Le carbonate de sodium est soit extrait de dépôts naturels, principalement aux États-Unis et en Turquie, soit synthétisé selon le procédé Solvay à partir de chlorure de sodium et de calcaire. Il est employé dans l’industrie verrière mais aussi dans la formulation des détergents, la désulfuration des fumées, l’élaboration des phosphates alimentaires.
Formule | Masse molaire | Minéral | Structure cristalline |
Na2CO3 | 105,99 g.mol-1 | natrite | monoclinique de paramètres : a = 0,89 nm, b = 0,523 nm, c = 0,604 nm et angle bêta = 101,35° |
Masse volumique | Température de fusion | Température d’ébullition | Solubilité dans l’eau |
2,53 g.cm-3 | 851°C | décomposé |
|
pKa : CO2aq/HCO3– = 6,35
Carbonate de sodium cristallisé :
Le carbonate de sodium, (ancien nom « natron ») appelé improprement « soude » par les industriels (en anglais « soda ash »), est soit extrait de dépôts naturels, principalement aux États-Unis (Wyoming), en Afrique (Kenya, Botswana), en Chine et en Turquie, soit synthétisé (pour 72 % de la production mondiale, en 2021) principalement selon le procédé Solvay et sa variante le procédé Hou utilisée en Chine à partir de chlorure de sodium et de calcaire.
Le carbonate de sodium est présent dans des gisements fossiles ou dans des lacs salés.
Gisement fossile de l’État du Wyoming. Il est situé à Big Island à 40 km au Nord-Ouest de Green River, aux États-Unis. Il a été découvert en 1938 lors d’un forage pétrolier. Présent entre 120 et 1 050 m de profondeur il couvrirait 2 600 km2. Il est constitué de 42 couches de sesquicarbonate de sodium, sel double de carbonate et hydrogénocarbonate hydraté (Na2CO3,NaHCO3,2H2O) dénommé trona dont 11 de plus de 2 mètres d’épaisseur. Des couches atteignent une teneur de 97 % de trona. Les réserves seraient d’environ 22 milliards de t. Deux couches sont actuellement exploitées souterrainement.
Le gisement résulte de l’accumulation de sédiments, à l’Éocène, il y a 50 millions d’années, dans deux lacs s’étendant sur les États actuels du Wyoming, du Colorado et de l’Utah avec des superficies atteignant jusqu’à 57 000 et 38 850 km2.
Son exploitation a débuté en 1950 et elle a supplanté toute la production américaine de carbonate synthétique (17 usines en 1938, 10 en 1969, 1 en 1979 qui a fermé en 1986). Le gisement du bassin de Green River représente, en 2020, 60 % de la production mondiale de carbonate de sodium naturel.
L’exploitation souterraine est effectuée soit selon des techniques minières classiques (méthode des « chambres et piliers ») soit par forages et dissolution in situ (méthode utilisée, en partie, par Genesis Energy). Dans le premier cas, le taux de récupération est de 45 %, 30 % dans le second cas.
Le traitement du minerai est réalisé selon 2 procédés, l’un au monohydrate, l’autre au sesquicarbonate.
2 (Na2CO3,NaHCO3,2H2O) = 3 Na2CO3 + 5 H2O + CO2
puis Na2CO3 est dissous dans l’eau afin d’éliminer les parties insolubles puis précipité, par évaporation de l’eau, sous forme de Na2CO3,H2O qui est déshydraté à 150°C.
L’exploitation des gisements naturels consomme moins d’énergie, de 5,6 à 7 GJ/t, que la fabrication industrielle, de 8,9 à 14,25 GJ/t. En 2020, les coûts de production du carbonate de sodium naturel extrait aux États-Unis sont estimés représenter environ 50 % de ceux du carbonate synthétique. En moyenne, il faut de 1,50 à 1,65 t de minerai pour donner 1 t de carbonate de sodium.
Sociétés exploitantes : en 2021.
Genesis Energy | 3,6 | Solvay | 2,54 | |
Sisecam Wyoming | 3,25 | Tata Chemicals | 2,54 |
Gisements turcs : ils sont exploités par Ciner Group au travers de :
Lacs salés : le carbonate de sodium est récupéré à partir de saumures contenant de l’ordre de 16 % de NaCl, 6,5 % de Na2CO3, des borates et des sels de lithium et potassium. Par carbonatation (à l’aide de CO2) de la saumure, l’hydrogénocarbonate précipite. Les principaux lacs exploités sont les suivants :
La production mondiale, en 2023, est de 23 millions de t dont 11 millions de t aux États-Unis, 11 millions de t en Turquie, 850 000 t au Kenya, 270 000 t au Botswana, 20 000 t en Éthiopie.
