L’ammoniac est préparé par synthèse entre le dihydrogène et le diazote de l’air. Il est principalement employé dans l’industrie des engrais soit directement, aux États-Unis, soit après transformation en phosphates, nitrate ou sulfate d’ammonium.
Formule | Masse molaire | Moment dipolaire | Géométrie de la molécule |
NH3 | 17,03 g.mol-1 | 1,4718 D | Distance interatomique : N-H : 101,5 pm Angle HNH : 106,6° |
Masse volumique | Température de fusion | Température de sublimation | Température critique | Pression critique | Température point triple | Pression point triple | Température d’auto-inflammation | Limites d’explosivité dans l’air | Solubilité dans l’eau |
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-77,74°C | -33,35°C | 132,25°C | 11 330 kPa | -77,60°C | 6,111 kPa | 630°C | de 15,5 à 27 %, en volume |
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pKa : NH4+aq/NH3 |
9,24 |
Ammoniac gazeux :
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Ammoniac en solution aqueuse :
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Pour produire 1 t de NH3 il faut 658 m3 de diazote et 1 974 m3 de dihydrogène, mesurés à 1 bar et 25 °C. Le diazote provient de l’air. Le dihydrogène est obtenu principalement par vaporeformage du gaz naturel (composé de méthane, CH4) mais aussi, particulièrement en Chine, à partir du charbon, lors de l’élaboration du coke ou par gazéification en présence d’eau.
En 2021, le gaz naturel est la matière première adoptée pour 72 % des capacités mondiales de production de NH3, soit 20 % de la demande de gaz naturel, le charbon et le gaz de cokerie pour 22 % (à 95 % en Chine) soit 5 % de la demande de charbon, le fuel ou le naphta pour 6 %.
En Chine, en 2016, le charbon représente 82 % des matières premières utilisées.
Dans l’Union européenne, en 2012, la part du gaz naturel est de 90 %.
Toute la production française d’ammoniac est effectuée à partir de gaz naturel.
Le gaz naturel représente, en 2013, dans l’Union européenne, de 80 à 88 % des coûts de production de l’ammoniac. Il faut 0,6 kg de gaz naturel pour produire 1 kg d’ammoniac.
En 2019, le gaz naturel représente 35 % des coûts de production du principal producteur mondial CF Industries.
Principe : selon le procédé Haber-Bosch dont la première industrialisation a eu lieu, en 1913, par BASF, à Oppau, en Allemagne.
En général, en dehors de la Chine, l’élaboration se fait directement à partir du gaz naturel qui donne H2 (voir le chapitre consacré à ce gaz). L’air (source de diazote) est introduit après le vaporeformage et avant la conversion. A ce stade, le gaz de synthèse contient de 5 à 11 % de méthane non transformé. Un reformage secondaire (ou post combustion) permet d’éliminer le dioxygène de l’air par combustion avec le méthane restant.
La synthèse de NH3 a lieu à haute pression (8 à 30 MPa), 350 à 500°C, en présence de catalyseurs contenant du fer. Le rendement est faible (environ 20 %), ce qui nécessite un recyclage du gaz non converti après récupération de NH3 par refroidissement.
N2 + 3 H2 = 2 NH3 ΔrH°298 = – 92,2 kJ/mole.
Les nouvelles unités de production peuvent donner 3 300 t NH3/jour et atteindre jusqu’à 4 250 t/jour. La consommation moyenne d’énergie est de 34,7 GJ/t dans l’Union européenne, elle est de 27 GJ/t pour les nouvelles unités de production.
Catalyseur : exemple de composition, en % en masse, avant réduction lors de la production de NH3. Dans le réacteur, l’oxyde de fer est réduit en fer.
Fe3O4 | Al2O3 | CaO | K2O | MgO | SiO2 |
94,3 % | 2,3 % | 1,7 % | 0,8 % | 0,5 % | 0,4 % |
Un four de production de NH3 contient 100 t de catalyseur, sous forme de grains de 1,5 à 20 mm, avec une durée de vie qui peut atteindre 10 ans.
