Douzième élément le plus abondant de la croûte terrestre, il a été isolé, en 1774, par le chimiste suédois Johan Gottlieb Gahn. Son nom lui a été donné, en 1785, par le chimiste français Guyton de Morveau d’après le nom français « manganèse » de la magnésie noire, minerai d’oxyde de manganèse, dont la cité lydienne Magnésie du Sipyle, faisait commerce. Appelée « magnésie noire » pour la différencier de la « magnésie blanche » qui était le carbonate de magnésium.
Numéro atomique | Masse atomique | Configuration électronique | Structures cristallines | Rayon métallique pour la coordinence 12 |
25 | 54,94 g.mol-1 | [Ar] 3d5 4s2 | alpha jusqu’à 700°C, bêta jusqu’à 1 088°C, gamma jusqu’à 1139°C puis delta.
|
130 pm |
Masse volumique | Dureté | Température de fusion | Température d’ébullition | Conductibilité électrique | Conductibilité thermique | Solubilité dans l’eau |
7,20 g.cm-3 | 6,0 | 1 244°C | 1 962°C | 0,695.106 S.m-1 | 7,82 W.m-1.K-1 | décomposé |
Électronégativité de Pauling |
pKa : Mnaq2+/MnOH+aq | pKa : HMnO4/MnO4–aq |
pKs : Mn(OH)2 | pKs : Mn(OH)3 | pKs : Mn(OH)4 | pKs : MnS |
1,55 | 10,6 | -2,2 | 12,7 | 36 | 56 | 9,5 |
Potentiels standards :
MnO42- + e = MnO43- | E°= -0,27 V |
MnO4– + 8H+ + 5e = Mn2+ + 4H2O | E° = 1,51 V |
Mn2+ + 2e = Mn(s) | E°= -1,17 V |
MnVI + 2e = MnIV | E°= 0,44 V |
2MnO2(s) + 2H+ + 2e = Mn2O3(s) + H2O | E° = 1,04 V |
MnO4– + 4H+ + 3e = MnO2(s) + 2H2O | E° = 1,68 V |
MnO4– + 2H2O + 3e = MnO2(s) + 4OH– | E° = 0,59 V |
MnO4– + e = MnO42- | E° = 0,57 V |
MnIV + e = MnIII | E°= 1,64 V |
MnIII + e = MnII | E°= 1,49 V |
MnO2(s) + 4H+ + 2e = Mn2++ 2H2O | E° = 1,33 V |
Manganèse cristallisé
|
Manganèse gazeux
|
La teneur moyenne de l’écorce terrestre est de 0,1 %.
On trouve le manganèse (Mn) dans les principaux minéraux suivants :
Le manganèse est souvent associé à des minerais de fer.
Les minerais dits métallurgiques qui ont des teneurs qui dépassent 35 % de Mn sont destinés à la fabrication d’alliages. Les minerais riches ont des teneurs supérieures à 44 % de Mn et qui peuvent atteindre 57 %. Les minerais ferrifères qui ont des teneurs comprises entre 10 et 35 % de Mn et les minerais manganifères qui sont des minerais de fer riches en Mn (5 à 10 %), sont employés pour ajuster la teneur en manganèse des fontes produites au haut fourneau.
En 2023, exprimé en Mn contenu, les minerais riches, avec une teneur ≥ à 44 % de Mn, représentent 21 % de la production totale de minerais, les intermédiaires avec une teneur comprise entre 40 et 44 %, 20 % de la production, avec une teneur comprise entre 30 et 40 %, 48 % de la production, les pauvres, avec une teneur inférieure à 30 %, 11 % de la production.
Teneurs moyennes des minerais extraits dans les principaux pays producteurs :
Australie | 37-53 % | Inde | 10-54 % | |
Brésil | 33-51 % | Kazakhstan | 35-36 % | |
Chine | 20-30 % | Malaisie | 32-45 % | |
Gabon | 45-53 % | Afrique du Sud | 30-48 % | |
Ghana | 28-34 % | Ukraine | 30-35 % |
Source : USGS
Moanda (Gabon), en 2023 | 7 409 | Hotazel et Wessels (Afrique du Sud), en 2022-23 | 4 748 | |
Groote Eylandt (Australie), en 2023-24 | 3 873 | Nchwaning et Gloria (Afrique du Sud), en 2023 | 4 272 | |
Nsuta (Ghana), en 2019 | 5 380 | Tshipi Borwa (Afrique du Sud), en 2022-23 | 3 340 |
Sources : rapports des sociétés
Le production minière mondiale s’élevait, en 2023, à 20,6 millions de t de Mn contenu.
