L’hélium fait partie des premiers éléments apparus après le Big Bang et fût le premier découvert hors de notre atmosphère. Il faudra cependant attendre 1868 et l’astronome Norman Lockyer pour en identifier les raies spectrales émises par le soleil. C’est également de là que viendra son nom du grec Hélios, signifiant Soleil.
Formule | Numéro atomique | Masse atomique | Configuration électronique | Rayon de Van der Waals |
He | 2 | 4,003 g.mol-1 | 1s2 | 180 pm |
Masse volumique | Température de fusion |
Température d’ébullition |
Température critique |
Pression critique |
Température point triple |
Pression point triple |
Conductibilité thermique |
Solubilité dans l’eau |
à l’état gazeux : 0,1785 g.L-1 |
-272,2°C | -268,93°C | -267,95°C | 227 500 Pa | -270,97°C | 5,04 Pa | 0,146 W.m-1K-1 |
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Hélium gazeux | Hélium en solution aqueuse |
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L’hélium appartient à la famille des gaz rares qui comprend par ordre de teneur décroissante dans l’atmosphère : l’argon, le néon, l’hélium, le krypton, le xénon et le radon, ce dernier étant radioactif. Ils sont, sauf pour l’hélium et le radon, extraits de l’air. L’argon, avec une teneur dans l’atmosphère de 0,93 % en volume, n’est pas rare.
Teneurs de la croûte terrestre et de l’atmosphère en divers gaz :
N2 | O2 | H2 | Ar | Ne | He | Kr | Xe | Rn | |
Teneur de la croûte terrestre, en ppm en masse | 19 | 46.104 | 9.103 | 4.10-2 | 7.10-5 | 3.10-3 | 1,7.10-10 | ||
% en volume dans l’atmosphère terrestre | 78,09 | 20,95 | 5,0.10-5 | 0,93 | 1,8.10-3 | 5,2.10-4 | 1,0.10-4 | 8,0.10-6 | 6,0.10-18 |
L’hélium est, après l’hydrogène (76 % en masse), le 2e élément le plus répandu de l’univers (23 % en masse). Sur terre, il provient des particules alpha (He2+) produites par la désintégration d’éléments radioactifs comme l’uranium et le thorium ainsi que des rayons cosmiques soit une production annuelle de 3 000 t.
Il est également présent dans des gisements de gaz naturel qui peuvent contenir jusqu’à 7 % d’hélium. Ces gisements sont situés aux États-Unis, au Canada, dans la province du Saskatchewan, en Algérie, en Russie, au Qatar, en Australie, en Azerbaïdjan, au Kazakhstan, en Pologne.
On rencontre de l’hélium dans des eaux thermales, en France et en Allemagne, dans des mines d’anthracite, en Allemagne ainsi que dans le rift africain, en Tanzanie. Dans ce pays une production industrielle est envisagée par la société Helium One. Présent dans du diazote, la teneur en hélium est comprise entre 2,5 et 10,6 % avec des ressources évaluées à 3,9 milliards de m3.
L’hélium est principalement récupéré à partir de gisements de gaz naturel ou de dioxyde de carbone pour lesquels trois situations peuvent se présenter :
L’hélium peut aussi, marginalement, être récupéré à partir de l’air dans des unités de séparation des gaz de l’air. Lors de la distillation des gaz de l’air, il n’est pas condensé et se retrouve (avec le néon) au sommet de la colonne moyenne pression, avec le diazote (voir le chapitre dioxygène). Sa concentration dans ce gaz brut de néon et d’hélium est de 24 %. La séparation du mélange est réalisée à basse température par condensation du néon, l’hélium restant gazeux. La production est de 1,4 m3 de He par heure dans une unité possédant une capacité de 2 000 t/jour de dioxygène. On peut considérer, dans ce cas, que l’hélium est un coproduit de la production de néon.
Lorsque l’hélium est présent, dans le gaz naturel, à des teneurs élevées, il est d’abord récupéré sous forme d’un gaz brut contenant de 50 à 70 % d’hélium qui est ensuite raffiné.
En 2023, en millions de m3, sur un total mondial de 170 millions de m3. Source : USGS
États-Unis | 79 | Russie | 8 | |
Qatar | 66 | Canada | 4 | |
Algérie | 10 | Pologne | 3 |
Les productions sont mesurées à 1013,25 hPa et 15°C.
Les capacités mondiales de production sont, en 2016, de 270 millions de m3 dont 160 millions de m3 aux États-Unis. Dans le monde, en 2018, il y a 14 unités de production d’hélium raffiné dont 7 aux États-Unis, 2 au Qatar et en Algérie et une en Australie, Russie et Pologne.
En 2023, la production américaine provient pour 60 millions de m3 de l’extraction directe et pour 19 millions de m3 de déstockage du réservoir de Cliffside. Fin 2023, le total stocké dans le réservoir de Cliffside est de 51,5 millions de m3.
Historique de la production industrielle d’hélium aux États-Unis
La première mise en évidence d’hélium dans le gaz naturel a été, en 1903, dans un forage pétrolier à Dexter, dans le Kansas. L’exploitation de l’hélium de l’important gisement de gaz naturel d’Hugoton a permis aux États-Unis de détenir pendant longtemps un quasi monopole de production.