Dans les réacteurs fonctionnant à pression relativement basse (8 à 10 MPa), les catalyseurs contiennent environ 5 % d’oxyde de cobalt.
Un catalyseur à base de rubidium et de ruthénium est utilisé dans une unité de production de 150 000 t/an à Kitimat en Colombie Britannique (Canada).
Exemples d’unités de production :
Stockage : NH3 est obtenu anhydre, liquide, à -33°C, et stocké à cette température, à la pression atmosphérique. Les réservoirs contiennent jusqu’à 36 000 t de NH3. CF Industrie possède une capacité de stockage de 1,315 million de t.
Coproduit : du dioxyde de carbone (2,1 t/t d’ammoniac). Celui-ci peut être utilisé pour produire de l’urée, vendu aux distributeurs de gaz industriels, ou rejeté dans l’atmosphère. La production d’ammoniac génère au niveau mondial 1 % des émissions de gaz à effet de serre. Les émissions sont comprises entre 1,6 t de CO2/t de NH3 à partir du gaz naturel et 3,8 t de CO2/t de NH3 à partir de charbon.
Ammoniac vert : afin de lutter contre le réchauffement climatique, les producteurs d’ammoniac commencent à envisager sa production à partir de dihydrogène vert. On distingue :
La première production d’ammoniac bleu, avec 285 000 t/an, a été réalisée en 1982 par Koch Nitrogen Company à Enid, dans l’Oklahoma, aux États-Unis, le CO2 capté étant destiné à être injecté dans un gisement de pétrole afin d’augmenter sa production. Depuis 2019, Nutrien produit ainsi 250 000 t/an d’ammoniac bleu en stockant 300 000 t/an de CO2 sur son site de Redwater.
Divers projets de production d’ammoniac vert commencent à prendre forme par exemple pour Yara en Australie avec 3 500 t/jour, aux Pays Bas à Sluiskil avec 75 000 t/an, en Norvège à Porsgrunn avec 500 000 t/an ou pour CF Industrie avec la conversion de 20 000 t/an dans son usine de Donaldsonville.
La production d’ammoniac vert a débuté en 1921. En 1930, elle représentait 1/3 de la production mondiale, les 2/3 restant étant obtenu à partir du charbon. Face à la concurrence du gaz naturel, cette production a quasi disparu, en 2021, il n’y a plus en activité qu’une seule production d’ammoniac vert, depuis 1965, par Enaex, au Pérou, à Cusco, à partir d’hydroélectricité avec une capacité de 10 000 t/an. L’ammoniac produit est destiné principalement à produire du nitrate d’ammonium comme explosif pour l’industrie minière du pays.
En 2023, en millions de t de NH3, sur un total mondial de 182 millions de t. Source : USGS.
Chine | 52 000 | Iran | 5 300 | |
Russie | 17 000 | Arabie Saoudite | 4 900 | |
États-Unis | 17 000 | Égypte | 4 900 | |
Inde | 17 000 | Trinité et Tobago | 4 500 | |
Indonésie | 7 300 | Pakistan | 4 100 |
Source : USGS
En 2023, la production de l’Union européenne est de 10,205 millions t de NH3.
En 2021, les capacités mondiales de production sont de 236,4 millions de t/an d’ammoniac avec 467 usines.
La Chine, en 2012, compte 394 usines de production d’ammoniac.
Aux États-Unis, en 2023, 17 sociétés exploitent 36 usines de production situées pour 60 % des capacités de production, sur un total de 17,874 millions de t/an, en Louisiane, Oklahoma et Texas. Les principaux producteurs sont : CF Industries Holdings avec 39,8 % des capacités de production, Nutrien avec 13,8 % des capacités de production, Koch Nitrogen avec 10,3 % des capacités de production.
Dans l’Union européenne, en 2013, avec une capacité de production de 20,613 millions de t/an de NH3, il y a 42 usines de production d’ammoniac.
Capacités de productions et nombre d’usines, en 2013, et productions en 2023, en milliers de t NH3, soit 10,205.
