Le méthanol est un composé toxique synthétisé à partir du gaz de synthèse, mélange de dihydrogène et de monoxyde de carbone, lui même obtenu par vaporeformage du gaz naturel ou par gazéification du charbon, particulièrement en Chine. Il est destiné principalement, en Chine, à produire de l’éthylène et du propylène et ailleurs à fabriquer le formaldéhyde mais il est aussi utilisé dans des carburants, après transformation éventuelle en MTBE, pour produire l’acide acétique et le diméthyléther, employé dans le GPL. Il est également utilisé dans des piles à combustible.
Formule | Masse molaire | Moment dipolaire |
CH3OH | 32,04 g.mol-1 | 1,69 D |
Masse volumique | Température de fusion | Température d’ébullition | Température critique | Pression critique | Température point triple | Pression point triple | Limites d’explosivité dans l’air, en volume | Température d’autoinflammation | Conductibilité thermique | Conductibilité électrique | Solubilité dans l’eau |
liquide, à 20°C, 101,3 kPa : 0,7915 g.cm-3 | -97,6°C | 64,6°C | 239°C | 8 084 kPa | -97,7°C | 1,86.10-1 Pa | 6,0 % – 36,5 % | 464°C | 207 mW.m-1K-1 | 5.10-9 Ω-1cm-1 | Infinie |
Le méthanol ou alcool méthylique est, dans le monde en 2021, synthétisé à 52 % à partir du gaz naturel, à 45 % à partir du charbon et à 3 % à partir de la biomasse. En Chine, en 2018, 82 % de la production provient du charbon, 10 % du gaz de cokerie et 8 % du gaz naturel. Les unités de production sont situées à proximité des gisements de gaz naturel, des gazoducs ou, en Chine, des mines de charbon.
Elle débute par la fabrication du gaz de synthèse suivie par celle du méthanol.
Obtention du gaz de synthèse à partir du gaz naturel :
Dans un premier temps, le gaz naturel subit un reformage catalytique en présence de vapeur d’eau. Le bilan des transformations est résumé par l’équilibre suivant qui donne le gaz de synthèse :
CH4 + H2O = CO + 3 H2
Ce reformage étant la principale source de dihydrogène, il est approfondi dans le chapitre consacré à ce gaz.
Obtention du gaz de synthèse à partir du charbon :
Lorsque le gaz naturel est remplacé par le charbon, comme cela est principalement le cas en Chine, la gazéification du charbon permet d’obtenir du gaz de synthèse selon la réaction suivante :
C + H2O = CO + H2 ΔrH° = + 131 kJ/mol
Cette réaction qui permettait, avant le développement de l’utilisation du gaz naturel, d’obtenir le gaz de ville, appelé également gaz à l’eau ou gaz manufacturé, est ainsi de nouveau mise en œuvre à grande échelle, en particulier en Chine. Depuis 1983, aux États-Unis, Eastman produit ainsi du gaz de synthèse pour synthétiser du méthanol, à Kingsport dans le Tennessee avec une capacité de production, en 2020, de 195 000 t/an, destinée à la fabrication d’acide acétique.
Synthèse du méthanol :
Le gaz de synthèse, obtenu à partir du gaz naturel, vers 830°C, sous une pression de 18 bar, possède la composition suivante en volume : H2 (72 %), CO (13 %), CO2 (8 %), impuretés (eau, méthane). Il est alors refroidi et comprimé (15 à 100 bar), puis introduit dans le réacteur de synthèse. Les réactions ont lieu vers 250°C, en présence d’un catalyseur aux oxydes de cuivre et de zinc sur alumine (durée de vie de 3 ans) :
CO + 2 H2 = CH3OH ΔrH° = – 108 kJ/mol
CO2 + 3 H2 = CH3OH + H2O ΔrH° = – 68 kJ/mol
Les réactions étant exothermiques, il est nécessaire de refroidir le mélange réactionnel par une trempe (introduction de diazote froid dans le réacteur).
Le mélange final contient 75 % de méthanol et 25 % d’eau. Une distillation permet de séparer le méthanol des impuretés (eau, éthanol, diméthyléther, formiate de méthyle).
Les capacités de production des usines les plus modernes peuvent atteindre 5 400 t/jour.