Source : Selling the Nation’s Helium Reserve.
Après une faible utilisation dans des ballons captifs, lors de la première guerre mondiale, puis dans un dirigeable, le C-7 de la marine américaine, en 1921, la production s’est surtout développée pendant la 2ème guerre mondiale pour gonfler les aérostats utilisés par la marine américaine dans la détection de sous-marins pour protéger les convois de navires.
Du fait des besoins militaires, l’État américain a contrôlé depuis 1925 sa production d’hélium, ce contrôle se poursuivant pendant la guerre froide afin d’alimenter les besoins américains pour les fusées de la conquête spatiale et les recherches scientifiques. A cette fin, les producteurs américains de gaz naturel ont été incités, en 1960, à en extraire l’hélium et à le vendre à l’État qui a ainsi constitué une réserve stratégique dans le gisement de Cliffside, situé près d’Amarillo, au Texas. Cette réserve, dénommée Bush Dome Reservoir est alimentée par l’Helium pipeline, long de 425 miles, qui collecte le gaz brut, contenant de 50 à 70 % d’hélium, produit par les 9 usines privées raccordées, représentant 40 % de la demande des États-Unis. Le système mis en place par l’État américain est géré par une agence du département de l’intérieur : le BLM (Bureau of Land Management). La demande ne suivant pas la production, le stockage est interrompu en 1973 puis, à compter de 1996, un processus de privatisation et de vente du gaz accumulé a été enclenché afin que le stock soit épuisé au plus tard en septembre 2021. A compter de fin septembre 2021, le Bush Dome Reservoir n’est plus géré par le BLM et le stock restant est exclusivement réservé à des usages gouvernementaux. Le gaz stocké a la composition suivante : hydrocarbures : 46 %, hélium : 28 %, diazote : 25 %, dioxyde de carbone : 1 %. Une usine située à Cliffside effectue une première séparation en extrayant les hydrocarbures et en alimentant le pipeline avec de l’hélium brut renfermant 78 % de He, 21 % de N2 et moins de 1 % de CH4. Actuellement, l’Helium pipeline alimente 6 usines privées de purification et commercialisation de l’hélium produit, exploitées par Air Products, Messer, Air Liquide, Matheson et Linde. Par ailleurs, d’autres producteurs commercialisent directement l’hélium extrait de leurs gisement, par exemple ExxonMobil avec son gisement de Riley Ridge qui alimente avec un pipeline de 40 miles, l’usine d’extraction et purification de Shute Creek, près de La Barge, dans le Wyoming avec une production de 39 millions de m3/an.
L’hélium est extrait, depuis 2005, du gaz provenant du gisement de North Field contenant 0,04 % de He. Cette première usine d’extraction, d’une capacité de 18,7 millions de m3/an, est située sur le site de Ras Laffan exploité par RasGas, joint venture entre QatarEnergy (70 %) et ExxonMobil (30 %). En 2013, a démarré une nouvelle unité de 38 millions de m3/an, construite par Air Liquide et exploitée par RasGas, l’hélium produit étant destiné pour 50 % de la production à Air Liquide, 30 % à Linde et 20 % à Iwatani Corporation. Une nouvelle unité de production de 12 millions de m3 est en construction.
Elle récupère l’hélium lors de la liquéfaction du gaz naturel dans les usines d’Arzew et Skikda. La société Hélios, commune à la Sonatrach (51 %) et à Helaps (49 %, joint venture 50/50 entre Air Liquide et Air Products) possède, depuis 1995, une capacité de production de 16 millions de m3/an dans l’usine d’Arzew, à Béthioua, près d’Oran. Helison Production, société commune entre Linde (51 %) et la Sonatrach (49 %) extrait, depuis 2007, l’hélium du gaz naturel de Hassi R’Mel, liquéfié à Skikda, qui contient 5,5 % de diazote et 0,18 % d’hélium. La capacité de production de 16 millions de m3 est actuellement limitée à 8 millions de m3 après les problèmes survenus à l’usine de liquéfaction.
Dans les Territoire du Nord, Linde, exploite, depuis 2010, avec une capacité de production de 4,2 millions de m3/an, l’usine de Wickham Point, approvisionnée par le gaz brut (contenant 3 % d’hélium) provenant de l’usine de liquéfaction de gaz naturel exploitée par ConocoPhillips, à Darwin. Le gaz naturel est extrait du gisement de Bayu-Undan situé en mer, entre l’Australie et le Timor Oriental, et acheminé à l’usine de Darwin par un pipeline de 502 km. En 2023, la production a cessé.
La production, réalisée à partir du gaz naturel d’Orenbourg, depuis 1977, est contrôlée par Gazprom. En 2020, la production a été de 4,47 millions de m3. Gazprom construit, à Svobodny, dans la région du fleuve Amour, une usine de production de 60 millions de m3/an à partir de l’exploitation du gaz naturel du gisement de Chayandinskoye. La première ligne de production est opérationnelle depuis fin 2021, la troisième et dernière le sera en 2025.