En 2023, en milliers de t de Mn contenu, sur un total mondial de 20,6 millions de t. Source : Eramet
Afrique du Sud | 8 100 | Ghana | 800 | |
Gabon | 3 900 | Brésil | 800 | |
Australie | 3 000 | Côte d’Ivoire | 300 | |
Inde | 1 100 | Ukraine | 200 | |
Chine | 1 000 | Birmanie | 100 |
Source : Eramet
D’autres mine sont exploitées en collaboration avec des groupes indien pour Nouvelle Gabon Mining (NGM), associant l’État gabonais au groupe indien Coalsale, ou des groupes chinois comme la Compagnie Industrielle des Mines de Hangzhou.
Carte des gisements de manganèse et des mines en activité au 31 décembre 2019 (Source : Geoscience Australia)
En 2023, les principaux producteurs étaient, en parts de la production mondiale :
South32 | 19 % | Revona (Russie) | 4 % | |
Eramet | 14 % | AML | 3 % | |
Assmang Ltd | 9 % | NGM | 3 % | |
Jupiter Mines | 6 % | MOIL | 3 % | |
TMI | 6 % | Privat (Ukraine) | 2 % |
Source : Eramet
Commerce international : en 2023.
Les exportations ont porté sur un total de 81,180 millions de t de minerai ou concentrés avec comme principaux pays exportateurs :
Gabon | 50 460 | Brésil | 1 449 | |
Afrique du Sud | 22 127 | Côte d’Ivoire | 892 | |
Australie (estimation) | 6 000 | Malaisie | 359 | |
Ghana | 4 975 | Kazakhstan | 157 |
Source : ITC
Les exportations gabonaises sont destinées à :
Principaux pays importateurs sur un total de 42,244 millions de t :
Chine | 31 353 | Malaisie | 516 | |
Inde | 5 524 | Indonésie | 423 | |
Norvège | 993 | France | 289 | |
Japon | 915 | États-Unis | 245 | |
Corée du Sud | 786 | Bangladesh | 203 |
Source : ITC
Les importations chinoises proviennent à :
Les réserves mondiales de minerais riches (Mn > 44 %) étaient, en 2022, de 1 700 millions de t.
En 2023, en millions de t de Mn contenu, sur un total mondial de 1,9 milliard de t. Source : USGS
Afrique du Sud | 600 000 | Gabon | 61 000 | |
Australie | 500 000 | Inde | 34 000 | |
Chine | 280 000 | Ghana | 13 000 | |
Brésil | 270 000 | Kazakhstan | 5 000 | |
Ukraine | 140 000 | Mexique | 5 000 |
Source : USGS
L’Afrique du Sud possède le gisement de manganèse le plus important au monde. Il est situé dans le désert du Kalahari, dans la région d’Hotazel, dans la province du Cap du Nord. Il couvre une superficie de plus de 1 100 km2. C’est un dépôt sédimentaire, formé entre 2,2 et 2,6 milliards d’années, constitué de 3 couches riches en manganèse, les teneurs sont comprises entre 20 et 48 % de Mn, situé entre 30 et 110 m de profondeur. La première couche a 10 m d’épaisseur en moyenne, la seconde 0,5 à 3 m et la troisième, de 6 à 45 m, cette dernière étant la plus exploitée. Ces couches sont séparées par des couches de minerais de fer dénommées BIF (Banded Iron formation). Ce gisement a été découvert en 1906 et commencé à être exploité à compter de 1942. Il a été exceptionnellement préservé de l’érosion.
Nodules sous-marins : le manganèse avec des teneurs comprises entre 15 et 30 % est associé à du cuivre, du nickel et de cobalt. Les réserves sont estimées à 2,3 milliards de t de Mn contenu. Leur exploitation n’est pas actuellement rentable.
