Connu depuis au moins l’époque néolithique, on retrouve des traces de l’utilisation du plâtre comme enduit et support de fresques sur le site de Catal Hûyûk (en Anatolie) vers 7 000 avant J.-C.
En Égypte, l’usage du plâtre était courant, ainsi, Pline l’ancien, précisait que le sphinx de Gizeh était entièrement recouvert de plâtre peint.
Le 19e siècle correspond certainement à l’âge d’or de l’utilisation de plâtre. L’industrialisation permit le développement de son exploitation et de son utilisation dans la construction et la production artistique.
On produit actuellement, en France, plus de 300 millions de m² de plaques de plâtre par an.
Formule | Masse molaire | Minéral | Structure cristalline |
CaSO4,½H2O | 145,15 g.mol-1 | bassanite | monoclinique, de paramètres a = 0,481 nm, b = 0,693 nm, c = 1,267 nm et angle bêta = 90,27° |
Masse volumique | Déshydratation | Solubilité dans l’eau |
2,63 g.cm-3 | se transforme en anhydrite à 163°C | à 20°C : 0,88 g/100 g d’eau |
Hémihydrate cristallisé (bassanite) :
Gypse naturel, synthétique ou recyclé, voir les chapitres sulfate de calcium et gypse.
Quelle que soit l’origine du gypse, naturel, synthétique ou recyclé, une déshydratation partielle, par chauffage, donne de l’hémihydrate de calcium selon la réaction suivante, à 150°C :
CaSO4,2H2O = CaSO4,1/2H2O + 3/2 H2O
Un chauffage à plus haute température, 290°C, donne de l’anhydrite CaSO4, sulfate complètement déshydraté, appelé « surcuit » par la profession. Un chauffage à plus de 700°C, donne une anhydrite très peu réactive à l’eau, appelée « plâtre cuit à mort ».
Procédés utilisées : 2 types.
Lors d’un ajout d’eau, l’hémihydrate et l’anhydrite se dissolvent, puis CaSO4,2 H2O précipite : c’est la prise du plâtre.
CaSO4,1/2H2O + 3/2 H2O = CaSO4,2H2O
Le plâtre fait prise du fait de la différence de solubilité entre l’hémihydrate et de dihydrate (le gypse). La solubilité de l’hémihydrate est, à 20°C, de 9 g.L-1, alors que celle du gypse est de 2 g.L-1. En conséquence, en présence d’eau, l’hémihydrate passe en solution, le dihydrate se forme en fixant une partie de l’eau de la solution, la solution devient sursaturée en sulfate qui précipite. Il se reforme ainsi du gypse matière première du plâtre. En 30 minutes environ, 95 % de l’hémihydrate se transforme en dihydrate et il faut moins de 2 heures pour que la réaction soit totale.
La quantité théorique d’eau est de 36 g d’eau pour 145 g d’hémihydrate mais dans la pratique, afin d’avoir une pâte facilement moulable, la quantité ajoutée est de 4 à 5 fois plus importante.
Afin de moduler la vitesse de prise divers ajouts peuvent être effectués.
En 2018, la production mondiale est d’environ 100 millions de t, dont, en 2021, 19 millions de t aux États-Unis.
Commerce international : en 2023.
Principaux pays exportateurs, sur un total mondial de 5,745 millions de t, en 2022 :
Turquie | 990 | Iran | 233 | |
Allemagne | 776 | Espagne | 220 | |
Thaïlande | 449 | Belgique | 205 | |
Tunisie | 341 | Oman | 114 | |
France | 285 | États-Unis | 113 |
Source : ITC
Les exportation turques sont destinées principalement à 46 % au Nigeria, 9 % aux États-Unis, 8 % à l’Irak.
Principaux pays importateurs :
Nigeria | 619 | Portugal | 389 | |
Royaume Uni | 477 | Canada | 376 | |
Inde | 443 | Ghana | 314 | |
Corée du Sud | 424 | Norvège | 288 | |
Belgique | 409 | Pays Bas | 261 |
Source : ITC
Les importations du Nigeria proviennent principalement, à 53 % de Turquie, 39 % d’Égypte.
Poudre : le plâtre utilisé en construction, appelé plâtre de Paris, est un mélange. Il est principalement constitué d’hémihydrate bêta (CaSO4,½H2O, de 60 à 80 %) et d’anhydrite (CaSO4), les autres composés présents provenant d’impuretés contenues initialement dans le gypse. Il est obtenu par le procédé par voie sèche. Les propriétés du plâtre (donc ses utilisations) dépendent, en grande partie, de sa composition en hémihydrate et en anhydrite. Exemple de composition de plâtre destiné à la réalisation d’enduits :
CaSO4,½H2O | CaSO4 | CaCO3 | MgCO3 | Argile et silice | Adjuvants |
72 % | 18 % | 7 % | 1 % | 2 % | < 1 % |
Le plâtre utilisé pour élaborer des produits préfabriqués (carreaux, plaques…) est généralement de l’hémihydrate bêta.