Biométhanol :
Du bio-méthanol peut être produit à partir de diverses sources, par exemple le biogaz ou les liqueurs noires de l’industrie papetière mais la source la plus importante, exploitée commercialement, est actuellement la glycérine (C3H5(OH)3). La société Bio MCN appartenant au groupe OCI depuis juin 2015, produit, à partir de glycérine brute, sous produit de la fabrication de biodiesel, du méthanol, à Delfzijl, aux Pays Bas. La glycérine brute est purifiée, puis craquée pour donner du gaz de synthèse qui est converti en méthanol.
En Islande, Carbon Recycling International (CRI) a construit une usine pilote de production de biométhanol avec 4 000 t/an, à Svartsengi près de Grindavik, à partir d’émissions géothermiques de dioxyde de carbone et de dihydrogène produit par électrolyse de l’eau. Ce procédé est intéressant lorsque l’électricité est produite à bas coût, comme cela est le cas en Islande grâce à la géothermie. Le procédé développé par CRI est utilisé, depuis 2021, par Henan Shuncheng Group pour produire 110 000 t/an de méthanol à Anyang dans la province du Henan, le dioxyde de carbone provenant d’une cokerie.
Au Canada, la société Enerkem, a construit, à Edmonton, en Alberta, une usine de fabrication de biométhanol à partir de déchets urbains, avec une capacité de production de 30 000 t/an. Une usine de démonstration est en fonctionnement, depuis 2009, à Westbury, au Québec, avec une capacité de production de 4 000 t/an.
En Suède, la société Chemrec, construit, à Pitea, une usine de gazéification des liqueurs noires sous-produites par l’industrie papetière, destinée à produire du méthanol transformé en diméthyléther, avec une capacité de production de 140 000 t/an de biométhanol.
En 2020, en millers de t/an, sur un total mondial de 153 millions t/an. Source : Argusmedia
Chine | 97 215 | Venezuela | 2 490 | |
Iran | 12 290 | Oman | 2 450 | |
États-Unis, en 2021 | 9 500 | Malaisie | 2 400 | |
Trinidad et Tobago | 7 600 | Nouvelle Zélande, en 2021 | 1 700 | |
Arabie Saoudite | 7 180 | Allemagne | 1 675 | |
Russie | 5 155 | Chili | 1 640 |
Source : Argusmedia
En 2021, la capacité mondiale de production est de 162,256 millions de t/an, celle de l’Union européenne (Allemagne, Pays Bas, Roumanie) est de 3,027 millions de t/an.
En 2021, la production mondiale est de 106,886 millions de t dont, en 2019, 69,9 millions de t en Chine, environ 10 millions de t, en 2020, en Iran, 6,319 millions de t, en 2014, en Arabie Saoudite, 5,73 millions de t, en 2019, aux États-Unis, 5,481 millions de t, en 2014, par Trinidad et Tobago, 4,42 millions de t, en 2020, en Russie, 1,992 million de t, en 2020, en Malaisie, 1,751 million de t, en 2014, en Oman, 1,672 million de t, en 2020, en Nouvelle Zélande.
En 2023, la production de l’Union européenne est de 900 000 t dont 1 089 413 t en Allemagne, en 2022, 7 516 t en France, 7 784 t en Belgique, en 2021, 3 019 t en Suède, en 2022, 1 008 t en Espagne.
Mi-2018, avec le démarrage de l’usine Natgasoline, détenue à 50 % par OCI et 50 % par Consolidated Energy Limited (CEL), à Beaumont, au Texas, la capacité de production des États-Unis a atteint 7,5 millions de t/an puis, en 2021, après celui de l’usine de Yuhuang et Koch située à St James Parish, en Louisianne, 9,5 millions de t/an.
En dehors de la Chine, les principaux pays producteurs sont les plus importants pays producteurs de gaz naturel (Arabie Saoudite, Iran, Russie…). Depuis le développement de la production de gaz de schiste aux États-Unis, on assiste à un retour de la production dans ce pays avec diverses usines en construction ou qui redémarrent.
En 2016, dans le monde, il y a 333 unités de production dont 241 en Chine, 11 en Russie, 8 aux États-Unis, 8 en Arabie Saoudite, 7 à Trinidad et Tobago, 6 en Inde, 5 en Allemagne, 5 en Iran…
Commerce international : il a porté, en 2021, sur 30,730 millions de t.
