Le chlorure de potassium est un produit naturel, souvent associé au chlorure de sodium, extrait d’exploitations minières soit selon les techniques minières classiques soit par circulation d’eau in situ. Il est aussi extrait de lacs salés et des eaux de la Mer Morte. Après son extraction il ne subit qu’une purification. Il est principalement employé dans l’industrie des engrais.
Formule | Masse molaire | Minéral | Structure cristalline | Rayons ioniques de Pauling dans la coordinence 6 |
KCl | 74,56 g.mol-1 | sylvine | cubique à faces centrées de type NaCl, de paramètre a = 0,629 nm | K+ : 133 pm et Cl– : 181 pm |
Masse volumique | Température de fusion | Température de sublimation | Solubilité dans l’eau |
1,984 g.cm-3 | 776°C | 1 500°C |
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Chlorure de potassium cristallisé :
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Chlorure de potassium gazeux :
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Le chlorure de potassium, KCl, étant principalement employé dans l’industrie des engrais et en agriculture, les quantités et les teneurs sont souvent exprimées en K2O avec : 1 t KCl = 0,631 t K2O. Dans l’industrie des engrais et en agriculture, il est appelé improprement « potasse » et « muriate of potash (MOP) » dans les pays anglosaxons.
Le chlorure de potassium est directement extrait du sol ou de solutions salines et ne subit qu’une purification.
La teneur moyenne de l’écorce terrestre en élément potassium, K, est de 2,4 %. Il est surtout présent dans des feldspaths, en particulier l’orthose, KAlSi3O8, des feldspathoïdes comme la leucite, KAlSi2O6 ou la néphéline, Na3KAl4Si4O16, des micas avec la muscovite, KAl2(AlSi3O10)(F,OH)2 ou la biotite, K(Mg,Fe)3AlSi3O10(OH)2.
Sous forme de chlorure, KCl, il est présent, principalement, dans des dépôts marins fossiles en présence, en général, de chlorure de sodium. C’est sous cette forme, ainsi que des eaux de la Mer Morte ou de lacs salés, qu’il est extrait et utilisé principalement dans l’industrie des engrais.
Minerais : le principal minerai est la sylvinite (KCl-NaCl), les autres minerais exploités sont la carnallite (KCl-MgCl2), la kaïnite (KCl-MgSO4) et la langbeinite (MgSO4-K2SO4). La sylvinite est un mélange de sylvine (KCl) et de halite (NaCl). La sylvinite a été découverte en 1856 dans un gisement de sel gemme, en Allemagne et son exploitation a débuté en 1861 en Allemagne dans les gisements de Hanovre et de la Werra. Les mines sont exploitées par voie souterraine, pour 80 % de la production mondiale ou par dissolution in situ, pour 6 % de la production. Diverses exploitations souterraines ont été inondées et ont vu leur exploitation se poursuivre par dissolution. Par ailleurs, l’exploitation de la Mer Morte et celle de lac salés donne 14 % de la production mondiale.
Le gisement des Mines de Potasse d’Alsace : il s’est formé à l’Oligocène, il y a 26 à 38 millions d’années, selon un régime lagunaire, la lagune étant alimentée périodiquement en eaux nouvelles par le jeu d’une « barre ». Au sein des couches de sylvinite, l’alternance sylvite (KCl), sel gemme (NaCl) correspondrait à des changements de saison, KCl se déposant en saison froide, NaCl en saison chaude. Il est situé dans la plaine d’Alsace, au nord-ouest de Mulhouse. Il couvre environ 20 000 hectares. L’exploitation du gisement s’est terminée en 2002.
Le gisement a été découvert en 1904. Il est constitué de deux couches séparées par 20 m de sel gemme, marnes et anhydrite (CaSO4) situées à une profondeur variant de 400 à 1100 m.
Chaque couche est composée de filets alternés (d’épaisseur variant du mm au cm), de KCl, de NaCl et d’argile.
Le minerai (la sylvinite) a une teneur de 25 % de sylvine, 60 % de sel gemme et 15 % d’éléments insolubles (argiles…). Il contient également du bromure de potassium qui était récupéré et valorisé pour produire du dibrome.
300 km de galeries (largeur environ 4 m, hauteur environ 3 m), avant la fermeture de la mine, étaient en service.
