Le nom du sélénium vient de Séléné, la déesse grecque de la Lune. Lors de sa découverte, en 1817 par Jons Jakob Berzelius et son assistant Johann Gottlieb Gahn, il a été remarqué que l’élément est très souvent associé au tellure qui, lui, est nommé d’après la Terre. Ce fut donc Berzelius qui décida de nommer ce nouvel élément en raison de leur présence conjuguée dans la nature, comme le sont la Terre et la Lune dans l’Univers.
Numéro atomique | Masse atomique | Configuration électronique | Structures cristallines | Rayon métallique pour la coordinence 12 |
34 | 78,97 g.mol-1 | [Ar] 3d10 4s2 4p4 | formes alpha et bêta, monocliniques donnant le sélénium gris, stable, vers 200°C. La forme grise est hexagonale de paramètres a = 0,4366 nm et c = 0,4959 nm | 140 pm |
Masse volumique | Dureté | Température de fusion | Température de sublimation | Conductibilité électrique | Conductibilité thermique | Solubilité dans l’eau |
4,81 g.cm-3 | 2 | 217°C | 684,9°C | 1,0.10-4 S.m-1 | 2,04 W.m-1.K-1 | insoluble |
Électronégativité de Pauling | pKa : H2Se/HSe– | pKa : HSe– /Se2- | pKa : H2SeO3/HSeO3– | pKa : HSeO3– /SeO32- | pKa : HSeO4– /SeO42- |
2,48 | 3,9 | 11 | 2,6 | 8,3 | 1,9 |
Potentiels standards :
Se(s) + 2e = Se2- | E° = -0,92 V |
Se(s) + 2H+ + 2e = SeH2 | E° = -0,40 V |
SeO42- + H2O + 2e = SeO32- + 2OH– | E° = 0,05 V |
HSeO4– + 3H+ + 2e = H2SeO3 + H2O | E° = 1,09 V |
SeO32- + 3H2O + 4e = Se(s) + 6OH– | E° = -0,37 V |
SeO42- + 4H+ + 2e = H2SeO3 + H2O | E° = 1,15 V |
H2SeO3 + 4H+ + 4e = Se(s) + 3H2O | E° = 0,74 V |
Sélénium gris :
|
Sélénium gazeux :
|
La teneur de l’écorce terrestre est de 0,05 ppm.
Il n’existe pas de gisement propre de sélénium, celui-ci est, associé avec le tellure, principalement co-produit de la métallurgie du cuivre mais aussi de celles du plomb et du nickel. Le sélénium est présent dans des sulfures métalliques en substitution du soufre, sous forme de séléniures, dans lesquels le sélénium possède le degré d’oxydation -2, comme le soufre dans les sulfures, ou dans les parties oxydées, sous forme de sélénites, dans lesquels le sélénium possède le degré d’oxydation +4, comme le soufre dans les sulfites.
La métallurgie des minerais sulfurés de cuivre peut ainsi récupérer, en moyenne, 0,215 kg de Se/t de Cu et, pour des exploitations canadiennes, 0,64 kg de Se/t de Cu.
Comme co-production de la métallurgie du cuivre (voir le chapitre cuivre).
Le sélénium peut être récupéré lors du traitement, par pyrométallurgie, des minerais sulfurés de cuivre. Cela n’est pas le cas pour la voie hydrométallurgique.
Après le traitement pyrométallurgique des concentrés de cuivre, le sélénium, avec le tellure, se retrouve dans le blister, constitué, à 99 %, de cuivre. Celui-ci est purifié par électrolyse à anode soluble après avoir été coulé sous forme d’anodes et le cuivre, avec une pureté de 99,99 %, se dépose à la cathode. Lors de cette électrolyse, il se forme des boues qui renferment les impuretés, bismuth, or, argent, sélénium, tellure ainsi que de 15 à 35 % de cuivre. Celles-ci peuvent contenir de 5 à 25 % de sélénium, sous forme de séléniures et de tellurures, de cuivre, d’argent et d’or.
La plupart des raffineries de cuivre récupère ces boues mais elles ne sont exploitées pour la récupération du sélénium et des métaux précieux contenus que par une partie d’entre elles. Les autres les exportent vers les installations pratiquant cette récupération.
