L’eau de Javel est une solution aqueuse d’hypochlorite et de chlorure de sodium, en présence d’un excès d’hydroxyde de sodium. Sa composition varie en fonction du pH d’utilisation et du temps écoulé depuis sa fabrication. Son principe actif est, selon le pH, l’ion hypochlorite ClO–, l’acide hypochloreux HClO ou le dichlore Cl2 en solution. Elle est utilisée pour son action en désinfection (HClO est bactéricide, fongicide, virucide et sporicide) et son pouvoir blanchissant.
L’eau de Javel est une solution aqueuse d’hypochlorite et de chlorure de sodium, en présence d’un excès d’hydroxyde de sodium. Sa composition varie en fonction du pH d’utilisation et du temps écoulé depuis sa fabrication. En fonction de sa concentration elle se présente sous forme de concentré de Javel ou d’eau de Javel proprement dite. Son principe actif est, selon le pH, l’ion hypochlorite ClO–, l’acide hypochloreux HClO ou le dichlore Cl2 en solution.
En général, par réaction directe entre le dichlore et l’hydroxyde de sodium eux mêmes produits par électrolyse de NaCl :
Cl2 + 2 (Na+ + OH–) = (Na+ + ClO–) + (Na+ + Cl–) + H2O ΔrH°298 = -103 kJ/mole.
La réaction est fortement exothermique et la température ne doit pas dépasser 40°C afin de limiter la dismutation des ions hypochlorites en ions chlorates et chlorures. En conséquence, le milieu réactionnel est énergiquement refroidi. Les installations sont en PVC (cuves, canalisations) et en titane (pompes, échangeurs thermiques).
Le procédé standard consiste à dissoudre le dichlore dans une solution aqueuse de soude à 20 %. On obtient alors une eau de Javel à 13 % de chlore actif.
Le procédé « haut titre » mis au point par Arkema consiste à dissoudre le dichlore dans une solution de soude à 50 %. L’eau de Javel obtenue titre de 24 à 26 % de chlore actif. Lors de la dissolution, environ la moitié du chlorure de sodium formé précipite et est ainsi éliminé. Des solutions de concentrations plus faibles sont ensuite préparées par dilution.
Conditionnement : à 2,6 % ou 3,6 % de chlore actif pour l’eau de Javel et à 9,6 % de chlore actif pour les concentrés de Javel dans des emballages en PVC ou polyéthylène.
Définitions du titre d’une eau de Javel :
Le degré chlorométrique (°Chl) : donne le pouvoir oxydant d’un litre d’eau de Javel, à 20°C, exprimé en litres de dichlore gazeux sous 1 bar et à 0°C. Il correspond au dichlore gazeux utilisé pour fabriquer l’eau de Javel. Cette définition était utilisée essentiellement dans les pays francophones.
Le % de chlore actif : au niveau européen, a été retenue cette définition, anglo-saxonne, du titre d’une eau de Javel. Il rend compte de la quantité totale de dichlore utilisé lors de la fabrication de l’eau de Javel. Toutefois, le % de chlore actif, pour une même qualité d’eau de Javel, dépend de la masse volumique de l’eau de Javel qui elle même varie avec le mode de préparation de l’eau de Javel. En effet, l’eau de Javel préparée par dilution d’eau de Javel à 24 – 26 % de chlore actif est moins dense (une partie des ions Na+ et Cl– a été retirée) qu’une eau de Javel préparée directement.
L’expression chlore actif désigne le chlore de l’hypochlorite, de nombre d’oxydation +I, qui est effectivement actif, mais aussi le chlore, de nombre d’oxydation -I, inactif comme oxydant, présent sous forme d’ions Cl–. L’expression chlore actif est donc, malgré son utilisation généralisée en Europe, impropre.
La correspondance entre °Chl et % de chlore actif peut être obtenue à l’aide de la relation suivante :
% chlore actif = 0,3165(°Chl / d) avec d = densité de l’eau de Javel
% de chlore actif | °Chl | chlore actif g/L | Densité moyenne | pH | |
Concentrés de Javel | 9,6 | 34,88 à 33,68 | 110,56 à 106,78 | 1,152 à 1,112 | 12,5 |
Eau de Javel | 2,6 | 8,51 à 8,43 | 26,96 à 26,73 | 1,037 à 1,028 | 11,5 |
Normalisation :
Composition : elle est fonction du pH, selon les équilibres chimiques suivants :
HClO + H+ + Cl– = Cl2 + H2O
HClO = H+ + ClO–
Composition d’une eau de Javel en fonction du pH
Stabilité :
3 ClO– = 2 Cl– + ClO3–
ClO– = ½ O2 + Cl–
Cette réaction est lente, c’est elle qui impose une limite de durée d’utilisation : un an pour l’eau de javel, trois mois pour les concentrés.
La stabilité d’une eau de Javel est régie par les lois de la cinétique chimique. Par exemple, la vitesse de décomposition double lorsque la température s’élève de 5°C, les extraits se décomposent plus rapidement que l’eau de Javel diluée.
Cette décomposition peut être accélérée par divers catalyseurs tels que :
Conservation :
En conséquence, une eau de Javel sera conservée dans des récipients non métalliques, opaques. Elle sera stockée à l’abri de la chaleur et diluée par de l’eau froide non polluée par des ions métalliques. Sa durée d’utilisation est limitée : environ 3 mois pour les concentrés, un an pour l’eau de Javel (voir l’article du BUP dans la bibliographie).
