) ne nécessite pas de traitement de purification. Exemple de composition de gypse extrait en France :
CaSO4, 2 H2O | CaCO3 | MgCO3 | Argile et silice | |
91,5 % | 6 % | 1 % | 1,5 % |
Aux États Unis, en 2021, la production minière est assurée par 47 sociétés qui exploitent 52 carrières principalement dans l’Oklahoma, le Nevada, le Texas, le Kansas, l’Arkansas, l’Iowa…
En Europe, en 2020, 154 carrières sont en exploitation, dont 26 en Espagne.
En 2023, en millions de t, sur un total mondial de 160 millions de t. Source : USGS
États-Unis | 22 | Thaïlande | 10 | Inde | 4,3 | ||
Iran | 16 | Turquie | 10 | Russie | 4,1 | ||
Chine | 12 | Mexique | 5,4 | Arabie Saoudite | 4,0 | ||
Oman | 12 | Allemagne | 5,2 | Brésil | 2,9 | ||
Espagne | 11 | Japon | 4,3 | Algérie | 2,5 |
Aux États-Unis, en 2023, 46 mines sont exploitées.
La production de Union européenne, en 2023, est de 24,924 millions de t dont 14,463 millions de t en Espagne, 2,475 millions de t en Allemagne, 2,408 millions de t en France, 1,510 million de t, en 2021, en Pologne, 897 176 t en Roumanie, 418 061 t en Italie, 310 379 t en Autriche, 267 527 t, en République tchèque, 254 913 t au Portugal, en 2022, 241 436 t en Croatie, 32 846 t, en 2021, en Suède.
Commerce international : en 2023.
Principaux pays exportateurs de gypse et d’anhydrite, sur un total, en 2021, de 38,043 millions de t de gypse et anhydrite :
Espagne | 9 324 | Australie | 1 120 | |
Thaïlande | 5 373 | Allemagne | 736 | |
Mexique | 2 275 | Chypre | 599 | |
Canada | 2 120 | Bhoutan | 538 | |
Maroc | 1 537 | Corée du Sud | 409 |
États-Unis | 7 788 | Canada | 899 | |
Inde | 6 604 | Vietnam | 832 | |
Japon | 2 162 | Philippines | 816 | |
Indonésie | 1 976 | Belgique | 705 | |
Royaume Uni | 1 153 | Corée du Sud | 646 |
Les importations des États-Unis proviennent à 41 % d’Espagne, 28 % du Mexique, 27 % du Canada, 4 % de Turquie.
Réserves :
Les réserves mondiales sont considérables, probablement de plus du million de millions de tonnes, avec en particulier 2,1 milliard de t en Chine, 910 millions de t en Thaïlande, 900 millions de t en Iran, 760 millions de t au Pakistan, 700 millions de t aux États-Unis, 450 millions de t au Canada, 450 millions de t au Brésil, 350 millions de t en France, 200 millions de t en Turquie.
Principaux producteurs :
La production mondiale de gypse synthétique est supérieure à celle du gypse naturel. Toutefois, plus de la moitié du gypse synthétique est du phosphogypse qui présente des inconvénients pour une utilisation en construction. Aux États Unis, en 2021, le gypse synthétique provenant à 85 % de la désulfuration des gaz de combustion des centrales thermiques au charbon (FGD : Flue Gas Desulfurization) représente 30 % de la consommation totale de gypse.
Diverses industries donnent comme sous-produit du gypse et en particulier l’industrie des engrais phosphatés donne du phosphogypse. Ce gypse, qui concentre les impuretés du minerai de base, pose souvent des problèmes de stockage et de préservation de l’environnement. Après purification, une utilisation comme matière première pour fabriquer du plâtre a été envisagée avec succès dans certains pays dépourvus de gypse naturel (Belgique, Pays-Bas…). En France, les tentatives effectuées dans les années 70 ont échoué.
Les traitements chimiques de désulfuration des gaz de combustion, à l’aide de carbonate de calcium ou d’hydroxyde de calcium, donnent un gypse, non pollué, directement utilisable comme matière première. La production de ce type de gypse synthétique s’est développé fortement en liaison avec la préservation de l’environnement. Toutefois, la diminution, aux États-Unis et en Allemagne, de la production d’électricité à partir de charbon entraîne une réduction de la production de ce co-produit.