Des minerais de manganèse sont directement utilisés en sidérurgie ou dans le cas de la pyrolusite dans les piles sèches (voir plus loin) mais, le plus souvent, les minerais sont réduits pour donner des ferromanganèse et ferrosilicomanganèse. Le manganèse métallique n’a pas d’utilisation finale hors comme élément d’alliages.
Il existe deux méthodes pour obtenir des ferromanganèse et ferrosilicomanganèse, avec une part de plus en plus importante de la production à l’aide de fours électriques :
Dans un haut fourneau (7 % de la production), principalement en Chine.
La métallurgie du manganèse s’apparente à celle de la fonte, sauf que la réduction de MnO (oxyde stable au-dessus de 1 200°C) par CO est plus difficile que celle de FeO. Contrairement à FeO, MnO est réduit par le carbone. On considère que la réduction ne peut se produire qu’au-dessus de 1310°C et peut être représentée par une réaction voisine de :
3 MnO + 4 C = Mn3C + 3 CO
En présence du fer présent dans le minerai, il se forme un carbure mixte fer – manganèse. Une partie du manganèse, sous forme de MnO, reste dans le laitier. Cette filière permet l’obtention :
Dans un four électrique (93 % de la production).
Le ferromanganèse est obtenu en chauffant un mélange de minerai de manganèse renfermant de l’oxyde de manganèse MnO2 avec de l’oxyde de fer (III) Fe2O3 et du carbone. Cette filière permet également, avec l’ajout de silice, l’obtention :
Il est obtenu par électrolyse de solutions aqueuses de sulfate manganeux et sulfate d’ammonium qui donne du manganèse (dénommé EMM) à 99,98 % de teneur en manganèse, sous forme de fragments de cathodes appelés « flakes » ou électrothermiquement, à la limite d’affinage du ferromanganèse qui donne du manganèse à 99 % de teneur avec une teneur en carbone inférieure à 0,02 %. L’utilisation de l’aluminothermie pour l’obtention du métal est réalisée en Ukraine.
Procédé hydrométallurgique employé par Comilog à Moanda, au Gabon : le minerai étant constitué principalement de dioxyde de manganèse, MnO2, qui n’est pas soluble dans l’acide sulfurique employé, en général, dans les procédés hydrométallurgiques, il est nécessaire de le réduire pour former MnO qui est soluble. Cette réduction est réalisée après ajout de coke, dans un four électrique tournant, à 950°C. La dissolution du minerai réduit est effectuée par lixiviation dans l’acide sulfurique. Une première purification par neutralisation et passage en milieu basique permet d’éliminer, au travers d’un filtre-presse, sous forme d’hydroxydes, le fer et l’aluminium présents en solution. Une deuxième purification, concernant les autres ions métalliques, Zn2+, Cu2+, Co2+, Ni2+, Cd2+, présents en plus faible quantité, est réalisée par sulfuration, précipitation des sulfures correspondants et nouvelle filtration dans un filtre-presse. La solution de sulfate de manganèse purifiée est électrolysée sous un courant de 30 000 A à l’aide de 140 cuves d’électrolyse, comportant chacune 40 cathodes en acier inoxydable et 41 anodes. Toutes les 32 heures, les cathodes sont déchargées et le métal déposé récupéré sous forme de « flakes » de 2 à 3 mm d’épaisseur avec une pureté de 99,7 % de Mn. En septembre 2020, cette production a été arrêtée et l’oxyde de manganèse produit vendu pour des applications agricoles, d’alimentation animale ou de batteries. La capacité de production est de 46 000 t/an et la production, en 2022, de 7 000 t.
Le manganèse contenu dans les ferrailles est recyclé avec ces dernières. Le dioxyde de manganèse des piles est également, en partie, recyclé.
Cette production est directement liée à celle de l’acier, la consommation moyenne de manganèse étant, en 2023, de 6 à 7 kg par tonne d’acier. A l’exception du Japon qui a développé l’introduction directe, en sidérurgie, de minerai de manganèse, l’apport de manganèse est réalisé, sous forme métallique, à l’aide d’alliages.