Le minerai était extrait par la méthode du havage intégral. Une haveuse (fraiseuse) munie de couteaux en acier au carbure de tungstène attaque le banc de minerai sur 1 m de large et sur 1 à 4 m de haut suivant les chantiers, à une vitesse variant de 50 à 100 m/h. L’extraction cumulée, depuis 1910, de minerai brut est supérieure à 500 millions de t. Le maximum d’extraction a été atteint en 1974, avec 13,4 millions de t de minerai brut.
Trois procédés sont utilisés : le traitement thermique par dissolution puis cristallisation, la flottation et la séparation électrostatique.
Le traitement du minerai consiste, après broyage, à séparer les divers constituants, chlorure de potassium, chlorure de sodium, autres minéraux riches en potassium (carnallite, kaïnite, langbeinite) ou en magnésium (kiesérite, MgSO4,H2O) et insolubles (argiles). Le broyage du minerai est conditionné par le traitement de séparation utilisé, la flottation et la séparation électrostatique demandant un broyage plus poussé que le traitement thermique afin de séparer physiquement les particules. L’extraction par dissolution in situ échappe à cette opération préalable et se poursuit par traitement thermique.
Au Canada et aux États-Unis, pour les exploitations souterraines classiques, c’est la flottation qui est principalement, à 70 %, utilisée, le traitement thermique étant réservé au chlorure de potassium destiné à des applications industrielles. Il en est de même en Espagne.
En Allemagne, ce sont les traitements thermiques et la séparation électrostatique qui sont employés.
Le chlorure de potassium obtenu selon le procédé thermique est blanc, celui obtenu par flottation ou par séparation électrostatique est rose (couleur qu’il possède dans le minerai).
Le co-produit principal est le chlorure de sodium qui est soit stocké et utilisé en partie comme sel de déneigement soit évacué dans les fleuves. Du dibrome est également co-produit. Au niveau mondial, pour une production de 55 millions de t de KCl, la coproduction de NaCl est de plus de 80 millions de t.
Le chlorure le potassium destiné à la fertilisation contient au moins 95 % de KCl, la principale impureté étant le chlorure de sodium. Sa teneur, exprimée en équivalent K2O, est de 60 à 61 % de K2O. Celui destiné aux applications industrielles, obtenu selon la voie thermique, renferme plus de 99 % de KCl.
En milliers de tonnes de K2O, en 2023, sur un total mondial de 39 millions de t de K2O. Source : USGSProduction minière de chlorure de potassium
Canada | 13 000 | Jordanie | 1 800 | |
Russie | 6 500 | Laos | 1 400 | |
Chine | 6 000 |
Chili | 600 | |
Biélorussie | 3 800 | États-Unis | 440 | |
Allemagne | 2 600 | Espagne | 250 | |
Israël | 2 400 | Brésil | 200 |
La production de l’Union Européenne, en Allemagne et Espagne, en 2021, est de 2,7 millions de t de K2O.
Les capacités mondiales de production sont, en 2022, de 80,380 millions de t/an de KCl, dont 24,770 millions de t/an au Canada.
En République du Congo, divers projets sont en cours d’étude et de développement. Dans ce pays, un gisement de sylvinite et de carnallite a été découvert en 1935 et entre 1969 et 1977, l’exploitation souterraine du gisement à Holle, a permis une production de 450 000 t/an de KCl. Toutefois, le 20 juin 1977, une inondation de la mine a entraîné l’arrêt de la production. L’exploitation de ce gisement, situé dans le département du Kouilou, à peu de distance du port en eaux profondes de Pointe Noire devrait permettre une évacuation facile pour alimenter le marché mondial et en particulier le Brésil, l’un des premiers pays importateurs. Parmi les projets les plus avancés on peut citer la société Sintoukola, propriété à 97 % de la société australienne Kore Potash, avec 2 projets. Celui d’une mine souterraine de sylvinite à Kola avec une production de 600 000 t/an puis de 1,2 million de t/an avec des réserves de 152 millions de t de minerai renfermant 32,5 % de KCl et celui d’une mine de carnallite à Dougou, avec une production, par dissolution in situ, de 400 000 t/an de KCl et des ressources de 3 milliards de t de minerai à 20,7 % de KCl.
Commerce international : en 2022.
Principaux pays exportateurs : sur un total de 45,739 millions de t de KCl destinées à une utilisation comme engrais.