Capacité, en kt/an | Nombre d’usines | Production, en kt | Capacité, en kt/an | Nombre d’usines | Production, en kt | ||
Allemagne | 3 438 | 5 | 2 011, en 2022 | Bulgarie | 1 118 | 3 | * |
Pologne | 3 210 | 5 | 1 797 | Belgique | 1 020 | 2 | * |
Pays Bas | 2 717 | 2 | * | Espagne | 609 | 3 | 401 |
Roumanie | 2 176 | 6 | 57 | Slovaquie | 429 | 1 | 427 |
France | 1 495 | 4 | 697 | Croatie | 108 | ||
Lituanie | 1 118 | 1 | 515 | Hongrie | 2 | * |
Sources : Eurostat et Centre for European Policy Studies
* : les productions pour ces pays sont confidentielles.
Par ailleurs, en 2013, il y a 1 usine en Italie, Autriche, République tchèque, Estonie et Grèce.
Principaux producteurs : hors producteurs chinois, en 2021.
CF Industries (États-Unis) | 9,79 | Ostchem (Ukraine) | 5,18 | |
Yara (Norvège) | 8,5 | EuroChem (Russie) | 4,20 | |
PT Pupuk (Indonésie) | 7,09 | TogliattiAzot (Russie) | 3,50 | |
Nutrien (Canada) | 7,1 | Sabic (Arabie Saoudite) | 3,50 | |
OCI (Pays Bas) | 6,92 | Koch (États-Unis) | 3,29 |
Sources : rapports des sociétés
Transport : l’ammoniac est principalement transformé sur place, à 88 %, sinon il est transporté liquide à -33°C en camions citernes, navires de 35 000 t de capacité ou pipeline (5 090 km aux États-Unis, 2 000 km en Russie et Ukraine entre Togliatti et Odessa). Le principal port d’exportation, celui de l’ammoniac produit en Russie et Ukraine, avec 2,6 millions de t/an, est Yuzhnyy situé sur les côtes de la Mer Noire.
Commerce mondial : en 2023, sous forme anhydre.
Principaux pays exportateurs sur un total de 14,994 millions de t :
Trinidad et Tobago | 2 929 | Algérie | 863 | |
Arabie Saoudite | 2 578 | Oman | 706 | |
Indonésie | 1 795 | Qatar | 570 | |
États-Unis | 1 152 | Pays Bas | 436 | |
Canada | 1 063 | Allemagne | 403 |
Les exportations de Trinidad et Tobago sont destinées à 26 % aux États-Unis, 21 % au Maroc, 11 % au Mexique, 7 % à la Belgique.
Principaux pays importateurs sur un total de 15,649 millions de t :
Inde | 2 337 | Belgique | 698 | |
États-Unis | 2 090 | Chine | 693 | |
Maroc | 1 580 | Taipei chinois | 555 | |
Corée du Sud | 1 102 | Norvège | 436 | |
Turquie | 828 | France | 431 |
Les importations indiennes proviennent à 41 % d’Arabie Saoudite, 17 % d’Oman, 16 % de Bahreïn, 10 % d’Indonésie.
Par ailleurs, en 2023, le commerce international de l’ammoniac en solution aqueuse a porté sur 482 171 t.
Production : 696 569 t, en 2023, avec une capacité de production de 1,495 million de t/an.
Usines : en t de NH3 de capacités annuelles.
Le 1er juillet 2013, la société GPN, filiale de Total, a été acquise par Borealis, société autrichienne détenue à 25 % par Mubadala, société d’Abu Dhabi et 75 % par le groupe pétrolier autrichien OMV. En juillet 2023, les activités de Borealis dans les produits azotés ont été acquises par le groupe tchèque Agrofert.
Localisation des usines françaises de production d’ammoniac
Commerce extérieur : en 2023.
Les exportations étaient :
Les importations s’élevaient :
Consommations : en 2023, en millions de t de NH3. Monde : 189, Union européenne, en 2017 : 20,1. Répartition :
Chine | 23 % | Amérique du Nord | 13 % | |
Inde | 18 % | Europe | 11 % | |
Reste de l’Asie | 13 % | Amérique du Sud | 8 % |
En 2021, la consommation des États-Unis est de 19,4 millions de t de NH3.