Le traitement des boues anodiques peut être réalisé selon 2 voies, après un traitement de lixiviation du cuivre, en général dans un autoclave, avec de l’acide sulfurique :
Par grillage alcalin qui consiste à chauffer les boues, vers 530-650°C, en présence de carbonate de sodium, afin d’oxyder le sélénium et le tellure sous forme de sélénate et tellurate, dans lesquels le sélénium et le tellure possèdent le degré d’oxydation +6, comme le soufre dans les sulfates, puis à effectuer une lixiviation à l’aide d’une solution d’hydroxyde de sodium. Le sélénate de sodium passe en solution, le tellurate reste dans la phase solide. Par exemple pour un séléniure de cuivre :
Cu2Se + Na2CO3 + 5/2 O2 = 2 CuO + Na2SeO4 + CO2
Le sélénate est réduit en sélénite à l’aide d’acide chlorhydrique concentré selon la réaction :
SeO42- + 2 HCl = SeO32- + H2O + Cl2
Puis le sélénite est réduit en sélénium, qui précipite, par du dioxyde de soufre ou des sels ferreux.
SeO32- + 2 SO2 + H2O = Se + 2 H+ + 2 SO42-
Par grillage sulfatant, en présence d’acide sulfurique, vers 500-600°C, le sélénium est volatilisé sous forme de dioxyde alors que le dioxyde de tellure reste dans la phase solide. Par exemple pour le séléniure de cuivre :
Cu2Se + 6 H2SO4 = SeO2(g) + 2 CuSO4(s) + 6 H2O(g) + 4 SO2(g)
Le dioxyde de soufre, formé lors du grillage, est utilisé, en partie, pour réduire le dioxyde de sélénium en sélénium selon la réaction :
SeO2(g) + 2 SO2(g) + 2 H2O(liq) = Se(s) + 2 H2SO4(liq)
Le sélénium obtenu contient des traces de tellure. Il est purifié par distillation sous vide, la température d’ébullition, à la pression atmosphérique, du sélénium étant de 685°C, celle du tellure, de 990°C.
En tonnes de sélénium, en 2023, sur un total mondial de 3 600 t. Source : USGS
Chine | 1 500 | Canada | 120 | |
Japon | 780 | Finlande | 100 | |
Russie | 360 | Pologne | 95 | |
Allemagne | 300 | Pérou | 57 | |
Belgique | 200 | Turquie | 50 |
Source : USGS
Aux États-Unis, Asarco, filiale de Grupo Mexico, à Amarillo, au Texas produit un concentré semi-raffiné renfermant 90 % de sélénium qui est exporté au Mexique pour la poursuite de son raffinage. Rio Tinto et Freeport-McMoRan exportent également les boues produites par leurs raffineries de Garfield dans l’Utah et de El Paso au Texas. Le sélénium provient de mines de cuivre de l’Arizona et de l’Utah.
En 2012, les importations chinoises ont porté sur 1 610 t de sélénium.
Réserves :
En milliers de tonnes, en 2023, sur un total mondial de 95 000 t, d'après celles de minerais sulfurés de cuivre. Source : USGS
Russie | 26 | Canada | 6 | |
Pérou | 19 | Chine | 5 | |
États-Unis | 11 | Pologne | 3 |
Producteurs : on retrouve les principaux producteurs de cuivre.
Il concerne, pour l’instant, le sélénium présent sur les tambours des anciennes photocopieuses qui sont récupérées en fin de vie. Cela représente de 100 à 200 t/an. Dans cette application, le sélénium, déposé en couche mince de 50 à 60 µm, était employé pour ses propriétés photoconductrices. Il est isolant en absence de lumière et conducteur lorsqu’il est éclairé. Depuis les années 1990, le sélénium est remplacé par des photoconducteurs organiques.
En 2023.
Les exportations de sélénium étaient de 12,2 t avec comme principaux marchés à :
Les importations de sélénium s’élevaient à 30,6 t en provenance principalement à :
Consommations annuelles : environ 3 500 t, en 2017, la Chine représentant de 40 à 50 % de la consommation mondiale.
En 2019, dans le monde. Source : USGS