L’usine d’Odolanow, est exploitée, depuis 1977, par Polish Oil and Gas Company (PGNiG) qui produit l’hélium à partir d’un gaz naturel contenant de 0,08 à 0,45 % de He. En 2020, la production est de 2,9 millions de m3.
La société North American Helium a débuté, en juillet 2020, une production d’hélium, associé à du diazote, sur le gisement de Cypress, dans le sud-ouest de la province du Saskatchewan, qui devrait se poursuivre sur celui de Battle Creek dans cette même province.
Weil Group, développe une production dans la même région sur le gisement de Mankota.
La société Renergen a construit une usine de liquéfaction de gaz naturel et de récupération de l’hélium contenu, dans la province du Free State, à 250 km au sud-ouest de Johannesburg. Les réserves prouvées et probables sont de 97 millions de m3. La teneur du gaz extrait est de 3,4 % d’hélium. La production est de 350 kg/jour. TotalEnergies commercialise le gaz naturel et Linde l’hélium.
En 2022, les exportations des États-Unis ont été de 40 millions de m3 pour des importations de 8 millions de m3 provenant principalement du Qatar.
En 2017, les importations chinoises ont été de 20,3 millions de m3, à 51 % du Qatar, 36 % des États-Unis, 11 % d’Australie. Celles du Japon, de 10,3 millions de t, à 75 % des États-Unis, 25 % du Qatar.
En 2023, les réserves inventoriées sont les suivantes, sur un total estimé de 41 milliards de m3 :
États-Unis | 8 500 | Russie | 1 700 | |
Algérie | 1 800 | Pologne | 24 |
Des réserves, non estimées, sont également présentes au Qatar, au Canada et en Chine.
En 2016, la société Helium One a annoncé la découverte d’un important gisement, Rukwa, dans la vallée du Rift, en Tanzanie, avec des ressources de 3,9 milliards de m3.
Les réserves des États-Unis se répartissent de la façon suivante :
Riley Ridge (Wyoming) | 1 391 | Rands Butte (Wyoming) | 482 | |
Hugoton stockage | 750 | St John’s (Arizona) | 394 | |
Hugoton hors stockage | 581 | Autres | 737 |
Source : Selling the Nation’s Helium Reserve.
Le principal producteur mondial est ExxonMobil avec son gisement de Riley Ridge qui alimente avec un pipeline de 40 miles, l’usine d’extraction et purification de Shute Creek, près de La Barge, dans le Wyoming, qui a produit, en 2006, 9,5 millions de m3 de He. Le gaz produit est vendu à Airgas (société acquise par Air Liquide, en mai 2016), Air Liquide, Matheson, Air Products et Linde. ExxonMobil est également associé dans l’extraction de l’hélium au Qatar.
Air Products et Matheson exploitent, depuis 2014, une usine de production d’hélium, près de Big Piney, dans le Wyoming, à partir du gaz du gisement de Riley Ridge fourni par Denbury.
Principaux distributeurs mondiaux d’hélium :
Le gaz est transporté liquéfié à 4 K.
En 2023.
Des eaux thermales renferment de l’hélium, non exploité, avec des teneurs pouvant atteindre 10 % à Santenay (21), 1 % à Néris (03) et des débits de 17 à 34 m3/an.
Dans les années 1970, Gaz de France, lors de l’élimination du diazote contenu dans le gaz naturel hollandais a coproduit de l’hélium dans son usine d’Alfortville (94). Cette production a cessé avec l’arrivée du gaz naturel russe.
Air Liquide, dans son usine du Blanc-Mesnil (93), de séparation des gaz de l’air, possède une capacité de production de 18 m3/h.
Prospection : en 2019, la société 45-8 Energy a déposé une demande de Permis Exclusif de Recherche sur une zone de 251 km2, dans le sud du département de la Nièvre, autour de la commune de Saint-Parize-le-Châtel.
Les exportations françaises étaient de 7,622 millions de m3 avec comme principaux marchés à :
Les importations françaises s’élevaient à 6,341 millions de m3 en provenance principalement à :
En 2018, la consommation dans le monde est de 160 millions de m3 dont 59 millions de m3 aux États-Unis, en 2023.
En 2016, dans le monde. Source : Kornbluth Consulting
IRM | 20 % | Détection de fuites | 5 % | |
Soudage | 17 % | Électronique | 4 % | |
Laboratoires | 10 % | Autres applications cryogéniques | 4 % | |
Remplissage de ballons | 8 % | Atmosphères contrôlées | 3 % | |
Fibres optiques | 6 % | Mélanges respiratoires | 3 % | |
Pressurisation et purges | 6 % |
Source : Kornbluth consulting
En 2023, aux États-Unis, l’IRM représente 17 % des utilisations, le remplissage de ballons, 16 %, le soudage, 8 %.
Les raisons de son utilisation dans ces secteurs s’expliquent, par exemple, par :
Les micro-organismes animaux ou végétaux (plancton...) qui se sont déposés, il y a plusieurs millions d'années, au fond des océans sont à l'origine du pétrole et du gaz naturel qui après divers mouvements de circulation se retrouvent sous des dômes de terrain imperméable.
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