L’existence du rhénium a été prédite, en 1871, par Mendeleïev lors de la construction de son tableau périodique et il avait laissé deux cases vides sous le manganèse l’une a été occupée par le technétium l’autre, par le rhénium. Puis Moselay, en 1914, avait confirmé la prédiction de Mendeleïev et la présence, dans le tableau périodique, d’un élément de numéro atomique 75 lors de l’énoncé de la loi qui porte son nom, reliant la longueur d’onde du rayonnement X produit par un métal à son numéro atomique. Le rhénium a été isolé, en 1925, en Allemagne, par W. Noddack, I. Tacke et O. Berg, dans un minerai de platine. Il a été dénommé rhénium d’après le nom du fleuve Rhin, Rhenus, en latin. Ce fut le dernier élément naturel non radioactif à être découvert.
Numéro atomique | Masse atomique | Configuration électronique | Structure cristalline | Rayon métallique pour la coordinence 12 |
75 | 186,2 g.mol-1 | [Xe] 4f14 5d5 6s2 | hexagonale compacte de paramètres a = 0,2761 nm et c = 0,4458 nm | 137,5 pm |
Masse volumique | Dureté | Température de fusion | Température d’ébullition | Conductibilité électrique | Conductibilité thermique | Solubilité dans l’eau |
21,02 g.cm-3 | 7 | 3 180°C | 5 596°C | 5,42.106 S.m-1 | 47,9 W.m-1.K-1 | insoluble |
Électronégativité de Pauling |
1,9 |
Potentiels standards :
Re3+ + 3e = Re(s) | E° = 0,3 V |
ReO4– + 2H+ + e = ReO3(s) + H2O | E° = 0,77 V |
ReO4– + 4H+ + 3e = ReO2(s) + 2H2O | E° = 0,51 V |
ReO4– + 2H2O + 3e = ReO2(s) + 4OH– | E° = -0,59 V |
ReO3(s) + 2H+ + 2e = ReO2(s) + H2O | E° = 0,4 V |
ReO4– + 8H+ + 7e = Re(s) + 4H2O | E° = 0,37 V |
ReO2(s) + 4H+ + 4e = Re(s) + 2H2O | E° = 0,26 V |
Rhénium cristallisé :
|
Rhénium gazeux :
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La teneur de l’écorce terrestre est comprise entre 0,7 et 7 ppb, soit de 0,7 à 7 mg/t.
Le rhénium (Re) est principalement présent dans la molybdénite (MoS2), elle même présente dans les gisements sulfurés de cuivre de type porphyrite, présents en Amériques du Nord et du Sud. La concentration en rhénium de la molybdénite peut atteindre de 250 à 700 ppm, soit de 250 à 700 g/t. En conséquence, le rhénium est principalement un coproduit de la production du molybdène, lui même coproduit de la production de cuivre.
Le rhénium est également présent dans des gisements de cuivre sédimentaires, par exemple au Kazakhstan, en Ouzbékistan, en Russie, en Arménie, en Pologne. Dans ces minerais, pauvres en molybdène, la teneur en rhénium peut atteindre, par exemple, en Pologne, de 1,22 à 1,68 g de Re/t et après concentration, de 8,2 à 12,5 ppm dans les concentrés de cuivre.
En 2023, en kg, sur un total mondial de 56 000 kg, hors Russie. Source : USGSProduction minière de rhénium
Chili | 30 000 | Corée du Sud | 2 800 | |
États-Unis | 9 100 | Chine | 2 500 | |
Pologne | 6 300 | Kazakhstan | 500 | |
Ouzbékistan | 4 900 | Arménie | 280 |
Source : USGS
Réserves : en 2023. Monde : 2 400 t, en 2022.
Chili | 1 300 | Arménie | 95 | |
États-Unis | 400 | Pérou, en 2022 | 45 | |
Russie | 310 | Canada, en 2022 | 32 | |
Kazakhstan | 190 | Chine | 19 |
Élaboration du perrhénate d’ammonium (NH4ReO4) :
Les minerais sulfurés de cuivre sont traités par flottation différentielle pour donner d’une part des concentrés de cuivre et d’autre part des concentrés de molybdénite. Les concentrés de molybdénite, renfermant de 85 à 95 % de MoS2, sont principalement traités par voie pyrométallurgique de grillage.
Les concentrés de molybdénite, lors de leur grillage entre 500 et 650°C, libèrent, dans les gaz issus du grillage, de l’oxyde de rhénium Re2O7 sous forme de particules fines et de vapeur. La réaction de grillage est la suivante :
2 MoS2 + 7 O2 = 2 MoO3 + 4 SO2
Le barbotage dans l’eau de ces gaz donne une solution acide, renfermant le rhénium en solution sous forme d’ions ReO4–. Le taux de récupération du rhénium est d’environ 60 %.