Répartition de la production mondiale de carbonate naturel, en 2019 :
Ciner | 42 % | Tata | 14 % | |
Genesis | 22 % | Searles | 7 % | |
Solvay | 15 % |
Source : Ciner
La production du groupe Ciner est réalisée pour 16 % aux États-Unis, 16 % en Turquie avec la société Kazan Soda et 10 % en Turquie avec la société Eti Soda.
L’ANSAC, qui regroupait les activités d’exportation, hors Union européenne, de 3 producteurs des États-Unis, Genesis Energy, Tata Chemicals et Ciner Wyoming ne dépend plus, depuis début 2023, que de Genesis Energy après le retrait de Tata Chemicals et, en 2020, de Ciner.
Les exportations vers l’Union européenne sont réalisées au travers de l’American-European Soda Ash Shipping Association (AESSA).
Au total, en 2020, les capacités de production des États-Unis sont détenues à 54 % par des capitaux étrangers, à 23 % indiens, 15 % belges, 11 % turcs et 5 % japonais.
Les unités de production de carbonate de sodium coproduisent de l’hydrogénocarbonate, du sulfate de sodium et de l’hydroxyde de sodium dans le Wyoming et du chlorure de sodium, du sulfate de sodium et du borax en Californie.
En 2023. Monde : 25 milliards de t.
États-Unis | 23 000 | Éthiopie | 400 | |
Turquie | 840 | Botswana | 16 |
Le carbonate de sodium synthétique est principalement obtenu par le procédé Solvay mis au point entre 1861 et 1865. Une variante du procédé Solvay, le procédé Hou, est utilisée en Chine, avec co-production de chlorure d’ammonium utilisé comme engrais.
Part des différents procédés, en 2021, dans la production mondiale de carbonate de sodium :
Procédé Solvay | 46 % | Carbonate naturel des États-Unis | 18 % | |
Procédé Hou | 20 % | Autres | 15 % |
Source : Genesis
Une coproduction de carbonate de sodium (75 000 t/an) est réalisée, selon divers procédés, par BASF.
Matières premières : chlorure de sodium et calcaire. L’ammoniac intervient dans la fabrication mais il est presque totalement recyclé.
Principe de la fabrication : selon la réaction globale suivante qui toutefois n’est pas réalisable directement :
2 NaCl + CaCO3 = Na2CO3 + CaCl2
Le procédé Solvay consiste en 8 étapes, dans des unités de production dénommées soudières.
1 – Préparation d’une saumure saturée par du chlorure de sodium.
2 – Absorption dans cette saumure d’ammoniac recyclé.
3 – Calcination du calcaire dans un four à chaux, qui donne du dioxyde de carbone :
CaCO3 = CaO + CO2(g)
4 – Préparation d’un lait de chaux, en présence d’un excès d’eau :
CaO + H2O = Ca(OH)2
5 – Carbonatation de la saumure ammoniacale avec le dioxyde de carbone provenant de la calcination du calcaire et de la décomposition de l’hydrogénocarbonate, l’hydrogénocarbonate, NaHCO3, peu soluble précipite.
NH3(aq) + H2O + CO2(aq) = NH4HCO3
NH4HCO3 + Na+ + Cl– = NH4+ + Cl– + NaHCO3
6 – Filtration de l’hydrogénocarbonate.
7 – Calcination de l’hydrogénocarbonate vers 150-200°C :
2 NaHCO3 = Na2CO3 + H2O(g) + CO2(g)
8 – L’ammoniac est régénéré à l’aide du lait de chaux :
2 (NH4+ + Cl–) + Ca(OH)2 = 2 NH3(aq) + Ca2+ + 2 Cl– + 2 H2O
Le chlorure de calcium, CaCl2 est un coproduit partiellement valorisé comme desséchant, sel de déneigement… ou rejeté en rivière ou en mer. Les rejets dans la Meurthe d’ions Cl– par les usines françaises de carbonate de sodium sont limités de telle sorte que leur contribution soit au maximum de 400 mg.L-1 dans la Moselle à Hauconcourt (100 km en aval).
Consommations (par t de Na2CO3) :
NaCl | CaCO3 | eau de réfrigération | énergie |
1,6 t | 1,1 à 1,3 t | 20 à 50 m3 | 8,9 à 12,35 GigaJ |
Les unités de production ont des capacités pouvant atteindre 1,5 million de t/an.
Qualités de carbonate de sodium :
Il existe deux qualités principales de carbonate de sodium :
Le carbonate a une teneur supérieure à 99,5 % en Na2CO3, la principale impureté est NaCl : 0,1 à 0,3 %. C’est un produit qui s’hydrate et se carbonate au contact de l’air en donnant, en partie, de l’hydrogénocarbonate.