Ferrosilico-manganèse : en 2023, la production mondiale est de 17,9 millions de t. avec la répartition suivante :
Chine | 71 % | Ukraine | 1 % | |
Inde | 12 % | Kazakhstan | 1 % | |
Russie | 3 % | Brésil | 1 % | |
Malaisie | 2 % | Géorgie | 1 % | |
Norvège | 2 % | Corée du Sud | 1 % |
Source : IMnI
Ferromanganèse carburé : en 2023, la production mondiale est de 3,8 millions de t avec la répartition suivante :
Chine | 39 % | Corée du Sud | 4 % | |
Inde | 25 % | France | 2 % | |
Malaisie | 8 % | Iran | 2 % | |
Japon | 7 % | Brésil | 2 % | |
Russie | 4 % | Norvège | 2 % |
Source : IMnI
Ferromanganèse affiné : en 2023, la production mondiale est de 1,4 million de t avec la répartition suivante :
Chine | 47 % | Afrique du Sud | 3 % | |
Norvège | 16 % | États-Unis | 3 % | |
Inde | 10 % | Mexique | 2 % | |
Japon | 8 % | Vietnam | 1 % | |
Corée du Sud | 7 % | Brésil | 1 % |
Source IMnI
En 2021, la production de l’Union européenne, principalement en France, Espagne et Slovaquie est de 381 000 t dont 194 000 t de ferrosilicomanganèse, 187 000 t de ferromanganèse. Par ailleurs, en Europe, la production de la Norvège est importante avec, en 2021, 610 000 t.
Métal : en 2023, la production mondiale est de 1,241 million de t, réalisée à 93 % en Chine, par électrolyse.
La production de manganèse métal (EMM) est très majoritairement réalisée en Chine. Les autres pays producteurs sont l’Afrique du Sud, avec Manganese Metal Company, l’Indonésie avec Qingshan et l’Ukraine avec Zaporozhye, ce pays ayant cessé toute production avec l’invasion russe.
Il a porté, en 2022, sur 3,493 millions de t de ferrosilicomanganèse, en 2021, sur 1,196 million de t de ferromanganèse carburé et sur 465 422 t, en 2022, de ferromanganèse affiné.
Principaux pays exportateurs, en 2023 :
Principaux pays importateurs : en 2023 :
Les principaux producteurs, hors producteurs chinois, sont les suivants :
En 2023.
Pas de production minière, mais la société française Eramet, deuxième producteur mondial de minerai de manganèse avec sa filiale à 63,71 %, Comilog, exploite le gisement de Moanda au Gabon. La production est de 7,409 millions de tonnes de minerai, en 2023.
La France est un producteur de ferromanganèses et ferrosilicomanganèse.
Productions, en 2021 : 68 000 t de ferrosilicomanganèse et 108 000 t de ferromanganèse carburé.
En 2023.
Ferrosilicomanganèse :
Ferromanganèse carburé :
Ferromanganèse affiné :
Manganèse :
Oxyde de manganèse MnO :
Eramet :
Ferroglobe, après avoir acquis, en novembre 2017, les activités de Glencore dans le ferromanganèse, exploite à Grande-Synthe, près de Dunkerque, une usine de fabrication d’alliages de manganèse à l’aide du plus grand four de ferro-alliages de manganèse dans le monde d’une puissance de 102 MVA. Les capacités de production de ferroalliages de manganèse sont de 140 000 t/an.
Sous forme de minerai : dans le monde, en 2013, 18,2 millions de tonnes de Mn contenu dans des minerais, soit le 4ème métal le plus utilisé après le fer, l’aluminium et le cuivre, devant le zinc. Par pays :
Chine | 10 830 | Russie | 508 | |
Inde | 1 346 | Japon | 477 | |
Ukraine | 753 | Norvège | 451 | |
Corée du Sud | 619 | États-Unis, en 2021 | 390 |
Source : RPA, « Manganese, The Global Picture – A Socio Economic Assessment »
En 2019, la consommation mondiale d’alliages est de 17,1 millions de t dont 18 millions de t de ferrosilicomanganèse, 4,5 millions de ferromanganèse carburé et 1,4 million de t de ferromanganèse affiné.
En 2012, la consommation de l’Union européenne, en Mn contenu dans les minerais, est de 462 200 t.