Carreaux : ils ont généralement une épaisseur comprise entre 4 et 10 cm pour des dimensions de 66 x 50 cm. Le plâtre est versé sur l’eau et après un gâchage de quelques dizaines de secondes, le plâtre est coulé dans des moules verticaux en acier, à fond mobile. Le démoulage a lieu après 7 à 10 minutes par montée du fond qui ainsi extrude le carreau en lui donnant une finition de surface particulièrement lisse. Un séchage est réalisé, à l’air chaud, dans des séchoirs tunnels pendant 20 à 35 heures. Le coût du séchage représente environ 25 % du prix de revient du produit fini.
Plaques : elles ont généralement une épaisseur comprise entre 9,5 et 15 mm pour des dimensions de 1,2 x 2,5 m. La production se déroule en continu sur un tapis à une vitesse comprise entre 60 et 160 m/min. Après mélange (avec un rapport massique eau/plâtre de 80 à 90 %, un ajout d’amidon pour assurer l’adhérence avec le carton et un accélérateur de prise, en général du gypse finement broyé) et gâchage, le plâtre est coulé entre 2 feuilles continues de carton recyclé, l’ensemble étant ensuite laminé à l’épaisseur souhaitée par deux cylindres puis coupé en bout de chaîne, la prise étant terminée. Les plaques sont enfin séchées pendant environ 45 minutes. La longueur d’une chaîne de fabrication est de 350 à 500 m avec des consommations qui peuvent atteindre 200 000 t/an de gypse et 10 000 t/an de carton pour des capacités annuelles de production de 20 millions de m2 de plaques. En 2020, la capacité moyenne de production d’une usine est de 32 millions de m2/an.
Les plaques ont été inventées, en 1894, aux États-Unis, par Augustine Sackett, où elles sont appelées « plasterboard » ou « wallboard ». Au Québec, elles sont appelées « cloisons sèches ».
Les coûts de productions sont répartis, par exemple pour Siniat, entre le papier, 25 %, l’énergie, 25 % et le gypse, 10 %.
Productions de plaques : en 2021, en capacités de production, avec un total mondial de 14,305 milliards de m2/an.
États-Unis | 3 632 | Royaume Uni | 405 | |
Chine | 3 205 | Canada | 394 | |
Japon | 775 | France | 368 | |
Russie | 483 | Allemagne | 348 | |
Corée du Sud | 413 | Australie | 248 |
Source : Global Gypsum magazine, juillet 2021
En 2021, dans le monde, il y a 435 usines, dont 85 en Chine, 63 aux États-Unis, 20 au Japon, 16 en Russie.
Producteurs de plaques : répartition des capacités de production, en 2021
Knauf (Allemagne) | 23,0 % | Georgia Pacific (États-Unis) | 4,7 % | |
BNBM (Chine) | 19,8 % | Yoshino Gypsum (Japon) | 4,4 % | |
Saint Gobain (France) | 18,8 % | American Gypsum (États-Unis) | 2,1 % | |
National Gypsum (États-Unis) | 5,5 % | KCC (Corée du Sud) | 1,8 % | |
Etex (Belgique) | 5,0 % | Chiyoda Ute (Japon) | 1,4 % |
Source : Global Gypsum Magazine, juillet 2021
Lors du séchage du plâtre, naturel ou en usine, le départ de l’eau s’accompagne de l’apparition d’une porosité qui confère au plâtre des qualités d’isolation thermique et phonique. Par ailleurs, la présence de cette porosité permet de réguler l’hygrométrie des locaux.
C’est un matériau résistant au feu. Il est classé A1, c’est-à-dire incombustible. D’autre part, du fait de sa porosité, il est mauvais conducteur de la chaleur et surtout, lors d’un incendie, il libère de l’eau (l’eau de constitution du gypse), en se déshydratant par une réaction de plus endothermique (qui absorbe de la chaleur). Par kilogramme de plâtre, la consommation d’énergie est de 711 kJ pour déshydrater et 544 kJ pour vaporiser l’eau libérée. Tant qu’il reste de l’eau à vaporiser, la température du matériau reste constante à 100°C. Enfin, les transformations subies ne génèrent aucun gaz toxique ni combustible.
Gypse et anhydrite, en 2021 : 3,371 millions de t dont 614 000 t utilisées, en 2016, dans les cimenteries.
Carte des usines de production de plâtre et d’anhydrite : document du Syndicat National des Industries du plâtre.
Exportations, en 2023 :
Importations, en 2023 :
3 groupes assurent l’essentiel de la production.
Consommations de plaques : 2,6 milliards de m2 de plaques, en 2021, aux États-Unis, 1,6 milliard de m2/an de plaques, en Europe, plus de 300 millions de m2/an de plaques, en France.
Autres utilisations :
Une autre utilisation importante est la fabrication de moules dans l’industrie céramique par exemple pour élaborer des pièces en série : faïences, porcelaines, grès, céramiques sanitaires…
Des mortiers à base de plâtre (sous forme d’anhydrite) et de sable sont utilisés pour réaliser des sols intérieurs de locaux.
Le stuc est un plâtre additionné d’ajouts chimiques et de poudre de pierre, il est destiné à imiter le marbre. Le staff est un plâtre armé de fibres végétales, de fibres de verre ou d’autres matériaux, il est utilisé pour confectionner des plaques pour plafond, des rosaces, des corniches… et est concurrencé par le polyuréthane.