L’industrie des engrais phosphatés produit du gypse (1,7 t/t de phosphate) lors de la fabrication de l’acide phosphorique à partir de phosphate naturel selon la réaction :
Ca10(PO4)6F2 + 10 H2SO4 + 20 H2O = 6 H3PO4 + 10 CaSO4,2H2O + 2 HF
La quantité de gypse formé (appelé phosphogypse) est considérable, de l’ordre de 241 millions de t/an dans le monde. L’acide phosphorique formé sert, en grande partie, à produire du superphosphate triple ou des phosphates d’ammonium. Dans le cas de la fabrication du superphosphate normal, de moins en moins utilisé, le gypse, qui n’est pas séparé, accompagne le phosphate monocalcique dans l’engrais. Lors de la fabrication de l’acide phosphorique l’élimination du gypse est effectuée par filtration. Dans les années 80, la production totale française était d’environ 6 millions de t dont 900 000 t dans chacune des unités de Grand Quevilly, Grand Couronne et du Havre, en Seine Maritime. Cette production était du même ordre de grandeur que celle du gypse naturel (voir le chapitre acide phosphorique). Cette production est terminée depuis 2004.
Afin de valoriser ce sous-produit, en 1978, 4 usines de traitement fonctionnaient en France. Par exemple, l’usine de fabrication de carreaux de plâtre de Grand Quevilly, construite en 1975, de 300 000 t de capacité, a été arrêtée en 1979, le coût du séchage (pour éliminer l’eau absorbée par le phosphogypse) et de la purification rendant la production non rentable. Tous les autres pays ont abandonné cette valorisation sauf le Japon et la Belgique. Pour ces pays, la récupération du phosphogypse pour l’industrie du plâtre est considérée rentable. Dans le monde, en 2018, l’utilisation du phosphogypse est de 50 à 60 millions de t, principalement en agriculture. En conséquence, la plus grande partie du phosphogypse produit est stockée avec, dans le monde, une accumulation de 3 à 4 milliards de t dont 1,2 milliard de t en Floride.
Les autres inconvénients de l’utilisation du phosphogypse pour fabriquer du plâtre résident dans l’extrême finesse du gypse obtenu qui rend difficile son utilisation dans le cas de plâtres à enduire. Par ailleurs, la radioactivité de certains phosphogypses, liée à la présence de traces d’uranium dans le minerai phosphaté et à l’émission de radon, entraîne une utilisation délicate dans le bâtiment.
La désulfuration des gaz de combustion de charbon et de fuel est de plus en plus rendue obligatoire afin de préserver l’environnement. Cela concerne principalement les centrales thermiques au charbon qui produisent de l’électricité. La France, avec un parc important de centrales nucléaires, est peu concernée. Par contre, des pays tels que l’Allemagne, la Grande Bretagne, les États-Unis, le Japon, pratiquent, à grande échelle, la désulfuration des fumées. En 2020, aux États-Unis, il y a 381 unités de production de désulfogypse avec une production de 16,037 millions de t et une utilisation de 11,928 millions de t à comparer à une production de gypse naturel de 21,2 millions de t.
La technique de désulfuration la plus couramment adoptée, car la moins chère, consiste à absorber le dioxyde de soufre (ainsi que les oxydes d’azote) présent dans les gaz de combustion, par une suspension dans l’eau de carbonate de calcium. Les réactions globales sont les suivantes :
SO2 + CaCO3 = CaSO3 + CO2
CaSO3 + 1/2 O2 + 2 H2O = CaSO4,2H2O
La fixation par une suspension aqueuse d’hydroxyde de calcium (c’est le classique lait de chaux) est aussi utilisée, selon la réaction globale suivante :
2 SO2 + 2 Ca(OH)2 + O2 + 2 H2O = 2 CaSO4,2H2O
Le gypse obtenu est appelé désulfogypse, gypse FGD (Flue Gas Desulfurization) ou REA gips en Allemagne. C’est la principale ressource de substitution du gypse. En 2012, la production de l’Union européenne a été de 18 millions de t dont 7,03 millions de t en Allemagne.
Aux États Unis, en 2020, sur les 11,928 millions de t, 75,8 % ont été utilisés dans l’industrie des plaques de plâtre, 11,8 % dans celle du ciment et 5,8 % en agriculture. Le désulfogypse non utilisé a été mis en décharge.
La France ne produit qu’une faible quantité de désulfogypse du fait de l’importance du parc nucléaire pour la production d’électricité et en conséquence de la faible consommation de charbon dans des centrales thermiques. Par exemple, en 2018, la centrale thermique EdF de Cordemais (44) a produit ainsi 38 017 t de désulfogypse valorisées dans la production de ciment et 6 561 t valorisées en agriculture.