Lorsque le molybdène n’est pas récupéré, comme dans le traitement des minerais de cuivre polonais, le rhénium contenu est présent dans les gaz issus du grillage des concentrés de cuivre. Il est récupéré également par barbotage dans de l’eau, pour donner une solution dont la teneur varie entre 20 et 60 mg de Re/L.
Les solutions issues du grillage des concentrés de molybdénite ou de cuivre sont purifiées en précipitant les sulfures contenus par augmentation du pH à l’aide de soude puis le rhénium est extrait à l’aide de résines échangeuses d’ions et récupéré par élution à l’aide d’ammoniac.
Le rhénium, de nombre d’oxydation +7, contenu dans la solution d’élution est :
Le perrhénate d’ammonium (NH4ReO4), dénommé APR est l’une des principales formes de commercialisation du rhénium.
Élaboration du rhénium métallique :
Pour des applications dans l’élaboration d’alliages métalliques et en particulier de superalliages, le perrhénate d’ammonium ou l’acide perrhénique est réduit en rhénium, vers 850°C, par le dihydrogène selon la réaction suivante :
2 NH4ReO4 + 7 H2 = 2 Re + 8 H2O + 2 NH3
Après pressage, la poudre obtenue est frittée, vers 1100°C, sous atmosphère de dihydrogène. La pureté obtenue est de 99,9 %.
Principaux producteurs : en 2013, sur une production mondiale de 44 950 kg.
Molymet (Chili) | 21 250 | Centerra Gold (États-Unis) | 1 000 | |
Freeport McMoRan (États-Unis) | 8 000 | Sarcheshmeh Copper (Iran) | 1 000 | |
KGHM (Pologne) | 7 000 | ZCMC (Arménie) | 700 | |
LS Nikko Copper (Corée du Sud) | 3 000 | Navoi (Ouzbékistan) | 500 | |
Jiangxi Copper (Chine) | 2 500 |
Le rhénium contenu dans les superalliages et les catalyseurs après usage est quasi systématiquement récupéré.
En 2020, la production mondiale à partir du recyclage est comprise entre 20 et 25 t.
Les principaux pays producteurs de rhénium secondaire sont l’Allemagne, les États-Unis, le Canada, la Russie, l’Estonie.
Producteurs :
Quelques propriétés remarquables :
Consommations annuelles : dans le monde, en 2018, 75 000 kg, dont 31 200 kg, en 2021, aux États-Unis.
En 2021, les importations des États-Unis sont de 15 900 kg de métal et 6 000 kg de perrhénate. Dans ce pays, entre 2018 et 2021, les importations de métal proviennent à 84 % du Chili, 8 % du Canada, 6 % d’Allemagnr et celles de perrhénate d’ammonium à 27 % du Kazakhstan, 16 % de Pologne, 15 % du Canada, 15 % d’Allemagne.
Secteurs d’utilisation : en 2017.
Superalliages | 80 % | Catalyse | 15 % |
Les superalliages à base nickel : le rhénium est un élément de composition de ces alliages pour la fabrication de pales monocristallines de turbines destinées à des turboréacteurs et à des turbines industrielles à gaz. Il permet d’accroître leur résistance thermique en particulier dans les zones proches de la chambre de combustion. Les nouveaux moteurs de Pratt & Whitney devant équiper la moitié des Airbus 320 Neo renferment par moteur 5,4 kg de rhénium. Exemples de composition, en % massique :
Alliages | Cr | Co | Mo | W | Ta | Nb | Al | Ti | Re | Hf | Ru |
CMSX 10 | 2,0 | 3,0 | 0,4 | 5,0 | 8,0 | 0,1 | 5,7 | 0,2 | 6,0 | 0,03 | – |
Rene N6 | 4,2 | 12,5 | 1,4 | 6,0 | 7,2 | – | 5,7 | – | 5,0 | 0,1 | – |
MC-NG | 4,0 | – | 1,0 | 5,0 | 5,0 | – | 6,0 | 0,5 | 4,0 | 0,1 | 0,1 |
Les catalyseurs : des catalyseurs Pt-Re sont utilisés dans le reformage catalytique du pétrole afin d’augmenter l’indice d’octane des carburants, dans la fabrication du benzène, du toluène et des xylènes ainsi que dans la fabrication de carburants à partir de méthane.
Autres utilisations :