Principaux pays exportateurs, en 2023, en milliers de t :
Trinidad et Tobago | 5 111 | Russie | 1 351 | |
États-Unis | 2 795 | Chili | 901 | |
Émirats Arabes Unis | 2 266 | Qatar | 639 | |
Pays Bas | 1 583 | Brunei | 622 | |
Malaisie | 1 557 | Belgique | 570 |
Source : ITC
Les exportations de Trinidad et Tobago sont destinées à 28 % à la Chine, 12 % à la Corée du Sud, 10 % aux États-Unis, 10 % aux Pays Bas.
Principaux pays importateurs, en 2023, en milliers de t :
Chine | 14 553 | Brésil | 1 582 | |
Inde | 3 147 | Japon | 1 415 | |
Pays Bas | 2 734 | États-Unis | 1 386 | |
Corée du Sud | 1 885 | Taipei chinois | 1 207 | |
Allemagne | 1 616 | Belgique | 1 079 |
Source : ITC
Les importations chinoises proviennent principalement à 25 % d’Oman, 15 % des Émirats Arabes Unis, 15 % d’Arabie Saoudite, 13 % de Trinidad et Tobago, 8 % de Nouvelle Zélande.
Principaux producteurs, en 2021 :
Methanex (Canada) | 9 300 | Shandong Energy Group (Chine) | 5 400 | |
Proman/Helm | 6 903 | NIPC (Iran) | 5 040 | |
Sabic (Arabie Saoudite) | 6 300 | OCI | 2 930 | |
Zagros (Iran) | 5 600 | Petronas (Malaisie) | 2 400 |
Sources : rapports des sociétés et Methanex
Par ailleurs, Methanex commercialise également le méthanol produit par ses associé dans les joint venture soit 1,3 million de t/an et détient ainsi 13 % du marché mondial, avec, en 2021, des ventes de 11,2 millions de t.
La production est de 7 516 t, en 2023.
Commerce extérieur : en 2023.
Les exportations étaient de 1 386 t avec comme principaux marchés à :
Les importations s’élevaient à 534 973 t en provenance principalement à :
Dans le monde, en 2021 : 106,930 millions de tonnes :
Répartition de la consommation, en 2020 :
Chine | 40 % | Amérique du Nord | 5 % | |
Asie (hors Chine) | 46 % | Amérique latine | 1 % | |
Europe | 5 % | Reste du monde | 3 % |
Source : MMSA
Évolution de la demande entre 2000 et 2020 :
2000 | 2020 | ||
Chine | 12 % | 40 % | |
Amérique du Nord | 33 % | 5 % | |
Europe de l’Ouest | 22 % | 5 % |
Source : IHS Markit
En 2021, dans le monde. Source MMSA
Source d’oléfines | 31,5 % | Diméthyléther | 3,0 % | |
Formaldéhyde | 23,4 % | Biodiesel | 2,8 % | |
Additif ou substitut à l’essence | 10,9 % | Dichlorométhane | 2,3 % | |
MTBE | 10,5 % | Méthacrylate de méthyle | 1,7 % | |
Acide acétique | 7,4 % | Méthylamines | 1,6 % |
Source : MMSA
Autres : Méthyl mercaptan, diméthyl terephthalate…
Le méthanal (formaldéhyde) qui était le principal débouché du méthanol, a été supplanté, en 2020, par la production d’oléfines, particulièrement du fait de son développement en Chine. Par ailleurs, en 2021, 27 % de la consommation mondiale de méthanol a concerné un emploi comme carburant. En Chine, en 2019, la consommation dans les carburants a été de 695 000 t, à 73 % sous forme de méthanol à 100 % (M100) ou à 85 % (M85) et à 27 % sous forme de M25 ou M15. Par ailleurs, on assiste au développement de l’utilisation du méthanol en remplacement du fuel lourd employé dans le transport maritime afin de diminuer les émissions d’oxydes de soufre et d’azote.