Sous forme d’alliages : en 2014, la consommation a été de 20,0 millions de t d’alliages dont 13,2 millions de t de ferrosilicomanganèse, 5,0 millions de t de ferromanganèse carburé et 1,9 million de t de ferromanganèse affiné. Par pays et type d’alliage, en 2013 :
Total | Silicomanganèse | Ferromanganèse carburé | Ferromanganèse affiné | |
Total | 19 314 | 13 262 | 4 265 | 1 687 |
Chine | 11 813 | 8 988 | 4 265 | 852 |
Inde | 1 151 | 794 | 304 | 53 |
Japon | 903 | 310 | 456 | 137 |
États-Unis, en 2021 | 560 | 96 | 294 | 20 de métal |
Source : RPA, « Manganese, The Global Picture – A Socio Economic Assessment »
En 2012, la consommation de l’Union européenne est de 1,488 million de t d’alliages dont 872 100 t de ferrosilicomanganèse, 442 600 t de ferromanganèse carburé et 173 400 t de ferromanganèse affiné.
En 2023.
Sidérurgie | 90 % | Autres | 10 % |
Source : Eramet
Sidérurgie : le manganèse, introduit à l’étape du haut fourneau, est pour sa plus grande partie oxydé et ne se retrouve pas dans la fonte. Le manganèse doit être ajouté en aciérie, lors de l’affinage de la fonte. Il a longtemps joué un rôle essentiel de désoxydant (en complément du silicium) et de désulfurant. Ces rôles sont actuellement réduits (30 % des ajouts de Mn) au bénéfice de celui d’élément d’alliage (70 % des ajouts de Mn). Le manganèse abaisse la température de transformation de l’austénite en ferrite et permet ainsi d’éviter l’accumulation de cémentite aux joints de grains. Il joue aussi sur la structure de la perlite, en apportant de la dureté à l’acier. Ainsi, la présence de manganèse dans les gisements de fer exploités par Sparte dans la Grèce ancienne est l’une des causes de la supériorité de son armement.
La majeure partie des aciers contient de 0,15 à 0,8 % de Mn, soit une consommation moyenne de 6 à 7 kg/t d’acier. Le manganèse contenu dans l’acier final ne représente qu’environ 1/3 du manganèse consommé : les 2/3 du manganèse introduit sont perdus par oxydation et se retrouvent, principalement, dans les scories.
Les aciers inoxydables contiennent environ 1 % de Mn (dans certains cas jusqu’à 4 et même 16 %). Les aciers inoxydables de la série 200, contenant moins de nickel, sont de plus en plus employés en remplacement des aciers des séries 300 et 400. Leur teneur en manganèse est de 9 % au lieu d’environ 1 % pour ceux des séries 300 et 400.
Les aciers laminables à haute résistance mécanique contiennent de 1 à 1,8 % de Mn, pour fabriquer des oléoducs, des coques de navire… Les aciers à haute limite élastique, de 0,7 à 1,6 % de Mn. L’acier Hadfield, non magnétique et très résistant à l’abrasion, contient 12 à 14 % de Mn et 1,25 % de C : il est irremplaçable pour les aiguillages de voies ferrées.
L’allègement des véhicules automobiles est réalisé, en partie, en faisant appel à des aciers à « haute résistance » qui contiennent environ 0,9 % de Mn au lieu des 0,4 % des aciers traditionnels employés dans ce secteur d’application.
Dans les métallurgies non ferreuses, les piles, l’agriculture, les catalyseurs, les céramiques, la pharmacie…
Alliages d’aluminium : la présence de manganèse renforce leur résistance à la corrosion. Ces alliages sont employés, par exemple, dans la fabrication de boîtes-boisson. Ce sont les alliages de la série 3000 avec de 0,8 à 1,5 % de Mn.
Alliages de cuivre : Mn est utilisé pour désoxyder et améliorer leurs propriétés mécaniques et de moulage. L’alliage Cu : 84 %, Mn : 12 %, Ni : 4 % a une résistivité invariante en fonction de la température.
Piles et batteries : 3ème débouché important du manganèse (sous forme d’oxyde). Dans les piles salines ou alcalines, MnO2 est utilisé au pôle + en présence de carbone (graphite naturel ou noir d’acétylène) qui augmente la conductibilité électrique. Il joue un rôle de dépolarisant car, étant plus oxydant que H3O+, il évite la formation, par électrolyse, de H2 qui formerait autour de l’électrode + une couche isolante et ainsi polariserait et arrêterait la pile. Dans le cas des piles salines cylindriques, l’axe de la pile est constitué d’un crayon de graphite plongeant dans l’aggloméré MnO2-carbone. Le pôle -, en zinc, constitue le boîtier.