Canada | 20 830 |
Jordanie | 2 405 |
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Russie | 7 964 |
Laos | 1 352 |
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Biélorussie | 4 935 |
Chili | 595 | |
Israël | 3 529 |
Espagne | 567 | |
Allemagne | 3 240 |
Ouzbékistan | 222 |
Les exportations du Canada sont destinées à 50 % aux États-Unis, 17 % au Brésil, 9 % à l’Indonésie, 6 % à la Chine.
La société Canpotex, joint venture entre Nutrien et Mosaic, assure les ventes du chlorure de potassium de ces groupes à l’étranger, hors États-Unis.
Principaux pays importateurs : sur un total de 45,739 millions de t de KCl destinées à une utilisation comme engrais.
Brésil | 11 066 |
Malaisie | 1 369 | |
Chine | 8 031 |
Bangladesh | 936 |
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États-Unis | 7 242 |
Thaïlande | 736 |
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Indonésie | 3 133 |
Vietnam | 680 | |
Inde | 2 708 |
Corée du Sud | 652 |
Les importations du Brésil proviennent du Canada à 33 %, de Russie à 28 %, de Biélorussie à 19 %, d’Allemagne à 9 %.
Celles des États-Unis, du Canada à 81 %, de Russie à 9 %, de Biélorussie à 5 %.
Celles de Chine, de Russie à 29 %, du Canada à 28 %, de Biélorussie à 23 %, d’Israël à 9 %.
Principaux producteurs : en 2023 sur une capacité totale de 103 millions de t/an.
Nutrien (Canada) | 20 % | ICL (Israël) | 6 % | |
Belaruskali (Biélorussie) | 14 % |
QSL (Chine) | 5 % | |
Uralkali (Russie) | 14 % |
Eurochem (Russie) | 5 % | |
Mosaic (États-Unis) | 13 % |
APC (Jordanie) | 3 % |
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K+S (Allemagne) | 7 % | SQM (Chili) | 2 % |
Réserves : elles sont estimées, en 2023, à plus de 3,6 milliards de t de K2O.
Canada | 1 100 | États-Unis | 220 | |
Biélorussie | 750 | Chine | 180 | |
Russie | 650 | Allemagne | 150 | |
Israël, en 2018 | 270 | Chili | 100 | |
Jordanie, en 2018 | 270 | Laos | 75 |
En t de K2O.
Production : nulle depuis la fermeture des Mines de Potasse d’Alsace, en 2002.
Commerce extérieur : en 2023.
Les exportations étaient de 7 685 t avec comme marché principal à :
Les importations s’élevaient à 243 952 t en provenance principalement à :
Consommations, en 2022-23, en t de K2O.
Soit un total de 215 990 t de K2O.
La consommation à l’hectare est de 17 kg de K2O. En France, entre 1988 et 2017, la fertilisation minérale en K2O a diminué de 77 %.
Consommations : en 2022. Monde : 35,,478 millions de t de K2O. Union européenne, en 2019 : 3,163 millions de t de K2O.
Chine | 8 405 | Malaisie | 1 448 |
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Brésil | 6 765 |
Russie | 764 | |
États-Unis | 3 769 |
Vietnam | 489 | |
Inde | 2 322 | Bangladesh | 444 | |
Indonésie | 1 986 |
Pologne | 443 |
KCl est essentiellement, à 86 % en 2018, utilisé comme engrais, le reste par l’industrie chimique (voir le chapitre consacré à l’hydroxyde de potassium).
Lors des utilisations comme engrais, les ions K+ sont, à 85 %, apportés sous forme de KCl et à 8 % apportés sous forme de sulfate de potassium, K2SO4. Le sulfate de potassium est préparé par action de l’acide sulfurique sur KCl ou à partir d’autres minerais (saumures, langbeinite…). Il est utilisé pour certaines cultures (tabac, fruits, légumes…) pour lesquelles la présence des ions Cl– est néfaste. La production de sulfate de potassium, dans l’Union européenne, est, en 2020, de 1,438 million de t, exprimées en K2O.
En agriculture, l’apport d’ions K+, provient également des excrétions animales. En effet, celles-ci représentent, en 2013, 75 % des apports, ceux de la fertilisation minérale représentant 22 %, le reste, provenant d’autres apports organiques comme les vinasses concentrées de betteraves.
Utilisation alimentaire de KCl :
Le sel de marque « Minisel » contient 2/3 de KCl pour 1/3 de NaCl. Ce sel diététique est destiné à corriger le déséquilibre Na+/K+ fréquent dans les cas d’hypertension artérielle. Ce type de sel est très répandu au Japon et en Scandinavie.