Propriétés oxydantes : l’eau de Javel est d’autant plus oxydante que son pH est faible, mais même à pH 14 son pouvoir oxydant reste élevé (E° = 0,88 V). Elle peut ainsi oxyder de nombreux composés toxiques en composés inoffensifs tels que par exemple : SO2, H2S, NH3, CN–… Son action décolorante et désinfectante est, en partie, due à sa capacité d’oxyder de nombreux composés organiques.
Propriétés désinfectantes : elles sont principalement dues au pouvoir bactéricide de l’acide hypochloreux qui diffuse à travers la paroi des cellules des bactéries en détruisant des protéines membranaires. Par ailleurs, HClO agit sur le métabolisme de synthèse des bactéries. HClO, non chargé, est près de 100 fois plus bactéricide que l’ion hypochlorite. Dans le cas des virus, HClO agirait par attaque des liaisons amidées des protéines.
En 2023, exprimée en chlore, la production de l’Union européenne en hypochlorites, y compris l’hypochlorite de calcium, a été de 1,678 million de t dont 645 797 t en Italie, 254 222 t en Espagne, 247 645 t en France, 171 088 t au Portugal, 66 372 t en Hongrie. Les productions belges, néerlandaises et allemandes sont confidentielles.
En Amérique du Nord, le principal producteur est Olin avec des capacités de production de 1 136 millions de litres avec des usines à Bécancour, dans la province du Québec au Canada et aux États-Unis à Augusta en Géorgie, Charleston dans le Tennessee, Lemont dans l’Illinois, Freeport au Texas, Henderson dans le Nevada, Mc Intosh dans l’Alabama, Niagara Falls dans l’État de New York et en Californie à Santa Fe Springs et Tracy.
Commerce international : pour les hypochlorites (hors celui de calcium), les chlorites et hypobromites, en 2023.
Principaux pays exportateurs sur un total de 1,048 million de t.
Chine | 167 | Allemagne | 66 | |
Canada | 128 | États-Unis | 50 | |
Pays Bas | 83 | Portugal | 49 | |
Belgique | 78 | Guatemala | 31 | |
Espagne | 73 | France | 30 |
Source : ITC
Les exportations de la Chine sont destinées à 53 % à Hong Kong, 15 % à l’Inde, 6 % au Brésil.
Principaux pays importateurs.
États-Unis | 137 | Italie | 43 | |
France | 100 | Allemagne | 43 | |
Espagne | 47 | Pologne | 35 | |
Canada | 47 | Hong Kong | 30 | |
Belgique | 43 | Inde | 26 |
Source : ITC
Les importations des États-Unis proviennent à 93 % du Canada, 4 % de Chine.
Production, en 2006, de 245 millions de litres à 9,6 % de chlore actif. Chaque jour ouvré, utilisation d’environ 1 million de berlingots d’eau de Javel concentrée.
Commerce extérieur : en 2023.
Hypochlorites, hors celui de calcium, chlorites et hypobromites :
Hypochlorite de calcium :
A 50 % à usage domestique pour son action en désinfection (HClO est bactéricide, fongicide, virucide et sporicide) et son pouvoir blanchissant.
Consommations : en 2005. Monde : 2,8 milliards de litres.
États-Unis | 700 | Brésil | 350 | |
Mexique | 600 | France | 245 | |
Espagne | 400 | Italie | 220 |
Source : CSNEJ
En 2014-15, la consommation française est de 183 millions de litres.
Les consommations dans les pays nordiques sont faibles, inférieures à 4 millions de L/an et un peu plus importantes en Allemagne (35 millions de L/an), Royaume Uni, Belgique (44 millions de t/an) et Pays Bas.
Secteurs d’utilisation :
En 2015, aux États-Unis : à 67 % comme agent de blanchiment et à 33 % comme désinfectant.
Eau de Javel | Ozone | Dioxyde de chlore | |
Coefficient spécifique de létalité lambda* pour :
– les bactéries |
20 |
500 |
20 |
Durée du traitement | 45 min | 4 min | 30 min |
Action sur NH3 | très bonne | nulle | nulle |
Élimination de Fe2+, Fe3+, Mn2+ | faible | très bonne | bonne |
Absence de goût, favorable pour la couleur | peu efficace | très efficace | efficace |
Absence d’organochlorés | non | oui | oui |
Coût de revient relatif | 1 | 20 | 10 |
* : Le coefficient lambda se détermine par l’étude de la mortalité, en fonction du temps, de microorganismes en suspension.
On a : Nt/No = e-λCt avec No et Nt : nombres de microorganismes aux temps 0 et t, λ: coefficient spécifique de létalité en L.mg-1.min-1, C : concentration du désinfectant.
En France, la chloration est de 0,2 à 0,3 mg/L. À New York, elle varie entre 0,7 et 2 mg/L, le goût d’eau de Javel y étant considéré comme le gage d’une eau saine. La concentration maximale admissible fixée par l’OMS est de 5 mg/L. À des concentrations inférieures aux doses létales, l’eau de Javel inhibe le développement des bactéries ce qui permet la protection de l’eau potable lors de son transport par canalisations.
Industriellement, l’eau de Javel est utilisée, en particulier, pour éviter le développement des algues et des mollusques dans les canalisations des usines de dessalement de l’eau de mer et dans les circuits de refroidissement des centrales thermiques classiques ou nucléaires utilisant l’eau de mer. Par exemple, la centrale de Gravelines utilise, lorsque la température de l’eau de mer dépasse 10°C, 0,8 mg de solution d’eau de Javel par litre d’eau de mer, avec un débit d’eau de 41 m3/s par réacteur de 900 MW.
Autres composés contenant des ions hypochlorite :
L’eau de Javel est une solution aqueuse. Il existe des composés renfermant des ions hypochlorites se présentant sous forme solide. Il s’agit principalement :