Le dioxyde de manganèse utilisé doit être actif électrochimiquement. Pour cela, il doit être constitué de MnO2 de structure alpha ou gamma, à des teneurs de 75-95 %, et contenir des ions Mn4+, Mn3+, des groupements acides et de l’eau. MnO2 actif peut être naturel (dioxyde NMD extrait au Gabon, au Ghana, au Brésil, en Chine, au Mexique, en Inde) ou artificiel (obtenu par synthèse chimique (dioxyde CMD) ou électrolytique (dioxyde EMD destiné aux piles alcalines)). Le dioxyde naturel le plus courant est la pyrolusite (structure bêta) qui n’est pas active mais peut être rendue active (dioxyde AMD).
En France, la consommation d’énergie provenant de piles est de 2 à 3.106 kWh (les centrales électriques thermiques et hydrauliques fournissent près de 5.1011 kWh).
Les capacité mondiales de production d’oxyde EMD sont, en 2019, de 604 000 t/an avec, par pays, en 2015 :
Chine, en 2019 | 452 000 t/an | Espagne | 11 000 t/an | |
États-Unis | 70 500 t/an | Colombie | 6 000 t/an | |
Japon | 33 000 t/an | Inde | 1 000 t/an | |
Grèce | 26 000 t/an |
Source : Li Tongqing, 6th International Forum of Mn Electrolytic Products, mars 2016, Nanning, China
En 2019, la production est de 455 228 t dont 373 500 t en Chine.
Pour l’ensemble des types d’oxydes, le commerce international a porté, en 2020, sur 348 704 t.
Les exportations de la Chine sont de 61 904 t, celle de l’Afrique du Sud de 49 361 t, de la Birmanie de 41 495 t, de l’Inde de 28 637 t.
Les principaux pays importateurs sont la Namibie avec 45 084 t, l’Inde avec 25 203 t, les États-Unis avec 23 881 t, l’Indonésie avec 22 352 t, Singapour avec 16 093 t, la France avec 14 212 t.
L’oxyde EMD est utilisé, en 2019, à 63 % dans des piles alcalines, 20 % dans des piles salines, et 17 % dans des batteries lithium oxyde de manganèse (LMO).
Agriculture : dans ce secteur, où il est indispensable en particulier à la photosynthèse, le manganèse est employé sous forme de sulfate MnSO4. La production mondiale, en 2019, de ce dernier, est de 541 500 t dont 373 500 t en Chine et 90 000 t en Inde, pour une capacité de production mondiale de 890 000 t/an par 33 producteurs dont 21 en Chine et 5 en Inde. Il est destiné à 83 % à l’agriculture et à 17 % à un emploi dans des piles.
Fongicide sous forme de manganèse-éthylène bisdithiocarbamate (Mn-EBDC), élément actif principal du maneb, 200 000 tonnes de maneb sont consommées par an dans le monde.
Élaboration du permanganate de potassium : le procédé électrochimique a supplanté le procédé chimique (oxydation du manganate par le dichlore).
1ère étape : oxydation de la pyrolusite, par le dioxygène de l’air, en présence d’hydroxyde de potassium :
MnO2 + 1/2 O2 + 2 OH– = MnO42- + H2O
2ème étape : électrolyse de la solution de manganate (200 g/L), en présence de KOH, à 60°C. Les ions MnO42- sont oxydés, à l’anode, en ions MnO4–. Les anodes sont en acier recouvert de Ni. Les cathodes, en acier, sont gaînées d’un revêtement poreux (en PVC, par exemple). La consommation est de 0,8 à 0,9 kWh/kg. Le permanganate est obtenu par cristallisation après refroidissement de la solution. La production mondiale est d’environ 40 000 t/an, la Chine étant un important exportateur.
Le permanganate de potassium est un oxydant puisant, un bactéricide et un algicide. Il est utilisé dans la purification de l’eau potable, le traitement des eaux usées, la désodorisation des rejets d’usines (peinture, conditionnement du poisson…).