La production d’alcènes ou oléfines (éthylène, propylène…) à partir de méthanol se développe en Chine, ce pays, riche en charbon mais relativement pauvre en ressources pétrolières produit ainsi des oléfines à partir de charbon en passant par la production de méthanol. La production d’une tonne d’oléfines demande 3 tonnes de méthanol. Le procédé MTO (Methanol-To-Olefins) développé par Honeywell UOP et Ineos permet à partir de méthanol de produire des oléfines à l’aide d’un catalyseur silico-alumino-phosphate (SAPHO-34). Le rendement en éthylène (C2) et propylène (C3) peut être augmenté jusqu’à 89 % à l’aide du procédé OCP (Olefin Cracking Process), développé par TotalEnergies et UOP, de craquage des oléfines plus lourdes (de C4 à C6) en C2 et C3. Une unité de démonstration a été construite par Total, en 2008, à Feluy en Belgique, permettant à partir du méthanol d’obtenir du polyéthylène et du polypropylène en passant par l’éthylène et le propylène. En 2020, 13 usines sont en fonctionnement en Chine.
Le formaldéhyde, est principalement commercialisé sous forme de formol, solution aqueuse à 37 % de formaldéhyde. C’est un constituant des colles urée-formaldéhyde et phénol-formaldéhyde destinées à la fabrication du contre-plaqué, des panneaux de particules…
L’acide acétique (CH3COOH) est principalement formé par carbonylation du méthanol, en trois étape, en passant par la formation d’iodométhane. La carbonylation est catalysée par des catalyseurs au rhodium, dans le procédé Monsanto ou à l’iridium plus récemment.
CH3OH + HI = CH3I + H2O
CH3I + CO = CH3COI
CH3COI + H2O = CH3COOH + HI
Il est utilisé pour synthétiser l’acétate de vinyle, l’anhydride acétique, l’acide téréphtalique et le téréphtalate de diméthyle destiné à fabriquer le polyéthylènetéréphtalate (PET)…
Le diméthyléther (CH3OCH3) peut entrer, jusqu’à 20 %, dans le gaz de pétrole liquéfié (butane et propane). Il est produit par déshydratation du méthanol selon la réaction :
2 CH3OH = CH3OCH3 + H2O
Autres débouchés : on peut citer la fabrication du formiate de méthyle, de méthylamines, du méthyl mercaptan, du biodiesel par transestérification qui par ailleurs produit de la glycérine qui peut être transformée à son tour en biométhanol…
Le méthanol est utilisé dans des piles à combustible. En 2021, la consommation mondiale dans ce secteur est de 14 000 t. Il existe deux types de piles :
Contrairement au dihydrogène, le méthanol, liquide à température ambiante, constitue un moyen simple et efficace de stockage de l’énergie.
Le méthanol est utilisé pour aider à la dénitrification des eaux usées avant leur rejet dans l’environnement. Il accélère l’activité des bactéries anaérobies des stations d’épuration qui transforment les ions nitrate en diazote.
L’alcool à brûler contient, outre environ 90 % d’éthanol, de 5 à 10 % de méthanol, destiné à le dénaturer.
Le méthanol est un composé classé toxique (pictogramme T) : la dose létale (DL50) est comprise entre 6 et 14 g/kg de divers animaux (rat, chat, chien…) par voie orale et de 16 g/kg de lapin par voie cutanée. Une absorption de 100 à 250 mL peut-être mortelle pour l’homme, bien que des cas de mort soient survenus pour moins de 30 mL. Une absorption moindre peut causer la cécité.
Le méthanol étant volatil, il faut se protéger de ses vapeurs dont la concentration létale (CL50) est de 65 000 ppm (sur le rat). La valeur moyenne limite d’exposition (VME) est de 200 ppm et la valeur limite d’exposition (VLE) est de 1 000 ppm, valeurs inférieures au seuil de détection olfactif qui est d’environ 2 000 ppm.
En France, le méthanol est généralement dénaturé avec 3,5 % d’un mélange complexe (obtenu par carbonisation du bois et contenant 65 % de méthanol, des cétones et diverses impuretés) et 1 % de 2-propanol qui donnent un goût et une odeur désagréables.
Les micro-organismes animaux ou végétaux (plancton...) qui se sont déposés, il y a plusieurs millions d'années, au fond des océans sont à l'origine du pétrole et du gaz naturel qui après divers mouvements de circulation se retrouvent sous des dômes de terrain imperméable.
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