Le procédé Hou, utilisé en Chine, consiste à associer la production de carbonate de sodium, à celle d’ammoniac. Le dioxyde de carbone coproduit lors de la production d’ammoniac est utilisée à la place de celui provenant de la calcination du calcaire. La production de chlorure de calcium est ainsi évitée et le chlorure d’ammonium obtenu est utilisé comme engrais dans la culture du riz. La consommation d’énergie est de 14,25 GJ/t.
En 2021, en milliers de t, sur un total mondial, en 2023, de 65 millions de t. Source : USGS
Chine | 27 000 | Allemagne | 2 400 | |
États-Unis | 11 300 | Pologne | 1 200 | |
Turquie | 4 200 | France | 1 000 | |
Russie | 3 350 | Pakistan | 500 | |
Inde | 2 500 | Italie | 500 |
En 2023, la production de carbonate synthétique a été de 42 millions de t, celle de carbonate naturel de 23 millions de t.
En 2021, la capacité mondiale de production est de 71 millions de t/an, celle des États-Unis, en 2023, de 13,9 millions de t/an, celle de l’Union européenne de 9,5 millions de t/an.
En 2023, la production de l’union européenne est de 6,757 millions de t dont 2,383 millions de t en Allemagne, en 2022, 730 112 t en Espagne, 656 779 t en France, 21 182 t en République tchèque, en 2022. Pour les autres pays producteurs les productions sont confidentielles.
La Chine est premier producteur mondial depuis 2003. En Chine, en 2020, les capacités de production sont de 34 millions de t/an à 49 % selon le procédé Solvay, 46 % selon le procédé Hou et 5 % de carbonate naturel.
Dans l’Union européenne : par pays et ( ) producteurs, en 2020.
Allemagne (Solvay, Ciech, BASF) | 1 805 | Italie (Solvay) | 1 000 | |
Bulgarie (Solvay, Sisecam) | 1 500 | Roumanie (Ciech) | 535 | |
Pologne (Ciech) | 1 300 | Royaume Uni (Tata Chemicals) | 460 | |
France (Solvay, Seqens) | 1 260 | Belgique (BASF) | 25 | |
Espagne (Solvay) | 1 020 |
Commerce international : en 2023.
Principaux pays exportateurs : sur un total de 17,478 millions de t, en 2022.
États-Unis | 6 648 | Bosnie Herzégovine | 444 | |
Turquie | 4 683 | Inde | 410 | |
Chine | 1 489 | Allemagne | 247 | |
Bulgarie | 856 | France | 242 | |
Russie | 519 | Botswana | 227 |
Source : ITC
Les exportations des États-Unis ont été destinées à 21 % au Mexique, 12 % au Chili, 10 % au Brésil, 8 % à l’Indonésie.
Principaux pays importateurs :
Mexique | 1 400 | Chine | 683 | |
Brésil | 1 227 | Thaïlande | 635 | |
Chili | 989 | Vietnam | 626 | |
Inde | 969 | Malaisie | 539 | |
Indonésie | 802 | Afrique du Sud | 466 |
Source : ITC
Les importations mexicaines proviennent quasi totalement des États-Unis.
Principaux producteurs : en 2021.
Solvay (Europe, États-Unis) | 7,9 | Nirma Ltd. (États-Unis, Inde) | 2,8 | |
Ciner Group (États-Unis, Turquie) | 5,5 | BSC Chemicals (Russie) | 2,8 | |
Tata Chemicals (Inde, États-Unis, Royaume-Uni, Kenya) | 4,1 | Henan Jinshan (Chine) | 2,7 | |
Sisecam (Turquie, Bosnie, Bulgarie) | 4,1 | Tangshan Sanyou (Chine) | 2,3 | |
Genesis Energy (États-Unis) | 3,3 | Ciech (Pologne, Roumanie, Allemagne) | 2,2 | |
Shandong Haihua (Chine) | 3,0 |
Production : 656 779 t, en 2023.
Producteurs : avec 2 unités de production.
Commerce extérieur : en 2023.
Les exportations étaient de 192 447 t avec comme principaux marchés à :
Les importations s’élevaient à 237 156 t en provenance principalement à :
Consommations, en 2021 : Monde : 61 millions de t.
Chine, en 2019 : 25,2 millions de t, Europe, en 2021 : 11 millions de t, États-Unis, en 2020 : 5,4 millions de t, Inde, en 2016 : 3,2 millions de t.
En 2021, dans le monde. Source : Genesis Energy
Europe | Monde | |
Verre | 63 % | 53 % |
Produits chimiques | 16 % | 14 % |
Savons, détergents | 8 % | 14 % |
Métallurgie | 8 % | 4 % |