Le soufre, du latin sulphur, et ses utilisations sont connus depuis l’Antiquité. Seulement, il faudra attendre les années 1770 pour qu’ Antoine Laurent de Lavoisier réussisse à convaincre la communauté scientifique de reconnaître le soufre comme un élément chimique à part entière et non pas un composé chimique.
Numéro atomique | Masse atomique | Configuration électronique | Structures cristallines |
16 | 32,06 g.mol-1 | [Ne] 3s2 3p4 | à la pression atmosphérique, le motif est constitué de couronnes de 8 atomes de soufre.
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Masse volumique | Dureté | Température de fusion | Température d’ébullition | Température critique | Pression critique | Conductibilité électrique | Conductibilité thermique | Solubilité dans l’eau |
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2,0 | 119°C | 444,7°C | 1 041°C | 20,7 MPa | 0,5.10-15 S.m-1 | 0,269 W.m-1.K-1 | insoluble |
Électronégativité de Pauling |
2,58 |
Potentiels standards :
SO32- + 3H2O + 4e = S(s) + 6OH– | E° = -0,66 V |
S2O32- + 6H+ + 4e = 2S(s) + 3H2O | E° = 0,5 V |
S4O62- + 2e = 2S2O32- | E° = 0,09 V |
5S(s) + 2e = S52- | E° = -0,34 V |
4S(s) + 2e = S42- | E° = -0,36 V |
3S(s) + 2e = S32- | E° = -0,39 V |
2S(s) + 2e = S22- | E° = -0,43 V |
S(s) + 2e = S2- | E° = -0,476 V |
S(s) + 2H+ + 2e = H2S | E° = 0,14 V |
Soufre alpha :
Soufre bêta :
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Soufre gazeux :
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La teneur moyenne de l’écorce terrestre est de 600 ppm.
On distingue le soufre élémentaire, effectivement obtenu sous forme de soufre, du soufre présent dans le dioxyde de soufre coproduit lors du grillage de sulfures métalliques. Ce dernier est directement transformé en acide sulfurique sans passer par la formation de soufre. Le soufre, quelle que soit son origine, sert principalement à fabriquer de l’acide sulfurique. Le commerce international ne concerne que le soufre élémentaire.
Origines de la production mondiale, en 2017, sur un total de 83 millions de t :
Le volume de la production de soufre dépend donc principalement de celui de divers autres produits (pétrole, gaz naturel, sables bitumineux ou métaux). L’ajustement avec la demande est réalisé par le grillage de pyrites en Chine, par exemple, par l’extraction minière ou par les variations de stocks.
Réalisée selon des techniques minières classiques ou selon le procédé Frasch.
Extraction par le procédé Frasch : la production peut atteindre jusqu’à 500 t par jour et par forage, en injectant dans le sol de la vapeur d’eau qui permet de faire fondre le soufre (température de fusion : 119°C) qui est ensuite pompé et remonté en surface sous forme liquide. Le procédé, mis au point par Herman Frasch, a été exploité industriellement, pour la première fois, en 1903, en Louisiane. La production nord-américaine a atteint, selon ce procédé, un maximum de 8 millions de t, en 1974, avec 12 mines en activité. La mine de Boling Dome, dans le Texas, fermée en 1993, a, en 65 ans, ainsi produit 82 millions de t de soufre. La dernière exploitation, Main Pass, extrayant le soufre à partir d’une plate-forme offshore dans le Golfe du Mexique, à 51 km des côtes, a fermé en 2000. L’Irak a exploité jusqu’en 2003, selon ce procédé, le plus grand dépôt de soufre connu, celui de Mishraq, qui contiendrait de 100 à 250 millions de t. En Pologne, les mines à ciel ouvert ayant fermé, l’exploitation d’un gisement découvert en 1954, se poursuit, par le Grupa Azoty, à l’aide d’une mine Frasch sur le site d’Osiek. C’est actuellement la seule mine Frasch en activité dans le monde.
Le gaz naturel peut renfermer une teneur importante de soufre, principalement sous forme de sulfure d’hydrogène. C’était le cas du gaz de Lacq dont la composition moyenne est la suivante : CH4 : 69 %, H2S : 7-15 %, CO2 : 10 % ou du gaz canadien. Le sulfure d’hydrogène, toxique et corrosif, doit être éliminé du gaz avant sa commercialisation. La purification du gaz consiste à extraire le sulfure d’hydrogène et le dioxyde de carbone à l’aide d’amines puis après déextraction à transformer le sulfure en soufre à l’aide du procédé Claus mis au point en 1883.
Le pétrole contient généralement du soufre sous forme de divers composés organiques (thiols, thiophène, méthylthiophène, benzothiophène…). En 2017, 35 % de la production de pétrole brut à une teneur en soufre inférieure ou égale à 0,5 % (par exemple 0,21 % pour celui d’Ekofisk en Norvège), 52 % supérieure ou égale à 1 % (par exemple 1,35 % pour celui de l’Oural en Russie, 2,13 % pour celui de Dubaï). Les normes antipollution exigent pour les carburants des teneurs réduites en soufre. Par ailleurs, les traitements subis par le pétrole afin de transformer les fractions lourdes en fractions légères plus utilisées, nécessitent l’emploi de divers catalyseurs qui seraient empoisonnés par la présence de composés soufrés. En conséquence, le soufre est éliminé en transformant d’abord, par hydrogénation, le soufre des composés organiques soufrés en sulfure d’hydrogène qui est ensuite transformé en soufre à l’aide du procédé Claus. L’hydrodésulfuration utilise des catalyseurs cobalt-molybdène ou nickel-molybdène.