Secteurs d’utilisation :
Les engrais représentent 82 % de la consommation mondiale d’ammoniac (voir ce chapitre). Il est principalement transformé en divers produits utilisés comme engrais avec, en 2020, 53 % transformé en urée, 8 % en nitrate d’ammonium, 6 % en phosphates d’ammonium, 6 % en solutions urée nitrate d’ammonium, 4 % en sulfate d’ammonium. En 2020, dans le monde, principalement aux États-Unis, l’ammoniac a été utilisé directement pour seulement 3 % de la fertilisation azotée.
Aux États-Unis, en 2021, 88 % de la consommation d’ammoniac est destinée à une utilisation sous forme d’engrais. Dans ce pays, compté en N contenu, en 2020, 25 % de la consommation d’engrais azotés est sous forme d’ammoniac anhydre, 26 % sous forme de solutions urée – nitrate d’ammonium, 25 % d’urée, 3 % de sulfate d’ammonium, 2 % de nitrate d’ammonium.
Dans l’Union européenne, en 2020-21, les nitrates représentent 47 % de la fertilisation azotée, l’urée 19 %, les solutions urée – nitrate d’ammonium 13 %.
Aux États-Unis, l’utilisation des engrais azotés est souvent réalisée directement avec de l’ammoniac (25 % de la fertilisation azotée) alors que dans d’autres régions, par exemple en Inde et en Chine, l’urée domine, avec respectivement 81 et 67 % de la fertilisation azotée ou, en Europe, le nitrate d’ammonium, avec 42 % de la fertilisation azotée.
Autres utilisations : plastiques et fibres (polyuréthane, résines urée-formol, nylon, acrylonitrile…), explosifs (NH4NO3).
Ces utilisations représentent 18 % de la consommation mondiale, à 77 % par la chimie, 17 % la fabrication d’explosifs, 5 % l’environnement.
En 2017, l’acidification due aux pluies provient à 62 % des émanations d’ammoniac, 30 % de celles des oxydes d’azote et 7,5 % de celles du dioxyde de soufre. En 1980, celle-ci était principalement due au dioxyde de soufre avec 54 %, puis à l’ammoniac et aux oxydes d’azote avec 23 % chaque. Entre ces deux dates on a assisté à une diminution régulière de la pollution par le dioxyde de soufre alors que celle due à l’ammoniac reste sensiblement constante.
En 2019, en France métropolitaine, les émissions d’ammoniac ont été de 592 200 t, dues, à 66 % aux déjections animales des élevages et 27 % aux apports d’engrais pour les cultures. En 1980, les émissions d’ammoniac étaient de 712 000 t.
A priori, il est surprenant que l’ammoniac joue un rôle, non négligeable, sur l’acidification due aux pluies. En effet le pKa du couple NH4+/NH3 est de 9,2 et en conséquence, l’ammoniac est une base faible. Lors de l’épandage d’engrais, en particulier d’urée qui libère de l’ammoniac lors de son hydrolyse, une partie de celui-ci est libérée dans l’atmosphère et dans un premier temps peut neutraliser l’acidité des pluies en formant des ions NH4+ lors de sa dissolution. Toutefois, la formation d’ion ammonium (NH4+) contenu dans les pluies et la présence de celui-ci lors d’épandage d’engrais le renfermant, par exemple les ammonitrates, se traduit, dans les sols, par une action de nitrification qui, à l’aide de bactéries contenues naturellement dans les sols, produit des ions nitrate mais aussi des ions H+, selon les réactions suivantes :
2 NH4+ + 3 O2 = 2 NO2– + 2 H2O + 4 H+
2 NO2– + O2 = 2 NO3–
Les micro-organismes animaux ou végétaux (plancton...) qui se sont déposés, il y a plusieurs millions d'années, au fond des océans sont à l'origine du pétrole et du gaz naturel qui après divers mouvements de circulation se retrouvent sous des dômes de terrain imperméable.
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