Le développement du gaz de schiste aux États-Unis a entraîné, pour l’alimentation des centrales thermiques produisant de l’électricité, en partie la substitution du charbon par le gaz naturel qui renferme moins de soufre que le charbon et en conséquence, une production moindre de désulfogypse.
La fabrication de l’acide fluorhydrique à partir du spath fluor coproduit de l’anhydrite appelée fluoranhydrite selon la réaction, réalisée à 200°C :
CaF2 + H2SO4 = CaSO4 + 2 HF
D’autres industries produisent également du gypse : la fabrication de l’acide borique (borogypse), des acides citrique (citrogypse) et tartrique, du dioxyde de titane (titanogypse), du sucre… Les quantités de gypse produites par ces industries restent limitées.
Du gypse est également coproduit, en faible quantité, lors de la production de chlorure de sodium par évaporation d’eau de mer dans des marais salants (voir le chapitre chlorure de sodium).
Phosphogypse | 241 | Titanogypse | 3 | |
Désulfogypse | 139 | Autres | 2 | |
Fluoranhydrite | 7 |
Source : Global Gypsum Magazine, mars 2020
Le gypse utilisé en construction est totalement recyclable car mis en œuvre sous forme de plâtre (gypse partiellement déshydraté) il est réhydraté en gypse. Les chutes de fabrication et d’installation des plaques de plâtre sont récupérées et recyclées dans la fabrication de nouvelles plaques. Le plâtre provenant de la démolition d’immeubles est également, en partie, recyclé en agriculture. Aux États-Unis, le recyclage représente, en 2016, 4 millions de t.
Au Japon, en 2020, sur une consommation de 8,867 millions de t, le gypse synthétique a représenté 6,090 millions de t, le gypse naturel 2,284 millions de t, le gypse recyclé 493 000 t.
En France, en 2021, le recyclage, hors déchets de fabrication, a porté sur 127 300 t.
Par exemple, en 2018, la société Placoplâtre a recyclé 51 000 t de plâtre, sur 3 sites, Vaujours, Chambéry et Cognac, à l’aide d’un réseau de 170 collecteurs.
Siniat recycle le plâtre sur 4 sites, Auneuil, Saint-Loubès, Ottmarsheim et Carpentras, à l’aide d’un réseau de 150 collecteurs.
La production naturelle de gypse et d’anhydrite est, en 2023, de 2,408 millions de t.
Gisement du Bassin Parisien : avec 3 400 hectares exploitables il a été formé à l’Éocène, il y a 65 millions d’années. Il est constitué de 3 à 4 couches (appelées masses) successives de gypse séparées par des marnes (argiles calcaires) qui ont protégé le gypse de la dissolution. La couche la plus proche de la surface est la plus épaisse (jusqu’à 21 m), la deuxième couche étant plus mince (environ 7 m). Ces 2 couches sont les principales actuellement exploitées. L’érosion intense du quaternaire n’a laissé subsister que des buttes dans lesquelles sont effectuées les exploitations actuelles. Les réserves exploitables de gypse du Bassin Parisien qui étaient estimées, il y a 25 ans pouvoir durer 100 ans, ne sont plus actuellement que de 30 à 40 ans du fait de l’emprise de l’urbanisation et de la réglementation.
Carrières : en France, sur 14 carrières de gypse en cours d’exploitation, les principales sont situées :
Production d’anhydrite : des gisements sont présents en Moselle. Ils sont exploités par :
Carte des carrières de gypse et d’anhydrite : document du Syndicat National des Industries du Plâtre.
Principaux producteurs :
Commerce extérieur : en 2023.
Les exportations étaient de 268 308 t avec comme principaux marchés à :
Les importations s’élevaient à 359 035 t en provenance principalement à :
Consommations : en 2018, la consommation mondiale, de gypse naturel et synthétique, est de 278,5 millions de t dont, en 2023, aux États-Unis, 45 millions de t.
En 2018, dans le monde. Source : Global Gypsum Magazine
La part importante de consommation du gypse dans la fabrication de produits de plâtre (plaques…) concerne principalement les États-Unis et l’Europe.
L’anhydrite est utilisé dans l’industrie cimentière ainsi que pour élaborer des chapes « liquides » destinées aux planchers chauffants.