Première opération : séparation : H2S – CO2 / hydrocarbures.
Le gaz barbote, sous pression (75 bar) et à 35-50°C, à contre-courant dans une solution (à 30 % en masse) d’amines (diéthanolamine (DEA) : HN(C2H4-OH)2 ou méthyldiéthanolamine (MDEA)) qui fixe H2S et CO2.
Le sulfure d’hydrogène et le dioxyde de carbone sont ensuite libérés sous 1 bar à 140°C et les solutions d’amines (DEA ou MDEA) sont ainsi régénérées et recyclées.
Deuxième opération : procédé Claus
1ère étape : consiste en une oxydation partielle (1/3) de H2S, à 1100°C, selon la réaction :
H2S + 3/2 O2 = H2O + SO2 ΔrH°298 = – 518 kJ/mole
2ème étape : une oxydation catalytique, sur Al2O3 ou TiO2, des 2/3 restant du sulfure d’hydrogène par le dioxyde de soufre formé lors de la première étape, est réalisée vers 300°C. La formation de soufre commence lors de la 1ère étape mais son rendement est limité.
2 H2S + SO2 = 2 H2O + 3 S ΔrH°298 = – 145,6 kJ/mole
Le rendement est de 95 %, le soufre obtenu est très pur, à 99,95 %.
Le procédé Sulfreen, en traitant les effluents, permet d’augmenter le rendement à 99 %. Le procédé est identique au procédé Claus mais la 2ème étape est réalisée à température plus faible avec un catalyseur à base d’alumine.
En 2023, en millions de t sous toutes formes sur un total de 82 millions de t. Source : USGS.
Chine | 19 000 | Kazakhstan | 4 300 | |
États-Unis | 8 600 | Inde | 3 500 | |
Arabie Saoudite | 8 000 | Japon | 3 100 | |
Russie | 7 000 | Corée du Sud | 3 100 | |
Émirats Arabes Unis | 5 400 | Qatar | 2 100 | |
Canada | 4 900 | Iran | 1 600 |
Source : USGS
En 2016, la production mondiale de soufre élémentaire a été réalisée à 51,6 % par désulfuration du gaz naturel et à 43,4 % par désulfuration du pétrole.
Producteurs :
Les principaux producteurs de soufre sont les sociétés productrices de gaz naturel et de pétrole : Aramco en Arabie Saoudite (6,5 millions de t, en 2017), Gazprom en Russie (5,022 millions de t, en 2020), Exxon Mobil, Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc) (3,5 millions de t), ConocoPhillips, Valero Energy (1,2 million de t), Chevron, Shell, BP, TotalEnergies…
Transport et commerce international du soufre brut : il est transporté, en grande partie, sous forme de granulés ou liquide entre 124 et 145°C. Il ne concerne que le soufre élémentaire.
Exportations : en 2023, sur un total de 22,619 millions de t, en 2021.
Émirats Arabes Unis | 7 020 | États-Unis | 1 853 | |
Kazakhstan | 4 126 | Koweït | 1 598 | |
Qatar | 3 240 | Corée du Sud | 1 540 | |
Arabie Saoudite | 3 177 | Inde | 1 403 | |
Canada | 3 076 | Russie | 1 004 |
Source : ITC
Les exportations du Kazakhstan sont destinées à 47 % au Maroc, 11 % à la Russie, 9 % à la Chine, 8 % au Sénégal.
Importations : en 2023.
Chine | 8 833 | Inde | 1 630 | |
Maroc | 6 505 | États-Unis | 1 414 | |
R.D. du Congo | 2 695 | Australie | 1 046 | |
Indonésie | 2 686 | Tunisie | 833 | |
Brésil | 2 425 | Zambie | 733 |
Source : ITC
Les importations chinoises proviennent à 14 % du Canada, 13 % de Corée du Sud, 12 % des Émirats Arabes Unis, 9 % d’Arabie Saoudite, 9 % du Japon.
Production totale, en 2017 : 448 000 t dont 370 000 t par désulfuration du pétrole et 78 000 t par grillage.
Commerce extérieur : en 2023.
Exportations :
Importations :
Consommations : de soufre, en 2020, en % de la consommation mondiale.
Chine continentale | 26 % | Europe de l’est | 9 % | |
Afrique (Maroc…) | 17 % | Amérique centrale et du sud | 7 % | |
Moyen Orient | 12 % | Europe de l’ouest | 4 % | |
États-Unis | 11 % | Asie du sud-ouest | 4 % |
Source : IHS Markit
En 2020, la consommation est de 61,88 millions de t dont 10 millions de t, en 2021, aux États-Unis.
Secteurs d’utilisation :
Dans le monde, en 2014, 91 % du soufre est destiné à fabriquer l’acide sulfurique dont 60 % est destiné à l’élaboration des engrais et 34 % à des utilisations non agricoles (fabrication du caprolactame monomère pour la synthèse du nylon-6, alkylation dans l’industrie pétrolière, vulcanisation du caoutchouc, traitements de lixiviation dans l’extraction minière, élaboration du dioxyde de titane, élaboration du tripolyphosphate pour l’industrie des détergents, élaboration de phosphates pour l’alimentation animale et humaine, fabrication de la pâte à papier, fabrication de l’acide fluorhydrique…).
Aux États-Unis, en 2021, environ 90 % du soufre est consommé pour produire de l’acide sulfurique. Les utilisations finales sont de 60 % en agriculture, 24 % dans le raffinage pétrolier, 4 % dans l’extraction minière.
Principales utilisations :
Autres utilisations :